Articles de algermiliana
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Feraoun, Camus et l'Algérie
- Par algermiliana
- Le 23/11/2014
- Dans Le coin de Aziz OUDJIDA
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Je suis en train de relire ‘’l’Etranger’’ de Camus, avant de lire ‘’Meursault Contre-Enquête’’ de Kamel Daoud et enfin relire aussi ‘’ La Condition Humaine’’ d’André Malraux.
José Lenzini né à Sétif a passé sa jeunesse en Algérie. Auteur de ‘’Camus et l’Algérie (Edisud, 2010)’’ et ‘’ Les derniers jours d’Albert Camus (Actes Sud, 2013)’’ entre autre, et il rapporte :
‘’En 1950 Feraoun, alors instituteur en Kabylie, publie à compte d’auteur, le fils du pauvre. L’année suivante, son ami Emmanuel Roblès lui écrit que Camus a beaucoup aimé ce livre. Feraoun admire Camus, mais a été choqué par ses articles sur la Kabylie. Rien que la misère, les aspects positifs d’une culture dont Camus n’a montré que la misère. Et dans la Peste, pas un arabe ! Il lui écrit son admiration, mais aussi sa déception. C’est ainsi que débute leur correspondance. ‘’
Et 60 ou 70 ans après Feraoun, on se réveille ! Nous autres, toujours durs à la détente ! Feraoun, voilà un très grand Homme, un très grand Algérien, que notre pays se doit de mettre sur un piédestal, qui déjà en 1950, avant notre révolution et avant beaucoup d’autres algériens qu’on glorifie aujourd’hui, a parlé pour nous tous et a rappelé à cet autre illustre fils de l’Algérie, Albert Camus, que nous existions.
« Les Arabes dans La Peste et L’Étranger, » disait Edward Saïd, dans un des essais fondateurs de la théorie postcoloniale, « sont des êtres sans nom qui servent d’arrière fond à la grandiose métaphysique européenne qu’explore Camus. ». Edward Saïd, est un théoricien littéraire, un critique et un intellectuel palestino-américain. Il a enseigné, de 1963 jusqu'à sa mort en 2003, la littérature anglaise et la littérature comparée à l'université Columbia de New York.
Kamel Daoud en 2014 dans son livre ‘’Meursault Contre-Enquête’’ (Finaliste prix Goncourt 2014), ne dit pas le contraire. Mais là n’est pas son propos. Pour lui, le fait que le personnage Meursault tire cinq fois sur un Arabe sans nom, qu’il y a vingt-cinq mentions d’Arabes dans le texte sans que l’Arabe assassiné compte dans l’acte d’accusation contre Meursault. L’Arabe portera désormais comme nom Moussa, qui fait si joliment écho à Meursault.
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Colloque « La Paix en Palestine »
- Par algermiliana
- Le 23/11/2014
- Dans Le Coin de Mustapha CHERIF
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Mon intervention au colloque « La Paix en Palestine »
« S'ils penchent pour la paix, fais de même en te confiant à Dieu, car Il est l'Audient et l'Omniscient. » (Coran 8.61)
Je remercie la dynamique et chaleureuse équipe actuelle du GAIC et le réseau Chrétiens de la Méditerranée d’avoir bien voulu m’inviter. En ces temps sombres, où le monde prend une mauvaise direction, plus que jamais il nous faut continuer à dialoguer et témoigner pour la paix, l’amitié, la justice. En sept points succincts, humblement, au vu de tant de drames, de complexité et d’incompréhensions, je vais essayer de vous faire part de ma réflexion.
1 -Hommes et femmes de foi, c’est sous le signe du vivre ensemble, de l’amitié et de la fraternité abrahamique et humaine qu’il y a lieu de s’inscrire. Sinon nous serons en porte faux avec nos références spirituelles fondatrices communes : « Nous croyons en Dieu, en ce qui nous a été révélé par Abraham, Ismaïl et Jacob et les patriarches, en ce qui nous a été donné par Moïse et par Jésus, et ce que les prophètes ont reçu de leur Seigneur. Nous ne faisons pas de distinctions entre eux.»(Coran:2-136) Sauvez nos religions des instrumentalisations politiques, de l’usurpation du nom et des injustices est un devoir.
2- Défendre la cause de la paix en Palestine est un devoir éthique, humaniste, citoyen, et non point un reflexe communautariste. C’est parce que la cause palestinienne est juste et symptomatique des iniquités de notre temps, que nous avons à exprimer notre solidarité. Ce n’est pas un problème judéo-arabe, ou islamo-hébraïque. Durant des siècles, Juifs et Musulmans ont vécu ensemble, notamment depuis la sortie de l’Andalousie jusqu'à la deuxième guerre mondiale, nos frères juifs ont trouvés refuge en terre d’islam. Comme les chrétiens d’Orient, ils sont une partie de nous mêmes.
3- Ce qui se joue en Palestine n’est pas un simple drame local, c’est un des problèmes politiques majeurs de notre temps, où nos trois religions, y sont mêlées malgré elles. Il y a d’autres drames et conflits de par le monde, mais les spécificités, dont Jérusalem est le symbole, et les conséquences du différend israélo-palestinien, notamment sécuritaires, sont d’une dimension planétaire. C’est une question centrale qui influe sur l’avenir du monde, a pris en otage le rapprochement entre les peuples et nourrie des extrémismes. La terminologie n’est pas innocente, faisons attention aux mots que nous employons, évitons tous les amalgames.
4- En citoyens du monde et croyants abrahamiques, attachés à la civilisation humaine et à la primauté du droit sur la loi du plus fort, nous ne pouvons pas ignorer qu’il n’y a pas de Paix sans Justice. Nous avons besoin les uns des autres pour contribuer à une solution juste, globale et définitive. Avoir au plus haut point le respect de l'autre est la marque des justes. L'acte de foi devrait annuler toute possibilité d’iniquité. Dialoguer c’est d’abord écouter l’autre et sortir des points d’aveuglements.
5- Une parole commune pour la paix est non seulement possible, mais est une exigence éthique. Dieu, dans nos livres sacrés, précise qu’Il n’aime pas ceux qui disent et n’agissent pas. Le meilleur des croyants est celui qui est le plus utile à l’humanité, sait se réconcilier et oeuvre pour la concorde. Notre devenir est commun. En Palestine, il ne peut y avoir qu’une paix réelle pour tous, ou pour personne. L’apartheid, le blocus, l’enfermement, imposés aux palestiniens, sont mortifère pour la paix.
6- Dieu ne changera pas l’état d’un peuple tant qu’il ne change pas lui même. Ce conflit, au fond, n’est pas entre ennemis, mais entre «frères », entre« faux-frères ». Il implique pour tous de faire l’examen de conscience, de pratiquer l’autocritique et de dialoguer, afin d’accéder à une vraie fraternité. Ce but, la vraie fraternité, passe par la fin de l’occupation, le droit du peuple palestinien à disposer de lui même et la paix entre les deux peuples.
7- Cela signifie qu’on ne saurait y parvenir en simplifiant les problèmes, mais en les approfondissant. De même, le but ne doit jamais justifier les moyens de la résistance, tout en sachant, comme disaient Ghandi ou Mandela, que c’est le colonisateur, qui détermine les conditions de la lutte. Le peuple palestinien opprimé, privé de ses droits élémentaires, n’a le choix que de résister, généralement pacifiquement. La désinformation occulte cette réalité. La violence aveugle, inadmissible, injustifiable, est le produit de la répression aveugle, de l’humiliation et des discriminations.
Conclusion
La question palestinienne est politique, cependant le dialogue entre les sages, les justes, permet d’alerter les consciences, de jeter des ponts, de sortir de l’aveuglement, de mettre fin au pessimisme, au désespoir et de sensibiliser sur le fait que les religions sont innocentes face à toutes les violences. Il y a des justes et des extrémistes dans toutes les communautés. Tous les justes, par delà leur religion et leur culture, doivent œuvrer ensemble pour instaurer l’équité et faire prévaloir le droit.
Critiquer les réactions de l’extrémisme fondamentaliste ce n’est point être islamophobe ; critiquer le sionisme extrémiste et refuser la colonisation ce n’est pas être antisémite ; critiquer la politique des deux poids et deux mesures des grandes puissances, ce n’est pas être anti-occidental. Aucun amalgame, aucune stigmatisation, ne doivent être tolérés. Rien ne doit servir de prétexte pour retarder la paix réelle, la libération du peuple palestinien et la sécurité pour les deux peuples. Soutenir la juste cause palestinienne et la logique de la paix ce n’est pas faire de la charité, mais contribuer au bien commun et tarir une des sources des problèmes de notre temps.
Ce qui se joue dans cette région influe sur la paix et la sécurité dans le monde. Ne laissons personne les mettre indéfiniment en péril. Comment accepter qu’une soixantaine de résolutions du Conseil de sécurité sur cette question depuis plus de 60 ans soient restées lettres mortes ? Cependant, aujourd’hui la communauté internationale, qui un temps a comme abandonné le peuple palestinien opprimé, reconnaît qu’il n’y a pas d’alternative à la solution diplomatique et politique pour deux États, dans le respect du droit international et dans le cadre de l’ONU. Sans le Tiers, la communauté internationale, il est clair que le conflit perdurera au détriment de la sécurité internationale.
Deux États côte à côte, coexistant en bonne intelligence et fraternité, ce n’est point une utopie, ni un rêve impossible. La haine est vouée à l’échec. Les palestiniens ont ouvert grande la porte de la négociation, du dialogue et des concessions depuis au moins 1993. Les pays arabes acceptent le dialogue depuis le sommet de Madrid en 1991 et proposent depuis 2002 la paix et la reconnaissance de l’État d’Israël en échange négocié des territoires occupés en 1967.
Dans ce sens, le pape François lors de son voyage en terre sainte en Mai dernier a prononcé des paroles que nous partageons : « Nous devons accepter tout ce qui concours à l’exercice de la paix et à la coexistence respectueuse entre juifs, chrétiens et musulmans». La communauté internationale, malgré des entraves dues à la politique du fait accompli, sait que tôt ou tard le peuple palestinien sera indépendant, il est donc temps d’user de la force du droit pour mettre fin aux souffrances.
Nul ne peut arrêter le cours de l’histoire et la volonté des peuples. Pour nous autres croyants, humanistes, reste à inventer et conforter toutes les mesures de confiance possibles, s’adresser à l’autre, le reconnaitre, le respecter dans son altérité, sa dignité et sa mémoire. Se mettre en état de paix intérieure, dépasser toutes les rancunes, être juste, est le début de la paix politique réelle pour tous. Le Deutéronome (15 : 7- 11) ne dit t-il pas : « tu n'endurciras point ton cœur » ? Et le Coran ajoute « Soyez justes, la justice est proche de la piété » (Coran 5:8)
Croyants, citoyens du monde, démocrates, nous avons à témoigner, à continuer à dire ce que nous croyons être juste, surtout si parviennent de Jérusalem, Al Qods, des mauvaises nouvelles. Le témoignage propre aux croyants de la Transcendance est parole juste persévérante, en notre âme et conscience, sous le regard de Dieu. En témoignant nous serons, peut être, si Dieu veut, de ceux qui s’entendront dire «j'étais en prison, et vous êtes venus vers moi. » (Évangile St Matthieu 25, 31-46)
Témoignons avec lucidité, compassion et dignité, afin que justice soit rendue et que la fraternité reprenne ses droits. Ne dit-on pas que le judaïsme est ancré dans l'espérance, le christianisme dans la charité et l'Islam dans la foi ? Réunissons ces qualités en chacun de nous et ne cessons pas de témoigner. Il y a des témoignages, des paroles et des prières qui sont des actes. Comme Abraham nous l’a apprit, puisque nous savons que « Tout passe sauf la Face de Dieu » éveillant ensemble les consciences à la fraternité, à la justice, à la paix :
« Demandez, j’exaucerai vos prières» (Le Coran, 40. 60)
« Demandez, et vous recevrez » (Évangile selon Matthieu, 7: 7-8)
« J’ai crié maintes fois au Seigneur ma complainte, Il ne m’a pas repoussé, mais toujours exaucé » (Bible, Psaume de David)
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Vase de fleurs, raisins et pêches
- Par algermiliana
- Le 02/09/2014
- Dans Arts & Culture
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Jan Frans van Dael, vase de fleurs, raisins et pêches, 1810, (Louvre), bénéficie d'une cote constante et inexpliquée auprès du public. Sa reproduction est l'un des best-sellers de la librairie du Louvre alors qu'il n'était pas accroché depuis des années.
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SILENCE ON TUE!
- Par algermiliana
- Le 09/08/2014
- Dans Le coin de BENABDELLAH Mohammed
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El Biar
- Par algermiliana
- Le 25/07/2014
- Dans Un regard sur l'Algérie
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Bonsoir M. Yves Cointe
Je lisais machinalement votre participation sur le site «Le retour au pays natal» puis, je suis tombé sur le mot "El-Biar" que j'ai dépassé sans y attacher de l'importance, au début. J'y suis revenu jusqu'au début pour voir si je n'ai rien raté. Je me rends compte que vous avez fréquenté la même maternelle que la plupart des gens de ma famille. Je suis à peu près le seul qui n'y a pas été dans sa petite enfance.
Voici un cadeau d'un coin à El Biar. J'espère qu'il vous plaira.
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Aïn Defla
- Par algermiliana
- Le 19/07/2014
- Dans Le coin de Aek DAOUDI
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Ancienne Mairie d'Aïn Defla
Durant l'une de mes récentes visites au pays, j'avais remarqué que l'ancienne (la première) mairie d’Aïn Defla, fermée depuis le tremblement de terre de 1980, était comme par hasard ouverte pour des travaux dont j'ignorais la nature. Je suis reparti à la maison pour revenir quelques minutes plus tard avec mon appareil photo dans la poche. J'avais poliment demandé à un ouvrier qui vaquait à sa tâche si je pouvais visiter le lieu et prendre des photos. Il acquiesça nonchalamment en me disant vas-y et prends autant de photos que tu voudras. Connaissant la beauté architecturale unique de cette battisse, je sorti l’appareil photo de ma poche tout en éprouvant une immense joie de pouvoir photographier chaque élément et chaque recoin de ce rare chef-d’œuvre historique. Ne sachant pas s’il s’agissait de travaux de rénovation ou de restauration, j’avais décidé d’immortaliser les ornements externes et internes de ce patrimoine historique qui doit être préservé conformément aux normes de restauration et de préservation sous le contrôle d’un expert en la matière pour que les futures générations puissent admirer cette rare beauté comme l’illustrent les photos ci-jointes.
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La forêt des cèdres de Théniet
- Par algermiliana
- Le 19/07/2014
- Dans Le coin de Mohamed-Rachid YAHIAOUI
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El Meddad se fait raconter au Zaccar
(La forêt des cèdres de Théniet-El-Had)
« ... J’ai vu un coin d’Algérie très inconnu où j’ai trouvé encore des ravins en des forêts vierges de conte. Ce qui signifie en des forêts vierges, comme celles dont on lit la description dans les contes. Je pars demain pour la forêt de cèdres de Théniet-El-Had dans la chaîne de l’Ouarsenis.On la dit une des plus belles au monde...»
G. de Maupassant
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Alphonse Daudet écrivit en 1861, après avoir séjourne à Théniet-El-Had et visiter la forêt de cèdres :
« Je viens d’un pays où on se repose après y avoir dormi »-----------------------------
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Ce pourquoi je ne suis pas « solidaire » de la Palestine...
- Par algermiliana
- Le 16/07/2014
- Dans Le coin de Aziz OUDJIDA
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Un article remarquable par le chroniqueur Algerien Kamel Daoud, un constat lucide mais terrible.
Non, le chroniqueur n'est pas « solidaire » de la Palestine. Le mot solidaire est entre guillemets. Car il a deux sens. D'abord non à la « solidarité » sélective. Celle qui s'émeut du drame palestinien parce que se sont des Israéliens qui bombardent. Et qui, donc, réagit à cause de l'ethnie, de la race, de la religion et pas à cause de la douleur. Celle qui ne s'émeut pas du M'zab, du Tibet ou de la Kabylie il y a des ans, du Soudan, des Syriens et des autres douleurs du monde, mais seulement de la « Palestine ». Non donc à la « solidarité » par conditionnement religieux et « nationaliste ». Cette « solidarité » qui nuit à la victime et au solidaire parce qu'elle piège la Palestine comme « cause arabe et musulmane », dédouanant le reste de l'humanité par appropriation abusive. La « solidarité » qui se juche sur l'histoire d'un peuple malmené et presque sans terre au nom de la haine de l'autre. Cette « solidarité » concomitante que le chroniqueur a vomi dans les écoles, les manuels scolaires, les chants et l'arabisme et l'unanimisme religieux.
Le drame palestinien a été « arabisé » et islamisé à outrance au point où maintenant le reste de l'humanité peut se sentir débarrassé du poids de cette peine. C'est une affaire « arabe » et de musulmans. Cette solidarité qui a transformé un drame de colonisation entre clashs de religions, de haines et d'antiques mythologies exclusives. Cette solidarité VIP que le chroniqueur ne veut pas endosser, ni faire sienne. Cette « solidarité » qui préfère s'indigner de la Palestine, mais de chez soi, et ne rien voir chez soi de la « palestinisation » du M'zab ou du Sud ou des autres territoires du monde. Cette solidarité au nom de l'Islam et de la haine du juif ou de l'autre. Cette solidarité facile et de « droit public » dans nos aires. Qui au lieu de penser à construire des pays forts, des nations puissantes pour être à même d'aider les autres, de peser dans le monde et dans ses décisions. Cette « solidarité » pleurnicharde et émotive qui vous accuse de regarder le mondial du Brésil au lieu de regarder Al Jazeera. Cette « solidarité » facile qui ferme les yeux sur le Hamas et sa nature pour crier à l'indignation, sur les divisons palestiniennes, sur leurs incapacités et leurs faiblesses au nom du respect aux « combattants ». Au nom de l'orthodoxie pro-palestinienne que l'on ne doit jamais penser ni interroger.
Non donc, le chroniquer n'est pas solidaire de cette « solidarité » qui vous vend la fin du monde et pas le début d'un monde, qui voit la solution dans l'extermination et pas dans l'humanité, qui vous parle de religion pas de dignité et de royaume céleste pas de terre vivante ensemencée.
Si le chroniqueur est solidaire, c'est par une autre solidarité. Celle qui ne distingue pas le malheur et la douleur par l'étiquette de la race et de la confession. Aucune douleur n'est digne, plus qu'une autre, de la solidarité. Et solidarité n'est pas choix, mais élan total envers toutes et tous. Solidarité avec l'homme, partout, contre l'homme qui veut le tuer, le voler ou le spolier, partout. Solidarité avec la victime contre le bourreau parce qu'il est bourreau, pas parce qu'il est Israélien, Chinois ou Américain ou catholique ou musulman. Solidarité lucide aussi : que l'on cesse la jérémiade : le monde dit « arabe » est le poids mort du reste de l'humanité. Comment alors prétendre aider la Palestine avec des pays faibles, corrompus, ignorants, sans capitaux de savoir et de puissance, sans effet sur le monde, sans créateurs ni libertés ? Comment peut-on se permettre la vanité de la « solidarité » alors qu'on n'est pas capable de joueur le jeu des démocraties : avoir des élus juifs « chez nous », comme il y a des élus arabes « chez eux », présenter des condoléances pour leurs morts alors que des Israéliens présentent des condoléances pour le jeune Palestiniens brûlé vif, se dire sensible aux enfants morts alors qu'on n'est même pas sensible à l'humanité. Le chroniqueur est pour l'autre solidarité : celle totale et entière et indivise. Celle qui fait assumer, par votre dignité, au reste du monde, sa responsabilité envers une question de colonisation, pas de croyances. Celle qui vous rehausse comme interlocuteur, négociateur et vis-à-vis. Celle qui vous impose la lucidité quant à vos moyens et votre poids, à distinguer votre émotion de vos élans. Celle qui commence par soi, les siens pour justement mieux aider l'autre, partout, dans sa différence comme dans sa communauté. La solidarité avec le chrétien pourchassé en Irak et en Syrie, des musulmans de Birmanie, des habitants de l'Amazonie ou du jeune encore emprisonné à Oum El Bouaghi pour un casse-croute durant un ramadan.
Les images qui viennent de Gaza sont terribles. Mais elles le sont depuis un demi-siècle. Et nos indignations sont encore aussi futiles et aussi myopes et aussi mauvaises. Et nos lucidités et nos humanités sont aussi rares et mal vues. Il y a donc quelque chose à changer et à assumer et à s'avouer. La « solidarité » n'est pas la solidarité.
Ce que fait Israël contre Gaza est un crime abject. Mais nos « solidarités » sont un autre qui tue le Palestinien dans le dos.
Que les amateurs des lapidations se lèvent donc : c'est la preuve que mis à part les jets de cailloux, ils ne savent rien faire d'autre. -
Ma vie en partage/Martin Gray
- Par algermiliana
- Le 16/07/2014
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Mélanie Loisel est journaliste dans plusieurs médias canadiens. Soixante ans séparent cette jeune femme de Martin Gray âgé, aujourd’hui, de quatre-vingt-douze ans. Que ne sait-on pas de cet homme, l’un des derniers survivants de l’holocauste, qui n’ait pas été dit ou écrit !
Dans ce livre, Mélanie Loisel revient cependant sur le passé de cet homme. Elle s’interroge : comment se reconstruit-on après avoir survécu à une organisation machiavélique qui a permis à l’Allemagne nazie de gazer et de tuer six millions de juifs ? Comment se reconstruit-on lorsque, après avoir survécu au ghetto de Varsovie et après avoir perdu cent dix membres de sa famille le sort s’acharne, à nouveau, sur Martin Gray en 1970 quand sa femme et ses quatre enfants périront dans un immense incendie de forêt ?
On peut comprendre le besoin irrésistible de cette jeune journaliste de contacter cet homme au parcours hors du commun afin de lui parler de son projet, celui de l’interviewer.
Tout au long de cette interview, Martin Gray lui fera part de son expérience, de ses blessures, de ses chagrins mais aussi - et surtout - des enseignements positifs qu’il a su cultiver, au fil de sa vie, envers et contre tout. Egalement, de son appétit de vivre incroyable. Un homme, dit-il, qui regarde en arrière est un homme mort. Puis, il poursuit : « J’ai donc décidé de prendre mon destin en main et d’avancer ».
De très nombreux thèmes sont abordés dans ce livre : la vie et la mort, la souffrance et la guérison. Mais, également, des thèmes surprenants comme, par exemple, celui de la chirurgie esthétique qui fait dire à Martin Gray qu’on ne doit pas « effacer » les traces de notre vie ! Ou encore, celui de la surcharge pondérale dont il souffrait à l’âge de trente ans et qui lui a fait prendre conscience qu’il devait avoir une alimentation plus équilibrée s’il voulait rester en bonne santé. Le résultat ne s’est pas fait attendre. En ayant adopté une bonne hygiène de vie, cet homme n’a plus eu recours à la médecine chimique et, en plus de cinquante ans, n’a plus jamais attrapé un rhume ! Il égratigne, au passage, les grands trusts pharmaceutiques et nous rappelle cette expression bien connue : « Tu es ce que tu manges ». Il parle également de la situation difficile et dramatique de certains demandeurs d’emploi car, dit-il, s’il est vrai que la Société est responsable, en grande partie, du chômage, le sort du demandeur d’emploi est lié à la connaissance qu’il a de lui-même. La confiance qu’il a ou n’a pas en lui, lui fera soit surmonter cette épreuve, soit s’enfoncer encore davantage. C’est la raison pour laquelle Martin Gray suggère d’oser franchir les murailles et d’aller vers les autres.
Lui qui a connu la violence poussée à l’extrême, lui qui a été désigné comme un être inférieur, lui qui a dû porter l’étoile jaune, il met en garde notre Société contre le racisme. Il exprime même de la colère vis-à-vis des fanatiques religieux qui donnent une idée fausse de leurs religions, quelles qu’elles soient. Il ajoute cette citation de ce dramaturge allemand, Bertolt Brecht : « Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde ». Cependant, s’il craint la bêtise humaine qui amène les guerres, l’exploitation de l’homme par l’homme, il n’hésite pas à dire qu’il a aujourd’hui le sentiment d’être en harmonie avec lui-même.
Martin Gray, comme je le disais précédemment, est âgé de quatre-vingt-douze ans et, malgré tout, il a encore des projets dont un, plus particulièrement, qui lui tient à cœur et qu’il aimerait voir se réaliser avant sa mort. Ce projet consiste à créer rapidement un grand Conseil des sages chargé de prendre en considération les intérêts de l’humanité. Il a déjà constitué un dossier de quatre cents pages et il a contacté des « Prix Nobel » qui se sont dits prêts à y participer. Souhaitons que ce projet voie le jour dans un avenir proche.
Ce livre est une véritable bouffée d’oxygène pour tous, les jeunes et les moins jeunes. Je termine par cette citation de Martin Grey : « Il n’y a pas d’évènement qui soit vain dans une vie. Pas de jour, pas d’épreuve qui soient inutiles. A condition qu’on ne les contemple pas, mais qu’on se serve d’eux comme d’un appui pour aller plus de l’avant. »
Merci Monsieur Gray pour cette merveilleuse leçon de vie, d’humanité et d’humilité !