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Les fameux couloirs du temple M.FERROUKHI/ Par Djilali DEGHRAR

Les fameux couloirs du temple

Mustapha FERROUKHI (Miliana)

  • Se rappeler du temple, c’est se rappeler de ses souvenirs, de retrouver également son passé.
  • Se rappeller du temple, c’est aussi descendre en profondeur afin de  dénicher  et défricher les anciens souvenirs et les choses intimes.
  • Les couloirs, donnant sur la fameuse cour (carré bleu) à partir de 20 h après les études du soir interpellent les consciences et rappellent les souvenirs anciens.
  • Le tout, c’est nous, c’est les abdounates, c’est le personnel du lycée, c’est aussi l’ombre très agitée de ces bambins.

Lycée Mustapha FERROUKHI

Les fameux couloirs à façades vitrées représentaient pour nous nos souvenirs, nos graffitis sur les murs, sur les bois des fenêtres. Des graffitis en gras, d’autres très minuscules et sans oublier les fameux dessins à caractères comiques caractérisant les affrontements et heurts existant entre les externes et les internes de l’époque.

Ces couloirs le soir, après 20 h étaient le lieu privilégié des internes comme Sadi Mustapha, feu Modeber Belgacem, Nacer Eddine Benghenzet, feu Ali Beldi, Djilali Kalouaz, KadarTahar, Mohamed Boucharef, Mohamed Chelfouh, M’hamed Zidour, Djilali Miloudi, Bouziane Beldi et les autres. Il y ‘avait aussi ceux de Djendel, Boumedfaa, EL Attaf et ceux de Theniet El Had et Cherchell. Ces lieux favorisés étaient pour eux, leurs petits secrêts, leurs repaires et aussi leurs rectangles d’évasion. Ce n’était pas trop éclairé mais un peu sombre. C’était le coin idéal pour rester en dehors du brouhaha qui venait de la cour. Ils échangeaient tout, les graffitis envers leurs copines du lycée légendaire Mohamed Abdou celui qui représentait le symbole de leur existence. Non seulement les messages mais également d’autres dessins infernaux pour répondre aux externes. Malheureusement, ce petit coin de paradis était pratiquement interdit.

Un lieu très adoré pour certains internes, ils y faisaient circuler et envoyer leurs confidentialités. Ce lieu représentait pour eux une espèce de fuite et de débandade.    Néanmoins les Mohamed Randi et Mohamed Sahi  étaient là, réguliers et assidus pour parer à toutes éventualités. Tous deux respectivement surveillants généraux du temple. N’oublions pas les autres surveillants (pions = Ramas, Saadi-Selim, un gars de Khemis-Miliana etc…)  et à leur tête le proviseur feu Monsieur Henni. On nous surnommait le « chemin des fourmis  (Trigue El N’mel) à cause des absences –l’école buissonnière. Les parents que pratiquaient le rituel du Safa Oual Maroua entre les villages concernés et la ville de Miliana pour le fameux interrogatoire taa « Djib Babak et on verra par la suite ».

Mohamed Randi et Mohamed Sahi étaient très récalcitrant quant à la discipline (Randi un peu moins). Cependant ils aimaient vaillement instaurer et rétablir cette discipline qui grâce à elle pouvait contenir et maîtriser ce nombre incalculable d’internes. Tantôt difficile et à cheval, tantôt gais et satisfaits de l’ensemble de leurs actions. Mohamed Sahi n’aimait pas beaucoup les pratiques de Sadi Mustpaha et Feu Modeber Belgacem et de certains autres internes - ils étaient montrés du doigt-parce qu’ils jouaient aux cartes (belote et randa) ils avaient une gueule pas catolique,  ils faisaient, sans le vouloir, les travaux de nuits, du bruit, ce vacarme attirait les surveillants qui découvraient le pot aux roses et cela malgré la sentinelle improvisée par les joueurs à tour de rôle. Une des sentinelles, avait bien voulu, justement rigoler un peu, le factionnaire avait déserté sa place et ne pouvait donc avertir nos amis de la venue des surveillants. La suite vous la connaissez !!! Au niveau de la surveillance générale, les mis en cause sont alors malmenés, blâmés et surtout peu secoués verbalement.

Ces couloirs répresentaient pour nous notre fierté, notre petit jeu secret. Ils étaient, en quelques sorte, une sorte de bouffée d’oxygène parce qu’ils alimentaient nos sœurs d’à côté en messages et graffitis de toutes sortes. Ils nous procuraient cette espèce de liberté qui n’existait pas  ailleurs, c'est-à-dire au dela des murs de l’enceinte du lycée.

Nos amies du lycée Mohamed Abdou, elles avaient elles aussi leur petit jardin secret où elles écrivaient elles aussi des signes, des messages et autant de graffitis .Elles avaient elles aussi leur repaire. C’était bizarre  mais c’était peut être par transmission de pensée (télépathie) c’était  comme ça et pas autrement.

Chaque fois que l’on vienne visiter le fameux lycée, alors on demande l’autorisation d’aller vers ces célèbres couloirs afin de les revoir pour prende en photos. C’était, en quelque sorte, notre messagerie, notre manière à nous d’échanger des petits messages envers les filles, de répondre aux allégations et dessins inappropriés et inadaptés des externes. Ou bien laisser des messages en tous genres tout simplement.

On sentait aussi venir des cuisines, cette odeur séculente que les Barrami et consorts ont scrupuleusement préparé  pour nous. Tout était bien orchestré  et bien instrumenté.

Le lycée fut restauré dernièrement et on souhaite que ces couloirs n’aient pas fait l’objet de modifications profondes permettant ainsi la disparition de ces innombrables souvenirs.

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