À la mémoire d’une femme de savoir

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Dans le silence du lycée Mohamed Abdou de Miliana, autrefois École Normale des Institutrices, résonne encore l’empreinte de celles qui, par leur seule présence, ont incarné l’esprit de l’école : discipline, élévation, rigueur. Parmi elles, le nom de Djoher Amhis s’inscrit avec une gravité silencieuse, celle des femmes qui n’ont pas cherché à marquer l’histoire, mais qui l’ont traversée avec justesse.

Je ne l’ai pas connue personnellement. Mais on n’a pas besoin de rencontres pour reconnaître une figure d’envergure. Il suffit de lire, d’écouter, de constater la trace. Normalienne formée à Miliana en 1945, elle appartenait à cette génération de femmes pour qui l’éducation était un engagement profond, un acte de construction nationale.

Enseignante à Thénia, puis à Médéa, inspectrice de l’Éducation, elle poursuivit son œuvre au-delà de la salle de classe. Retraitée, elle se consacra à la littérature avec la même exigence : transmettre. Ses ouvrages, notamment ses analyses sur les grandes voix algériennes – Mammeri, Dib, Djaout, Djebar, Amrouche, Kateb – ne sont pas de simples études critiques, mais des passerelles tendues entre les œuvres et les jeunes esprits. Elle écrivait sans effet, sans posture, avec la précision d’une pédagogue et la sensibilité d’une lectrice habitée.

Son parcours force le respect. Elle incarne une idée noble de l’élite : instruite, discrète, intègre. Loin des faux éclats, elle a fait de sa vie un sillon profond dans le paysage intellectuel algérien, sans jamais se détourner de l’essentiel : enseigner, éclairer, transmettre.

Aujourd’hui, alors qu’elle nous a quittés en juin 2025, son absence laisse place à une reconnaissance sans détour. Non pour célébrer la personne, mais pour saluer l’exemple. Une femme de silence et de substance. Une mémoire qui nous engage.

Que son nom demeure, avec simplicité et hauteur, parmi ceux qui ont honoré l’école et la pensée.