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J'ai osé !

Suite à un état de santé délicat, je dus refaire ma terminale.

Je me suis donc retrouvée avec de nouvelles camarades fraichement montées de la classe de 1ère.
Parmi elles, une élève brillante mais très renfermée sur elle-même. Elle se prénommait Nadhéra.
Cette année-là était la dernière promotion de Philo en français pour les Terminales Sciences.

J'ai osé

Notre professeur était d'une élégance et netteté remarquable. Il portait des costumes aux couleurs qui sortaient de l'ordinaire et que rehaussaient ses chemises et cravates tout aussi originales. La finesse de ses lunettes ajoutait à son raffinement.

Honnêtement, j'ai un très vague souvenir de comment étaient ses cours.

Néanmoins, il nous était venu avec une idée préconçue nous concernant car un collègue lui avait dressé le portrait scolaire de toutes les élèves. Ce qui faussait un peu les débats supposés animer ce genre de matière.


Le clou de ces cours était qu'il ne donnait la parole à personne d'autre qu'à notre brillante camarade introvertie dont il sollicitait l'avis régulièrement.


C'était une arme à double tranchant:


Il torturait cette malheureuse élève qui ne cherchait qu'à passer inaperçue et frustrait toutes les autres qui avaient bien des choses à partager.

Evidemment, plus le temps avançait, plus le climat se détériorait et plus la démotivation s'installait.

Nous étions en cours de 16 à 17 h.
L'atmosphère était pesante, lourde et même menaçante.

Soudain je m'entendis dire:
"Monsieur s'il vous plait!" plusieurs fois de suite...
Il me donna enfin la parole...moi, la timide!

Je me levai et me tournai vers ma nouvelle camarade pour lui dire:
"Nadhéra, ce n'est pas contre toi que j'agis mais il faut que je dise ce que j'ai à dire."

Puis, me tournant vers mon prof, je me suis retrouvée à lui dresser le tableau négatif de ses cours du point de vue gestion des interactions.
Je n'en crus pas mes oreilles car jusque-là, j'étais d'une timidité...

Je fis ce jour-là mon baptême de la prise de parole et de la revendication!

 

Quand je me tus, il y eut un silence solennel mais plein de suspense...
Comment le prof allait-il réagir? Et Nadhéra que j'aimais tant ?

Advienne que pourra !

Eh bien, tout le monde prit part à la discussion qui suivit, excepté Nadhéra, plus intimidée que jamais!
Quand la cloche sonna, mes camarades accoururent vers moi pour me remercier et exprimer leur soulagement.
Nadhéra ne m'en voulut jamais car elle aussi était quelque peu libérée.

Quant à Mr Fernandez, il ne me tint aucunement rigueur. Bien au contraire, il rectifia le tir et rétablit l'équilibre en classe.


Une leçon de liberté d'expression et de démocratie!


Commentaires

  • Chantal
    Alors ! là ! Je suis épatée Safia !

    Avoir fait ce que vous avez fait en étant une toute jeune fille, mais c'est formidable ! Je ne sais pas si tel a été le cas mais cet acte pouvait laisser penser que vous deviendriez une femme combattive et déterminée ...

    Bonne soirée à tous.

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