La Langue Française : victime d’un procès injuste
- Par algermiliana
- Le 21/06/2025
- Dans Sous le figuier/ Noria
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Un vent d’amertume souffle sur notre pays. Un vent qui voudrait effacer des mémoires et des institutions une langue : « le français ». Certains la désignent comme le dernier vestige d’un passé colonial. Ils veulent la bannir des écoles, des rues, des esprits, comme on efface une faute. Mais à ceux-là, je dis : une langue n’est pas un empire. Elle ne colonise pas. Elle ne commande pas. Elle ne tue pas.
Une langue est un souffle. Elle naît dans la bouche des poètes, dans les cris de révolte, dans les lettres d’amour. Elle est une passerelle, pas une frontière. Le français, en Algérie, n’est pas un symbole d’oppression, mais un outil hérité, souvent douloureusement, mais aussi puissamment transformé. Il est devenu un butin, une richesse, une voix parmi d’autres.
Faut-il renier Kateb Yacine, qui voyait dans le français une conquête culturelle ? Oublier Assia Djebar, cette femme algérienne qui écrivait en français pour dire nos silences ?
Rejeter ces écrivains, penseurs, journalistes, enseignants, qui n’ont pas choisi cette langue par soumission, mais par exigence de clarté et d’expression ?
Ce ne sont pas les langues qui font l’histoire. Ce sont les hommes. Une langue n’a pas de sang sur les mains. Elle peut être utilisée pour opprimer, oui, mais aussi pour libérer, transmettre, créer. Couper une langue de nos vies, c’est renoncer à une part de notre identité. C’est nous appauvrir volontairement.
Le français fait désormais partie de notre paysage. Il cohabite avec l’arabe, le tamazight, le dialecte populaire. Il n’efface pas, il ajoute. Il n’impose plus, il propose. Et l’Algérie, dans sa diversité, a toujours été une terre de langues et de métissages.
Alors non, le français n’est pas un traître. Il est un témoin.
L’abandonner par vengeance, ce serait céder à l’amnésie. Le maîtriser, le transmettre, c’est affirmer notre liberté. Celle de penser, de choisir, d’écrire. Et d’exister en toute souveraineté.
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