Le Jasmin de Miliana

 

Le Jasmin de Miliana

Cité Nord

La mémoire s'accroche parfois à une simple odeur. Pour Miliana, c'est celle du jasmin. Dans le calme de la Cité Nord, ce quartier entièrement résidentiel, l'air s'alourdissait d'une douceur particulière à la fin de chaque après-midi d'été. Le parfum, glissant des villas fleuries, devenait la trame sonore invisible de l'instant, mêlé aux rires et aux conversations.

En déambulant, on ne voyait pas seulement les fleurs ; on voyait les façades elles-mêmes, entièrement drapées de jasmin. Le parfum explosait littéralement, s'échappant de chaque mur, grimpant sur chaque grille. Il se faisait deviner, mais aussi clairement sentir, comme une présence familière et écrasante de beauté.

Le soir venu, son sillage devenait plus dense, presque envoûtant. C'était le signal du repos, du thé partagé, des confidences à la lueur d'une lampe. Ce parfum, plus que tout autre, appartenait à la ville. Il semblait respirer avec elle, accompagnant le rythme calme de ses nuits d'été.

Le jasmin est pourtant une fleur humble. De petites étoiles blanches, fragiles mais tenaces. Il aime la lumière, la chaleur, la douceur d'un mur où s'accrocher. Il trouve son refuge parfait là où la vie sait encore être simple, au milieu de ces villas où il a l'espace et la lumière pour s'épanouir.

Aujourd'hui encore, il suffit d'évoquer son nom pour que tout revienne, les ruelles fleuries, les façades ombragées, les pas lents dans la soirée, et cette sensation d'appartenir à un lieu où même l'air avait le goût de la mémoire.

Le jasmin de Miliana, c'est un parfum d'âme. Il relie les générations, les absents, les jours enfuis. Une senteur qui parle à la fois de beauté, de douceur et de fidélité, celle d'un temps et d'une ville qu'on porte en soi, longtemps après les avoir quittés.

 

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