DE YENNAYER A LAADJOUZA

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Yennayer, Yennar, Nnayer , ou encore Rass El-âam, Laâdjouza,… Autant de déclinaisons en amazighe ou arabe algérien, pour désigner une même célébration, à savoir le passage au nouvel an Amazigh, « amezwar n usugwas ».

Cette réjouissance cyclique qui remonte à une époque qui se perd dans la nuit des temps, fait partie des rituels populaires qui ont survécu contre vents et marées, pour s’imposer comme une source identitaire rassembleuse. Mais si Yennayer a toujours été fêté, la datation du nouvel an berbère est plus récente.

C’est au début des années 1970*, que l’Académie Berbère (Agraw YimaziƔen) a choisi un événement historique marquant, pour symboliser l’an zéro du nouvel an amazigh. Cet événement, c’est l’accession de l’Aguellid Sacnaq ** 1er (-950 à -929) au trône égyptien pour devenir le fondateur de la 22ème dynastie pharaonique.

Cependant aucun indice historique, ne vient attester que Imazighen avaient commencé à chiffrer les années à partir de cet événement affirmé.En dépit de l’absence endémique d’écrits, qui ont desservi la connaissance de l’histoire du peuple amazigh, son attachement aux traditions a permis, un tant soi peu, de compenser ce handicap, grâce à la passerelle inter générations.

Toutefois les us et coutumes relatifs à Yennayer, ne semblent pas évoluer à la même vitesse ; si le volet culinaire se perpétue sans peine en s’adaptant aux nouvelles habitudes gastronomiques, ce n’est pas le cas d’autres traditions qui sont délaissées ou simplement en passe d’être oubliées : ainsi en est - il de la maison qui se voulait totalement nettoyée comme pour la purifier (ce qui n’est pas sans nous rappeler cette coutume de la population de la Casbah d’Alger, à l’approche du ramadhan “dalla essaboune”) ou encore de l’imposition d’achever ce jour là, tout ouvrage manuel entamé.

Si ce patrimoine commun que nous tenons en héritage du passé subsiste encore, les générations suivantes, désormais gérantes de cette mémoire, ont la lourde responsabilité de non seulement le préserver, mais surtout le valoriser.

Son inscription sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité et sa reconnaissance comme fête nationale officielle, ne seraient donc que justice.

 

Farid GHILI

Commentaires

  • Meskellil
    • 1. Meskellil Le 12/01/2018
    Bonsoir à tous,

    Quelle chance nous avons de fêter trois « nouvel an » ! Le 12 janvier c’est-à-dire aujourd’hui est une date très spéciale puisqu’elle institue le nouvel an Berbère! Au-delà de toutes considérations partisanes, de toute démagogie, manœuvre politicienne, ou polémique, je pense que c’est une excellente chose, et je m’en réjouis ! Tout a tellement tendance à être enfoui, effacé, perverti et cela jusque dans nos mémoires ! J’aurais aimé que l’auteur à la belle plume de ce texte nous en dise davantage sur certains points d’histoire, de traditions, d’us et coutumes évoqués et encore vivaces, vivants de nos jours, et cela aussi me réjouit.

    Reconnaître, réhabiliter notre héritage immatériel, le vivifier, le nourrir, lui donner du souffle, le propulser en avant comme je l’ai dit dans un précédent commentaire, constitue une formidable source d’énergie, d’action collective. Notre diversité est notre richesse, notre force et il est suicidaire de vouloir occulter notre histoire, ignorer notre diversité, oublier que nous formons tous ce peuple Algérien, un peuple qui sait se lever comme un seul homme quand cela est nécessaire, et il l’a prouvé maintes fois durant sa longue, très longue histoire. Des luttes et des guerres gagnées puisqu’il est toujours là, debout, digne, et fier. Les identités sont dynamiques et se crisper sur un seul aspect ou un autre de cette identité multiple nous amputerait d’une partie de ce que nous sommes. Pouvoir s’insérer dans le monde, et être en mesure de relever les défis de la modernité qui sont de taille, ne peut se faire qu’unis et confiants en ce que nous sommes, accepter notre identité complexe, notre diversité, en faire notre force, notre richesse, et se garder de toute division. En France, il y a beaucoup d’Algériens qui se revendiquent Kabyles et non Algériens, et des Français qui, de leur côté disent « mais il est de Kabylie, pas d’Algérie », avec une forme de condescendance, un autre sujet récurrent est de comparer la Kabylie à la Catalogne, ou de parler de minorités, ou de l’autre côté d’entendre en Algérie, « eux ce sont des Kabyles » et « eux ce sont des Arabes », ce qui est affligeant, triste, et c’est comme si on se tirait une balle dans le pied. La division a de tout temps été mortelle pour les peuples et les nations, et l’histoire passée et actuelle est là pour nous le rappeler : les pays naguère forts, unis et souverains sont complètement atomisés en raison de leur division, en général attisée de l’extérieur sur un terrain fragile, propice. Alors gardons-nous de confondre des choix politiques ou idéologiques conjoncturels avec le pays l’ALGERIE qui doit rester UNE et INDIVISIBLE. Comme je l’ai dit plus haut, Nous avons de grands défis à relever en tant que nation indépendante, en tant que peuple, et pour y arriver, nous devons rester unis, et nous revendiquer d’abord Algériens. Je vous propose de lire ce que dit Edouard Glissant à propos des identités dans le monde qui est le nôtre, et qui va, lui, encore plus loin :

    « Les identités fixes deviennent préjudiciables à la sensibilité de l'homme contemporain engagé dans un monde-chaos et vivant dans des sociétés créolisées. L'Identité-relation, ou l'"identité-rhizome" comme l'appelait Gilles Deleuze, semble plus adaptée à la situation. C'est difficile à admettre, cela nous remplit de craintes de remettre en cause l'unité de notre identité, le noyau dur et sans faille de notre personne, une identité refermée sur elle-même, craignant l'étrangeté, associée à une langue, une nation, une religion, parfois une ethnie, une race, une tribu, un clan, une entité bien définie à laquelle on s'identifie. Mais nous devons changer notre point de vue sur les identités, comme sur notre relation à l'autre.

    Nous devons construire une personnalité instable, mouvante, créatrice, fragile, au carrefour de soi et des autres. Une Identité-relation. C'est une expérience très intéressante, car on se croit généralement autorisé à parler à l'autre du point de vue d'une identité fixe. Bien définie. Pure. Atavique. Maintenant, c'est impossible, même pour les anciens colonisés qui tentent de se raccrocher à leur passé ou leur ethnie. Et cela nous remplit de craintes et de tremblements de parler sans certitude, mais nous enrichit considérablement. »

    Pour finir ce long chapitre écrit à chaud et sans relecture rigoureuse par manque de temps, je souhaite à tous les Algériens « Yenayer Ameggas, et meilleurs vœux de paix et d'épanouissement ». Merci à nouveau à toi Noria de permettre ces diverses expressions. Je souhaite également te féliciter toi pour la création du site algermiliana, et tous les internautes pour leurs diverses contributions durant ces 10 années. Une longévité exceptionnelle qu’on souhaite encore longue, très longue grâce à ce travail collectif très précieux et très appréciable.
  • keryma
    • 2. keryma Le 11/01/2018
    Bonsoir Noria, bonsoir à toutes & à tous!
    Merci Torki, Assegwas Ameggaz à toi et à tout le monde!

    Merci Noria pour cette excellente rédaction sur la fête que nous aimons et apprécions tous, car elle appelle au partage et à la réunion familiale et amicale, du côté de chez moi on fête le "Treize"! Je ne vous en dis pas plus!
    Amitiés,
    Kéryma

    NB : au fait Noria, concernant ta citation d'aujourd'hui : "maydji elli yaqatlek, hatta idji elli yahyik", c'est un peu ça non?
  • Torki
    • 3. Torki Le 11/01/2018
    Bonsoir tout le monde,
    Assegas Ameggaz et bonne Année 2968.

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