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Le Copiage/Par Khaled CHENGAB

Le copiage, et si on en parlait un peu..........il doit y avoir de belles anecdotes à rapporter.


Ainsi comme lors d'une conversation entre anciens, une anecdote appelant toujours une autre. Celle dont je vais vous faire part est en rapport avec ce sujet... Jusque-là tabou...Le copiage durant les années lycée. La scène s'est déroulée courant 69/70.j'étais en cinquième et lors d'une interrogation écrite en histoire dont la matière nous était professée pour reprendre une vieille expression par Monsieur Abou ghliba, un prof d'une grande réserve. Bien qu'on percevait chez lui car il y a des signes qui ne trompent pas et alors qu'il n'en faisait jamais état en dehors des cours d'histoire relatifs à cette région, des inquiétudes et des interrogations dues au drame que vivait son pays et qui perdure dans une ampleur beaucoup plus importante, la Palestine. J’ai bien entendu avant ce rendez-vous dont je soupçonnais l'imminence et pour sortir du rituel des techniques déjà rodées en matière de copiage, pris le soin de transcrire à l'encre rouge sur mon petit cartable couleur marron foncé l'ensemble des cours pouvant faire l'objet du contrôle intermédiaire. Une technique innovante dans le domaine destinée à brouiller l'attention le prof, du moins je le croyais...Le copiage

J'ai aussi et afin d'optimiser mes chances de réussite (si l'on peut appeler ça ainsi) et ne rien laisser au hasard de l'improvisation, tout vérifier au préalable et bien mis au point ma stratégie de copiage, à savoir ma proximité de la fenêtre et l’étude du mouvement des rayons de soleil ainsi que les différents endroits sur le pupitre, propices à un meilleur contraste sur mon cartable offrant ainsi une meilleure lisibilité dont je serai le seul bénéficiaire. Un véritable travail de recherche qui s'il n'était fait à des fins non avouables m'aurait propulsé aux sommets de la recherche sur le système solaire, c'est ainsi que naissent les vocations...et c'est le ratage qui les douche. Ce ne fut malheureusement pas le cas, car manquaient à mon œuvre ces impondérables que les ruses du sort vous mettent des fois de travers pour mieux contrarier les vilains desseins et que vous découvrirez plus loin dans ce récit. Vous comprendrez donc que ni le choix de la couleur du cartable ni celui de la couleur de l'encre ne sont innocents, sans importance ni ne relèvent du simple hasard. Pareille mission ne saurait souffrir d'amateurisme. D'autant plus que les enjeux ou le risque de se faire prendre les mains souillées par cette encre du péché que la morale réprouve, étaient de taille et signifiaient pour son auteur une surveillance étroite de la part du prof ou d'autres  pour peu qu'il caftait, durant toute l'année scolaire et même au-delà si par un hasard des affectations on l'a l'année suivante. Donc tout avait été soigneusement étudié (sauf la matière en question. Mais bon on ne peut pas être parfait dans tous les domaines non plus....), il ne me restait plus qu'à mettre dans la confidence mais à la dernière minute de peur des fuites, mon voisin de pupitre Mr.M.B qui deux jours auparavant m'avait fait part de ses inquiétudes à l'approche de l'échéance dans un légendaire et surtout... récurrent "mani hafedh oualou ya mhaynek,ezzagette."Il s'est trouvé que j'étais dans la même impasse et ma réplique fut celle que l'on retrouve souvent dans toutes les coupables complicité." ana thane".

Le jour J arriva et nous voici les deux, le regard aux aguets, scrutant le moindre indice susceptible de mettre en échec cette opération minutieusement préparée, juste après que le sujet fut dévoilé, mon cartable s'est mis à changer bizarrement de position à la recherche de la luminosité indispensable sans laquelle toute l'opération était vouée à l’échec. Il prit les allures d'un capteur solaire non pas destiné à créer une quelconque énergie utile, mais à alimenter celle de deux desperados de 13 ans englués dans une complexe et sombre opération de copiage. Autour de nous régnait un calme presque méditatif propre à ces jours où l'on est sommé par la cruelle obligation de plancher noir sur blanc l'état de nos connaissances sur les matières et où le silence est plus qu'indispensable pour la convocation de la mémoire qui des fois..........se mêlent les pinceaux.

D’autres copieurs dont je tairai les noms quoiqu'il y ait prescription maintenant, des artistes en la matière, finalisaient avec un art consommé une autre approche de copiage. On peut dire qu'il y avait parmi eux quelques éléments précurseurs dans l'art de l'écriture en miniature sur des petits bouts de papier comme des penses bête, ils mettaient du génie à les confectionner afin de combler les endroits où la mémoire s'égare. Ce jour-là Malheureusement les éléments favorables n'étaient pas là où on les attendait, le soleil devait certainement éclairer les cimes du Zaccar, tournant ainsi le dos à deux apprentis copieurs, ils se sont plutôt acharné contre nous. Le ciel était gris et les quelques rayons de soleil qui daignaient bien se projeter sur mon coupable cartable étaient plutôt timides et très furtifs. L’impatience de mon complice et son agitation névrotique feront le reste. Plus le temps passait et les minutes s'égrenaient et plus l'attente de mon voisin se transformait comme la mienne d'ailleurs en une nervosité que rien ne justifiait dans un cadre pareil plutôt empreint de silence de calme de réflexion et de sérénité.

La rareté du soleil exacerba ma fébrilité, et mes mouvements à la recherche de cette énergie solaire tant convoitée qui aurait pu doper la note finale furent vains. Réduite au rang de complice malgré elle par la coupable volonté de deux copieurs, elle sut se rebiffer. Les grincements de ma chaise et les incessants rapprochements de celle de mon voisin réduisant presque à néant l'écart qui devait nous séparer, tout comme ses légers coups de coude et ses élongations du cou frisant le torticolis en direction de ma copie toute aussi vierge que la sienne devinrent un peu trop suspects pour être normaux aux yeux du prof qui multiplia les allers retours dans notre rangée jusqu’à ce que le pot aux roses soit découvert.

J’eus droit à une correction en live et d'un beau zéro lui aussi à l'encre rouge comme seul contenu de ma feuille d'interrogation. Sans oublier bien sûr cette déclaration pleine à la fois de bon sens et d'humour de la part du prof, lui qui paraissait si réservé.
"elli ghachana layssa mina, Monsieur CHENGAB nous a ramené des siècles en arrière. À l'époque des parchemins et de l'écriture sur des peaux. Nous revisitons l'histoire mais quand même, il n'a jamais été question de faire revivre ses usages".

Et c'est ainsi que moi et mon infortuné voisin de pupitre fûmes invité à quitter la salle sous les regards certes évasifs mais qu'on savait pleins de compassion des autres membres de la confrérie des copieurs, trop pris par la concentration que nécessite l'activité. Des discussions très animées eurent lieu plus tard dans la cour entre des éléments influents de cette nébuleuse des amoureux des bonnes notes........et du moindre effort, sur la fiabilité de certains procédés et des comparaisons sur les différentes méthodes furent établies afin de jeter son dévolu.......pour les prochaines interrogations, sur les meilleures, celles qui sont sorties indemnes de la terrible épreuve qu'elles viennent de traverser. C’était comme une foire sur les nouvelles techniques imparables...DU COPIAGE.

 

NB : ne pas laisser ce récit à la portée des gamins toujours dans les circuits de l'éducation. Il pourrait faire des émules. Lol...

Commentaires

  • ferhaoui
    • 1. ferhaoui Le 02/03/2014
    bonjour tout le monde,oh!!ma chère p'tite soeur meskéllil j'ai ri ,ce matin j'ai eu l'impression d'etre ramené des années en arrière,à miliana, croyez- moi le prof abou ghliba entre autres il était mon ami et je l'aimé bien ...nous étions tous les deux et nous rions de ces histoires de copiages.depuis des années ont pass abou ghliba qui est là-bas, en ( palestine) m'avait écrit selon ses propos, sous un ciel d'orage. eh bien, espérant qu'il se porte bien et il est toujours dans nos coeurs l'ami ferhaoui, oran.
  • Meskellil
    • 2. Meskellil Le 02/03/2014
    Bonjour M. Khaled, bonjour à tous,
    Le déroulé de votre récit entretient le suspens avec beaucoup de talent, et d'humour, je me suis bien amusée au fur et à mesure de la narration. J'aime beaucoup aussi la chute du récit, et cette expression me revient pour l'avoir entendue maintes fois chez les profs orientaux. Je me rappelle de ce prof Abou Ghliba que j'ai eu également, il n'était pas très engageant.
    En cinquième ou quatrième, Il y avait une camarade de classe qui recopiait systématiquement tous les cours d'histoire/géo dans des carnets miniatures qui tenaient dans la paume de sa main. Elle ne s'est jamais fait prendre! Il faut dire aussi qu'elle était d'une discrétion absolue, calme et attentive en cours. On ne l'entendait jamais sauf pour répondre de temps à autre à une question à l'oral, histoire de montrer quelle était là. Les profs n'ont jamais eu le moindre soupçon sur elle. Je me suis toujours dit qu'elle devait passer un temps fou à découper des feuilles, à les coudre pour en faire ces petits cahiers miniature, à recopier en écriture minuscule tous les cours...Bonjour le bras ankylosé à force d'écrire sur si peu de surface! et que ça irait certainement plus vite d'apprendre les cours tout simplement. Je n'ai jamais bien compris ses motivations, mais je trouvais son procédé très drôle!
  • Benyoucef
    • 3. Benyoucef Le 18/07/2013
    Bonjour à tous

    A propos du copiage,je vais vous raconter une anecdote .Je me souviens un jour ,j'étais en classe de 4eme au lycée Mustapha Ferroukhi.On avait à passer un examen d' histoire géo.La prof, d'un regard éveillé surveillait attentivement les élevés plongés dans leur travail .Soudain ,elle entendit un bruit sourd venant du fond de la classe .C'était un camarade qui tentait tant bien que mal de copier .Quand la prof s'approcha de lui, il faisait semblant de chercher quelque chose dans son cartable.Il parvint à faire sortir une bouteille de parfum et dit à la prof
    "Excusez moi madame , je voudrai sentir un peu de parfum , car j'ai la tête qui tourne"
    La prof le regarda avec stupeur, puis il rétorqua:
    " Vous pouvez vous en servir madame si vous voulez"
    D'un geste maladroit, le flacon glissa de sa main et tomba , tout le parterre s'inonde de parfum et de débris de verre
    "Quelle catastrophe!" Cria la prof en s'éloignant de lui
    Tous les élevés éclatèrent de rire

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