Le Marchand de glace
Le marchand de glaces d’autrefois
Il y a des souvenirs d’enfance qui résistent au temps, des images qui restent vives même lorsque tout le reste s’efface. À Alger, durant les étés d’autrefois, l’un de ces souvenirs précieux avait le goût sucré de la glace fondante et le parfum d’une époque insouciante. C’était le temps du marchand de glaces ambulant.
Il n’avait ni enseigne lumineuse ni slogan publicitaire. Juste une charrette en bois, souvent peinte à la main, bringuebalante mais pleine de charme. Parfois, c’était un triporteur fatigué qui tanguait sur les pavés. Et toujours, ce même petit carillon, ce tintement familier qui perçait le silence de la sieste et faisait jaillir les enfants comme des moineaux dans la lumière.
Ils arrivaient en courant, le cœur battant, une pièce bien au chaud dans la paume. Autour du marchand, un cercle se formait, vibrant de rires et de discussions précipitées. Il y avait ceux qui choisissaient sans hésiter leur parfum fétiche, et ceux qui hésitaient longuement, comme si le choix d’une glace engageait tout l’été.
Vanille-fraise, citron glacé, chocolat au goût un peu poussiéreux mais tellement réconfortant…
Les cornets croustillants craquaient sous les dents, les bâtonnets en bois laissaient une fine pellicule de fraîcheur sur les lèvres, et les gaufrettes débordaient de cette glace compacte qu’on léchait avec application, de peur qu’elle ne fonde trop vite.
Mais ce que l’on achetait ce jour-là, ce n’était pas qu’une friandise. C’était un moment d’enfance volé à la course du temps. Un rendez-vous tacite dans l’été brûlant, une joie simple, offerte pour quelques centimes.
Aujourd’hui, ces marchands nomades ont disparu des ruelles. Les glaces se vendent dans des vitrines standardisées, et les enfants ne lèvent plus la tête à l’appel d’une clochette. Pourtant, au détour d’un souvenir, il suffit d’une brise tiède ou d’un parfum sucré pour que tout revienne : le triporteur, les rires, et le bonheur innocent d’un été algérois.
Commentaires
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- 1. abdel Le 06/03/2016
Bonjour,
bouyatilene | 27/01/2015
Bonjour,
Je vous remercie infiniment,pour toute ces beaux souvenirs, qui m'ont fait pleurer et rire,un grand merci,je ne suis pas de milyana,mais j'ai vécu les mêmes choses,
Sans indiscrétion tu es de quelle ville, pays? France ou algérie.
Tu peux me répondre sur mon mail personnel. Merci. -
- 2. Benabdellah Mohammed Le 20/05/2015
ESSALEM à toutes et à tous.Je voudrais évoquer un personnage unique qui a fait partie de l'histoire de Miliana et d'El-Khemis.Il s'agit en fait d'un homme que les anciens(es) Milianais(es) et Khemissi(ates) connaissent parfaitement bien.Il était quelque peu agé,le dos vouté,le teint basané.Il portait un couffin sur l'épaule qu'il maintenait gràce à un baton qui lui servait également pour se défendre.Il sillonnait la région et principalement Miliana et El-Khemis à pied.C'était un paquet de nerfs qui éclatait à la moindre provocation.Un mot magique servait de détonateur"fakou" et il traitait les gens de tous les noms d'oiseaux en brandissant son baton pret à en découdre.Quand il se trouvait à Miliana il vantait les gens d'El-Khemis et vice-versa.Il le faisait à haute voix aussitot que le mot magique est prononcé par quelqu'un de malveillant.Peu lui importe la composition humaine qui se trouve à proximité.L'essentiel est qu'il déballe son "texte" et il le répète à qui veut l'entendre.Parmi ce qu'il déballe un morceau attirait notre attention.Il disait ceci:Les allemands vont venir et il vous coloniseront.En fait il a dit vrai puisque plus tard une société allemande"la boom"est venue dans la région dans le cadre de la coopération et on s'est souvenu de ce qu'il a prédit.Ce personnage sympathique,Allah yerhmou ,s'appelait "ammi Mostefa".Pour les gens qui se souviennent de lui ,il est demandé une pieuse pensée pour lui. -
- 3. bouyatilene Le 27/01/2015
Bonjour,
Je vous remercie infiniment,pour toute ces beaux souvenirs, qui mon fait pleurer et rire,un grand merci,je ne suis pas de milyana,mais j'ai vecue les mémes choses, -
- 4. Benchaib Larbi ( Abdelkader ) Le 14/04/2014
Salam à tout le monde ,
qui se souvient de 3ammi Bnidir Allah yerrahmou ? de ses meringues et de ses éclaires ? -
- 5. ferhaoui Le 13/04/2014
bonsoir les amis djabellaoui, bonsoir meskellil revenons a nos marchands ambulants très exactement ce vendeur en question: quelque chose a vendre( il criait: ()xzésavendre, xzésavendre généralement ils sont malins et souvent le troc est une arnaque:joujj zllaiff et un ou deux gobelets en échange parfois contre des objets d'art voire lustres ,statuettes, vases anciens parfois vraiment des objets d'art helas erreurs commises par nos parents. l'ami ferhaoui, oran. -
- 6. Benabdellah Mohammed Le 13/04/2014
ESSALEM à toutes et à tous.Ya si Boualem donne-nous de tes nouvelles de temps à autre.Merci pour les compliments et comme disait Meskellil il faudra citer les personnages milianais qui ont fait l'évènement jadis et au besoin rappeler un fait ayant trait à ceux-ci.Pour ma part j'ai ma petite idée que je raconterai très prochainement.@ Meskellil il y avait aussi un autre personnage que l'on reconnaissait de loin car il vendait des oeufs et criait"3adhmate"Je pense que ça vous revient.Bonne soirée à toutes et à tous. -
- 7. Meskellil Le 13/04/2014
M. Boualem wa alayka essalem Allah isselmek wi berek fik,
J'ai oublié le cri de celui qui faisait du troc: lmaaaa3ene bel houayedj! Voilà, le tableau est complet! La prochaine fois, à l'occasion, on évoquera les personnages de Miliana qui font partie intégrante de son histoire et que les Milianais (ses)connaissent, il y en a quelques uns aussi!
Laala Kéryma, maneskounche fel 3anacer, neskoune fi qalb el bled! Bessah a3ndi bezef melli rohte men Meliana -
- 8. keryma Le 13/04/2014
@Meskellil,
J'ai écouté la chanson du marhoum A.Aziz, très belle, ce sont d'anciennes chansons que l'on a occultées par la force des choses... des années!
Mais comme ça juste entre, nous tessoukni fi El annacer à Miliana, Meskellil? (sourire) -
- 9. Djabellaoui Boualem Le 13/04/2014
Salam alaikoum,Ah ya la dame Meskellil et cheikh Benabdellah! comme vous savez bien battre le rappel des souvenirs,pour finir par les mobiliser dans ces jolis récits qui savent comment courtiser notre nostalgie milianaise.SSaha oua Baraka fikoum -
- 10. Benabdellah Mohammed Le 13/04/2014
ESSALEM à toutes et à tous.@Keryma.Je m'attendais à la remarque sur le lubrifiant.En fait je l'avais écrit puis je l'ai censuré pour épargner à nos amis(es) un haut le coeur.Je me réjouis à l'idée que meme les blidéens(es) ont eu leur part de salive au meme titre que les milianais (es).Puisque le personnage utilisait cette méthode il me semble qu'il s'agissait de la meme personne qui faisait le va et vient entre les deux villes pour écouler sa marchandise.Je le dis au risque de me répéter , c'était vraiment délicieux. -
- 11. Meskellil Le 13/04/2014
Spéciale dédicace à Miliana d'antan, actuelle et à venir!!
http://www.youtube.com/watch?v=j1nVm784aus -
- 12. Meskellil Le 13/04/2014
Bonjour cher ami et grand frère Ferhaoui,
Il est vrai que le vendeur de Karmousse ensara ferait un très beau sujet! Alors vous avez la photo de ce cher vieux Monsieur qui vendait ses belles pièces! En fait ce ne sont pas des éventails pour se rafraîchir mais plutôt pour raviver la flamme des sombreros (nafakh) sur lesquels on faisait griller plein de choses et notamment des poivrons et des tomates pour les salades. Si vous avez la photo, pourquoi ne pas nous la faire partager. Je reverrai ce charmant monsieur avec un très grand plaisir! -
- 13. ferhaoui Le 13/04/2014
bonjour tout le monde. écoutez ma chère p'tite soeur meskellil au sujet du vendeur de "karmousse nsara c'est un très beau texte et c'est un beau sujet de peinture vraiment bref! je suis un peu comme ce proverbe de je ne sais qui !!!?? c'est comme la figue de barbarie( karmousse nsara), qui s'y frotte...s'y pique:aaaaaaaaiiii...et pour le vieux vanier(celui qui fabriquait des couffins et éventails a l'époque pour les besoins du film les beni-hendell (1971) je l'ai immortalisé en peinture et en photographie...j'ai la photo en question et le tableau vendu aux enchères acquit par un ami prof de lettres mr ferier. l'ami ferhaoui, oran -
- 14. ferhaoui Le 13/04/2014
bonjour à toutes et à tous .(un métier pas comme les autres) parmi les métiers d 'autrefois il ne faut pas oublier: le( fleuriste).le vendeur ou vendeuse de fleurs là encore, c'est un métier qui demande un minimum de culture,posséder un bagage en ce qui concerne le langage des fleurs en ce sens c'est un métier poetique très délicat: qui nous rappelles:des moments: tristes ,joyeux, douloureux, des souvenirs, des voyages...ou tout simplement alger la blanche, miliana fleur, oran la belle! paris, ,venise, ou capri ou encore le peintre des fleurs fantin latour, il faut se rappeler la virtuosité du dramaturge britannique qui , dans my fair lady, introduit une jeune fille des rues, vendeuse de fleurs, à l'accent pathétique et au vocabulaire fleuri. -
- 15. Meskellil Le 13/04/2014
PS: Flûte, je ne me suis pas relue! -
- 16. Meskellil Le 13/04/2014
Ah, les vendeurs ambulants!! Chacun y allait de sa petite couleur, son slogan, sa rime: il y avait le vendeur de "karmousse ensara"(on prononce kormossara!) figue de Barbarie, qui poussait sa charrette pleine de fruits (on prononce kormossara!) et qui criait à tue-tête à travers toutes les rues de Miliana: "ayaw el handi, wal mousse men andi"
Il y avait cette autre vendeur ambulant qui avait une grosse charrette débordant d'ustensiles de cuisine et qui, lui, faisait du troc: de la vaisselle contre des vêtements. Je crois que c'est celui qui avait le plus de succès! Il s'arrêtait devant les "maisons" intéressées et commençait alors un marchandage âpre avec les femmes qui négociaient par l'entrebâillement de la porte. Elles avaient déjà repéré ce qu'elles voulaient précisément, et n'en démordaient pas quitte à proposer au vendeur des vêtements qui étaient toujours mis au grand dam des maris, fils lorsque l'envie leur prenait de mettre le vêtement en question!
Et puis pour compléter le texte de Qassida, le marchand de sardines criait lui aussi à travers les rues et suggérait même des recettes. Il vendait ses sardines aux femmes alléchées par les recettes suggérées, il disait en teneur: AAAAyAAAw essardiiiiine, sardina hayya ta3 sbiha, qolyane, dolma...
Je me rappelle aussi de ce petit vieux qui lui vendait des couffins, des éventails et des balais qu'il fabriquait lui-même, il disait: s3aaaafi, wal mrawah wal mkaness. J'aimais beaucoup ce vieux monsieur, et je me le rappelle avec émotion! -
- 17. Quasida Le 13/04/2014
Une petite histoire à vous raconter..
Cela s'est passé par un jour en bas de la rue de la cité CRS à EL KHEMIS où deux marchands ambulants poussant leurs charrettes se suivaient à quelques mètres prés de distance entre eux.L'un vendait de la sardine ,l'autre du citron. La sardine étant appréciée avec le jus de citron.Et pour vendre ces citrons en quantité ,notre marchand ne trouva mieux que de suivre la charrette qui vendait de la sardine .
Quand le premier vendeur celui de la sardine criait " aya essardine ...Aya essardine ... L'autre vendeur qui suivait avec ses citrons criait apres "karesse....Karresse...
Et ni l'un ,ni l'autre ne vendirent .
Tout simplement qui du haut et de l’intérieur de leurs immeubles les bonnes femmes de l'appel habituel qui les faisait sortir ce qui se vend n' entendirent à leurs oreilles crier que ce- ci par intervalles :
aya sardine ... aya sardine ... karesse ...Karesse.
(sardine...,sardine... pourrie... pourrie...)
Le marchand de sardine ne tenant plus alla de sitôt caresser le menton de notre pauvre marchand de citron qui changea sans tarder de place où vendre sans gravité ses citrons. -
- 18. Meskellil Le 13/04/2014
Bonjour Kéryma,
Je ne pensais pas rigoler, mais j'ai eu un rire incompressible! Tu parles de l'humour des autres, mais tu as oublié le tien!! Je suis en train de rire en écrivant cette remarque! -
- 19. keryma Le 13/04/2014
Bonjour Mohammed,
A Blida nous avions peut-être le même marchand de kilomètres!!
Wallah que tu me plonges dans ma tendre jeunesse! Et tu as oublié de préciser (je ne sais pas si le vôtre le faisait) que ce monsieur lubrifiait ses doigts avec sa salive et tirait sur la pâte de sucre caramélisé! Ya hawdji yana et on trouvait ça si bon!!!! -
- 20. Meskellil Le 13/04/2014
Alors de ce vendeur de bonbons colorés, je n'ai aucun souvenir, peut-être étais-je trop jeune et donc il n'y a pas eu d'ancrage. J'imagine bien les enfants suivre ce vieux monsieur dans ses déambulations à travers la ville dévorant ces bonbons des yeux! -
- 21. Benabdellah Mohammed Le 13/04/2014
Essalem à toutes et à tous.Qui des anciens milianais et milianaises ne se souvient pas d'un marchand de confiserie un peu particulier.Jugez-en!Il possédait un genre de parasol qu'il trimbalait de rue en rue en criant à tue-tete "kiiiil,kilomèèèètre" .Vous avez deviné et ça vous revient.En fait pour les internautes qui ne savent pas de qui il s'agit.C'est un bonhomme d'un certain age ,flanqué d'un parasol qui arpentait les rues de Miliana pour vendre une sucrerie faite maison.Celle-ci consistait en une pate colorée et O combien délicieuse.Cette sucrerie en pate était nichée à l'intérieur du parasol tout au sommet à l'abri de la poussière et était enveloppée d'un film en cellophane.La partie inférieure de cette pate était libre ce qui lui permettait de la tirer vers le bas à meme les mains et enfin couper à l'aide d'un canif le morceau commandé par le client.Les gens de tout age se précipitaient pour acheter et satisfaire leur gourmandise.Jadis il suffisait de presque rien pour nous faire plaisir.Nostalgie quand tu nous retiens! -
- 22. Chantal Le 13/04/2014
Bonjour Mohammed,
Ton évocation de ce métier d’autrefois me rappelle également cette livraison régulière de gros pains de glace dans le café de mon père à Miliana. Aujourd’hui, cela paraît totalement suranné mais quand nous étions enfants cela faisait partie du décor de notre vie quotidienne. Si je n’ai pas vécu ton expérience du cheval qui s’était affaissé au sol, je me souviens que ces pains de glace paraissaient énormes à la petite fille que j’étais. -
- 23. Meskellil Le 13/04/2014
Bonjour M. Mohamed,
Bonjour à toutes et tous,
Au fur et à mesure de la lecture, le souvenir s’anime, devient réel, dynamique, dense, enveloppant. On y entre, les sentiments et émotions s’éveillent, on n’est plus un lecteur passif et indifférent, on se laisse volontiers porter là où vous nous emmenez. Et dans ce là, ce sont de vrais moments d’émotion, de bonheur qui se prolongent au-delà de la lecture, relayés par nos propres souvenirs. Pas une seule fois Il n’y a eu « décrochage », c’est fluide, naturel, ça semble aller de soi ! J’avais totalement oublié ce marchand de glace, j’en avais des flashs tellement fugaces qu’il est vain de tenter de les reconstituer. Votre texte sur le marchand de glace mais aussi tous les autres que vous nous avez offerts (jardin public, la ballade printanière…) sont des petites perles de rosée belles et désaltérantes. Merci infiniment M. Mohamed ! -
- 24. Quasida Le 12/04/2014
Bien des familles ne possédaient encore un réfrigérateur en ce temps après l’indépendance. Et pour parer à cette vague des grandes chaleurs au moment des mariages on fit recours à ces blocs de glace d'où leur longueur était à 1 m environ .On les enveloppait de sacs et de paille.Pour le transport on faisait appel aux nombreuses carrioles et charrettes à quatre roues tirées par des chevaux.On les trouvait facilement longées le long de la ruede la villa Sahuc celle qui descend de la Mosquée El attiq jusqu'à l'ancien marché aujourd hui Lycée Hamza. -
- 25. Benabdellah Mohammed Le 12/04/2014
Essalem à toutes et à tous.En parlant des métiers d'autrefois,je me souviens du marchand de glace.Il possédait un tombereau tracté par un cheval de trait très fort.Il n'avait pas besoin de crier dans les rues pour vendre les blocs de glace si utiles pour la conservation des produits alimentaires en période de fortes chaleur.Le boucan qu'il faisait avec les sabots de son cheval suffisait pour alerter sa clientèle.Il faut dire que la marchandise se vendait bien et gare aux retardataires.Il maniait un crochet semblable à celui des pirates, avec une rare dextérité pour accrocher les blocs de glace et les faire revenir vers lui pour les couper à la demande des clients.Je ne me rappelle plus si le prix était au kilo ou à la longueur de la glace.Un jour son cheval glissa et s'affaissa de tout son poids et celui du tombereau et de la cargaison sur le sol goudronné.Il ne put se soulever malgré plusieurs tentatives et les encouragements de son maitre.Il a fallu détacher le tombereau et avec l'aide d'un groupe d'hommes il a pu enfin se relever .Il y a eu plus de peur que de mal.Toute l'assistance et elle était nombreuse se mit à applaudir à la grande joie du propriétaire qui lui tapota la croupe en signe de remerciement.Ce métier a disparu juste après l'indépendance.
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