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Nostalgie du communautarisme d’antan/ Par Mekioussa Chekir

Casbah d’Alger : Nostalgie du communautarisme d’antan

Le communautarisme d’antan

L’on ne le répétera jamais assez, plus que tout autre endroit de la capitale, la Casbah n’est plus reconnaissable par ses authentiques résidants en raison des transformations qui ont dénaturé le substrat civilisationnel, culturel et sociétal de cette antique cité.

En ce mois sacré voué initialement à l’entretien de la foi religieuse, l’ambiance festive qui précédait et accompagnait cette période particulière de l’année. Tout le quartier mettait la main à la pâte pour accueillir le Ramadhan dans la propreté, l’entrain joyeux que suscitait chez les jeunes le nettoyage et lavage des rues et autres venelles de la cité.
 
Les extérieurs des murs étaient badigeonnés de chaux et de peinture indigo par les habitants qui ne se sentaient pas responsables de leurs seules maisons mais aussi de celles de leurs voisins, et d’égrener quelques facettes d’un quotidien empreint d’une entraide bienfaisante qui avait marqué cette période de sa vie, à l’instar de la venue hebdomadaire des cantonniers ou des "Seyakines" (laveurs) auxquels les badauds consacraient expressément quelques refrains de chanson.
 
Néanmoins, la plus belle leçon est le fait que les voisins se disputaient presque à qui reviendrait le privilège de convier un nécessiteux à sa table de Ftour. Celui-ci était à peine arrivé au 1er étage d’un immeuble qu’il est chaleureusement pris en charge par un des habitants. C’est le cas, des veillées ramadanesques à même la rue autour d’un thé et d’un "Qalb Ellouz" gracieusement servis par l’un ou l’autre des voisins, lesquelles veillées s’étiraient jusqu’aux pâles lueurs de l’aube.
 
La vie communautaire féminine était autrement plus dense en raison des multiples tâches qui impliquaient, chacune d’elles, de nombreuses voisines comme celles qui consistaient à préparer traditionnellement les vermicelles de la Chorba, les gâteaux au miel ou encore le récurage des sols et murs.
 
Les veillées entre voisines dans la cour des maisonnées (Ouast Eddar) ou sur les terrasses aux vues imprenables sur toute la cité, le tout dans une ambiance inégalée d’allégresse. La Boqala, cette pratique ancestrale si typique, que d’autres séquences immortelles comme lorsque le défunt Boualem Titiche célébrait à sa manière la veillée du 27ème jour du ramadhan. Il remontait en jouant de la zorna, de la Grande Mosquée à la Place des Martyrs jusqu’au mausolée de Sidi Abderrahmane, et la foule qui l’accompagnait grandissait à mesure qu’il avançait.

Nostalgique du blanc immaculé des demeures qui avait valu à la capitale l’appellation d’"Alger la Blanche", fait de la propreté l’une des valeurs à incruster chez la jeunesse car reflétant plus que tout autre chose le degré de Civisme d’une société.

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