Quand les lettres portaient l’âme !!

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Old letters

Il fut un temps où les mots prenaient leur temps. Avant que l’écran ne s’impose, avant que les pouces ne dictent l’élan du cœur, on écrivait des lettres. De vraies lettres. Sur du papier choisi, parfois parfumé, parfois jauni.

L’écriture, souvent penchée, trahissait l’émotion de celui ou celle qui écrivait. Chaque mot était pesé, chaque phrase, une offrande. On y mettait son absence, son silence, sa tendresse. On y glissait parfois une fleur séchée, ou une larme.

On écrivait pour dire « Je t’aime », pour dire « Je pense à toi », pour raconter la pluie, le travail, les enfants, ou ce rêve étrange fait la nuit dernière.

Et puis, il y avait l’attente. Belle et cruelle. On guettait le facteur comme on guette un miracle. On reconnaissait l’écriture sur l’enveloppe avant même de l’ouvrir. On serrait la lettre contre soi avant de la lire, comme si elle contenait une part vivante de l’autre.

Ces lettres, on ne les effaçait pas. On les pliait, on les rangeait dans une boîte ou entre deux livres. On les relisait les soirs de doute, les jours de manque. Elles devenaient des témoins d’une époque, d’un amour, d’un lien tissé sans wifi mais avec l’âme.

Aujourd’hui, les lettres sont rares. Mais parfois, une carte postale arrive encore, une écriture vacille, une encre bavarde, et c’est tout un monde qui revient. Un monde où l’on écrivait… pour de vrai.

Commentaires

  • belfedhal abderrahmane
    • 1. belfedhal abderrahmane Le 18/07/2025
    L’écriture, souvent penchée, trahissait l’émotion de celui ou celle qui écrivait. Chaque mot était pesé, chaque phrase une offrande, on y mettait son absence, son silence, sa tendresse. On y glissait parfois une fleur séchée, ou une larme………………………..Noria.
    Citations :
    Les lettres sont des témoins du passé, mais aussi les caresses du présent sur les cicatrises du temps………………Georges Sand.
    Une lettre, c’est l’âme d’un être qui voyage dans une enveloppe……………Christian Bobin
    Les lettres sont des confidences muettes qu’on n’oserait jamais prononcer à haute voix…. Honoré de Balzac.
    A toutes et à tous Essalem.
    Mon dernier commentaire s’est achevé ainsi : Qui se souvient du bistrot du coin, à la recherche d’un simple papier, d’une enveloppe, et ce coin postier pour enfin mettre la main sur un franc timbre. Je reprends ma plume pour honorer d’autres éléments qui ont eu le privilège de se joindre et compléter le théâtre des émotions. Il s’agit du facteur, de l’enveloppe, du timbre et bien sur ce coin discret, ici même ou les mots s explosent en silence dans une sérénade que seuls les battements du cœur savent traduire la profondeur et la portée jusqu’ aux éclats de la lune baignant dans le bal des étoiles. Ami(es) du vaillant site et si on commençait par le commencement ?
    Le facteur : ah, ce vieux facteur ! ce bon vieux facteur de mon village, chemin faisant vers les demeures en attente de nouvelles, venant a pas calmes, la besace en bandoulière, portant dans sa main des mandats, des lettres et surtout tous les mots d’espoir que l’on attend. Quand il frappait deux fois…ca y est, c’est lui, c’est el fectour. La mémoire populaire n’a jamais manqué de souhaiter au facteur, aux lettres et aux mains tremblantes longue vie.
    Le timbre : il est ce petit carré auto collant qui transmet l’empreinte d’une époque, d’un évènement, permettant l’affranchissement du courrier. Pour les anciens, ce laisser passer incarnait en soi un acte de politesse voire une forme d’élégance… On prenait beaucoup de soin à coller ce petit carré sur une enveloppe prête à décoller. Ici, le souhait, le rêve et la réalité n’ont jamais perdu leurs nuances.
    Dans mon village, el fectour, connaissait tout le monde. IL apportait à la fois l’argent et les nouvelles.
    « Ton fils, ya ma, t a envoyé un peu, et une lettre aussi, tiens…il pense à toi » c’était aussi un rendez-vous attendu, surtout en fin de mois. Les anciens en cette occasion préparaient un petit café, les enfants une poignée de figues sèches. Le tout emballé dans un sourire des plus reconnaissants.
    Le coin discret : il est sans conteste l’abri des mots sincères, dans un coin calme, on écrivait sans être vu, mais en espérant être lu profondément. Un moment extraordinaire de communion entre soi-même et l’autre. Il est à la fois plein de confidences, d’hésitation et surtout de souvenirs. La mémoire collective retiendra avec force et dignité cette formidable métaphore : c’est dans les recoins tranquilles que les vérités prennent forme et que les cœurs s’expriment avec pudeur.
    O temps suspend ton vol ! Voici une lettre qui nous vient de très loin ! Elle défraie la chronique de tous les temps qui ont chanté le droit à la vie et a l’équité. IL s’agit du sens de la justice. Amr ibn el As alors gouverneur de l’Egypte, placé pour exercer ses fonctions par le calife Omar ibn el khattab, voici le contenu de la lettre dont il a été destinataire : O Amr, sache que tu n’as pas été nommé gouverneur pour dominer les gens, mais pour être leur serviteur. Ne pense pas que le pouvoir est un honneur. IL une lourde responsabilité. J’ai appris que tu te dresses sur des coussins moelleux, que tu élargis ton logis, et que les gens pauvres doivent patienter pour te voir. Rappelle-toi que tu as été un homme parmi les hommes. Et que c’est Dieu qui t a confié cette charge. Si tu la trahis, il t en demandera compte. Que la justice soit ta boussole. Sois équitable envers les gens, riches ou pauvres, puissants ou faibles. Car le plus faible est fort devant toi tant que la vérité est de son coté, et le plus fort est faible tant qu’il est dans l’erreur. Ne laisse pas ta colère te précéder, ni ta faveur t aveugler. Et surtout ne fais pas attendre les gens pour satisfaire ton orgueil. Crains Dieu plus que tu ne crains le peuple. Et souviens-toi que le calife est le premier à rendre des comptes.
    Ami(es) du vaillant site, quelle est donc la portée réelle de cette fameuse lettre ? IL s’agit d’une justice égalitaire, d’un rappel d’humilité, d’une responsabilité de vivre. Traversant des siècles, cette lettre restera un modèle intemporel. Elle incarne un véritable manifeste digne d’être lu et appliqué, haut la main en tant que fondement dans la pensée humaine. Que dire de plus quand aucune faveur ne doit faire pencher la balance. Que dire davantage quand on est convaincu que le pouvoir est un dépôt, non un privilège. Que nos pensées à toutes et à tous plongent dans les racines profondes du passé, là où le silence des anciens murmure encore la sagesse du monde… Un monde où l’on écrivait pour de… vrai… Ainsi avait dit notre chère amie Noria. Entre lettres, mémoires et écho du cœur je vous dit… A bientôt.
  • belfedhal abderrahmane
    • 2. belfedhal abderrahmane Le 12/07/2025
    Un ancien instituteur racontait qu’un jour, un élève avait reçu une lettre de son grand père analphabète. Elle contenait seulement : une feuille blanche, et une larme séchée. Le maitre, troublé, a compris que c’était là, la plus forte des lettres : un silence d’amour transmis malgré l’incapacité d’écrire.
    Citations :
    Les mots sont les passants mystérieux de l’âme………………………..Victor Hugo.
    Une lettre, c’est la trace du souffle qui manque………………………….Paul Claudel.
    Une lettre est l’âme de celui qui l’écrit…………………………………………Honore de Balzac.
    A toutes et à tous Essalem.
    Quelle splendide idée ! Vous venez d’évoquer ce merveilleux temps ou l’écriture était une confidence voire un échange d’âme. A cette époque que vous venez d’évoquer, la lettre appelée aussi missive, loin de se limiter au simple message, c’était un lieu d’émotions. Chaque phrase que l’on écrivait, constituait un pas vers l’autre. Aujourd hui la communication est immédiate, rapide, pratique mais souvent éphémère et dépouillée de profondeur. Certes, cela permet une grande fluidité dans les échanges, mais à quel prix ? Si le monde numérique va vite, le monde du cœur a besoin de lenteur. Ecrire une lettre, c’était donner le temps au temps. Car en se dévoilant sans bruit, on confiait ses émotions a l’autre, on offrait a l’autre un fragment de son âme, plié en quatre. Aujourd hui, nos mots galopent sur les écrans, pressés d’être lus, vite effacés. Nos phases raccourcissent, nos émotions s abrègent. Que dire du dessin d’un cœur qui remplace une déclaration ? En guise de réponse on retiendra cette formidable métaphore : l’encre sèche, mais la mémoire reste humide. Qui de nous n’avait pas attendu une lettre après une longue séparation ? Une attente noble et poignante. Le cœur bat plus fort au passage du facteur. L’oreille guette un pas, l’œil scrute la moindre enveloppe. Chaque jour sans nouvelles traduisait profondément un soupir suspendu. Puis, un matin la lettre arrive. Le papier encore tiède d’avoir été tenu par l’autre, l’encre comme une voix revenue et à travers les mots, le temps s’efface. Malgré la distance, l’autre est déjà là, il parle. Les lettres portent le souffle passé, la foi du présent et la promesse de rester humains dans un monde pressé…tellement pressé. Ami(es) du vaillant site, allons de ce pas, ouvrir le livre des temps immuables sur une page d’une lettre, loin des abrégés et des sms, là où elle exprime toute la profondeur et la portée humaine dans son sens le plus manifeste. La lettre que nous évoquons est un chef d’œuvre de la littérature française. Madame de Sévigné envoie une lettre à sa fille, madame de Grignan, écrite le 18 mars 1671, voici son contenu : Je vous écris des lettres si longues, parce que je ne suis pas près de vous pour vous parler. Il me semble, en vous écrivant, que je suis avec vous. Je vous dis mille choses que je n’ose dire tout haut. Ma très chère fille, Il ya en moi un vide que rien ne comble. Votre absence est une longue peine. Vous m habitez si fort que toute pensée finit par vous. Je me couche avec votre nom dans ma prière. Je me réveille avec votre souvenir. Ce n’est plus une douleur. C’est une manière d’être. J’attends votre lettre comme on attend le printemps après un long hiver. Cette lettre est devenue célèbre car elle traduit l’amour maternel dans sa forme la plus douce. Elle traduit encore plus l’écriture quand elle peut combler l’absence et faire revivre le présent. Chère amie Noria merci pour ce rappel…Qui se souvient du bistrot du coin a la recherche d’un simple papier et d une enveloppe, ou ce coin de la poste pour acheter un franc timbre et à la vitesse du vent opter pour le meilleur endroit pour donner libre cours à ses… sentiments ? A bientôt.

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