« Non ! C’est pas possible ! C’est insensé ! » s’écria-t-il, rouge de colère, les bras levés au ciel comme s’il conjurait quelque hérésie.
Je le regardais, interdite. Que venait-il de se passer ?
Je me figeai. Mon livre ouvert sous la table, mon doigt toujours levé, et mon cœur soudain lancé au galop. À quoi avais-je donc répondu ?
Je me tournai lentement vers ma voisine, à moitié pour chercher du secours, à moitié pour comprendre la cause de cette tempête.
Elle me regarda, les yeux ronds, partagée entre l’envie de rire et celle de m’assommer.
Un silence assourdissant s’abattit sur moi. Mon doigt, encore levé, semblait peser une tonne. C’était donc cela. Une question presque sacrée, un rappel de notre petitesse face au divin… et moi, le doigt tendu bien haut, comme si j’avais levé la main en disant « Moi ! Moi ! Je peux ! »
Le ridicule, à cet instant, me tomba dessus comme une averse en plein cours. J’aurais voulu me dissoudre dans ma chaise, devenir minuscule, invisible, ou mieux encore, devenir cette fameuse fourmi, si petite et discrète, et m’éclipser par la fenêtre, entre les fentes du mur.
Le professeur, voyant que je ne réagissais pas, se calma lentement. Il s’éloigna, comme accablé, et poursuivit son cours. Moi, je restai là, rouge tomate, le livre fermé, l’ego chiffonné, et l’envie irrépressible de rire… ou de pleurer.
Plus tard, j’en ai ri. Beaucoup même. Et mes camarades aussi. C’est devenu l’anecdote, celle qu’on raconte encore, des années plus tard, dans les retrouvailles, entre deux souvenirs plus doux.
Mais je n’ai plus jamais levé la main sans écouter la question.