Quand la radio chantait Dahmane El Harrachi !
- Par algermiliana
- Le 01/07/2025
- Dans Sous le figuier/ Noria
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Il y avait, autrefois, une heure bénie où le salon s’emplissait de silence, juste avant qu’un vieux transistor ne crache doucement les premières notes d’ "Ya Rayah" ou d’"Bghit Bladi". La radio crépitait, un peu grésillante, mais l’âme, elle, entendait clair.
C’était la voix rugueuse et droite de Dahmane El Harrachi, qui venait, comme un frère lointain, s’asseoir entre les coussins fatigués du salon. Son chant, ni plaintif ni vainqueur, racontait tout : les départs sans retour, l’exil intérieur, les ruelles du quartier, les blessures qu’on cache sous la dignité.
Les adultes se taisaient. Certains fermaient les yeux. D’autres laissaient filer un soupir, comme s’ils retrouvaient un bout d’eux-mêmes entre deux accords de mandole. Et les enfants, eux, écoutaient sans comprendre, mais sentaient que quelque chose de sacré se passait.
Il ne chantait pas, Dahmane. Il disait tout haut ce que beaucoup n’osaient pas murmurer. Il portait Alger comme on porte un amour difficile, avec fierté, avec douleur, avec une fidélité têtue.
Aujourd’hui encore, il suffit qu’un air surgisse par hasard pour que le cœur fasse un détour. Dahmane n’a jamais quitté les murs, ni les mémoires. Quand la radio chantait, c’était plus qu’une chanson. C’était un peuple qui se reconnaissait.
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