VOUS N'AUREZ PAS MA HAINE

 

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VOUS N'AUREZ PAS MA HAINE

Antoine Leiris

(Editions : Fayard)

Dfdfd  Ce 13 novembre 2015, Antoine Leiris se trouve à son domicile. Son épouse, Hélène Muyal-Leiris, est absente. Antoine garde Melvil, leur fils, un petit garçon de dix-sept mois. Melvil s'est endormi. Il est environ 22 h 30. Antoine prend un livre en attendant le retour d'Hélène. Puis, il entend un message sur son répondeur téléphonique lui demandant si tout va bien, s'ils sont en sécurité. En entendant ce message, d'instinct, Antoine attrape la télécommande de son poste de télévision. C'est alors qu'il voit défiler un bandeau dans le bas de l'écran : "Attentat au Bataclan". Le choc est tel qu'il pense s'être trompé, il a mal vu, il a mal compris, il doit vérifier. Ce n'est pas possible puisque Hélène est au Bataclan ! Antoine ne sait pas encore que trois Djihadistes de l'organisation terroriste Etat Islamique (Daech) ont ouvert le feu dans cette salle parisienne mythique où son épouse sera assassinée.

 C'est à partir de cette "nuit en barbarie" comme il l'appelle qu'Antoine nous décrit dans son livre aussi poignant que bouleversant ce long chemin douloureux qu'il a parcouru du 13 au 25 novembre 2015, lendemain de l'enterrement de cette femme qui était l'amour de sa vie. Il évoquera leur première rencontre amoureuse, leur décision de se marier, leur vie commune mais également sa relation avec son enfant. Comment lui annoncer qu'il ne reverra plus jamais sa maman ? C'est ainsi que, malgré son chagrin, ses doutes et ses peurs lorsqu'il sort de l'Institut médico-légal ce 16 novembre 2015 où il a pu voir Hélène seul, comme il le voulait car il souhaitait qu'elle soit à lui, rien qu'à lui une dernière fois, et qu'une voix lui a dit : "Monsieur, il faut la laisser" ... que les mots, petit à petit, s'imposeront à lui.

 En rentrant à son domicile, il se connecte sur Facebook. Dans l'onglet "Exprimez-vous", il envoie un message qui marquera tous les internautes. Un message qui commencera par ces mots : "Vendredi soir vous avez volé la vie d'un être d'exception, l'amour de ma vie, la mère de mon fils mais vous n'aurez pas ma haine". Ce message très émouvant et d'une grande sincérité se terminera en évoquant son petit garçon : "... car non, vous n'aurez pas sa haine non plus".

 Chaque page, chaque paragraphe, chaque mot de ce livre sont d'une bouleversante authenticité. Lorsque Antoine retient ses larmes devant son fils, le petit Melvil comprend que "papa a mal". Pourtant, malgré sa souffrance, à aucun moment Antoine ne se laissera aller à exprimer un quelconque désir de vengeance.

Je ne terminerai pas ce compte rendu de lecture sans reprendre quelques mots du livre de cet homme admirable : "D'une rafale de mitraillette, ils ont dispersé notre puzzle". Puis, plus loin : "Nous ne reviendrons jamais à notre vie d'avant. Mais nous ne construirons pas une vie contre eux. Nous avancerons dans notre vie à nous".

Alors que dans notre 21ème siècle, l'intolérance, la haine, l'esprit de vengeance semblent dominer, le livre d'Antoine Leiris n'est qu'amour, partage, émotion, beauté de l'âme et générosité.

Par Chantal VINCENT

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