Les malades mentaux…et les braves guerriers

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La ville d’Ain-Defla et ses environs ont vécu une période exaltante avec des malades aliénés. Cependant un facteur en l’occurrence M. Belgacem Lamamri et ses soldats étaient bien là !

Les malades mentaux…et les braves guerriers.

Tout le monde peut basculer un jour pardessus la barrière

Mais aurions-nous vraiment la chance et la possibilité

De rencontrer ces fameux braves guerriers ?

Pendant une journée de carême, durant le mois d’Août, de surcroît très chaude, rajouté à cela les affres de l’humidité constituée par les barrages environnants.

Je roulais dans ma voiture, et j’étais en train de faire des courses, lorsque j’ai croisé notre cher bien aimé facteur bien qu’il soit maigre il semblait avoir beaucoup de difficulté pour hisser sa sacoche et terminer sa journée, je l’ai salué et me suis arrêté juste à son niveau pour lui demander: « Où est ce que tu vas comme ça ? » il m’a répondu : « juste à quelques encablures » le carême, la chaleur et la marche ont fini pour le désorienter, alors, je lui ai fait signe de monter et j’ai enchaîné en lui demandant de ses nouvelles, il ne m’avait rien dit, il a tout simplement et silencieusement ouvert son grand sac, il avait sorti deux C.D, il me les a remis et il a enchaîné en disant :  espérons que la réponse à ta question se trouve sur ces deux C.D !ensuite il s’est tu.

hebergement d'imageD’habitude, notre cher facteur n’était pas énigmatique ni même peu bavard, au contraire il était très sympathique et très populaire, j’ai respecté son mutisme qui était dû à cause surement du carême ou bien tout simplement dû à la fatigue.

Une fois rentré chez moi, et après avoir effectué un brin de toilette et accompli un bref repos, je me suis rappelé notre ami le facteur, alors j’ai retiré les deux CD et je les ai visionnés, ce que j’avais vu m’avait totalement abasourdi et étourdi en même temps. Je suis resté très ému, alors j’ai fais venir ma petite famille et j’ai réinjecté le CD, ma petite famille perplexe et désorientée, je leur avais fait signe de suivre et voir totalement le contenu de la cassette.

Le gars qui filmait la scène était dans une voiture et devant lui, il y’avait un bus de couleur orange qui appartenait, à la mairie de notre ville, et qui était destiné pour le compte du transport des écoliers (les fameux bus de solidarité).

Il y’avait des personnes à l’intérieur de ce bus, mais, on n’arrivait pas bien à les distinguer, le bus se dirigeait vers la sortie Nord Est de la ville et à partir de ce moment précis que je commençais à mieux comprendre et à reconnaître facilement les contours et le relief de la région.

Une fois arrivé devant le pont de B’da (petite localité) du chef lieu de notre ville Ain-Defla , je voyais le bus longeait doucement le côté gauche de la berge de l’oued ensuite il s’est arrêté devant une crique, j’ai vu alors, sortir notre aimable facteur avec 4 ou 5 coiffeurs et quelques personnes volontaires que j’avais aussitôt reconnus, et le reste une dizaine de personnes que j’avais du mal à les reconnaître à cause de leur silhouette, de leur barbe, de leur cheveux trop long ; ils portaient, en plus, des vêtements en haillon, ensuite tout s’était éclairci devant moi car c’était les malades mentaux de notre chère ville qui furent ramassés et ramenés à cet endroit pour les laver, leur faire des coupes de cheveux et leur raser la barbichette.

Une fois tout le monde à terre, le facteur et ses collègues se sont mis aussitôt au travail, c’est comme si leurs gestes, étaient familiers et routiniers, ils se sont constitués en petits groupes de quatre pour un seul malade, et la scène commençait à se dessiner et laisser entrevoir clairement la suite des événements.   

Ma famille et moi, étions perplexe et en même temps admiratif devant cette vue et les images qui déferlaient devant nous, certains malades n’avaient pas fait leurs toilettes depuis peut être plus de vingt ans, ce tableau nous a vraiment sidéré, étonné et même émus et nous étions très heureux à l’idée de savoir et comprendre qu’ils existent des personnes quelque part comme ceux là dans notre pays Ces braves personnes volontaires étaient très simples, jeunes et humbles mais dotés d’une générosité grandiose voire incomparable et de surcroît durant le mois sacré du ramadhan.     

Une fois, ces malades lavés, parfumés, et habillés avec des habits (dont des personnes charitables ou bien achetés par des volontaires au niveau des magasins de friperies ensuite lavés chez un pressing également volontaire ). Ils étaient différents de ce qu’ils étaient il y’a quelques instants auparavant.

Ils sont devenus beaux, et, on dirait qu’ils n’étaient pas malades, ils étaient silencieux pas bavards peut être ceci est dû à cause de ce qu’ils leurs arrivaient ?

Pendant la baignade, ces malades ricanaient, ils gesticulaient et certains d’entre eux disaient que l’eau de l’oued était un peu froide, les autres ont cru qu’ils étaient à Hammam Righa (station thermale de la région) et le reste ne cessait de jouer avec l’eau, parmi ces malades, les plus connus sont Ami feu Ali cha et Miliani celui qui du matin au soir s’adonnait avec cœur et ongles pour le nettoyage de la ville. 

Mais à l’idée de les voir si bien « bichonnés » grâce à des personnes volontaires on se poserait la question suivante : les personnes bienfaiteurs existent toujours, il ne suffit pas d’être riche pour faire du bien, il existe bien des méthodes simples mais très significatives.

Nos amis malades, bien qu’ils soient aliénés ou autres, ils ont eux aussi le droit de jouer, de rire, de décompresser, ils doivent aussi rêver comme nous et déguster aux joies et délices de la vie.

N’est ce pas là un défi ? Un appel à notre conscience pour la réveiller, il n’y a pas longtemps où nous étions presque tous sinon la majorité comme ces valeureux braves guerriers, qu’est ce qui a pu changer et nous rendre si froid envers l’un ou l’autre. Est ce que c’est le progrès, la modernité ou bien la matière (El-medda) ou bien autres choses, pourtant ? Tout le monde peut basculer un jour pardessus la barrière mais aurions- nous alors, la chance et la possibilité de rencontrer ces fameux braves guerriers ?

Après avoir revu, notre ami le facteur durant la soirée comme c’était convenu, je lui ai fait part de mon admiration pour toute l’équipe, de mes véritables appréhensions, je l’ai félicité ainsi que ses amis et je lui ai dis : quel est le message que tu souhaites transmettre ?  Il m’avait répondu : qu’il possède un programme d’aide et d’assistance non seulement envers les malades mentaux mais aussi envers les nécessiteux et surtouts envers des personnes possédants des séquelles provenant de situations diverses.

Donc, aidons ces pauvres personnes, ouvrons leur nos cœurs, n’est ce pas là un élan de solidarité et de civisme qui peut nous ramener tout ce qu’on avait perdu déjà autrefois.

Notre aide bien qu’elle soit minime, peut, dans tous les cas, rendre joyeux et donner l’amour à beaucoup de personnes qui en sont en manque et en souffrent beaucoup et qui se trouvent en totale difficulté.

Dès fois, Il suffit d’un rien pour créer de la joie autour de soi !

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Par DEGHRAR Djillali

Commentaires

  • Arbouche Ahmed
    • 1. Arbouche Ahmed Le 14/10/2016
    Je remercie Chantal qui,à chaque fois ,introduit une citation ou une expression pour enrichir ses commentaires éloquents empreints de bon sens;comme c'est le cas de celui dont elle m'a fait part citant une merveilleuse phrase de P.Coelho (commentaire inhérent à ma biographie -lycéen Artiste).
    Ce sont ces créatures immaculées aux ames magnanimes ,comme ce facteur ,figure emblématique du bien,qui rétablissent l'équilibre de la balance ;éloignant ainsi la colère de Dieu.
    A en croire une locution Latine (traduite): "je suis homme et rien de ce qui est humain ne m'est étranger" l'humanité,non plurielle,baignera dans la convivialité et cosmopolitisme sans clivages ni frontières invisibles aucune, mais hélas ,c'est une utopie que seuls notre facteur Mr Belkacem Lamamri et ses semblables -ici et ailleurs- sauront dissiper.
    Oui le bien ne fait pas de bruit,celui qui jure trop est un menteur et les hommes ne cessent de farder et plastronner un bien, qui part en fumée, pour mériter la médaille de philanthropes.
  • Chantal
    Merci Djillali Deghrar pour ce récit très émouvant. On ne peut qu'être admiratif de la générosité et de l'humilité de ce facteur ainsi que de toutes les personnes dévouées à des causes humanitaires de ce genre. Même si, comme le disait St. François de Sales, "Le bien ne fait pas de bruit, le bruit ne fait pas de bien", je pense néanmoins qu'il est bon de mettre un peu de lumière sur des actes généreux de ce genre réalisés par des gens bons par nature, sans calcul d'aucune sorte. Cela permet aussi de ne pas désespérer de l'humanité.

    Bonne fin de journée à tous.

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