LA FABULEUSE LÉGENDE DU ROCHER DE LA FOURMI (GOURAYA)

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Ah ! Comme il est doux de revivre le temps de ces grand- mères qui furent le maillon fort de la chaîne familiale, ces bibliothèques, virtuelles, ambulantes qui véhiculaient tout un patrimoine culturel, sans livre aucun, que par des narrations qui constituaient, alors, un moyen cognitif avéré très concluant.

Nous devons vouer à ces actrices principales le grand respect pour le rôle prépondérant qu'elles avaient joué pour perpétuer, tout au long des siècles lointains, nos valeurs immatérielles, nos rites, nos légendes nos fables et nos contes qu'elles narraient aux enfants, aux lits, avant de dormir...à ces actrices que nous devons réhabiliter, nous décernons des médailles de grand mérite.

Parmi ces contes miraculés que peu de gens connaissent, je vous raconte la fabuleuse histoire du rocher de la fourmi de Gouraya (près de Cherchell), que les grands-mères de la région appellent "Tokeith intiche " intonation berbère.

Cet îlot, situé à près de 3 km du rivage du lieudit "Sidi Braham Khouas " à la sortie Ouest de Gouraya, faisait partie intégrante de la terre ferme et faisait falaise limitrophe à la mer, selon le conte.
Sur cette terre fertile aux vergers, forets et prairies, exubérants ; prospéraient divers arbres fruitiers et là paissaient allègrement le bétail des autochtones .Une vieille et méchante bergère, habituée des lieux, se rendait depuis belle lurette avec son troupeau pour passer toute la journée sans se rendre compte du temps qui passait, tellement il faisait bon y être ; oubliant souvent de prendre ses repas.

Un jour en allant paître son troupeau, elle décida de ne prendre avec elle que quelques noix, tellement le lieu abondait de fruits de bois où myrtilles, mûres framboises etc...Faisaient son bonheur.
Voulant consommer ses noix, la vieille mégère se servit d'une pierre pour les casser sur un rocher à proximité duquel se trouvait une fourmilière .Après quelques coups de pierre, la reine des fourmis sortit du nid pour signifier à la bergère qu'elle venait de tuer quelques fourmis effrayant, du même, toute la colonie.

Sensible et susceptible à la remarque, la bergère s'opiniâtrait à casser ses noix faisant ainsi abstraction aux doléances de reine fourmi. Cette dernière, désespérée, n’a trouvé d'issue que la voie du Ciel, ainsi elle invoqua Dieu pour que justice soit faite.

Au prochain coup de pierre ,le rocher se fissura et Dieu fit jaillir un immense jet d'eau qui entraîna la méchante bergère, comme par une crue, vers la mer .Alertés ,les fourmis et le troupeau quittèrent les lieux; envahis puis engloutis par le déluge ne laissant que le rocher apparaître en guise de leçon de morale ,d'hyperbole ... que nos grands-mères s'efforçaient d'inculquer à leurs générations naissantes.

Jadis, toutes les leçons et les enseignements qui régentent la morale, la raison et le noble caractère étaient véhiculés par le biais de sages narrateurs qui faisaient office de grandes écoles.

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Par Ahmed ARBOUCHE

Commentaires

  • Meskellil
    • 1. Meskellil Le 25/12/2017
    Bonjour à tous,

    Nos grands-mères et nos mères, un puits sans fond de générosité, de tendresse, d’amour ! Et pour nous réprimander, un seul regard suffisait souvent. Présence, prestance et élégance du propos. Profond et si poétique où la parabole et la belle métaphore fleurissaient le langage dans la joie comme dans la peine. « La poésie est un vivre et non un dire » dit si justement ce poète, et nos ainés sont cette poésie, cette mélodie intérieure faite de senteurs et de couleurs. Notre âme en est tissée. Les valeurs précieuses transmises sont des repères forts et hautement symboliques. Perdre de vue ces repères, c’est perdre le sens et la portée de ce que nous sommes. Merci Ahmed pour cette belle immersion dans la douceur de ces êtres chers qui nous manquent tellement.
    Belles photos de la région de Gouraya!
  • khtidja
    • 2. khtidja Le 11/08/2017
    Bonjour,
    Je ne peux m'empêcher d'intervenir pour ajouter une petite information concernant le nom de ce rocher: Oqeyth n'tich (raccourci de Oqeyth n'techett) litteralement rocher du poux en berbère, traduit soit par pudeur vis à vis du poux remplacé par une fourmi, ou par ignorance, la traduction du mot berbere "poux" a été traduit par "fourmi" bestiole proche du poux par la taille, la forme et la couleur....
    Bonne fin de journée.
  • djilali deghrar
    • 3. djilali deghrar Le 18/07/2017
    Bonsoir Ahmed Arbouche, bonsoir

    Sincèrement, c'est très rare de trouver des endroits pareils. Attention, les contes des grands mères sont fabuleux et peuvent nous orienter vers des idées que l'on a peut oublié ou abolie. Regardez Mohamed Bradai qui en a fait toute une lignée dont il ne plus se séparer.

    Ahmed Merci et encore merci
  • Arbouche Ahmed
    • 4. Arbouche Ahmed Le 16/07/2017
    Merci frère et ami Mohammed Benabdellah, toi qui ne démérite pas, par tes nombreuses publications axées sur des thèmes d'une importance certaine pivotant autour de la culture, l'histoire, l'éducation etc...Toi, l'homme que le cartable a toujours accompagné.
    Nous devons agir, nécessité oblige, dans le vecteur de sauvegarder et perpétuer ces valeurs immatérielles (dans leur ensemble) qui s'oblitèrent à la manière des écritures sur le sable, que les vents emportent.
    Sensible à ce gâchis, du fait que ce patrimoine culturel qui véhicule les traces du passé - remontant aux siècles lointains - et qui incarne une partie de notre existence, de nous mêmes ; s'effrite et se meurt.
    Toutes les nations sont accompagnées intimement de ces us qui font leur fierté et qu'ils séduisent jalousement pour faire route ensemble.
    Il est certain que nos grand-mères, ces bibliothèques virtuelles, ces institutrices aux mains vides, nous interpellent pour avoir assisté à l'étiolement d'un si précieux legs.
  • BENABDELLAH Mohammed
    Un conte digne des contes des mille et une nuits que seul Ahmed détient le secret...Les photos illustrées pretent à rever. Elles sont sublimes.Merci Ahmed pour cette balade.

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