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Le temps des glanages

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Oh combien notre présent est si étroitement lié avec le passé, jusqu’au point de croire à une corrélation les conjuguant au même temps, à croire aussi à une profonde ubiquité appelée présent du passé.

En effet, voyant les derniers grappillons de mon pied de vigne grimpant ; je suis de suite parachuté au lointain passé me rappelant le temps des glanages après les vendanges, les moissons de blé et les cueillettes de pommes de terre et de tomates ; pendant l’ère coloniale.
Glaner, marauder ou braconner caractérisent bien la pauvreté ; c’est un moyen de survie surtout sous le joug colonial.
Apprenant que telle ou telle terre est autorisée au glanage ; enfants, nous étions très nombreux à nous munir d’un quelconque outil de fortune pour bécher la terre et découvrir le trésor enfoui et « caché dedans », faisant allusion aux pommes de terre. Nous passions des journées entières, sans nous lasser à remuer la terre pour rentrer le soir, fiers de nous-mêmes ; avec un panier plein de petites pommes de terre de quoi survivre deux jours, peut-être plus.
Il en est de même pour les autres récoltes, à la différence que leur glanage n’est pas si fatiguant du fait que les fruits sont apparents, donc visibles.
Autoriser le glanage une fois par année ; serait-il une démonstration de générosité et d’humanisme du colon, de voir sur « ses terres » les indigènes ramasser les brindilles de la récolte ? Ou un leurre pour tromper le monde et dire que la colonisation a ses bienfaits, faisant croire que les autochtones jouissent de l’usufruit de leurs terres ?

Bien sûr que non ; roder aux alentours des terres de colons met l’Arabe devant le risque certain de perdre sa vie ; cela me rappelle une si triste mais belle histoire d’un grand champion, un athlète Américain qui, dit-il : « chaque coup de feu de starter annonçant le départ d’une course me rappelle le coup de feu du propriétaire de la plantation qui tirait sur moi et mes amis (noirs) lorsque nous nous aventurions à voler sur ses terres…misère oblige ». C’est le secret de ses départs fulgurants qui lui permettaient de distancer ses adversaires et de récolter médailles et titres.
Le départ de zéro donne ses preuves, met en évidence une grande endurance et déclenche un esprit de combativité hors du commun ; à tous ces enfants du monde qui « traversent le fleuve » en trapézistes, marchant sur une corde raide. Amarillo, l’autre champion de boxe ,a bien passé son enfance à se nourrir à partir des poubelles. J’ai toujours aimé reprendre cette expression Anglaise disant : « good thinks can come out evil ».

Finalement, l’extravagance de l’esprit humain menant à la déshumanisation est la même ; aux quatre coins de la planète ; et la similitude se fait d’elle-même puisque la nature de l’homme est faite ainsi ; c’est ce qui me rend sceptique en lisant cette locution latine disant : « Je suis homme et j’estime que rien de ce qui est humain ne m’est étranger » ; plus juste est de dire : « tout ce qui vient de l’humain est étrange ».

Par Ahmed ARBOUCHE

Commentaires

  • aziz
    • 1. aziz Le 19/09/2019
    Amis et amies,

    Chantal, bien sur que Montaigne a tout a fait raison d'en parler aussi crument, n'en déplaise aux oreilles chastes . Que sont les sois disant grands de ce monde, rois, reines, politiciens, dictateurs, rien de plus que des communs des mortels. Les dernières paroles de la reine d'Angleterre, Elizabeth Ière, fille d'Henri VIII, qui régna 45 ans sur son pays, de 1558 a 1603, juste avant de mourir n'a t elle pas dit: ''Tous mes biens pour un peu de temps !''.

    Je ne sais pas si en Algérie on peut se procurer le Magazine Historia. Dans son numéro spécial, de Septembre - Octobre 2019, il traite d'un sujet longtemps tenu tabou en France: ''1604-1962. L'aventure coloniale Francaise, Explorations, Spoliations, Résistances...''Il parle de la Nouvelle France ou Nova Gallia, qui s'étendait du Canada actuel a La Louisiane, des Antilles, de l'Inde francaise, bien sur de l'Algérie, Maroc, Tunisie, de l'Indochine, du Congo ( avec la soi-disant conquete passive de Savorgnan de Brazza), de l'Afrique Equatoriale, de la tragédie oubliée de Madagascar etc... Des faits historiques poignants mais aussi de ce qui a été fait, comme toujours le leitmotive de la colonistaion: '' Le baton et parfois la carotte''. A lire, plein d'informations....
    J'ai lu une publication similaire, en Anglais, sur les colonisations de l'Empire britannique, par de notoriétés de'historiens anglais et la aussi, ce n'étaient certainement pas des piques niques. Et de plus l'empire colonial des Britanniques était plus de trois fois plus vaste que celui des Francais ( 32 contre 10.5 millions de Km2)
  • Chantal
    Ton analyse est parfaitement exacte Ahmed !

    Quelles que soient les pays dans lesquels la colonisation a "œuvré" (et ils sont nombreux à travers le monde) elle n'est que la preuve tangible de la déshumanisation de l'être humain qui asservit celui qu'il "croit" être inférieur à lui par sa classe sociale, sa couleur de peau, sa culture ou sa religion.

    Je partage l'avis de Montaigne qui disait (d'une manière qui peut paraître choquante à certaines ou certains … je m'en excuse !) : "Le plus haut prince du monde n'est jamais assis que sur son cul" …

    Bonne fin de journée à toutes et à tous !

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