À l'Ombre d'une Chanson

_______________________


Avril 1975 la chambre que j’occupais depuis quatre longues années dans la cité universitaire Es-Senia Oran vivait ce jour-là une ambiance électrique rappelant en l’état l’ère des fleurs. À l’image des jours de fête la chambre venait de recevoir un invité de marque qui avait tenu à marquer de par sa présence mon vingt cinquième anniversaire qui lui aussi s’apprêtait à la douceur des dernières séquences d’un adieu prochain. Trois jours durant aux nuits blanches interminables irrésistibles coutes et sans lendemain la galère aux chants improvises refusait de quitter le quai tant le beau monde qu’elle abritait était merveilleux accueillant et nostalgique. La guitare de Said tenant le gouvernail semait à tous les vents de superbes notes musicales traduites par des danses effrénées.

Le 8 Avril a dix-huit heures l’administration du COUS me demandait en urgence car semble-t-il avait déployé toute son énergie pour me retrouver et du coup une étrange sensation me prit à la gorge dans ma tête mille et une hypothèses se disputaient jusqu’à l’instant où on me tendit la main assortie d’un télégramme bleu avec l’obligation d’apposer ma signature conformément aux dispositifs règlementaires. Le document enfoui dans ma poche, je me suis précipité vers ma chambre qui était à quelques mètres du siège du COUS. Quelques instants après, foudroyé, je ne sentais plus mes pieds à croire que le sol se dérobait sans crier gare une seule phrase avait suffi pour basculer mon existence. Cette phrase si rude et tranchante paraissait à mes yeux tel un couperet MÈRE BELHOCINE KHADRA DÉCÉDÉE VENIR EN URGENCE. Le soir tirait à sa fin son horizon était couleur de pourpre. À 22 heures le car assurant la liaison ORAN-GHARDAIA comptait parmi ses voyageurs un semblant de vie inerte et sans pensée. Au rythme du défilé des bornes kilométriques éclairées par les feux du car la route devenait longue pénible et insupportable. Quelques heures plus tard le compte à rebours en feu et en flammes finalisait le grand saut vers l’inconnu.

Dans une nuit froide des hauts plateaux je tremblotais tel un enfant sur les genoux de mon illustre père qui atténue gardait stoïquement ses larmes il pleurait en silence sur un corps déjà mis sous terre avant même mon arrivée au domicile de tous mes rêves inachevés. Le retard d’un télégramme et un temps de route avaient fini par avoir le dernier mot me privant à jamais du dernier regard bien, que souvent je me disais au fond de moi-même je ne connais de visage que celui de ma mère si beau et si affectueux dans un corps vivant terriblement vivant. Le 30 Juillet 1979, le cœur de mon illustre père avait cessé de battre.

Dans le vieux cimetière deux tombes côte à côte, enveloppant deux êtres chers, de l’un j’ai aimé la tendresse et de l’autre la rigueur à aller toujours vers le meilleur. Une semaine plus tard des amis à moi affichaient leur nette détermination à reprendre les cours ensembles et qu’ il était hors de question de rater l’autre grand rendez-vous avec la licence en droit pour le compte de la première promotion à travers l’ouest Algérien.

Le 30 Juin 1975 dans une superbe grande salle de l’aéroport d'Es-Senia, la fête en cette occasion battait son plein pour finir avec les premières lueurs de l’aube alors que dans ma tristesse naissaient les paroles de NEJMA écrites de ma main cette même main qui avait tant espéré remettre le diplôme à mes chers parents. Les grandes vacances passées en entier à la maison étaient dures à endosser tant le poids de l’absence de ma mère était écrasant et infiniment indéfini.

Début Septembre 1975, j’ai franchi le seuil de l’académie militaire interarmes de Cherchell pour le compte de mon service national qui avait pris fin en Septembre 1979.

À toutes et à tous je dédie NEJMA mise en musique par Said et ses deux amis Chalani et Benghnia connus sous le nom LE TRIO D’EL HIDHAB, je ne cache pas mon enthousiasme pour ce retour dans mes souvenirs dans un site que je considère comme étant une partie de moi-même.

Pour l’amie Chantal la chanson débute ainsi : Le jour est parti et la nuit est venue avec ses ténèbres en pleurs et toi NEDJMA dans ton ciel tu es remontée plus haut emportant avec toi les espérances dans les douleurs de la nuit et les souffrances du jour, seul tu m’as laissé entre un soir et un matin. L’espoir aussi est parti dans les montagnes du Tell et près de la grande rivière tu es née et de là tu as rejoint ton ciel emportant avec toi les espérances.

Par BELFEDHAL Abderrahmane

Commentaires

  • BELFEDHAL abderrahmane
    • 1. BELFEDHAL abderrahmane Le 27/06/2021
    MAINTENANT QUE LE SOLEIL S EST COUCHE ET QUE LE SOLEIL OBSCURCI S ABAISSE SUR LA MER COMME DE LONGS CILS SUR DES YEUX FATIGUES C’EST L’HEURE OU LE POETE POSANT SA PLUME LAISSE SES PENSEES S’ENFUIR VERS LES INSONDABLES PROFONDEURS DU SILENCE ETERNEL ET SECRET Rabindranath Tagore
    CREPUSCULES
    UN HORIZON POIGNANT AUX COULEURS FASCINANTES, SE DRESSAIT MAJESTUEUSEMENT FACE AUX YEUX VAGABONDS, CARESSANT LA DOUCEUR DANS UNE TOUCHE DE MAESTRO PRET A LANCER EN FEUX ET EN FLAMMES LE PLUS BEAU CONCERTO RELIANT LE CIEL A LA TERRE.
    LE DISQUE DE FEU TEL UN EMPEREUR, PAMPANT ET PLEIN DE GRACE, DANS UNE DESCENTE VICTORIEUSE INVITAIT DISCRETEMENT L’AME POETIQUE AU VOYAGE SOLENNEL PARMI LES ETRES ET LES CHOSES PARMI LES OMBRES ET LES LUEURS.
    DANS UN JOUR ET DANS CES ANS QUI COURENT DEPUIS LES PAS LOITAINS ET LA BLANCHEUR DES CHEVEUX, UN SILENCE UNIVERSEL S’ETAIT EMPARE DE TOUTE FORME DE VIE.
    UN BRUIT QUELCONQUE, UN BATTEMENT D’AILES FURTIF MAINTENAIT DANS LA FINE OBSCURITE LE REFREIN DES SILHOUETTES BAIGNANT DANS LA SOLITUDE DES CALMES PROFONDS.

    CREPUSCULE DES REFLETS MESURES AU RYTHME DES SYMPHONIES INCONTOURNABLES ARROSANT DE PARFUM PRINTANIER LA COURBE MAGIQUE DES ADIEUX PEINTS AUX ROSES DU ZENITH.
    VERS D’AUTRES LIEUX, VERS D’AUTRES CIEUX, VERS LE DECLIN DES BEAUX SOLEILS S’ABREUVANT DE LA DOUCEUR DES TEMPS QUI S’ENFUIENT LOIN DEVANT NOUS
    DEPUIS LA LUCARNE DE MA VIEILLE MAISON AUX SOUVENIRS IMPERISSABLES JE NE CESSERAIS JAMAIS DE TE CONTEMPLER ET T AVOUER COMBIEN DE JOURS SONT PARTIS SANS SE RENDRE QU ILS SONT REELLEMENT PARTIS.
    DANS L’ATTENTE D’UN CREPUSCULE POIGNANT AUX COULEURS FASCINANTES QUE LES PREMIERS PAS HESITANTS ET LES CHEVEUX BLANCS N’ONT JAMAIS PU OUBLIER JE SUIS LA JE T’ATTENDS.
    MERCI NORIA POUR LE CHOIX DE CETTE TOUCHE PROVIDENTIELLE DE NOTRE FASCINANT TASSILI EN RETOUR LE PLAISIR EST POUR MOI POUR OFFRIRE A TOUTES ET A TOUS UN INSTANT FEERIQUE EN COMPAGNIE DE CE MERVEILLEUX TABLEAU SUR TOILE

    https://www.google.com/url?sa=i&url=https%3A%2F%2Fpixers.fr%2Ftableaux-sur-toile%2Flow-poly-paysage-de-montagne-au-crepuscule-avec-la-lune-74799613&psig=AOvVaw2Bh16tHizuZPrIP8khFxal&ust=1624807362914000&source=images&cd=vfe&ved=0CAoQjRxqFwoTCKjRkaqpuPECFQAAAAAdAAAAABAD
  • aziz
    • 2. aziz Le 03/06/2021
    Ah la belle académie militaire de Cherchell, notre fièreté nationale. J'y ai fait mon service national, les six ou sept premiers mois de la période 1972-1974, que de beaux souvenirs
  • Chantal
    Bonjour Abderrahmane,

    Un grand merci à vous ! D'une part pour ce merveilleux texte plein de sensibilité et d’amour que vous avez écrit ainsi que pour cette vidéo. Je suis par ailleurs très touchée que vous ayez eu la gentillesse de me traduire les paroles de cette chanson car s'il est vrai que je trouve la musique très belle et très émouvante, les paroles le sont tout autant.

    Belle journée à toutes et à tous !
  • belfedhal abderrahmane
    • 4. belfedhal abderrahmane Le 03/06/2021
    Bonjour a toutes et a tous
    Suite a la lecture de Nejma j apporte les precisions suivantes
    la duree de mon service national est comprise entre septembre 1975 et septembre 1977 effectuee a l academie inter armes de"Cherchell la licence en droit obtenue en juin1975 pour le compte de la premiere promotion est en langue arabe par contre les etudes juridiques en langue francaise existaient bien avant a l universite D oran Quand a mon vingt cinqieme anniversaire il a ete celebre le 1Avril 1975

Ajouter un commentaire