Persévérance, Sacrifice et Patience...

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Sans titre 46

Ahmed Bessekri fut cet homme qui à l’instar de son parcours riche en enseignements, avait transcendé toute son énergie, sa détermination voire son abnégation pour venir à bout de sa déficience physique (pour ne pas dire handicap). Afin de réaliser et atteindre son principal objectif qui est celui de lutter et combattre tout seul une maladie très complexe définie comme une paralysie de ses membres. Franchir et traverser toutes ces épreuves furent une étape très pénible, à cela s’ajoute les approches inquiétantes et incertaines de certains praticiens n’étaient pas du tout rassurantes et encourageantes. Pour retrouver ne serait qu’une mince lueur d’espoir. Pourtant, le miracle s’était produit. Le comment et le pourquoi, nous le saurons à travers la lecture de ce texte.

Pour en savoir un peu plus, notre cher Ahmed Bessekri avait bien voulu répondre à nos diverses questions afin non seulement de nous éclairer sur sa maladie mais également de nous permettre de  réaliser ce document:

Profil d’Ahmed Bessekri

hebergement d'image  Né le 26 janvier 1955 à Ain-Defla. Homme corpulent pas très gros ni obèse, légèrement trapu, mais convenablement ancré sur ses deux pieds. Possédant une taille moyenne, ne dépassant pas la soixantaine, généralement calme et très courtois, arborant une conduite pondérée, dotée d’un calme olympien. Discret dans sa vie de tous les jours et distrait avec les amis ne disait rien sauf lorsqu’il est convié. Il est en quelque sorte très réservé, sa maladie lui avait inculquée à se comporter toujours de cette manière et non autrement. Dégageant une hygiène corporelle remarquable et toujours bien vêtu. Des vêtements pas à la mode mais choisis selon les circonstances, aussi en fonction de sa corpulence, de la couleur de ses cheveux et aussi celle de sa peau. Toutefois, il était en quelque sorte quelqu’un qui savait apprécier la vie et encore plus ses escales.

  •  Cursus scolaire primaire     : Ecole de garçon Mahrez Khelifa (centre-ville d’Ain-Defla) de 1960-1965.
  •  Moyen                                    : Au niveau du CEG d’IBN-SINA (Ain-Defla), 1966-1970.
  •  Secondaire                            : Lycée Ferroukhi Mustapha ex Alphonse Daudet (Miliana) de 1970-1974.

 

 

Etudes supérieures

  • De 1975 - 1976 Bab Ezzouar (Alger) Biologie.
  • De 1976 –1977 Formation au niveau de l’ITE à Chlef.
  • Précous dans l’enseignement en 1978-1979.

Autres attraits                        :   

  • Service national de 1979-1981.
  • Dans l’enseignement de 1981-1985.
  • Surveillant général de 1985-2008.
  • Retraité à partir de 2008.

2010 : Date fatidique

La mise en retraite tout le monde y pense et on en parle, chaque concerné songe sérieusement comment va passer la fameuse mutation en bien ? Ou en mal ? L’esprit est complètement taraudé, comment vais m’y prendre ? Est ce que je vais continuer à travailler ? Vais-je continuer mes propres travaux à la maison ? Ou bien je vais profiter de ma retraite pour aller visiter la famille, visiter des villes ou revisiter d’autres que j’avais prévu, désiré et souhaité les revoir. Ou tout simplement replonger dans mes souvenirs et projets de jeunesse. En 2010 et plus précisément le 7 novembre 2010, notre ami Ahmed Bessekri avait justement choisi de terminer certains travaux dans sa maison. Lorsqu’en reculant, il est tombé, à la renverse, dans le vide d’une hauteur de 4 mètres. Le gros de sa chute fut supporté par sa tête. Transporté en urgence vers l’hôpital d’Ain-Defla.

Intervention chirurgicale

hebergement d'image  La gravité des blessures forcèrent les toubibs de l’époque à le transférer, en urgence, vers l’hôpital de Franz Fanon de Blida. Résultat : plus de 15 jours dans le coma (réanimation). Une opération neurochirurgicale qui avait durée plus de 4 heures par le spécialiste Dr Bouzidi Zoheir en neurochirurgie. Touché à la 6ième et 7ieme vertèbre et qui avait comme conséquence et complication un entassement des vertèbres avec écrasement de la moelle épinière suite à une chute, le patient était atteint au niveau de la nuque. Le résultat de l’opération neurochirurgicale fut le suivant :

  • Atteint au niveau de la 6ième et la 7ième vertèbre.
  • Coma pendant plus de quinze jours
  • Quatre de ses membres paralysés
  • Directement installé au niveau d’un fauteuil roulant.
  • Nécessitant une rééducation pendant plus de10 mois.

 A la sortie de l’hôpital, le praticien Dr Bouzidi Zoheir avait recommandé au patient et surtout à sa famille certains conseils pour passer au mieux la rééducation du malade. Bien sûr, cette rééducation sera  appuyée par des visites de contrôles médicaux accompagnées également de bilans et différentes radios. Pour le suivi médical et surtout afin de constater de visu les éventuelles changements et/ ou améliorations du patient.

 

Période de rééducation

hebergement d'image  Une rééducation de 9 mois fut observée avec des contrôles médicaux de la paralysie de l’ensemble des membres. Cette période fut longue et difficile. Imaginer une personne en bonne santé se trouve du jour au lendemain cloitré dans son lit avec une paralysie de ses quatre membres ? Impensable et inconcevable mais il fallait y vivre avec. Je voyais défiler les jours, les semaines et les mois sans pour autant ne constater aucune amélioration. La famille  qui paniquait et qui offrait inlassablement leurs soutiens et leur disponibilité, j’étais en quelque sorte comme une personne dans un vase clos et je ne voyais rien venir.  Alors j’ai décidé de me prendre en charge moi même c'est-à-dire sans l’assistance de mes proches et de mon entourage.

 Ayant tracé un programme qui me semblait logique me permettant de ne compter que sur moi-même. Cela a été, certes, pénible et douloureux. Néanmoins, je faisais tout moi-même, je ne voulais l’aide de personne. Ma famille autour de moi, médusée et déconcertée, était dans le désarroi mais moi je continuais et je répétais dans ma tête sans cesse : « ça passe et ou bien  ça casse ».

 Cette méthode m’a poussé à redoubler les efforts indispensables tout en restant éveillé et conscient. Dans ma tête, je savais que tout cela allait aboutir à quelque chose  mais je ne savais pas de quelle manière, mais je continuais et je priais Dieu sans cesse pour qu’il me donne la force, la foi, la patience et surtout le courage afin de poursuivre dans cette voie. Ma fille Fella qui m’adorait beaucoup, pleurait de me voir dans cette situation, elle voulait être tout près de moi et m‘aider dans mes éventuels mouvements.

hebergement d'image  Mais je refusais toujours, je voulais coûte que coûte subvenir tout seul à mes obligations de tous les jours. C'est-à-dire aller ou bon me semblait avec l’appui de ma canne Canadienne. Aller tout seul dans le petit coin. C'est-à-dire être autonome, avec bien, sur les difficultés que cela allaient engendrer. Certes, c’était difficile et rude. Devant ces gênes, ma fille éclate souvent en sanglot. Un jour, et devant ces situations qui perdurent. Je lui ai demandé de m’accompagner dans ma chambre. Je l’ai embrassé et passai mon bras autour de son cou. Je lui ai expliqué que pour réussir mon programme de rééducation, il faudrait que cela se fasse ainsi. Tu as remarqué pendant les deux premiers mois, aucune amélioration n’est apparue. C’est vrai que ce n’est pas beau à voir ma fille mais il faut s’y faire avec pour qu’on puisse aboutir à un résultat et d’ailleurs ce ne sont que les recommandations du toubib. Pendant longtemps, ma fille Fella ne pouvait supporter le mal que j’endurais tout seul. D’ailleurs toute la famille en subissait les conséquences mais ma petite Fella en était vraiment la plus touchée. Avec le temps, elle s’est semble-t-elle accoutumée à la réalité des faits.

Persévérance, sacrifice et patience

Après dix mois de calvaire, de persévérance, de sacrifice et de patience, je commençais à faire remuer graduellement mes phalanges, ensuite mes pieds. La famille était heureuse et surtout ma petite Fella qui en était très ravie. Le Dr Bouzidi Zoheir, qui actuellement avait ouvert une clinique au niveau de la ville de Khemis Miliana et opère au niveau de la clinique ouanchariss. Il  n’en croyait pas ses yeux mais il était heureux. Il a ajouté que j’étais un miraculé. Cet état de fait m’avait beaucoup encouragé à faire davantage d’efforts et de sacrifices. Pour mieux me rétablir et gagner en confiance. Et depuis quelques temps je sors pour faire les courses, rencontrer des amis comme un être tout à fait normal sauf que je trimbale toujours avec ma canne Cannadienne. Quelques séquelles sur mon handicap d’origine, néanmoins je me porte à merveille. Ma petite Fella est actuellement en deuxième année universitaire et elle est très contente de me voir ainsi.

Société…

Le regard des gens était semble t-il trop pénétrant pas moqueur mais donnant l’impression reflétant beaucoup trop de la pitié. Ceci n’encourage pas bien les patients. A l’avenir, pour encourager certains malades, il faut leur parler et discuter si comme s’ils n’étaient pas malades ou bien atteint de quoi ce soit. Ceci, leur donnera la possibilité de se sentir normaux. Ils n’ont pas besoin de compassion. Un sourire vaut mille fois le regard mal placé (l’évitement). Et, il vous le sera rendu avec beaucoup d’amour, de franchise et de loyauté. La société peut jouer un rôle prépondérant envers ces malades mais il faut se comporter  intelligemment,  parce que, ces malades, sont généralement froissés par ces regards répétitifs désobligeant pour certains, mal à l’aise pour d’autres, à cause de leur maladie, d’où leur refus ou des comportements un peu biscornus. 

Conclusion

Je lance un appel à tous les malades, maladies diverses et spécialement celles de la neurochirurgie, il ne faudrait jamais baisser les bras et s’avouer vaincus. Il existe beaucoup d’alternatives et abondamment de chances et possibilités pour venir à bout de votre mal. Il ne faut jamais baisser les bras et laisser le temps vous détruire et détruire davantage votre famille et votre entourage. Il suffit d’avoir la force et la foi pour faire changer les choses.

 

Par DEGHRAR Djillali

Commentaires

  • kéryma
    • 1. kéryma Le 27/08/2016
    Essalem à tout le monde,
    Chapeau bas à vous Monsieur Bessekri Ahmed, votre CV est on ne peut plus appréciable, je vous trouve très courageux bravo, l'handicap n'enlève rien de votre charme, votre regard semble dire: " oui, je suis très heureux et résigné à la volonté d'Allah le Très Grand.
    "Je ne vous connais pas Mr Bessekri mais je vous souhaite une très belle vie et surtout une excellente santé!
    Djillali cher ami, comme à l'accoutumée tu décris tout avec respect et intelligence!

    Amitiés,
    Kéryma,
  • Benabdellah Mohammed
    Essalem à toutes et à tous.Merci Djilali pour cette biographie de notre ami Ahmed et surtout pour avoir été à l'écoute de sa lutte pour vaincre cet handicap par la volonté d'Allah,l'abnégation et le sacrifice d'un homme qui a cru en sa force et en sa détermination.Le résultat ne s'est pas fait attendre.Il est là, il est palpable.Quel bonheur !Un bonjour à notre ami Ahmed et merci encore une fois Djilali.
  • Chantal
    Merci Djillali Deghrar pour ce merveilleux récit. Ahmed Bessekri est un homme absolument remarquable. Quel bel exemple de courage et de pugnacité. Comme il a raison sur le regard qu'il porte sur la Société d'une manière générale. Il est tellement important pour la personne "différente" à un moment ou à un autre de sa vie de ne pas se sentir "exclue" mais, au contraire, aimée et acceptée telle qu'elle est. Il est par ailleurs vital pour elle d'être respectée dans son désir de se débrouiller seule et, par voie de conséquence, dans sa dignité. Certes, cette "acceptation" peut paraître difficile à ses proches mais, plus tard, ils seront tellement fiers et admiratifs de l'incroyable énergie qu'il aura fallu à cet homme (ou cette femme) pour relever avec succès un pareil défi ! Et, visiblement, c'est le cas d'Ahmed !!

    Bonne journée à tous.

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