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Survivances d'Enfance/ Part 6

 

C'est au bout d’une vie,que  les signes de vieillissement apparaissent, la vue baisse et la peau prend des rides.² Et vieillir et prendre de l’âge  c’est vraiment quand on commence à perdre le sens de l’humour ou c’est lorsque  parfois à se rappeler  son enfance en regardant autour de soi jouer des gosses étourdis. Dans notre esprit on recherche alors à revoir le passé de  tout ce qui rappelle ce que fut une enfance. De ces souvenirs  enfouis pour chacun  quelques parts, on se dit toujours que leur oubli reste impossible. Des survivances il y en a tellement pour certains qu’on peut se rappeler dans les moindres détails à tels ou tels endroits. qu’on est parfois surpris de redécouvrir l’endroit où l’on a vécu...

Dans les années 50, à cette époque de mon enfance,  je me voyais toujours  l'insouciant  petit contadin   vêtu  du simple et inséparable " Qamis" qui m'arrive aux chevilles que parfois propre, que parfois poussiéreux. Une petite calotte rouge’ appelée « chéchia » couvrait ma  tête. A son  milieu  un  poupon  noir,  elle  ne quittait jamais ma tête. J'en avais toute une autre neuve sur ma caboche à chaque fois si l’événement d’une fête se présente. Et dans ces occasions, c’est à  l’aïd  ou la  rentrée d’école qui  n’arrive qu’après les vacances d’été. Et le fait de porter une chechia s’est aussi se proteger du soleil et se couvrir la tete du froid.

A cet épisode d’enfance, si mon père m'emmenait au village c’est pour me faire tondre complètement la tête et non pas à une coiffure de mode. Et Si on file chez le coiffeur c’est pour un rasage complet, le temps que les cheveux repoussent pour qu’on y ait pas de poux plein la tète,  Survivances d'Enfance/ Part 6Notre tortionnaire au village fut-il qu’un vieux barbier méconnaissable pour certains très populaire pour d’autres  catégories de population, on l'appelait Ammi Karwazi, A son long tablier qui lui arrivait en bas des tibias, à part les deux poches  il avait une autre petite pochette où se faufile un  gros peigne de cheveux  femme. Un peigne non spécifique  à grandes et petites dents qu’il n’utilise que rarement. A l’intérieur dans sa boutique aucun décor, à l’exemple d’un comptoir de travail il y a une table ordinaire .Quant à ses accessoires de rasage manuels une vieille tondeuse dont sa couleur était noire, un rasoir, la paire de ciseaux à coté. et juste au coin de la table un peu plus loin, à coté d’ un morceau de savon de Marseille. On voit aussi un blaireau rasage dont le manche usé est en bois dans un bol, une sorte de boite métallique Il est bien trempé jusqu’à la poignée. Il n’y avait pas de lavabo ni  robinet d’eau mais au coin un sceau d’eau, et à un clou au mur fixé comme pendoir une serviette pendait avec morceau d’étoffe qui sert à couvrir  le corps du cou jusqu’aux pieds complétaient ses effets de travail. Deux bancs en bois à chaque coté d’un mur,  et dont l’un avait le dorsal défectueux  formaient le décor d’’ameublement d’une boutique de coiffure il n’y avait pas de chaises.

L’Ammi Kerwazi  employait  de belles paroles pour nous amadouer dés qu arrive quelqu’un son tour pour une coupe. D’abord il prend et place une planche sur les coudes du siege puis il  nous fait  assoir dessus  pour être  un peu haut à sa hauteur, il  passera le morceau de tissu  tout autour de nous et de  notre cou... On se sentait déjà étranglé et enroulé comme une momie  pour ne pas dire confortablement mal  à l’aise. C’est  peut être par cette   méthode qu’il a cette manie habituelle  d'exécuter sans gène son travail. Et pour ne pas trop le gêner quand qu’on se regarde constamment devant  son  petit miroir, on aura la nuque bien baissée pour être apte et plus tranquille.

Même si cette époque remonte à des années, ce dont je me souviens encore que de fois  j’avais peur  du  coiffeur quant tout à mes débuts à  me faire tondre et  raser les cheveux. J’avais complètement en ce temps  cette phobie du coiffeur. Et c’est avec des yeux boursouflés de larmes que je suis traine chaque fois jusqu’à lui, je n’étais pas le premier et non pas le dernier à pleurer. Comme beaucoup de gosses de mon âge  on avait tous bien pleuré à cette  première fois quand on franchi le pas de porte.Des fois on voyait les pères tout honteux entrain de  calmer leurs  pleurnichards d’enfants  qui sont bien saisis entre les mains de notre Ammi Karwazi .j’etais de  ceux  qui ne supportaient pas qu’une tondeuse me  sillonne la tête  et que pour d’autres des fois parccequ’elle ne glissait pas ou elle piquait à des endroits où la tête n’est pas bien ronde..Et puis parmi les gosses de mon temps il y avait  ceux que je voyais rire et heureux sortir avec leurs coupes  de toupet avec  le sourire d’etre finalement libères de l’impénitent  coiffeur    . C’était pour moi la peur indicible lorsque je voyais mon tour à l’échafaudage approchait    et une joie effarée quand tout cela se  terminait. C’est quand parfois, avec son bourdonnement  la tondeuse ne glisse pas mais  pique à des endroits sensibles prés des oreilles. A notre métamorphose  aux cris et douleurs, notre perruquier  préfère utiliser  et faire entendre le cliquetis des ciseaux. 

Mais c’est avec un rasoir, ciseaux  et peigne à la main  qu’il laissera comme à l’ordinaire à la fin de sa besogne une touffe de cheveux  au toupet.

Et Enfin quand on relève la tête avant de sortir, on découvre agréablement un crane rasé. Chaque  fois Ammi Kerwazi  en a eu toujours  tendance à nous  parfumer  avec une bonne odeur de lotion "Ploum Ploum" de l’époque, il prend son vaporisateur et  donne quelques coups de presse sur la poire  dans sa paume de la main  que même les mouches qui cherchaient à grignoter quelque chose sur nos têtes  seront inondées.  

Survivances d'Enfance/ Part 6

 

 

Survivances d'Enfance/ Part 6

 

Survivances d'Enfance/ Part 6

Pour chaque tête rasée, la coupe avec parfum pour enfant coutait 0,20 Cts. C’était ce qu’on doit donner avec un merci à notre cher bienfaiteur kARWAZI avant de sortir.

Et c’est malgré moi, qu’avec une tête arrondie bien rasée et une toute petite  touffe de cheveux au toupet ,je me voyais ainsi après mon retour à la maison. Pour un certain temps ma mère n’en aura aucune peine à me rincer et  laver la tète. Même au mur  de la maison on n’avait pas le moindre miroir  accroché pour se regarder si ce n’est celui du père mais encore qu’on voit rarement pendu à un clou au mur .Pour ce jour là ,il ne sera qu’à l’occasion  d’une fête ou d’une sortie- visite, père ajustera barbe et moustaches sans oublier à la fin d’accorder son  chèche blanc  sur la tête. Alors c’est durant  tout un temps  ,que je me réfère à ma calotte un peu plus large qui  n’aura repris le pli sur ma tête et aura du temps à ce que les cheveux vont  encore repousser  . C’était un temps plein de charme à l’époque, un temps  qui n’était  pas aussi révolutionnaire en mode. Mais la spéciale coupe de cheveux des enfants indigènes de mon âge n’avait aucune honte mais  qu’elle était bigrement incommode, là où  parfois au village on était tout simplement et purement l’objet d’agaceries et de moqueries  des gamins du  milieu du village. La mésentente  entre gosses du dehors et de l’intérieur du village existait toujours à chacune des  rencontres. Au difficile dénouement de chaque fois qui s’achève, ceux  de l’intérieur ne savaient mieux ajuster leurs jets de pierre  adroitement  que  bien précis  à la main ,ce qui était tout le contraire à ceux du plein air et des grands chemins. C’était avec manière d’une adresse et précision de lancer  au loin un jet de pierre  ce qui faisait mouche à chaque cible  comme le disait les pèlerins qui  le font à la Mecque contre  le « chawtane ». Ce duel se voyait et se répéter souvent  l’après-midi apres la cloche de sortie de l’école dans un  branle-bas du combat et du sauve qui peut pour qui veut arriver avec une tête saine sans égratignure à la maison.

À tous les gamins du village irritables et chatouilleux à notre égard, notre vieux coiffeur AAMI El karwazi nous faisait  beaux et présentables à leurs yeux ,et il  n’en faisait qu’à l’usage et la fantaisie de sa tondeuse. L’endroit où il se trouvait   était une  boutique entre d’autres au beau milieu de la rue principale du village. Assis  sur une pierre en roc d’une forme d’assise à attendre continuellement une clientèle, mais entretemps à jaser et à regarder les gens qui passaient. Au jour du marché hebdomadaire, on aura le plaisir  à ne plus le voir dehors pour un temps  où il aura à  tondre aussi  plein de clientèles sans faire d’exception entre vieux et jeunes. Il y avait un autre coiffeur peut être au même âge que lui, tenant sa boutique dans cette même rue principale un peu plus bas et éloignée prés d’un Bar. Pour le pauvre bonhomme, c’était un vieux de la  vieille et il n’avait qu’un pied valide, l’autre était en bois à partir du genou. Parti en guerre, Il est revenu un jour chez lui sans ce pied , perdu disait-on dans une sale guerre, celle de 14/18. Mais malgré qu’il avait une chaise pivotante et basculante et qui pouvait l’aider en tournoyant le client à sa guise à droite ou à gauche, mon père m’entrainait toujours au préféré et talentueux coiffeur occasionnel.

Et quand je sortais de chez Ammi Kaewazi  notre coiffeur du village, il  fallait mettre ma calotte sur la tête. Pour ça mon père me disait toujours, être coiffé c’est  représenter l'attitude de la personnalité arabe.                                                      

Pour mon père se couvrir la tête comme tous les gens  c'était une pratique vestimentaire traditionnelle. Une coutume originaire des aïeux afin  d'  être parfaitement digne de soi.

Á SUIVRE ...

Par Med Bradai

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