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Sauvons le vivre-ensemble

 

Sauvons le vivre-ensemble

 L a montée du populisme, l’intolérance, la crise du monde moderne et la mondialisation de l’insécurité sont dramatiques. La responsabilité est partagée. Nous devons nous interroger sur notre part de responsabilité. Le recul de la démocratie et la propagande infondée du choc des civilisations sont flagrants. Pourtant les citoyens du monde, de toutes convictions, aspirent à la paix et à la modernité. Malgré les discours xénophobes et ceux fanatiques qui cherchent à susciter des fractures, la majorité des citoyens n’est pas dupe. Mais le bon sens est perturbé. Le doute s’installe au sujet du vivre ensemble à cause de l’idéologie mortifère, pseudo-religieuse et totalitaire qui se réclame de l’islam. Les sombres vingt-cinq dernières années, depuis la guerre d’Afghanistan en 1989 qui a produit des mercenaires fanatisés, l’espoir déçu après les accords d’Oslo en 1993 de la question palestinienne, l’invasion de l’Irak en 2003 et la déstabilisation de pays arabes depuis 2011, ont des conséquences désastreuses. Mais elles ne devraient pas faire oublier mille ans de civilisation arabo-musulmane, judéo-islamo-chrétienne et gréco arabe, et la convivialité aujourd’hui entre les citoyens de confession musulmane et le reste de la société en Europe. Malgré des difficultés, il reste un avenir commun, si nous dépassons le stade de la défiance. Une partie de l’opinion, troublée par les violences commises au nom de l’islam, le condamne, ce qui est injuste ; d’autres s’interrogent, ce qui est compréhensible. Jeter le soupçon sur l’ensemble de la communauté musulmane à cause de mauvais adeptes marginaux est irrationnel. Le troisième monothéisme, pris comme bouc émissaire, apparaît comme réfractaire à la modernité, à la sécularisation et à la démocratie. Pourtant un islam républicain est possible. Il ne s’agit pas de répondre à des injonctions cyniques qui culpabilisent les musulmans en leur demandant sans cesse de condamner des actes barbares commis par des délinquants devenus criminels, mais de délégitimer les références religieuses des violences fondamentalistes et de parler haut et fort pour expliquer que le fanatisme est injustifiable. Tout le monde pressent que la religion est innocente, utilisée comme un masque par les extrémistes, mais en même temps, de par la cruauté des mises en scène, l’histoire des guerres de religion et les préjugés vis-à-vis de l’islam méconnu, dans un monde hypersécularisé les confusions opèrent des ravages. Les intégristes radicaux sont les premiers responsables des amalgames infamants. Cependant, l’invention d’un nouvel ennemi, depuis la chute du mur de Berlin, par des centres de décision, et les ruses pour faire diversion à l’ambition d’hégémonie et empêcher la manifestation de la vérité dans tous les domaines érigent des murs. Il est urgent d’empêcher que l’horizon se ferme. Le « djihadisme », terme venimeux, qui n’existe pas dans le Coran, n’est pas une religion, mais une imposture produite par des échecs politiques et une idéologie extrémiste. Cette dérive montre que l’époque favorise les sectes politiciennes, comme pour discréditer la version spirituelle du sens du monde et les résistances à l’oppression. Les sectes qui se réclament des religions ou d’idéologies séculières prolifèrent, de par la marginalisation du sens de l’existence, la dictature du libéralisme sauvage et le recul de la démocratie. Politico-mafieuses, elles n’ont rien de religieux. De par les manipulations, les enjeux géopolitiques au Moyen-Orient et les méthodes macabres, les sectes usurpatrices du nom de l’islam occupent le devant de la scène, mais sont vouées à l’échec. Pour les vaincre, il faut mettre fin aux discriminations internes et aux ingérences externes, marquées par la politique funeste des deux poids et deux mesures. Et en Orient se réformer, liquider les lectures archaïques des textes fondateurs et bâtir une société éclairée du juste milieu. Le devenir est commun. Arrêtons les contresens qui affirment que l’islam a à voir avec le fondamentalisme, parce que ce dernier serait soi-disant prégnant. Qu’appelle- t-on «islam » est la question. Si c’est la jurisprudence produite par des hommes, oui l’on est responsable, l’on peut faire le lien et exiger de tarir le terreau idéologique. Mais si par « islam » on entend le Coran et la pratique du Prophète, la réponse est non. L’inquisition n’est pas dans l’Évangile, le terrorisme n’est pas dans le Coran. La responsabilité est celle des hommes. Sauvons le vivre-ensemble.

 

Par Mustapha CHERIF

Commentaires

  • keryma
    • 1. keryma Le 29/12/2015
    Bonsoir à tout le monde,

    Belle analyse Monsieur Mustapha Chérif. J'ai eu un grand plaisir à vous lire.

    Le terroriste qui se fait appeler musulman celui qui est le seul à "savoir" et est celui qui vous décapite un homme en deux temps trois mouvements, pour une raison ou pour une autre mais certainement pas pour la bonne, est une entité maléfique et démoniaque.
    Les gens intelligents et sensés, ne devraient pas en parler, ni les médias, ni dans les réseaux sociaux! Il faut tout simplement les anéantir. Comment? Eh le scénario de Ben Laden on a tous vu, alors ceux qui ont crée ce "poison" de fous peuvent avoir l'antidote de leur invention.
    De la sourate des femmes (An-Nisâ) versets 4.89.بعد ببِسْمِ ٱللَّهِ ٱلرَّحْمَٰنِ ٱلرَّحِيمِ
    وَدُّوا۟ لَوْ تَكْفُرُونَ كَمَا كَفَرُوا۟ فَتَكُونُونَ سَوَآءًۭ ۖ فَلَا تَتَّخِذُوا۟ مِنْهُمْ أَوْلِيَآءَ حَتَّىٰ يُهَاجِرُوا۟ فِى سَبِيلِ ٱللَّهِ ۚ فَإِن تَوَلَّوْا۟ فَخُذُوهُمْ وَٱقْتُلُوهُمْ حَيْثُ وَجَدتُّمُوهُمْ ۖ وَلَا تَتَّخِذُوا۟ مِنْهُمْ وَلِيًّۭا وَلَا نَصِيرًا ﴿٨٩-
    4.89 : « Ils voudraient qu’à leur instar vous sombriez dans la mécréance afin que vous en soyez au même point (sawâ’) qu’eux. Ne les prenez pas pour alliés tant qu’ils n’auront pas émigré pour la cause de Dieu et s’ils se détournent, emparez-vous d’eux et tuez-les où que vous les trouviez. Et ne les prenez ni pour alliés ni pour partisans ! »
    Je pense qu'Allah dit juste, et le saint Coran parle déjà de ces gens là non?

    Kéryma,
  • Safia Belhocine
    • 2. Safia Belhocine Le 28/12/2015
    Merci Mustapha Chérif pour cette longue et pertinente analyse!
    Je crois humblement que le vivre-ensemble qui tient tant à coeur à tous les hommes épris de paix et de fraternité se doit de commencer dans le milieu immédiat de l'individu. Je veux dire par là, que même dans le cercle restreint familial, de quartier et plus loin, nous avons cultivé le rejet de l'autre par ce que différent de nous, nous avons cultivé l'intolérance vis à vis de toute expression d'opposition ,nous avons développé un chauvinisme exacerbé quant au "NOUS" en occultant les autres pronoms,nous avons réduit notre horizon envers les autres, et fermé la fenêtre sur le monde.
    Si c'est le même constat ailleurs, et avec votre analyse approfondie, concise et claire, j'ose conclure que nous avons là tous les ingrédients pour faire de notre Terre et de notre Humanité deux lieux où l'Amour de l'Autre et le Vivre Ensemble sont totalement bannis.
    En tous cas Merci encore pour ce sage partage!
  • Chantal
    Merci Monsieur Mustapha Chérif pour ce texte où tout est dit avec intelligence et pertinence !

    Je me contenterai simplement d'ajouter que l'amalgame fait entre l'Islam et le terrorisme est, de mon point de vue, non seulement une abjection mais également le fruit de l'ignorance.

    Bonne soirée à tous.

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