Les feuilles éparpillées

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“Pour aider les pauvres on ne peut pas toujours rester dans la légalité, je préfère avoir sur la conscience une porte fracturée qu'un SDF mort de froid.” Charles Hoareau.

“La liberté consiste a choisir entre deux esclavages l'égoïsme et la conscience celui qui choisit la conscience est l homme libre.” Victor Hugo


En ce moment crépusculaire, l’appel du Muédhin accentué par la sirène municipale se répandait dans le ciel, se rattachant encore aux ultimes lueurs d’un horizon flambant, marquant à la fois la rupture du jeûne et la communion avec l’éternel dans l’accomplissement d’El-Maghrib. Un silence plat s’était vite emparé de la ville. les rues comme par enchantement se sont vidées de toute vie. Dans les chaumières et dans les demeures, la chaleur et le recueillement redonnaient à chaque organe sa vitalité et sa force originelles. Tel était le constat pour un jour, pour un instant, pour un ftour. Telle était la symbiose au sein des familles et telle était enfin la première accolade avec le mois de la piète, de la tolérance, du pardon et de la paix avec soi même. Cependant, bien des gens pris au dépourvu à cause d’un déplacement prévu ou insoupçonné auront manqué le rendez-vous. Mais combien sont ceux qui ont perdu même un petit moment de rêve pouvant écarter l’amertume et le désespoir. Marginalisés, ils ont oublié une origine, un gite ou même un propre nom. Pris dans un contre courant, leur répertoire est devenu subitement une chose parmi les choses. Ce sont les sans domiciles fixes. Abrèges dans le temps et dans l'espace on les appelle SDF- D’où viennent-ils ? Comment ont-ils pu échouer ainsi sur une terre d’asile ? Semblables à leurs semblables, ils avaient jadis une identité et une expression. Sur un lit de hasard, ils ont tout simplement un numéro. La hiérarchie sociale à leurs yeux se conjugue au passé. Peut- être que dans les temps impérissables, ces anonymes avaient bien vécu un moment glorieux ou une réussite éphémère de courte durée ou peut- être qu’ils ont levé bien haut le sacre tinté de vaillance et de bravoure ou peut-être ….Ou peut-être le destin les a réuni pour une longue et sinueuse marche vers l’inconnu. A leurs yeux, en frères jumeaux, le jour et la nuit dans un cycle continu leur paraissent sans gout et sans référence. Les âmes charitables et les programmes institutionnalises représentent à leurs yeux l’ultime bouée de sauvetage quand tout semble s’écrouler dans la nébuleuse qu’avec le temps va tout s’en va.

Ailleurs, dans les demeures modestes ou pompeuses, la rupture du jeûne est aussitôt annoncée par la radio, par la télévision, par le muedhin et les cris joyeux des bambins, pour les occupants du lit de hasard, le gémissement de la sonnerie bousculera leurs réflexes dans chaque instant que dieu fait, omniprésent, il indiquera qu’il y a un temps pour se lever, un temps pour s'assoir sur une chaise et voir avec les yeux humides le couvert d'un quotidien trempé dans le soupir le plus profond, il y a aussi ce temps qui annoncera que le lit de hasard est vide, son occupant dans l’ indifférence est parti la ou le riche et le pauvre se rencontrent. en fixant leurs regards furtifs et lointains, en scrutant leurs pas, on sentira alors le poids d’une anecdote prête a s’arrêter à tout moment tout comme une fleur meurtrie par les coups d’une brise dans une nuit quelconque. Une fois le ftour terminé, quelques uns de ces anonymes auront droit à une petite randonnée en ville. Les plus âgés, démunis physiquement, regagneront en silence la place que le destin leur a réservée. L’heure est alors au coucher. La ronde une fois terminée, la sonnerie est là pour rappeler à tous les consignes d’un temps présent et celles du temps à venir et c’est là toute l’alternative entre un mirage par le quel on pense avoir vu et vécu les séquences d’une vie partagée entre le bonheur et le désespoir et un miroir qui nous contraint à regarder ce que nous aimons voir et ce que nous souhaiterions ne pas voir du tout. Il y a bien un temps pour se lever et agir et un autre pour s’arrêter afin de saisir au vol un reflet mince soit il de la réalité que nous vivons et que nous subissons. Mais qu'en est il de ceux qui ont été amené à choisir la rue avec tous ses dangers pour revêtir le blason des sans domiciles ?

ENNAHAR TV, en ce mois des fleurs a diffusé l'histoire bouleversante d'une jeune femme qui garde encore les traits d'une jeunesse qui a perdu l'essentiel de sa substance, elle s'appelle FAJRIA, tout comme les lueurs de l'aube qui annoncent la fin de la nuit. Très jeune elle a aimé quelqu'un de son âge et c'était pour Fajria l'annonce d'un terrible ouragan qui lui a valu l'ouverture vers l'inconnu car son père l'a bannie à jamais bien qu'elle était en possession de son acte d'immunité et désormais la rue était devenue son repaire la où la vie en compagnie des rats était plus rassurante jusqu'à ce point.Ô noble Fajria ? c'était sa réponse suite à une question posée par le reporter de la télévision qui venait d'apprendre que suite à une tentative de mettre fin à son existence de SDF elle avait accepté une demande en mariage d'un homme à l'allure d'un homme qui cachait diaboliquement ses dessins de séducteur ayant choisi pour proie une sans défense fixe FAJRIA blessée, déçue et révoltée, devait se rendre à l'évidence que le postulant avait déjà perdu toute sa vie en choisissant les voies de la drogue. Arrivé à ce stade, est il logique de se poser la question à savoir qui est réellement SDF Fajria ou cette frange qui préfère tendre les filets à ceux qui endurent les épreuves les plus spectaculaires voire les plus innocentes ? Faut il se poser cette autre question qui rappelle en somme une vieille citation se rapportant aux oiseaux en cage qui pensent que les oiseaux en dehors sont des SDF ?

En réponse à une question relative à sa propre vision sur sa vie, entre un sourire angélique et une larme à fendre les coeurs FAJRIA avait donné une explication des plus philosophiques. Ma vie est un livre abandonné dont les pages sont éparpillées après un silence, elle avait ajouté, cependant je suis incapable de les rassembler et mon coeur brule pour ma mère et mon frère et je n'en veut pas à mon père qui a préféré laver un honneur farfelu car moi je détiens encore mon certificat de moralité. Le reporter pour alléger ses souffrances lui avait offert un survêtement chaud et mon Dieu quel visage illumine que celui qui vient de dégager une sorte de lumière à croire qu'elle descend du ciel. Fajria tu es victime de la société car même sans domicile tu as choisi le ciel, la terre, les étoiles et l horizon pour cueillir les plus beaux rayons qui réchauffent à la fois le coeur et la raison. Fajria si tu as perdu le foyer parental, ton éducation et les brulures de ton existence te font gagner l'Algérie toute entière, FAJRIA dans ton coin tu te rappelleras sans doute que nous sommes tous épris de nostalgie et que chacun de nous garde en soi sa manière de revivre son rêve, face au miroir ou face au mirage on est toujours ce que l'on est.

Brave FAJRIA que ton aube soit le signe d'une vie nouvelle et puisse ton père revenir à la raison afin que les pages de ton livre se réuniront à nouveau pour chanter le grand amour dans la chaleur du foyer de la première tétée et les pas premiers vers les horizons dorés. A toutes les Fajria de mon pays, je dédie la chanson SANAR JIOU YEWMANE

Par BELFEDHAL Abderrahmane

Commentaires

  • BELFEDHAL Abderrahmane
    • 1. BELFEDHAL Abderrahmane Le 06/12/2021
    AMIS DU NOBLE SITE BONSOIR.
    Toujours en avant, dans une lignée qui plaide à la fois pour le grand retour aux souvenirs qui jaillissent a tout moment dans notre existence et cet autre grand regard vers les horizons lointains , notre formidable site Alger Miliana nous fait voyager dans le temps. Pour cette semaine, le menu est très riche en émotion, très riche de par la projection de sentiments brulants au point de ressentir et de revivre les séquences de ce que nous réserve la vie dans sa marche victorieuse. Un Albert camus qui a vécu une vie mouvementée, déchirée après un premier mariage qui a connu un échec effroyable à cause d’une épouse toxicomane et infidèle. Une vie marquée par des aléas douloureux répartis entre les quartiers pauvres D’Algérie et le sommet de la gloire dont le sacre fut le discernement du prix Nobel en philosophie. En recevant le prix Nobel, Albert camus avait déclaré que le prix Nobel devait en principe être attribué à Malraux, tandis que pour des raisons qui restent encore à élucider le philosophe jean Paul Sartre a refusé de recevoir cette haute distinction. ALBERT CAMUS dans sa citation à propos des vieux a mis l’accent sur une séquence terrible qui est celle de ne plus être écouté, ignoré, oublié dans la nébuleuse des rapports sociaux. Allons de ce pas essayer de comprendre la douleur que ressentait un ténor de la chanson française en la personne de jacques Brel qui a chanté pour les vieux. Une chanson a succès depuis 1963. Le chanteur a été inspiré suite au décès de ses parents la même année en 1964. Voici donc sur les colonnes de l’extraordinaire site la chanson les vieux avec paroles.
    Les vieux (Jacques Brel)
    Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux. Même riches, ils sont pauvres, ils n'ont plus d'illusions et n'ont qu'un cœur pour deux. Chez eux, ça sent le thym, le propre, la lavande et le verbe d'antan. Que l'on vive à Paris, on vit tous en province quand on vit trop longtemps. Est-ce d'avoir trop ri que leur voix se lézarde quand ils parlent d'hier Et d'avoir trop pleuré que des larmes encore leur perlent aux paupières. Et s'ils tremblent un peu, est-ce de voir vieillir la pendule d'argent Qui ronronne au salon, qui dit oui, qui dit non, qui dit : ‘’je vous attends’’. Les vieux ne rêvent plus, leurs livres s'ensommeillent, leurs pianos sont fermés. Le petit chat est mort, le muscat du dimanche ne les fait plus chanter. Les vieux ne bougent plus, leurs gestes ont trop de rides, leur monde est trop petit. Du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit. Et s'ils sortent encore, bras dessus bras dessous, tous habillés de raide, C'est pour suivre au soleil l'enterrement d'un plus vieux, l'enterrement d'une plus laide. Et le temps d'un sanglot, oublier toute une heure la pendule d'argent Qui ronronne au salon, qui dit oui, qui dit non, et puis qui les attend. Les vieux ne meurent pas, ils s'endorment un jour et dorment trop longtemps. Ils se tiennent la main, ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant. Et l'autre reste là, le meilleur ou le pire, le doux ou le sévère. Cela n'importe pas, celui des deux qui reste se retrouve en enfer. Vous le verrez peut-être, vous la verrez parfois en pluie et en chagrin Traverser le présent en s'excusant déjà de n'être pas plus loin Et fuir devant vous une dernière fois la pendule d'argent Qui ronronne au salon, qui dit oui, qui dit non, qui leur dit : ‘’je t'attends’’. Qui ronronne au salon, qui dit oui, qui dit non et puis qui nous attend.

  • Belfedhal Abderrahmane
    • 2. Belfedhal Abderrahmane Le 12/05/2021
    BONSOIR TOUT LE MONDE
    Dans quelques heures le monde musulman acceuillera son Aid el fitr, marquant ainsi la fin d'une épopée qui tire ses origines à la fois de la religion musulmane et des traditions ancestrales, impregnant de facon profonde, notre vie individuelle et collective. Au fil des annees en passage, chaque generation a eu sa part des joies et des jeux et chaque generation a eu sa part de vivre son moment sublime dans la simplicite loin de de toute deviation ou manipulation egoiste sous quel habit que ce soit. Ramadhan est parti et nombreux aussi sont ceux qui sont partis en silence emportant avec eux les beaux souvenirs d'une ere qui pour beaucoup relevait de la légende. Ramadhan est parti et que reste t-il de son passage? quels ensignements à t 'on pu tirer? En ouvrant le livre des temps,en scrutant ses pages eparpillées ca et là, chacun de nous pris dans le tourbillon de ses sensations constatera que beaucoup de choses au gré des vents sont partis comme ca, pourtant dans le corridor des temps à venir Ramadhan reviendra IN CHAALLAH. Ramadan je ne me poserai pas de questions au sujet de ta force originelle ou de ta puissance à faire revivre en nous le retour en nous mais je dirais tout simplement ou en sommes nous avec le mois de tous les pardons? O livre d'il etait une fois, permettez que je pose humblement mes doigts et mes pensees sur un temps qui apparait à mes yeux difficile à comprendre tant son vol est si impressionnant surpassant une vision alleatoire ou tout semble bouger à une vitesse vertigineuse au point ou le demuni en ressources,le malade,le pauvre et le SDF n'arrivent pas a saisir le pourquoi de leur destinee dans un contrat social se demarquant de bout en bout des ramadhan où tristement on saluait le depart. Ramadhan, te voila sur les galeres des adieux laissant ceux qui ont observé judicieusement le careme face a leurs actes en esperant que le bilan serait positif à plus d un titre. L'AID est un jour de fete, que la misericorde divine allege les peines de tous ceux qui ont perdu un etre cher qui n'a pas eu le temps de sécher les larmes d'une ame orpheline. A toutes et a tous je souhaite un aid chaleureux , longue vie à notre agreable site et vivement le retour de meskellil, de keryma, de si ferhaoui qui ont honore le site durant des annees à l'instar de chantal, de harbouche, de miliani 2keur, de bradai, de belhoucine de landjerit et bien sur sans oublier le frerot et d autres intervenants qui apparaissent de temps a autre pour le bonheur du site qui est aussi une coupole qui abrite le mot, le verbe et l'action soutenant fermement et sans reserves les efforts titanesques deployés par la dame enchantée, notre amie à nous tous NORIA SAHA EIDOUKOUM WA SALAT WESSALEM ALA RASSOULI ALLAH passez un agreable moment à l'ecoute de Ismahane

  • Belfedhal Abderrahmane
    • 3. Belfedhal Abderrahmane Le 03/05/2021
    BONSOIR TOUT LE MONDE
    BONSOIR CHANTAL
    Tout d abord je vous remercie pour l'interet que vous manifestez a chaque fois quand un sujet sensible est a l ordre du jour. Votre point de vue sur le mode educatif me renvoie a une citation datant de l'ére des compagnons du prophete que la benediction de dieu et le salut soit sur lui qui dit: Qu'il faut éduquer vos enfants et les préparer à un temps autre que le votre. Par ailleurs je considére par la facon la plus subtile de votre part pour un éventuel échange de points de vue autour d'un sujet aussi sensible et d'emblée vous avez souligné que les avis seraient différents et c"est ici que réside tout le charme de la question.
    merci encore une fois et trés bonne fin de soirée
  • Chantal
    Bonjour Monsieur Belfedhal !

    Merci pour le partage de ce texte bouleversant d'authenticité et de générosité !

    Même si nous savons, comme le dit si bien Milan Kundera que : "Il n'y a pas de méchants, il n'y a que des souffrants" … j'ai néanmoins toujours du mal à penser que des parents, père ou mère, puissent mettre leur enfant à la porte du domicile familial pour avoir commis telle ou telle "faute" si tant est que cette "faute" en soit une … L'amour parental devrait dépasser cette "limite". "Notre" enfant, quel qu'il soit, reste "notre" enfant toute notre vie ! Le "père" de cette histoire a probablement, lui aussi, été victime, à sa manière, de son histoire familiale et, toujours, à sa manière, l'a "reproduite" sur sa propre fille. C'est ainsi que le malheur, la souffrance se perpétuent à travers les générations. Cela ne peut cesser que dans la mesure où un papa et/ou une maman en prennent conscience et qu'ils se disent : "Non, je ne dois pas reproduire ce rejet, cette souffrance que j’ai moi-même connue" …

    Mais, je dois avouer, que je comprendrais très bien que l'on ne partage pas mon avis sur un sujet aussi "sensible".

    Belle journée à toutes et à tous !

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