Ce pays chaoui qui m’a ébloui ! /Par Slemnia Bendaoud
- Par algermiliana
- Le 18/05/2018
- Dans Le coin de Slemnia Bendaoud
- 1 commentaire
______________________________________
Ce pays Chaoui qui m’a vraiment séduit !
Et pourtant ce n’est pas la première fois que je m’y rends ! Ce n’est, non plus, la première fois que j’y mets les pieds pour une visite des lieux aussi importante ! A mon retour sur ces mêmes lieux, je ne fus que davantage émerveillé par tant de beauté naturelle et insoupçonnable dont je ne savais, à l’époque de ma jeunesse, mieux l’apprécier et surtout considérer à son juste titre ou bien réelle valeur.
J’étais persuadé qu’au sein de la région des Aurès, le bruit de la détonation des armes pouvait rivaliser, en cas de folie, avec le grondement du tonnerre. Et que la défense de la patrie tenait à s’adjuger tous les qualificatifs ou superlatifs propres au courage manifesté par ses vaillants militants et habitants révoltés contre l’occupant français.
Mais je ne savais guère que l’air fluide de la flûte, si mélodieux et à la symphonie très fine à l’ouïe, s’accrochait, lui, à cette dynamique naturelle pour s’inspirer aussi profondément de ce vent très puissant, en embuscade dans la contrée, qui les propulsait aux premières lignes du combat.
Toutefois, avec ce grand recul dans le temps qui dépasse celui imparti à toute une génération, je m’en été rendu compte que cette même flûte, faite à base de ce roseau qui plie mais qui ne rompt jamais, en référence à cette valeur ancestrale reconnue à ses habitants, pouvait désormais imiter ce chant souverain d’un rossignol fou de joie de retrouver sa liberté de donner libre cours à sa Majestueuse voix en cette saison printanière, jugée comme très prometteuse.
Là, j’avoue que la Nature qui a façonné ce monde, à l’identique de sa propre dimension et autres valeurs nominales, ne pouvait se trahir, en enfantant des hommes de moindre calibre, piètre carrure, et de modeste envergure, des gens de second rang ou de bas étage, des rejetons à jeter en pâture ou laisser à l’abandon.
Déjà, à notre accueil au niveau de l’intersection menant à l’aéroport de la ville de Batna, j’étais convaincu qu’on venait de passer entre de bonnes mains. Qu’on allait en un seul saut nous blottir dans le giron de nos hôtes.
En un unique jet nous jeter de toutes nos forces pour nous projeter dans les fins fonds de cette vie des hauts-plateaux typiquement berbères. Qu’on allait de suite fouiller le côté intime et discret de ce peuple chaoui, totalement méconnu par certains membres de notre groupe qui s’y rendaient en de vrais aventuriers.
Tout le reste ou ce qui s’ensuivit tout le long de notre grand séjour, ne pouvait sur tous les plans que confirmer, au détail près sinon avec toute la précision voulue, mes premières intentions et très logiques appréhensions.
Lorsqu’on tient ses menues qualités humaines d’une Nature aussi merveilleuse que très généreuse, en dépit de ce manque chronique de précipitations durant la saison la plus gaie de l’année, on est comme assuré de forcément reproduire ces mêmes valeurs à travers le temps et le cycle continu des générations.
On est comme vacciné dès les premiers jours de notre naissance contre tout ce qui détruit notre culture et nuit à notre Histoire légendaire. Pour vraiment ne prendre comme repère que celui dicté par nos aïeuls et valeurs propres à notre territoire d’appartenance ou de naissance.
Ce dont je ne doutais guère fort justement. Au regard notamment de ces indices qui ne trompent jamais au sujet d’un monde dont le moule de son identité a depuis longtemps banni de son vocabulaire la tricherie tout comme la supercherie, et de son dictionnaire, l’égoïsme et le caractère condescendant et très pédant des êtres humains.
Faire la lumière sur tout ce vrai périple, auquel nous fûmes conviés, revient manifestement à lui consacrer tout un gros volume pour retracer les faits saillants tout comme les évènements marquants d’une visite qui aura eu le mérite de nous ressourcer avec cet inestimable potentiel de notre patrimoine culturel, matériel et immatériel, dont regorgent les différentes régions du pays.
L’endroit du Site ne s’y prêtant nullement pour pareille expédition littéraire de longue haleine, je me limiterai cependant à un simple survol, à l’effet de vous en restituer le panorama le plus fidèle ainsi que l’image, sur le champ mémorisée, qui nous submerge dans toute son envergure et vraie splendeur.
Le Mont Chélia (les Aurès) qui tutoie du haut de ses 2328 mètres d’altitude tout son monde à la ronde, solidement agrippé à ses pieds comme celui à la peine accroché à ses flancs, sinon tout le reste de ceux venus librement peupler ses piémonts, ainsi que ces profonds balcons du Ghouffi (Arris), constituent sans conteste ce Grand patrimoine chasse-gardée de la région, auxquels s’ajoutent, bien évidemment, les légendaires ruines de Timgad et du tombeau numide d’Imedghassen.
Chélia veille, du mieux qu’il le peut, en grande sentinelle sur toute l’étendue de la région et surveille au loin les mouvements suspects de potentiels « visiteurs douteux » qui s’y rendent en véritables conquérants ou vrais espions.
Au moment où El Ghouffi, plus connu au travers de ses balcons où pullulent encore les vestiges de ses très anciennes habitations, a pris, lui, le soin d’ensevelir dans les décors et nombreux plis de son sol à chair ferme sur les deux rivages de son très profond lit tout un très Grand trésor de l’humanité, dont nous tournons, à présent, et bien malheureusement, volontairement le dos.
Quant à ces monuments somptueux que constituent ces vestiges -encore vivants- de ces ruines de Timgad et du mausolée d’Imedghassen, le bruit du moteur de toute voiture qui passe à vive allure à proximité de leur forteresse, s’arrange à volontairement étouffer les gémissements continus de cette Histoire légendaire de la contrée, susurrée au voyageur de passage par ces lieux si anciens, du fond du cœur et à souffles intermittents.
Celle-là même qui crie, de toutes ses forces et à gorge fort déployée, son supplice et grand malheur du moment à ses pourtant fétus mais vraiment têtus arrières petits-fils, lesquels refusent manifestement et si étrangement de lui tendre un tant soit peu l’oreille et d’accourir à son secours.
C’est, en effet, tout un pan de notre culture, très ancienne, qui part en fumée. Toute une véritable identité qui se désintègre et s’émiette au fil des jours, pour disparaitre à jamais. Toute une si vieille et très Grande Histoire qui risque d’être effacée d’un seul trait de plume qui fait dans cet oubli qui tue bien plus que l’arme à feu ou qui obstrue volontairement des vérités tangibles.
A l’image de toutes les contrées de l’Algérie profonde, Batna ne déroge nullement à cette règle, plutôt bien générale, qui tend à réduire les vestiges de notre Histoire à de simples épaves d’une ère désormais révolue ou à de vulgaires reliques d’une période surannée, qui ne compte plus pour son aspect matériel tant recherché et intérêt pécuniaire du moment.
Mais Batna n’est pas uniquement branchée sur cet oubli qui dénigre à la contrée les vrais atouts de son Histoire légendaire. Fort heureusement, l’itinéraire de son tracé de route qui la lie à la ville de Khenchela, sa sœur jumelle, paré de ses nombreux atours, s’interprète tout en musique, et s’annonce en une vraie symphonie de lieux par où l’on doit transiter, si douce et très féconde, juste en prononçant ces noms de villages que l’on parcourt en coup de vent et en file indienne.
Kais, fayes et Boulefrais en font partie. D’autres contrées, disséminées à travers ce territoire des Aurès, se prêtent elles aussi à cette rime au son chatouillant et si chantonnant : Seriana, Merouana, Menaa, Bouzina et Segana, pour ne citer que celles-là.
Depuis que l’eau de pluie y est en partie emmagasinée, grâce à ces barrages de création récente, le pommier a investit les lieux et les rendements de blés sont devenus plus importants. On y enregistre cet intérêt certain et grandissant au profit du travail de la terre.
Et c’est tout ce monde paysan qui revient finalement à sa réelle vocation : à ses premiers amours et métiers de base ou d’antan. En dépit de quelques retouches de pure forme, notre séjour dans les Aurès reste encore gravé dans notre mémoire. Nous ne cessons, chaque jour, de ruminer les succulents moments de notre voyage qui nous a conduits en pays Chaoui.
Commentaires
-
- 1. MF Le 06/05/2018
Un texte très agréable à parcourir orné de finesse avec des mots délicatement choisis selon les lieux à décrire
ou les circonstances.
Si l'auteur connaisseur des lieux est charmé et envouté par cette région que diraient ses compatriotes touristes
pour la première fois?
L'émerveillement résulte des circonstances autres que les précédentes,c'est confirmé les sorties,les voyages
en groupe bénéficient à l'humain tant sur le physique,le mental,que l'humeur.
Alors que les membres de l'ALMF ne s'offusquent pas si certains enteté(e)s les tarabustent pour organiser d'autres escapades lointaines ou proches.
Merci Mr Slemnia d'avoir résumé notre"sortie" avec de si beaux mots.
Ajouter un commentaire