MON MEMOIRE DE FIN DE FORMATION DE SOMATOTHERAPEUTE

 

EXTRAIT DE MON MEMOIRE DE FIN DE FORMATION DE SOMATOTHERAPEUTE - PARIS-1997 - "Un mode de communication dans la relation d'aide - Le toucher par le massage".

Le massage du bébé

«Le bébé s’assure que tout va bien en grande partie par les messages qu’il reçoit de la peau. Le besoin de contact corporel chez l’enfant est irrépressible; si ce besoin n’est pas satisfait correctement, l’enfant en souffrira même si tous ses autres besoins sont comblés».

Ashley Montagu


Lorsqu’un bébé pleure, il exprime une souffrance ou un malaise ou les deux à la fois. C’est le seul mode d’expression dont il dispose. A t-il faim ? A t-il froid? A t-il chaud ? Quoi qu’il en soit, son appel demande une réponse urgente. Combien de mères, en raison d’idées préconçues, solidement ancrées, ont résisté à «l’impulsion animale» de prendre leur bébé dans les bras lorsqu’il pleurait sous prétexte que trop d’indulgence «gâtait» les enfants et créait des habitudes néfastes à un bon équilibre.

Dans un manuel de puériculture publié en 1892, Lisbeth D. Price, formatrice d’infirmières, disait que le bébé ne devait jamais être bercé, ni consolé sur l’épaule. Dans les années 1890, le Docteur Luther Emmett Holt, pédiatre, prétendait que bercer un enfant pour l’endormir était inutile et éventuellement nocif. Egalement, que c’était une habitude facile à prendre mais difficile à perdre. Alors qu’en fait, le bébé perd ces habitudes en quittant ses habits de bébé ...

Cette répression de l’approche tactile, véhiculée par notre Société, a rendu malheureux des millions d’enfants et perturbé leur vie d’adulte. Depuis cette époque révolue et, bien que les traditions troublent encore l’esprit de certains parents, l’occident a reconnu les bienfaits du contact corporel et du massage des bébés en particulier. Dans certains pays de culture africaine ou indienne, cette coutume se transmet de mère en fille depuis des générations. Il aura fallu plusieurs siècles à notre culture occidentale et rationnelle, des études et des faits rapportés par des chercheurs, des savants éminents (cf. La peau et le toucher de H. Montagu) pour adopter ce mode de communication par le massage qui est un acquis pour le reste de la vie.

Le massage donne au bébé un sentiment de sécurité par le contact épidermique. Il favorise son sommeil, sa digestion, ainsi qu’une bonne circulation du sang. Il lui assure également une meilleure résistance à la maladie et aux agressions microbiennes. Il lui apporte calme et détente. Des effleurages légers pratiqués sur le ventre apaisent les douleurs provoquées par les coliques. Le massage, associé à l’état fusionnel mère/enfant au cours des premiers mois de la naissance, procure au bébé un sentiment d’unité.

Pour illustrer mon propos, je citerai un extrait du «Corps et de la caresse» de R. Bécart et U. Bandelow. «On a pu remarquer par exemple que lorsque dans un atelier de massage familial il se trouvait un bébé qui pleurait, qui refusait le massage, il suffisait alors de masser la tête et les épaules de la mère pour que le bébé se calme même si c’était une autre personne que la mère qui le tenait. A la fin du massage de la mère, après une vingtaine de minutes, le bébé est profondément endormi et dort en général presque une heure» (p. 193).

Pour le tout-petit, rien ne remplace le contact corporel avec la mère. Ses gestes, le toucher, le massage, sont pour lui chargés de sens et contribue à l’ancrer dans une expérience positive de la vie. Je me souviens de cette patiente antillaise, mère de trois jeunes enfants, qui s’habillait de vêtements très amples. Lorsque l’un de ses enfants pleurait, elle le glissait sous son vêtement, à même la peau. Le bébé s’arrêtait de pleurer instantanément au contact du corps de sa mère. Le contact peau à peau est un facteur décisif de l’attachement mère-enfant. «Etre portés, bercés, être tenus, être massés, autant de nourritures pour les petits enfants, aussi indispensables, sinon plus, que vitamines, sels minéraux et protéines»”. (F. Leboyer - Shantala - p. 23).

Dans «la peau et le toucher», A. Montagu nous raconte la visite d’une clinique pour enfants, en Allemagne, avant la première guerre mondiale, par le Docteur F. Talbot* de Boston. Celui-ci fut frappé par la présence d’une vieille femme portant sur la hanche un enfant en mauvais état. Lorsqu’il demanda qui était cette femme, on lui répondit «Oh, ça, c’est la vieille Anna, si un enfant ne guérit pas après que nous avons tout tenté sur le plan médical, nous le confions à la vieille Anna qui, elle, réussit toujours à faire quelque chose» (p. 68).

* C’est le Docteur F. Talbot qui introduisit l’idée de TLC (Tender Loving Care) qui désigne une attitude envers l’enfant qui consiste à donner la priorité à la tendresse plutôt qu’à l’éducation.

En réalité, cette femme ne faisait qu’entourer le bébé d’une douce affection, le touchait, le cajolait, le caressait. «Les caresses ne sont donc pas une nourriture excédentaire. Elles sont une nourriture normale, et non une gâterie. On pourrait dire que le toucher est la pierre angulaire de l’humanisme»(Le corps et la caresse - Raoul et Ulla Bécart-Bandelow - p. 192).

En Inde, les bébés sont régulièrement massés jusqu’à l’âge de six mois. A Bali, il existe une tradition de massages thérapeutiques pour calmer les maux de ventre des bébés. Les scientifiques russes affirment que le développement du système nerveux central est accéléré par le massage. Aux Etats-Unis, le Dr. Rice a mis au point une technique de stimulation sensorielle pour les prématurés (massages - caresses - bercements) favorisant ainsi une prise de poids plus rapide. Les exemples sont multiples. L’importance capitale des messages reçus par le bébé par l’intermédiaire de la peau n’est plus à démontrer.

Par Chantal VINCENT

Commentaires

  • Zouaoui mourad
    • 1. Zouaoui mourad Le 25/10/2015
    BONSOIR CHANTAL
    UN ETAT DES LIEUX EXHAUSTIF ET BRAVO POUR TON ANALYSE ....
    JE PENSE AUSSI QUE L AFFECTION EST L OXYGENE DE LA VIE AUSSI BIEN POUR LE BÉBÉ QUE POUR L ADULTE . POUR UN ENFANT IL FAUT PRENDRE LE TEMPS DE L ECOUTER EN LE PRENANT AU SERIEUX QUAND IL PARLE .
    C EST AUSSI LE RASSURER LE PROTEGER ET LE CONSOLER ...POUR MA PETITE-FILLE QUI VA AVOIR 5 ans AU MOIS DE FEVRIER 16 JE PASSE UN TEMPS FOU A LUI EXPLIQUER TOUT EN L ENTOURANT DE CHALEUR ET UNE ATTENTION DE TOUS LES MOMENTS CAR SA MAMAN TRAVAILLE A AVIGNON ET JE L AIDE A TEMPS PERDU .
    mourad

Ajouter un commentaire