Hommage à Mohamed LANDJERIT/ Par Noria

Le souffle Immortel de Miliana

Dans les ruelles millénaires de Miliana, là où l'histoire murmure à travers les montagnes ancestrales, subsiste l'empreinte profonde et discrète d'un homme dont l'amour pour sa ville est devenu un véritable sacerdoce. Mohamed LANDJERIT figure tutélaire, pédagogue respecté, écrivain inspiré et fondateur de l'association El Manara, incarne la mémoire vibrante de Miliana. Il a bâti un pont entre les générations, se faisant le fidèle dépositaire de l'âme milianaise.

Né de cette terre qu'il chérissait, il lui consacra une vie entière, non pas sous les feux éclatants des projecteurs, mais dans la douce lumière, patiente et généreuse, de ceux qui œuvrent avec constance et passion, loin du tumulte du monde. Durant près de quatre décennies, il fut le professeur d'éducation physique du lycée Mustapha Ferroukhi, forgeant les corps autant que les esprits. Pour ses élèves, il était bien plus qu'un simple enseignant : un modèle de rigueur, une incarnation de l'élégance morale, un dévouement inébranlable. Si son parcours aurait pu s'achever là, l'heure de la retraite ne fit qu'attiser la flamme de son engagement, la transformant en un brasier inextinguible.

C'est avec l'association El Manara que Mohamed LANDJERIT offrit à Miliana un trésor inestimable : la sauvegarde méticuleuse de son patrimoine, qu'il soit culturel, musical, historique ou immatériel. Grâce à son labeur acharné, les traditions de la ville retrouvèrent leur souffle vital. Il réveilla les ruelles endormies, ralluma les fêtes oubliées, et grava sur le parchemin des pans entiers d'un passé qui menaçait de s'effacer dans les limbes de l'oubli. Ses livres, écrits avec la sincérité du cœur, portent des titres qui résonnent comme des oraisons, des mélodies intemporelles : Miliana d'antan, Si Miliana m'était contée, Le Mawlid Ennabaoui à Miliana… Autant de récits tissés de souvenirs, de fragments d'âme cueillis à même le temps.

Son engagement, d'ailleurs, ne connut pas les limites des remparts de la ville. Des journalistes, des équipes de télévision et de radio nationales vinrent à sa rencontre, avides de s'imprégner de son savoir, de recueillir sa parole éclairée pour enrichir leurs documentaires et reportages dédiés à l'histoire de Miliana. À chaque sollicitation, il offrait avec une générosité sans faille des récits d'une précision remarquable, des anecdotes vivantes qui animaient le passé, et des repères historiques indispensables. Il était, pour beaucoup, une véritable référence, une source intarissable.

Pourtant, au-delà de l'œuvre monumentale, c'est l'homme lui-même qui subjugue l'esprit. Mohamed LANDJERIT, c'est une humilité désarmante, un sourire franc qui éclaire le visage, un attachement viscéral à sa terre. Jamais il n'attendit les honneurs, jamais il ne brigua les soutiens officiels. Il avança, parfois solitaire, porté par la seule et indomptable force de la mémoire et la pureté de son amour. Il recueillit les témoignages fragiles des anciens, documenta les chants qui berçaient jadis les soirées, ranima les récits populaires comme on attise une braise mourante, et anima des veillées culturelles avec la ferveur d'un gardien de temple.

À travers lui, c'est toute une portion de l'histoire locale qui a retrouvé sa voix et sa dignité. Il sut transmettre sans jamais imposer, enseigner sans dominer, préserver sans figer l'essence même des choses. Il rendit visible l'invisible, les gestes ancestraux des anciens, les mélodies oubliées qui résonnaient dans les rues, les rites sacrés qui ponctuaient les veillées d'antan.

Aujourd'hui, cet hommage dépasse la simple reconnaissance. C'est une promesse solennelle. La promesse que son œuvre continuera de vivre, que sa flamme ne s'éteindra jamais. Que Miliana, grâce à son inlassable dévouement, perpétuera l'art de se raconter, de se souvenir et de rêver, à jamais.

Merci, Cheikh LANDJERIT

• Pour avoir fait de la mémoire un combat des plus nobles,
• De la culture un acte de foi incandescent,
• Et de Miliana, une éternelle lumière qui jamais ne faiblit.