La démocratie participative

La démocratie participative comme dynamique de Refondation de la Citoyenneté

La cité est-elle en danger ? De mon point de vue, la cité a toujours été depuis le recouvrement de ' indépendance nationale, en danger. En tout cas si l'on est d'accord pour définir la cité comme une émergence de valeurs du commun, du vivre-ensemble. Il y a en effet toujours eu des risques que certains s4arrogent le droit, le pouvoir de confisquer ce commun qui appartient à tous. C'est de là, me semble t-il, qu'il faut partir pour arriver à aujourd’hui et se demander quel est, au fond, le danger qui nous guette dans notre expérience actuelle de la cité démocratique.Ce danger réside précisément dans le fait que cette notion de commun risque toujours d'être confisquée par certains, or il est vrai que la cité tend de plus en plus à être une cité d'inégalités, une cité dans laquelle notre jeune démocratie n'est pas épargnée de la logique de corruption qui affecte l'autoritarisme du régime.
Je dirais que la grande question est aujourd’hui d arriver à mettre en rapport le" droit de cité" ---chacun d'entre nous a un droit de cité qu'il a à revendiquer ----et le "droit à la cité". Le droit à la cité, c'est la possibilité d'accéder à des services offerts par la cité, des services publics qui répondent à des formes de mutualité, de gratuité. Et si le droit de cité n'est pas lié au droit à la cité, le risque est encore plus grand de confiscation du droit à la cité.
Or,on en est là, aujourd’hui, car beaucoup voudraient que certaines vies soient moins visibles dans la cité .....Montesquieu dans le recueil des lois 1748 , disait si bien " A mesure que le luxe s établit dans une république ,l esprit se tourne vers l’intérêt particulier .A des gens à qui il ne faut rien que le nécessaire il ne reste à désirer que la gloire de la Patrie et la sienne propre. Mais une âme corrompue par le luxe a bien d'autres désirs: bientôt elle devient ennemie des lois qui la gênent ".
Contre cette relégation, il nous faut revendiquer que la cité est toujours un espace du commun où toutes les vies sont amenées à vivre ensemble; et cet " ensemble" ne peut exister que s'il y a des services publics qui le soutiennent. Maintenant que nous avons taché de répondre à la question centrale de notre cité en danger, venons-en à une autre des interrogations qui est qu'est-ce que la démocratie participative dans notre société qui devient de plus en plus complexe où le mode de vie, les valeurs, les relations sociales sont bousculées par les bouleversements que nous vivons ces dernières décennies. Cette complexité, l’incompréhension d'une société où les décisions sont prises à une autre échelle, dont on ne distingue plus les leviers, développent chez certains de nos concitoyens, l'individualisme, le chacun pour soi, la crainte de l'autre, le rejet du politique.
Cette tendance favorise l'éclatement de notre société entre, d'un coté, ceux qui veulent toujours plus, plus de consommation et de l'autre, ceux qui ont perdu tout repère et qui, exclus de tout, se replient sur eux-mêmes. C'est ce défi là, qui nous oblige à repenser à remettre en cause notre vie sociale et développer des outils de la démocratie participative et de la concertation comme les forums citoyens et les ateliers urbains de proximité.
Participer en effet, c'est prendre une part, une part de quoi : de l'information, de la préparation de la décision, de la décision elle-même, de son suivi, de son contrôle ? Cette part, quelle est-elle: destinée à rester symbolique, minoritaire, sans lendemain, ou au contraire réellement significative et influente ? Qui prend part, au nom de qui, avec quelle légitimité : les proches, la clientèle, ou aussi les opposants et les indifférents ? Et qu'en est-il de la voix des " sans-voix" marginalisés ?
Les niveaux de la participation sont : l'information, la consultation, la concertation, la participation au pouvoir.
1/ L information: n'est pas, à proprement parler de la participation, mais elle en est la condition. Ce premier stade est indispensable aux trois autres; il ne peut y avoir de consultation honnête, de concertation respectueuse, de participation au pouvoir, sans que soit donnée l'information qui y est nécessaire. Il s'agit ici d'un vaste domaine qui couvre toute la politique de communication de notre commune. L'exigence ne se réduit pas à produire et livrer des informations mais aussi à les rendre lisibles, à veiller à ce qu'elles correspondent correctement à l'ensemble des faits, à ce qu'elles soient communiquées en temps voulu. De ce fait, il est important de bien informer car bien informer, constitue en tout état de cause, un progrès pour la qualité du fonctionnement démocratique, mais ce n'est pas encore,comme telle, une démarche participative.
2/ La consultation : Elle ne se limite pas à fournir une information mais sollicite et accepte un avis. On commence à pénétrer ici dans un processus participatif puisque, par l'avis qu'ils donnent, les citoyens peuvent espérer prendre quelque part aux décisions qui seront prises. Cet avis est, bien sûr, consultatif, il n'entraine aucune obligation de décision conforme de la part des élus et de l'administration. L'intensité participative de la consultation est par ailleurs, extrêmement inégale. Elle dépend de la volonté politique et s'exprime dans les procédures que l'on adopte. En tout état de cause, la consultation constitue une étape essentielle de la démarche participative, étape à l'intérieur de laquelle il est possible de progresser, des formes les plus modestes jusqu aux plus significatives.
3/ La concertation : une consultation bien menée conduit à la concertation. A ce stade, on ne se contente plus d'accueillir un avis et de lui donner réponse; on prépare ensemble un dossier, on étudie ensemble un projet, dans un processus continu et durable de questions-réponses, propositions-contre propositions.....Le dialogue qui n'était qu'amorcé dans la phase de consultation se situe cette fois au cœur de la concertation, dont il est la composante essentielle. Dans la concertation en effet, on s'engage fondamentalement à tenir compte de l'avis du partenaire,à lui laisser le temps non seulement d'exprimer une parole,mais de construire cette parole.
4/ Participation au pouvoir : la participation des habitants à la vie locale ne se décrète pas, fut-ce en termes d'un texte de loi. Elle requiert un processus lent et évolutif qui appelle la conjugaison d'une volonté politique et institutionnelle durable et d'une aspiration de la population à s'impliquer davantage pour l'intérêt collectif. Un peu partout, en Algérie, des hommes et des femmes croient à l'importance de la cité, à la nécessité d'enrichir et de revaloriser l'action politique en y associant davantage les citoyens. Personne en la matiére ne détient de recette magique, personne ne peut s'ériger en maitre péremptoire, dispensateur de leçons, mais chacun a le droit, sinon le devoir, d'expliciter à l intention des autres le pourquoi et le comment de son engagement.

Par Mourad ZOUAOUI

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