Où VA LE MONDE ARABE ?

Dans l'ensemble du monde musulman, qui compte 1,2 milliards de personnes, les Arabes ne représentent qu'une minorité d'environ 300 millions d'individus, soit quelque 25% du total. L’Indonésie, le plus peuplé des pays musulmans, avoisine à elle seule 20% du total. A partir de janvier 2011, avec la chute du pouvoir autocratique tunisien, s'est développé un mouvement contestataire de la plupart des régimes du Maghreb comme du Machrek. Ce mouvement qui a ensuite gagné l’Égypte puis d'autres pays, a été interprété comme l'expression d'une volonté démocratique, véhiculée par les nouveaux moyens de communication ( téléphones portables, réseaux sociaux ).
A cet égard la différence est nette entre la rue (contestatrice) et les urnes (conservatrices). Avec l'évolution politique ces dernières années, on assiste à la formation d'une
alliance entre les États-Unis (et ses alliés Européens), les monarchies du Golfe et la Turquie, destinée à mettre un terme au régime de Bachar el Assad en Syrie. Ceci avec un objectif majeur d'affaiblir l'Iran. D'une façon plus large, une contre-offensive sunnite se développe au Proche-Orient, qui vise à contrer le développement qu'a connu le chiisme à partir de 1979, avec l'arrivée au pouvoir de l'ayatollah Khomeiny. L'Arabie Saoudite aura d 'bord tenté de contrer cette montée chiite en appuyant vigoureusement le JIhad sunnite contre l'URSS et ses alliés Afghans, avec la collaboration des États-Unis et du Pakistan. Puis elle s'est inquiétée de l'accession au pouvoir de la majorité chiite en Irak. Mais aussi du lâchage par Washington de Hosni Moubarek de L’Égypte. La réponse aux défis de la modernité (à défaut d'un terme plus pertinent) ne viendra
pas dans cette région du monde du conservatisme des Frères Musulmans, encouragés par l'Arabie Saoudite et le Qatar et moins encore des Salafistes. Mais dans les deux cas la place allouée au contrôle des femmes et du moralisme militant ne peut suffire à assurer l'indispensable croissance économique.
A vrai dire, le monde Arabe a grand besoin d'une révolution intellectuelle, comme celle qu'a connu l'Europe au 18 ème siècle, s'il veut pouvoir répondre au défi relevé par l'Inde et la Chine, comme par bien d'autres sociétés qui furent jadis dominées (la Corée et le Vietnam par exemple). L'une comme l'autre se préoccupent moins de ressasser le passé colonial que de bâtir l'avenir. En l'absence de société civile suffisamment nombreuse et non limitée à des noyaux urbains plus ou moins marginalisés, il est difficile d"espérer à un changement. L'Arabie Saoudite et le Qatar n'en seront en tout cas pas les phares et moins encore les tenants d'une société civile qu'ils se sont employés et s'emploient toujours chez eux, à ne pas voir apparaitre. Certes, toutes les sociétés sont inégalitaires mais nulle part l'inégalité symbolisée par les monarchies du Golfe ne s'étale avec autant d'arrogance et de mépris. C'est pourtant le pétrole qui a crée les pétromonarchies et non l'inverse ......

mourad Z.

Par Mourad ZOUAOUI

Commentaires

  • Chantal
    Merci Mourad pour cette excellente analyse à la fois succincte et très didactique qui m'a permis de comprendre un peu mieux certains aspects socio-politico-économiques du monde musulman, domaine dans lequel, je l'avoue, je n'ai aucune compétence. Dans les conflits internationaux, je m'attache principalement à l'aspect humain des événements et ce qui me scandalise le plus c'est que ce sont toujours les plus démunis, quelles que soient leur culture et/ou leur religion qui payent le prix fort de l'hégémonie des supergrands. Ce qui n'empêche pas de s'intéresser aux autres aspects que tu développes car « ceci » permet de comprendre « cela » même si je suis toujours aussi révoltée que « l'humain » soit occulté par les pouvoirs politiques internationaux.

    Bonne journée.

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