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Bambara iheb el foul ( Bambara aime les fèves)

Les  chers chérubins  détalant dans les milles et un tortueux dédales de la Casbah ou  les "chambreurs" de l'USMA, précurseurs des futurs "m'sâamyia",  se doutaient-ils  à la fin des années 60,  que ce slogan railleur  seriné sur un air de Diwane (ou Gnawi), était en fait,  le chant du cygne d'un rite africain séculaire,  des descendants  d'esclaves aliénés aux Ottomans ou aux notables algérois. Le dernier roi d'Alger Salim Toumi y recrutait d'ailleurs, sa fameuse garde noire. 

Il est vrai que la désinvolture excessive voire l'indifférence affligeante au trop plein de nostalgie, révèlent que les sensations éprouvées par ces gamins, n'ont pas encore été altérés par les désillusions particulières aux adultes, que d'aucuns appellent la maturité..

Bambara iheb el foul Les Bambaras formaient un peuple valeureux de l'actuel Mali. Les luttes fratricides avec d'autres ethnies et les vicissitudes climatiques, firent d'eux une proie facile pour les mercantiles esclavagistes, qui les tirèrent de force de leur terre, pour les revendre au plus offrant ; un maître qui les exploitait sans se soucier de leurs conditions des plus misérables.

Au milieu du XIXe Siècle, ils étaient environ deux mille sub-sahariens, dans la Casbah d'Alger. Regroupés, comme pour soulager leur douleur, autour de leur " Emir el ouasffane" qui résidait à la rue Tombouctou, ils demeuraient fortement empreints de leur africanité. Suivre et observer leurs us et coutumes était une obligation, un devoir, un lien de reconnaissance qui les rattachait à leur pays perdu et leur remémorait les souvenirs occultés. Bien que priant avec le reste de la population musulmane malékite, ils possédaient aussi, leur propre mosquée :"Djamâa Nigrou".

 Afin d'atténuer leur servitude, ils trouvaient refuge dans la représentation affective de leurs traditions venues des fonds des âges. Régulièrement ils faisaient battre les oreilles des habitants de la Médina (Casbah), notamment à la rue N' Fissa, en orchestrant des "Derdebas", au son du tambourin orné de grelots, du hautbois et des karkabous. (Maintenant encore à Alger, on peut rencontrer de petites cliques composées généralement de trois individus, parcourant les rues d'Alger, quémandant  souvent avec insistance, quelques pièces sous les  menaçants balcons  en contrepartie de leur excédant tintamarre).

Mais le rite principal se déroulait une fois par an, consistait à célébrer la fête des fèves, (Aïd el foul) sous la protection du vénéré Marabout Sidi Bacaoua, sur la butte de Sidi Labiodh, près de la plage des sablettes au Hamma. A cette occasion   toute la communauté Bambara participait à cette kermesse, à laquelle se joignaient également, les six autres ethnies sub-sahariennes.

La cérémonie était précédée d'un bœuf destiné au sacrifice, qui était promené dans toute la Médina, accompagné par l'orchestre des karkabous métalliques, du battement trépidant des tambourins et du son plaintif du hautbois. Le cérémonial commençait par la Fatiha. On égorgeait au milieu des chants et danses d'abord le bœuf paré de fleurs, ensuite on sacrifiait des moutons et des poulets. La fête se poursuivait par un festin de fèves, les premières de l’année. Tout le monde apportait son aide, Bambara ou blancs, à cette cérémonie dévote qui consistait à rendre hommage à Sidi B’lel, le fondateur de Tombouctou, en vénérant son représentant Sidi Bacoua. La cérémonie présidée par l'Emir el ouasffane, chef de la population noire, permettait à des milliers de personnes de s’adonner pendant 24 heures aux chants et danses, en l'honneur de ces saints.

Les algéroises, d'un certain âge se rappelleront certainement, que des femmes noires se rendaient le Mercredi  dans la journée, et jamais la nuit afin de ne pas réveiller les sept Djinns, à la "Fontaine des Génies", dénommée sbâa aïoune (sept sources) près de la salpêtrière (face au  stade Fehani), pour s'adonner à des rites des  confréries africaines, en offrant des poulets en sacrifice aux Génies du lieu, dans le but d'obtenir une guérison ou la réalisation d'un voeu.

Commentaires

  • Abdelmalek
    • 1. Abdelmalek Le 21/03/2018
    Je me rappelle de ces noms de bambaras iheb el foul le bœuf qu' on fait promener avant le sacrifice aussi des femmes qui allaient a l'aioune avant la plage de l'eden justement pour une cérémonie de demander aux esprits de marier une fille ou une guérison. Et aussi des choses vagues de ce genre.
    Maintenant est ce qu'il a un rapport avec le baba salem et ces gens el ouesfanes les bambaras ?

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