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L'internat au lycée M.Ferroukhi/ Par Med BRADAI

 

Lycée Mustapha FERROUKHI

En nos débuts d'internat, les heures d'études après les cours prirent la place de notre temps de liberté d'autrefois, après nos sorties d'école, finie la joie de la balle ronde dans les terrains vagues ou celle du gendarme et du voleur dans nos ruelles, on aura plus peur chaque soir tardif du père à l'entrée de la maison mais d'un autre ange gardien bien plus sévère où notre parole n'est autorisée à sortir de la bouche, qu'à son consentement bien vaillant, le silence pour lui est de rigueur dans les couloirs au moment des rangs, et à la montée aux dortoirs le seul bruit tolérable qu'il aimerait entendre c'est ce chuchotement de nos pas en complicité avec les marches d'escaliers, nos bienfaiteurs pour un lieu de repos.

Après le dernier cours de l'après midi, chacun s'empresse d'être parmi les premiers de la file pour deux tranches de pain et deux bâtons de chocolat comme deux doigts de la main qu'on s'empresse de les engloutir tellement nos intestins attendent leur passage avec une impatience inouïe. Après c'est la cour qui va prendre la relève des classes pour juste un bout de temps pour se dire qu'on est libre de soi même.

Au réfectoire on s'est habitué et cela, est de règle à ne prendre place sur l'assise de notre chaise qu'une fois que deux mains de notre guide de conduite eurent pris contact entre elles pour donner à notre impatience la joie d'entendre leur son magique comme cette gifle qu'on a l'habitude de recevoir, et il en sera ainsi pour notre levée.

Pendant l'heure d'études le pion est là à épier de temps à autre le geste de nos têtes si le plafond de la salle en est l'écran pour nos pensées ou c'est des têtes baissées entrain de griffonner les feuilles de cahier pour un devoir de demain qui préoccupe notre passe temps avec lui. Cette observation l'aidera à la fin de l'heure d'études et il appellera les plus moqueurs à présenter leur labeur pour le figurer dans le "guinness des records" registre d'études et de là dépendra une consigne prochaine privant les malchanceux en devoir présenté de cette liberté d'un après midi garni d'une séance de projections de deux films simultanés au cinéma "le Splendide" ou "Variétés" qui le soir entendront le récit de la randonnée de leurs copains, dans un coin bien tranquille de la cour ou autour d'un radiateur bien chaud en temps froid.

Ce registre chaque fin d'études prendra la direction de la Surveillance Générale des internes située autrefois à la salle 4 avant d'être réinstallée à l'entrée avec celle des externes. La fenêtre de la Surveillance Générale en ce temps là, donnait sa cour vers cette immensité de vue ou seul le flanc du Zaccar comme un rideau cachait sa perte lointaine, que parfois le Surveillant Général Adelwahab en un temps libre comme à ses accoutumés, les mains derrière le dos contemplait cette nature du ciel à partir de ce temple, que nous internes avions passé nos tendres années entre ses murs sans oublier les externes qui nous réconfortent chaque matin de leur présence pour une journée nouvelle de notre temps.

À table où le couvert est servi pour sept gourmands, le privilège revient au chef de table de servir et c'est la cuillère ou la fourchette qu'il fera tourner comme dans un jeu de roulote que son bout désignera le premier à être servi ou chacun se contentera de la remise de sa part en attendant son tour comme un prix à recevoir.

Durant l'hiver, gare aux coupures d'électricité, il faut s'attendre toujours au grand chambardement qui fait la joie des plus grands des plats servis par CHARLY, l'inoubliable serveur qui aura toutes les peines à se demander pour savoir si c'est bien ses mets qui sont sur nos têtes.

En guise de flocons de neige en train de fendre ou de guirlandes ornant notre tenue de soirée dans une fête. La plus grande envolée de ces charters légers guidés soigneusement de nos mains prennent presque toujours la même direction de ce pauvre surveillant qui nous apprenait cette gymnastique d'internat qui n'en demandait pas tant pour lui.

Ce surveillant qui a comme pseudo le nom de pion deviendra pour nous internes, l'ombre de nous-même et chacun des pions aura un surnom de mérite qu'on lui colle et en sera son nom d'appel parmi les internes et externes.

Un bouquin continuellement, sous son bras, dans sa poche ou en main comme un fétiche, en études, en permanences comme en temps libre, c'est son compagnon de toujours comme une cigarette pour un fumeur, en séries noires ces bouquins nous sont illicites pendant l'internat, par contre ceux tolérés seront les livres de littérature et même interdits en études. Les salles d'études avaient nos petits casiers en bois fixés aux murs faisant leurs décors en meuble.

Peut être que d'autres plus calés en mémoires apporteront plus de vivacité dans ce décor d'internat qui nous aidera à nous revoir à travers les écrits afin d'en dessiner un visage de jeunesse oublié par le temps qui fera surface pour nous rappeler un compagnon de classe que les chemins d'une destinée de notre vie nous ont contraint de suivre .

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