Les aveugles de Brerma et de Kahouat El Rih...
- Par algermiliana
- Le 18/04/2016
- Commentaires (12)
- Dans Le coin de Djillali DEGHRAR
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Partout dans le monde, les médias comme la télévision se sont beaucoup exprimés sur ces événements, on ne cesse régulièrement, de discuter, mais aussi diffuser et encore moins colporter ces histoires presque toutes exceptionnelles, insolites, inhabituelles voire particulières. Voir souvent défiler ces images, on ressent, tout d’abord, un étonnement voire une stupéfaction devant ces représentations et ces dessins. Habituellement, les concernés (médias et scientifiques) mettent les grands moyens pour et vont jusqu’au bout. Afin découvrir le ou les mystères et énigmes qui entourent généralement ces mythes, ces croyances ou bien ces vérités...
Il s’agit de Brerma, petit faubourg de quelques habitants, situé sur le tronçon Khemis Miliana en allant vers Theniet El Had (W.de Tissemssilt). Ce petit Hameau qui se trouve sur la crête et plus précisément à Kaouat El Rih (le café du vent) à cause des vents qui montent de tous les cotés et se rencontrent sur le sommet en faisant claquer incessamment la bâche qui abritait, à l’époque, ce fameux café de Brerma (appelé communément Kahouat El Rih), est situé sur le flanc gauche en descendant vers Oued El Gherga (Youssoufia) non loin de Theniet El Had. Par le nord, elle est limitée par le village de Tarak Ibn Ziad.
Jadis, les Brermaouis furent des gens simples et pauvres, ils vivaient exclusivement des figues barbaries. Ces Brermaouis sont originaires des douars de Hraouat El Ghrarba. Les figues barbaries étaient leur seul survie, ils arboraient les bas-fonds de Kahouat El Rih et remontaient le produit précieux pour le vendre aux passants à proximité du dit café afin de subvenir à leurs familles et à leurs proches. Les figues barbaries (Kormassara) appellation très courante dans la région et même à l’échelle nationale. Ce fruit était exceptionnel de par sa qualité et aussi de par sa saveur qui était excellent au gout et en consistance- il n’avait point de grain ou presque- c’était très délicieux. Elle était cultivée sur des roches de couleurs grises appelées ardoise. Et c’était cette roche qui lui donnait cette mixture agréable et exquise.
Le fait bizarre et surprenant dans cette histoire, c’est que la chose est extrêmement excentrique. Les habitants de Brerma étaient presque tous aveugles et également très pauvres. Il ya quelques années, une équipe de télévision Algérienne est allée réaliser un reportage pour expliquer la situation afin de mieux s’enquérir des faits et établir toute la lumière sur les habitants possédant cette cécité dans cette localité.
Néanmoins la situation fut restée la même, sans pour autant, apporter et établir les vraies causes et raisons de cette cécité. D’ailleurs, les causes réelles n’ont peut être pas fait l’objet d’une étude approfondie afin de déterminer et se poser la question sur le nombre important des aveugles qui vivaient dans cette agglomération. C'est-à-dire dans cet endroit précis et non ailleurs. Tout autour de cette localité, les gens étaient normaux et il n’avait point de non voyant. C’est très curieux et même très ahurissant!
Lors de notre passage récemment, avec quelques amis, vers Theniet El Had et plus précisément à El Meddad. Nous étions consternés voire ébahis par cette situation. Cela semblait irréel et stupéfiant. On apercevait, le long de la route, ces pauvres malheureux, ils avaient creusé, un petit refuge pour s’abriter des vents. Donc, on voyait sur toute la longueur de la route et surtout sur le flanc gauche des petits pans de terre enlevés pour s’y engouffrer afin d’être protégé des effets des vents. Ils attendaient là, depuis le matin au soir, l’espoir de recevoir des pièces de sous par les passants. C‘était leur seul gagne pain. Ils étaient non seulement aveugles mais aussi très pauvres, donc, leur seule espérance était la mendicité. Ils ne vivaient que de cela.
En voyant tout cela, j’ai décidé de revenir un jour, pour mieux comprendre la situation qui entoure cette énigme. Après quelques semaines, je suis retourné sur les lieux, j’ai rencontré Ammi Mohamed, un homme sage, approchant les 90 ans. Son visage tassé par la dureté de la vie, présentant des rides et stries qui pouvaient apparemment expliquer les différentes étapes de vies subies par cet homme. Assis sur une petite pierre, en silence, comme tous ses compères en attendant des jours meilleurs. Mais Ils étaient heureux à l’idée d’avoir la visite d’un étranger.
Cependant, Ammis Mohamed, après réflexion, il m’avait expliqué comment ils cueillaient, autrefois, les figues barbaries des bas fonds. Où vivaient jadis les Hraouats El Ghraba et les faire monter jusqu’au sommet à côté de Kahouat El Rih (Café du vent) pour les faire écouler aux nombreux passagers.
Ces vents forts ont toujours soulevé les épines petites et molles, presque invisible, qui provenaient des figues barbaries et allaient s’engouffrer dans les yeux des collecteurs. Et c’est ainsi que les yeux de ces personnes ont subis, à travers les époques, des dégâts et blessures qui ont endommagé avec le temps la vision de ces nombreux adolescents. Qui, plus tard, deviennent des charges pour leur famille. Après avoir bu une tasse de thé, on a échangé aussi d’autres idées sur la vie. Apparemment, j’ai réalisé également que
ma visite leur avait fait beaucoup de bien. Pourtant c’était gratuit. Ah j’allais l’oublié, ils m’ont offert une galette en orge, un plat de chez eux. Très hospitalier. Cela vaut vraiment le détour.
Les habitants de Brerma naissaient normaux mais en prenant de l’âge, ils deviennent automatiquement aveugles et c’était à cause des épines qui provenaient des figues barbaries. C’est incroyable et surprenant mais bien vrai. Je leur ai proposé d’utiliser des lunettes en nylon comme celles des nageurs pendant la cueillette des figues barbaries.
En visitant le hameau, situé sur le flanc gauche de la descente vers Youssoufia, on aperçoit beaucoup de vieux assis ici et là par groupe de trois et quatre en train de radoter des exploits de jeunesse. Cette vision est terrifiante, à cela s’ajoute une pauvreté effrayante. On dirait que l’on est retourné deux ou trois siècles en arrière. De loin, on constate uniquement des silhouettes qui de temps en temps titubent à cause de leur cécité. Silencieux et hagards ils attendent la clémence de Dieu mais pas celle des humains.
A la cécité s’ajoute la pauvreté, ce sont les fléaux les plus dangereux depuis que l’homme avait vu le jour. C’est vrai que les non voyants et les démunis perçoivent des indemnités de l’état. Néanmoins ces compensations ne peuvent en aucun cas permettre d’avoir la dignité avec une vie semi normale. Les services en question doivent se pencher et réfléchir en tenant compte du mode de vie de ces malheureux et proposer un éventuel - projet d’indemnisation plus conséquent – et en hausse afin de venir en aide à ces démunis et de surcroit malades, d’ailleurs, ils sont très nombreux.
Les habitants de Brerma ont toujours vécu dans la pauvreté. Ils ont voulu braver justement avec hargne et courage cette carence mais les jeunes sur lesquels la cité pouvait vraiment compter, furent frappé par la malédiction qui est ce fléau qui est la cécité, c’est bien dommage…
Commentaires (12)

- 1. | 07/03/2020

- 2. | 14/12/2017
Entièrement d'accord avec vous. et merci de cette précision très importante.Merci d'avoir pu lire cette histoire véridique dans notre contrée.
Djjilali, et encore merci
.

- 3. | 13/12/2017
merci djillali pour ton histoire,mais je voudrais rajouter une chose pour dire que dans ce coin perdu,autrefois pendant la colonisation il existait un café qui servait de relais
pour les diligences qui venaient de khemis miliana pour aller a theniet el had..
les diligences de voyageurs etaient tirèes par quatre chevaux, une fois arrivés au niveau de ce café, ils marquaient une halte pour échanger les chevaux afin de continuer leur route. c'est la raison pour laquelle ,cet endroit est appellé kahouet errih.
A bientot.

- 4. | 10/05/2016
OH mon dieu que ça fait mal au cœur d'entendre ou voir des gens qui vivent dans cet état là et surtout avec cet handicap .
je partage aussi l'idée de Monsieur Mohamed Midjou qui dit " il devient un DEVOIR " avec un grand D pour aider cette localité.
Merci Djillali pour tout ce que tu fais dans ce bon coin

- 5. | 23/04/2016
Parmi ces commentaires, j'étais attiré par celui de notre ami Aziz Oudjida qui avait habité lorsqu'il était jeune, il avait cité entre autres beaucoup d'endroits, mais j'étais étonné à l'idée d'avoir cité un endroit que j'avais moi aussi connu et j'avais pensé qu'il avait disparu depuis , il s'agissait de la fameuse cascade. Cet endroit était magnifique et feerique. Néanmoins j'avais pensé qu'il avait complètement disparu vu le manque d'eau et les arbres qui constituaient cette région.
J'aimerais, si vous le permettez, de m'envoyer -si possible -une photo de cet endroit magique et de rajouter quelques informations complémentaires .je vous remercie à l'avance.
Djilali ton ami et à bientôt

- 6. | 23/04/2016
merci Djillali pour ton travail de longue haleine

- 7. | 21/04/2016
Merci encore Djillali d'avoir attire notre attention sur ce drame qui affecte une partie un peu oubliée de notre beau pays.

- 8. | 19/04/2016

- 9. | 19/04/2016

- 10. | 19/04/2016
Boussa Kbira.

- 11. | 19/04/2016
Merci de nous parler de cette petite communauté, tes articles sont toujours très intéressants! Ah Chantal aime la galette, je pense que c'est un coin qu'elle visiterait bien volontiers . Hein Chantal, une bonne galounette toute fraîche..

Djillali je te salue bien amicalement,
Kéryma,

- 12. | 18/04/2016
Même si je trouve important de dénoncer toutes les iniquités à travers le monde, quelles qu'elles soient, votre récit me laisse sans voix en apprenant l'injustice dont sont victimes les habitants de cette région.
J'imagine combien votre visite a dû leur faire chaud au coeur. Je ne suis pas surprise par ailleurs de l'accueil qu'ils vous ont réservé et de la galette d'orge qu'ils vous ont offerte car ils savent mieux que quiconque que "ceux qui ne savent pas donner ne savent pas ce qu'ils perdent" ...
Merci pour ce partage.
Amicalement et fraternellement nacer djema