Le retour de notre soleil de nuit

Le soir tout à fait à l’heure du crépuscule, comme à l’habitude des jours qui passent, je le voyais entrer devant moi tout accablé de fatigue. Et à cette fois encore sur ses vêtements de travail une fine couche grise de poussière de la pierre rocheuse parait les couvrir. Son visage luisant laissait voir en lui la récente sueur coulante d’un trajet d’un chemin de retour et ses joues amoindries font penser à celui qui l’endurance d’un travail fatigante le marquait .Mais heureux je l’étais à l’instant qu’il soulevait le voilage en guise de rideau de la porte et franchir le seuil. Heureux à le revoir enfin parmi nous. Famille 1Notre soleil de nuit était là. Enfin revenu. J’allais comme mes frères ressentir un temps de nuit qui allait revenir pour un autre soir prés de la chaleur d’un père. « Es-Salaam alaikoum » dira t il. Paroles de paix qu’il n’a jamais omis de dire à nous sa petite famille chaque fois en entrant ou sortant à une obligation d’absence. Se donnant ensuite une fois à l’intérieur, cette peine à retirer l’éternelle et indispensable lampe à carbure pendue à son épaule. Sitôt enlevée cette lampe, il n’hésitera pas à l’accrocher au clou du mur planté et tordu comme un crochet en guise de pendoir. Sa musette faite d’étoffe que maman avait cousu de ses propres vieux tissus parait comme celle de cuir qu’on trouve chez le bourrelier. Père l’avait déposé un peu plus loin sur le petit tabouret de bois où il devait s’assoir, que mère à l’instant s’empressa de prendre et la changer de place, En la soulevant, elle constata qu’elle était un peu lourde à ses habitudes .Elle pensa que le père n’a rien mangé et que la petite gamelle à l’intérieur est encore pleine de ses haricots qu'elle a si bien préparé pour lui. Peut être que’ c’est pour nous qu’ il voulait les garder. Nous voir le soir avant de dormir bien rassasier. En ces temps, nous vivions une vie qui n’était facile, peu commode et très exigeante ,et cela donnait trop de soucis à père avec le maigre salaire que la mine attribuait à son personnel. Comme toujours à son retour, elle n’en dit pas un mot pour le moment. Maman voulait qu’il se repose .Ce temps de repos qu’on a tant besoin après une journée de dur labeur. Elle nous le disait souvent .Sitôt débarrassé de ses ustensiles de travail qu’il ôta aussi sa veste .Et c’est à ce moment que parfois on l’entendit dire sa parole vénérée à chaque fois qu’il lui fallait accomplir ses prières de la journée ;« naatou hak Rabi » donnons au Miséricordieux son Dû et de là se dirigea vers le sceau habituel d’eau prés de la grande cruche du coin de la cuisine. De dos, son corps paraissait mince si ce n’est ses épaules qui tenaient encore sa camisole qui sortait maintenant de son pantalon et lui tombait jusqu’aux genoux. Il s’approcha du sceau en versa un peu de son contenu dans un gobelet qui commence par le temps à prendre une autre forme d’usure en rouille .Le gobelet en métal est tout ce qui restait d’ une boite de concentré de tomate qu’on ne jetait pas et qu’on utilisait ce temps là à d’autres fins domestiques. Tout d’abord avant de se laver, il enlevait son couvre-chef de chéchia qui avait prit une autre couleur dans le gris. Je le voyais ensuite faire cette pratique en règles d’ablutions à chaque soir qu’il revenait du travail de la mine. Apres ses ablutions, il mettait son autre chéchia « aaraguia » plus propre et blanche , un tapis était là que ma mère lui tendit, fait de palmier nain bien usé aux bordures et où à trois endroits bien distincts l’usure commençait à se faire. C’était aux endroits devenus par le temps noirâtres des genoux et du front Là où le poids d’un poids d’un homme adopte l'attitude du khouchou' (humilité) et se prosterne. C’est d’un pas non chalant comme si toute une fatigue engourdissait ses jambes qu’il se leva et se dirigea vers sa banquette habituelle . Une table basse « meida » l’attendait, un café fumant toujours à l’attendre et où son odeur agréable qui se dégage lui était efficace pour une détente., un bouquet de basilic est mis de coté sur la table. Une tasse de café à son retour’ était la plus délicieuse offrande qu’il désirait et préférer prendre au moment de son repos. Père ne fumait pas, il disait toujours que c’est mauvais pour la santé .Mais prenait juste une fois entre ses deux doigts une pincée d’une petite boite métallique qu’il inspire par une seule de ses narines .A la minute qui suit, on l’entendait éternuer, et là il dit à maman c’est bon de s’éclater et se sentir en forme. Il m’appela à m’assoir tout prés de lui, m’accouder sur l’un de ses genoux .Père me demandait souvent de lui raconter ma mésaventure du jour et surtout mon travail en classe .Dans cette attitude, j’avais pris l’habitude de me consoler avec cette tendresse. Elle sèche mes larmes à chaque fois que je me sentais opprimé de la présence d’un père toute une journée et à l’attendre qu’il descend du haut de la mine.

Par-Bradai

Commentaires

  • Miliani2Keur (22/05/2014)
    • 1. Miliani2Keur (22/05/2014) Le 12/07/2014
    Trés profond air .. de l'époque ou le verbe trônait non encore noyé par la deluge de l'image facile contemporaine
  • Chantal
    • 2. Chantal Le 12/07/2014
    Bonsoir Med,

    Vos propos concernant votre famille et, notamment, votre papa mineur sont très émouvants et touchants. Vous faites passer beaucoup d’émotion dans ce texte dans lequel on perçoit beaucoup de générosité, d’amour et d’authenticité. Une « noble » famille qui vous a visiblement transmis les « vraies » valeurs de la vie.
  • un milianais
    • 3. un milianais Le 12/07/2014
    bonjour mr bradai, je trouve un plaisir plein d'émotions dans vos récits, vu que j'ai vecu les memes parcours que vous nous décrivez, étant fils de mineur (gueule noire) vous me replonger dans un passé extraordinaire, milles mercis à vous, un milianais

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