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ALGER - MILIANA

Ode à la Vie

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Abou El Kacim Chebbi est un poète Tunisien de langue arabe né en 1909, et s’il n’a pas eu ou peu de reconnaissance de son vivant, il est devenu une figure emblématique de la poésie tunisienne, et les premiers vers de son poème « La volonté de vivre » qui était au programme scolaire en Algérie de mon temps (je ne sais pas aujourd’hui) est intégré à l’hymne national Tunisien.

Abou El Kacim Chebbi reçoit une éducation traditionnelle à l’école coranique, puis poursuit ses études à l’université Zeitouna de Tunis, le plus ancien établissement d’enseignement du monde arabe, puisqu’une médersa y fut fondée dès 737. Abou El Kacim Chebbi aspire à libérer son peuple du joug colonial, mais aussi à libérer la culture, la langue : « nous désirons ardemment aujourd’hui créer une littérature nouvelle, exaltante, qui exprimera la vie dans sa complexité, l’espoir et les sentiments qui bouillonnent en nous, les palpitations de notre cœur et les élans de notre âme… ». Il se fait le poète de la révolte, de la liberté, de la nature, de l’amour, du rêve dans cette magnifique langue qu'est l'arabe, ne connaissant pas d'autre langue. De santé très fragile, il n'aura pas vécu longtemps, mais nous aura laissé une œuvre belle et précieuse totalisant 132 poèmes ainsi que des articles publiés alors, dans des revues tunisiennes et égyptiennes. Chebbi a été traversé par diverses influences arabes de par sa formation classique et sa connaissance du Coran, le romantisme occidental , les auteurs du mahdjar tel Khalil Gibran. Un recueil de poèmes « Aghani El Hayat » « Les chants de la vie » ne paraitra qu’en 1955 soit vingt et un an après sa disparition à l’âge de 25 ans en 1934, alors que la Tunisie était toujours sous domination française.

Ce que je vous propose d’écouter est une sublime poésie, un hymne à la vie si impérieux, si lumineux, tellement optimiste, et si plein d’espoir merveilleusement interprété par Majda Roumi « Ô, fils de ma mère », poésie que je nous dédie à nous tous à l’aube de cette nouvelle année 2018, à tous les peuples en lutte pour leur liberté, leur dignité, avec à leur tête le peuple Palestinien. La traduction ne rend pas toute la lumière de cette poésie, mais bon...

Bonne année à toutes et à tous faite d’espoir, de tolérance, de fraternité, et d’élan de Vie.



"Ô fils de ma mère"

Tu es né libre comme l’ombre de la brise
Et libre telle la lumière du matin dans le ciel.

Là où tu allais, tu gazouillais comme l’oiseau
Et chantais selon l’inspiration divine.

Tu jouais parmi les roses du matin
Jouissant de la lumière là où tu la voyais.
Tu marchais –à ta guise- dans les prés,
Cueillant les roses sur les collines.

*
Ainsi Dieu t’a conçu, fils de l’existence
Et la vie ainsi t’a jeté dans ce monde.

Pourquoi accepter la honte des chaines ?
Pourquoi baisser le front devant ceux qui t’ont enchaîné ?

Pourquoi étouffer en toi la voix puissante de la vie
alors que retentit son écho ?
Pourquoi fermer devant la lueur de l’aube tes paupières illuminées
alors qu’est douce la lueur de l’aube ?

Pourquoi te satisfaire de la vie des cavernes ?
Où donc est le chant ? Et où le doux élan ?

Aurais-tu peur de la beauté du chant céleste
Craindrais-tu la lumière de l’espace dans la plénitude du jour ?

Allons, réveille-toi, prends les chemins de la vie
Celui qui dort, la vie ne l’attend pas.

N’aie crainte, au-delà des collines,
Il n’y a que le jour dans sa parfaite éclosion.

Que le printemps commençant de la vie
Qui brode des roses dans l’ampleur de sa cape.

Que le parfum des roses matinales
La danse des rayons sur le miroir des eaux.

Il n’y a que les pigeons élégants
Qui roucoulent sans fin dans les prairies

A la lumière ! La lumière douceur et beauté.
A la lumière ! La lumière est l’ombre de Dieu

Le 20 février 1929 (« Ô, fils de ma mère », dans Diwan. ‘Traduit par Ahmed Ben Othman
)

Par Meskellil

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