À contre-courant
- Par algermiliana
- Le 16/05/2025
- Dans Sous le figuier/ Noria
- 2 commentaires
Ni muette, ni soumise... Je refuse ce monde-là
Je regarde ce monde, non plus seulement avec les yeux d’une femme, mais avec ceux d’une mère. Et parfois, une angoisse sourde m’étreint. Quel monde leur laisse-t-on ? Dans quel tumulte les lance-t-on ? Ce monde qui court, qui crie, qui s’exhibe sans pudeur ni retenue. Ce monde où l’on se dévoile jusqu’à l’indécence, pour un regard, un like, une illusion d’existence.
Le ridicule ne tue plus, il triomphe. Il s’infiltre partout : dans les mots qu’on emploie sans réfléchir, dans les gestes qu’on filme sans honte, dans les cœurs qu’on vide à force de tout montrer. La pudeur ? On s’en moque. Elle gêne, elle freine, elle ne fait pas de buzz. Et pourtant, elle est le socle de la dignité, la frontière invisible qui préserve la beauté de l’âme.
Je ne suis pas arriérée. J’ai connu le monde d’avant, et j’accueille le progrès, quand il élève. Mais ce que je vois trop souvent m’effraie : des enfants qu’on pousse à grandir trop vite, à s’exposer trop tôt ; des ados qui mesurent leur valeur à travers des filtres ; des adultes qui confondent liberté avec exhibition.
Moi, je voudrais leur transmettre autre chose. Leur apprendre le silence habité, la parole pesée, le respect du corps, l’élégance du cœur. Je veux leur dire que tout ne se partage pas, que certaines choses n’appartiennent qu’à soi. Que la pudeur n’est pas une faiblesse, mais une force tranquille. Qu’il est noble de ne pas tout dire, de ne pas tout montrer.
Les réseaux sociaux sont devenus le théâtre de l’éphémère, le royaume de l’ego. On y vit pour être vu, on y parle pour être entendu, mais qui écoute vraiment ? Qui regarde vraiment ? On scroll, on zappe, on consomme les autres comme on change de chaîne. Et dans ce grand flot de superficialité, les cœurs s’assèchent.
Je ne suis pas de celles qui hurlent avec la meute. Je suis de celles qui veillent. Pour mes enfants, pour les leurs demain. Je suis de celles qui croient encore à la profondeur, à la beauté cachée, à l’intime. À l’éducation du regard, de l’esprit, du cœur.
Alors oui, je marche à contre-courant. Avec mes valeurs, ma colère. Non pour fuir ce monde, mais pour dire à mes enfants qu’ils peuvent grandir autrement.
Commentaires
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- 1. belfedhal abderrahmane Le 16/05/2025
Quand le monde hurle et se bat pour paraitre, la pudeur devient refuge, lumière à reconnaitre…elle n’est pas une faiblesse, mais une force tranquille……………………………………NORIA.
A toutes et à tous Essalem.
Une belle plume littéraire, un réquisitoire violent contre l’injustice, contre un ordre social établi dans le désordre, quand l’âme, vidée de sa substance, s’accommode en acceptant volontiers que le paraitre a remplacé l’être… Ce monde où l’on se dévoile jusqu’ à l’incandescence pour un regard, un like, une illusion d’existence. Le constat bien qu’ayant le gout amer dévoile les traits d’une brulure intérieure née du besoin compulsif d’être vu, validé, applaudi… Cette brulure intérieure va jusqu’ à défier l’horreur ! On prend le plaisir de filmer un chien qui s’attaque à un enfant !!! Le partage de la séquence devient alors un grand thème de discussion… est-ce un monstre ? Peut-être…peut être pas !!! Chère amie Noria, la pudeur loin d’être une faiblesse, elle exprime en écho que, dans ce tumulte d’images, de sons, de bruits et d egos, elle devient contre-pied et salut. Elle révèle la dignité, la profondeur, l’intimité préservée. Loin d’être muette ou soumise, il faut reconnaitre que nous vivons un monde surexposé ou la quête d’apparence épuise les âmes. Cependant il reste l’essentiel… ce jardin qu’on cultive loin de toute violence. Merci Noria pour ces sujets qui incitent à l’émotion, à la réflexion et au partage. A bientôt. -
- 2. fatiha Le 16/05/2025
Ce texte me parle vraiment, je vois les choses autrement, et je partage tout de ce qui est dit ici. C’est simple, vrai, et ça fait réfléchir.
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