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À contre-courant

Contre l’impudeur du siècle

Ni muette, ni soumise... Je refuse ce monde-là

Je regarde ce monde, non plus seulement avec les yeux d’une femme, mais avec ceux d’une mère. Et parfois, une angoisse sourde m’étreint. Quel monde leur laisse-t-on ? Dans quel tumulte les lance-t-on ? Ce monde qui court, qui crie, qui s’exhibe sans pudeur ni retenue. Ce monde où l’on se dévoile jusqu’à l’indécence, pour un regard, un like, une illusion d’existence.

Le ridicule ne tue plus, il triomphe. Il s’infiltre partout : dans les mots qu’on emploie sans réfléchir, dans les gestes qu’on filme sans honte, dans les cœurs qu’on vide à force de tout montrer. La pudeur ? On s’en moque. Elle gêne, elle freine, elle ne fait pas de buzz. Et pourtant, elle est le socle de la dignité, la frontière invisible qui préserve la beauté de l’âme.

Je ne suis pas arriérée. J’ai connu le monde d’avant, et j’accueille le progrès, quand il élève. Mais ce que je vois trop souvent m’effraie : des enfants qu’on pousse à grandir trop vite, à s’exposer trop tôt ; des ados qui mesurent leur valeur à travers des filtres ; des adultes qui confondent liberté avec exhibition.

Moi, je voudrais leur transmettre autre chose. Leur apprendre le silence habité, la parole pesée, le respect du corps, l’élégance du cœur. Je veux leur dire que tout ne se partage pas, que certaines choses n’appartiennent qu’à soi. Que la pudeur n’est pas une faiblesse, mais une force tranquille. Qu’il est noble de ne pas tout dire, de ne pas tout montrer.

Les réseaux sociaux sont devenus le théâtre de l’éphémère, le royaume de l’ego. On y vit pour être vu, on y parle pour être entendu, mais qui écoute vraiment ? Qui regarde vraiment ? On scroll, on zappe, on consomme les autres comme on change de chaîne. Et dans ce grand flot de superficialité, les cœurs s’assèchent. 

Je ne suis pas de celles qui hurlent avec la meute. Je suis de celles qui veillent. Pour mes enfants, pour les leurs demain. Je suis de celles qui croient encore à la profondeur, à la beauté cachée, à l’intime. À l’éducation du regard, de l’esprit, du cœur.

Alors oui, je marche à contre-courant. Avec mes valeurs, ma colère. Non pour fuir ce monde, mais pour dire à mes enfants qu’ils peuvent grandir autrement.

Par Noria

Commentaires

  • belfedhal abderrahmane
    • 1. belfedhal abderrahmane Le 21/05/2025
    Je ne suis pas arriérée, j’ai connu le monde d’avant, et j’accueille le progrès, quand il élève….Noria.
    Ce que le monde à venir nous réserve n’est pas très reluisant. Il est à l’image d’un train qui avance impassible, poursuivant son chemin dans l’indifférence la plus totale……..Aziz Oudjida.
    Le bonheur dépend plus de notre interprétation de la réalité que de la réalité elle-même….Yuval Noah Harari.
    A toutes et a tous Essalem.
    Le texte de notre amie est révélateur de plusieurs vérités. De femme qui observe, a une mère qui médite, crie son désarroi eu regard a un monde fragile. Un monde ou les hommes sont capables de provoquer leur propre extinction. Je remercie monsieur Aziz pour avoir ramené à notre connaissance le philosophe Harari qui a dit : l’individu libre est un mythe inventé par une technologie dépassée. Pour ce dernier le pouvoir de création est aussi devenu un pouvoir d’anéantissement. Cette vision du philosophe est contrée par une autre qui est celle de louis Aragon qui soutient qu’il n ya pas de sauveur externe, c’est dans l’homme et seulement en lui, que repose la solution a ses propres dérives. Sous la cendre des illusions passées, respire encore la promesse d’un renouveau ; c’est le fil tendu entre ce qui a été vécu et ce qui reste à inventer. Ont-ils raison, ont-ils tord ceux qui croient et pensent réellement que le passé trace la carte et l’avenir choisit le chemin ? Pour sa part le poète Eliot a dit : Le temps présent et le temps passé sont peut être présents dans le temps futur, et le temps futur contenu dans le temps présent. Amis du très noble site, à la lueur de ce qui a été dit par notre amie au sujet d’un monde démuni de progrès et d’élévation, à la lueur des idées clés qui se dégagent de l’excellent commentaire de notre ami Aziz, en passant par l’idée centrale du fameux livre Homo Deus, j’ai le plaisir de partager avec vous une fable...Ah ces fables qui se racontent aux coins des cheminées d’antan et qui instruisent ces âmes remontant les cimes des connaissances ! Les règles d’or de cette fable s’annoncent en couleur : Le passé sans avenir est mémoire figée et que l avenir sans passé est errance sans repères. Voici a toutes et à tous le passé, l’avenir et le vieil arbre. Dans une clairiere tranquille vivait un vieil arbre, aux racines profondes et aux branches qui effleuraient le ciel. Un matin, deux voyageurs s y rencontrèrent. Le premier vêtu d’un manteau de poussière et de souvenirs, se nommait Passé. Le second, léger comme une promesse et curieux de tout se nommait Avenir. Ils se disputaient.
    ---- Je suis celui qu’on devrait honorer ! clamait le Passé. Sans moi, il n’y aurait ni leçon, ni mémoire, ni fondation.
    ----Et moi, je suis l’espérance, le mouvement, la lumière au bout du chemin ! Répliquait l’avenir. Tu es poussière, moi je suis vent. Le vieil arbre, témoin des siècles, les écouta longuement. Puis, il parla, d’une voix grave comme la terre :
    ----Passé, tu es mes racines, sans toi je ne tiendrais pas debout.
    ----Avenir, tu es mes bourgeons. Sans toi je ne fleurirai jamais.
    ----Mais sachez-le tous deux : Je ne vis que dans le présent. C’est lui qui m’arrose chaque jour. Les deux voyageurs restent silencieux. Ils comprirent alors que nul ne peut régner seul. Car la sagesse nait du souvenir, mais la vie pousse vers le demain. Depuis ce jour, Passé et Avenir marchent cote à cote. Et parfois, ils s’arrêtent ensemble à l’ombre d’un vieil arbre, pour laisser le Présent respirer. A l’ombre d’un vieil arbre ou sous le figuier de notre chère amie, la force véritable ne réside ni dans la brutalité, ni dans la domination, mais dans la compréhension, la douceur, la sagesse et l’équilibre. Et la pudeur dites-vous ? Notre chère amie avait toutes les raisons du monde en affirmant qu’elle est la frontière invisible, qui préserve la beauté de l’âme. A bientôt.
  • Aziz OUDJIDA
    • 2. Aziz OUDJIDA Le 18/05/2025
    ‘’Ni muette, ni soumise, je refuse ce monde-la'' de mon amie Noria, un cri du cœur qui nous touche et nous concerne toutes et tous. Un écrit oh combien vrai et d'actualité, une préoccupation si importante. Ce que le monde à venir nous réserve, n’est pas très reluisant et c’est le moins qu’on puisse dire. Ce monde avance comme un train à grande vitesse, impassible poursuivant son chemin dans l'indifférence la plus totale, en laissant derrière la vaste majorité d’entre nous.

    Je suis d’autant plus effrayé à l'idée de cette Intelligence Artificielle omniprésente dans la vie de tous les jours, de ces avancements technologiques, de ce robotisme effréné qui se profilent à l'horizon ainsi que de cet élitisme qui commence à prédominer dans tous les secteurs de la vie. Mais que faire, regarder ce train passer, ou essayer tant bien que mal de s'y accrocher ? Je n’ai pas de réponse mais je sais une chose, c’est qu'à un moment de ma vie, j’ai été dans cette course mais fort heureusement pour moi, et avec l'âge j’en suis vite sorti. J’apprécie de plus en plus et incommensurablement mieux ces doux et insouciants moments de retour aux sources, mais en sachant fort bien que ces problèmes demeurent et seront malheureusement légués à nos enfants et petits enfants. Mais encore une fois, que faire si ce n'est d'éduquer nos enfants et petits enfants du mieux qu'on peut en insistant sur nos valeurs et à eux de se lancer et de se frayer un chemin dans cette vie qui les attend: un autre temps, une autre vie !

    Dans son livre "Homo Deus : A Brief History of Tomorrow " publié en 2015, Le philosophe contemporain Yuval Noah Harari, de notorieté mondiale évoque la possibilité de l'apparition d'une classe de personnes inutiles au cours du 21e siècle. Selon lui, cette classe pourrait se former lorsque certaines personnes auront des capacités physiques et cognitives bien supérieures aux autres grâce à l'ingénierie génétique et aux interfaces cerveau-ordinateur. Les personnes de cette classe inutile n'auront plus de pouvoir politique et aucune valeur marchande, ce qui représente, selon Harari, un grand danger pour l'avenir proche.
  • belfedhal abderrahmane
    • 3. belfedhal abderrahmane Le 16/05/2025
    Quand le monde hurle et se bat pour paraitre, la pudeur devient refuge, lumière à reconnaitre…elle n’est pas une faiblesse, mais une force tranquille……………………………………NORIA.
    A toutes et à tous Essalem.
    Une belle plume littéraire, un réquisitoire violent contre l’injustice, contre un ordre social établi dans le désordre, quand l’âme, vidée de sa substance, s’accommode en acceptant volontiers que le paraitre a remplacé l’être… Ce monde où l’on se dévoile jusqu’ à l’incandescence pour un regard, un like, une illusion d’existence. Le constat bien qu’ayant le gout amer dévoile les traits d’une brulure intérieure née du besoin compulsif d’être vu, validé, applaudi… Cette brulure intérieure va jusqu’ à défier l’horreur ! On prend le plaisir de filmer un chien qui s’attaque à un enfant !!! Le partage de la séquence devient alors un grand thème de discussion… est-ce un monstre ? Peut-être…peut être pas !!! Chère amie Noria, la pudeur loin d’être une faiblesse, elle exprime en écho que, dans ce tumulte d’images, de sons, de bruits et d egos, elle devient contre-pied et salut. Elle révèle la dignité, la profondeur, l’intimité préservée. Loin d’être muette ou soumise, il faut reconnaitre que nous vivons un monde surexposé ou la quête d’apparence épuise les âmes. Cependant il reste l’essentiel… ce jardin qu’on cultive loin de toute violence. Merci Noria pour ces sujets qui incitent à l’émotion, à la réflexion et au partage. A bientôt.
  • fatiha
    • 4. fatiha Le 16/05/2025
    Ce texte me parle vraiment, je vois les choses autrement, et je partage tout de ce qui est dit ici. C’est simple, vrai, et ça fait réfléchir.

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