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Si tu vas à Miliana.../Par Latifa Abada

L'horloge

À seulement quelques kilomètres de la capitale, accrochée à flanc de montagne, la ville de Miliana offre aux visiteurs de nombreux lieux culturels et patrimoniaux. Les plus incontournables racontent la ville à travers l’histoire.

Miliana a accueilli de nombreuses civilisations à travers le temps. Romains, Ottomane , Arabes, les influences de tous ces occupants sont encore visibles notamment dans son architecture. Mais c’est son passé colonial qui laissera l’empreinte la plus notable, puisque la ville avait fait l’objet à l’époque coloniale d’un nouveau plan d’urbanisme.

À l’entrée de Miliana, le promeneur est souvent orienté vers la place publique appelée communément par les habitants "place de l’horloge". Au centre de ce lieu s’élève un minaret agrémenté d’une horloge.

"Avant l’arrivée des Français cette place comptait plusieurs mosquées qui étaient des lieux de prière et de savoir, où les Milianais apprenaient entre autres les sciences. Mais lorsque le colon est arrivé la place a été rasée dans le but de l’agrandir. Seul survivant de cette action, ce minaret appartenant autrefois à la mosquée Djamaa El Turc" explique LANDJERIT Mohamed, fils de la ville et ancien professeur de sport.

Ce monsieur féru d’histoire, est également auteur de plusieurs ouvrages sur sa ville natale. Il se consacre depuis une dizaine d’années à travers son association "El Manara" à retracer l’histoire de sa ville.

Visiter Miliana avec Mohamed nécessite d’oublier un peu le temps présent. Celle-ci se poursuit à proximité de la place de l’horloge, où est situé le musée "Dar El Emir Abdelkader". Le visiteur découvrira des objets de la résistance populaire de l’Emir, des manuscrits, des peintures.

Musée

La promenade se poursuit dans un décor verdoyant, qui se prolonge jusqu’à l’endroit le plus reculé au sud de la ville "La pointe des blagueurs", à 700 mètres d’altitude. Une allée où les familles Milianaises se retrouvaient pour discuter et prendre du bon temps.

Stèle d'Ali La Pointe

A l’entrée de cette place trône une statue de "Ali Lapointe". Depuis l’indépendance la place est baptisée "Ali Amar" en hommage à Ali Lapointe.

En matière d’éducation, Miliana a accueilli la première Ecole normale d’institutrices d’Algérie en 1876. Des étudiantes des quatre coins d’Algérie y venaient avant que l’école ne soit transférée à Bouzreah en 1947. Aujourd’hui l’établissement est un lycée.

Plus loin dans la vieille ville un autre lycée de garçons est aussi célèbre que l’école des filles. De grands noms y ont étudié notamment le Professeur Mustapha Cherif, Docteur d'Etat en lettres et philosophie politique, le martyr Mustapha Ferroukhi et bien d’autres.

Lycée M.ABDOU

Après deux ans de réhabilitation, le lycée a rouvert cette rentrée. Mohamed, notre précieux guide, y a étudié et enseigné le sport durant toute sa carrière.

La visite guidée se termine au jardin public. Cet espace de verdure est l’annexe du Jardin d’essais d’Alger, construit à la même période. Riche en faune et en flore, ce havre de paix, était autrefois l’un des premiers cinémas en plein air d’Algérie, ajoute encore Mohamed. Mais ce qui rend ce jardin particulièrement original, est la statue qui occupe son enceinte appelée l’Égyptienne en raison de ses habits. On y voit la belle silhouette d’une femme, les yeux rivés au sol et portant une torche.

Jardin public

Mohamed confie que cette jeune femme a connu bien des péripéties. Sa tenue peu conventionnelle pour certains a failli mener à sa destruction. Ceux qui y tenaient ont réussi à la sauver de ce châtiment en lui “couvrant le corps”. Quelques années plus tard elle finit par retrouver sa liberté, se souvient Mohamed.

Comme le raconte Alphonse Daudet dans son célèbre ouvrage "les lettres de mon moulin", une journée à Miliana "changera un peu des tambourins et des cigales". Calme et sereine, cette petite ville séduit sans effort.

Commentaires

  • Françoise SERRA
    • 1. Françoise SERRA Le 12/04/2019
    Merci Latifa
    J’avais beaucoup aimé le reportage de Mohamed qui racontait la vie de mineur de son père qui travaillait à la mine du Zaccar. Vous m’aviez permis de comprendre dans quelles conditions mon grand-père avait pu y travailler. Il est mort à 42 ans, on peut comprendre pourquoi. C’était en 1925.
  • Chantal
    Bonjour à tous !

    Merci Latifa Abada de nous avoir fait partager cette merveilleuse rétrospective de la ville de Miliana ! Pour l'ancienne "Milianaise" que je suis, née au siècle dernier ! hihihihi ! tout est parfait, dans les moindres détails ! Je reconnais tous les coins et recoins de la ville de mon enfance qui m'avait charmée.

    Bonne fin de journée.

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