Articles de algermiliana
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Du chant du coq et de l’éclat du soleil
- Par algermiliana
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Slemnia Bendaoud
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Beau et coquet, tout vaniteux coq est plutôt tout juste caquet ! Imbu de son beau ramage, il se vante de son magnifique plumage. En un très élégant personnage, Il s’invente une fort impressionnante personnalité pour faire face à toute éventualité.
Au travers de son impeccable apparat, il semble être toujours à la parade ! Il se fait de droit inviter à toutes les très relevées cérémonies ou somptueuses festivités et prend part à toutes les danses des grands charmeurs et prestigieux Seigneurs.
Déjà tout jeune poussin, il s’installe sur scène, s’initie à ce fastidieux exercice vocal qui le fait monter sur ses tout frêles et graciles ergots. Il prétend être le seul à pouvoir diriger l’orchestre de la chorale qui n’accorde aucun intérêt à la morale du groupe dont il surveille ses mouvements d’un œil vigilant. Et sans le moindre filtre du bruit du son qu’il distille comme le produit sonore d’un fifre, il ose déjà occuper le pupitre !
Il est comme enivré par cet opium qui le pousse à très tôt occuper le podium. Il est aussi poussé par les décibels de la mélodie de son cri qui vrille de son bec mouvementé jusqu’à dénier aux instruments de musique la raison de leur existence ou la nature de leur fonctionnalité. Il pense juste au travers de son mélodieux chant conquérir toute l’étendue de son grand univers et pourquoi ne pas en séduire avec tout son monde à l’horizon.
Dans ses exhibitions de l’aurore, son chant manquait plutôt fondamentalement d’érudition, car dépouillé du moindre texte d’appui, au préalable bien élaboré, et qui donne corps au rythme musical savamment déployé. A mesure que la nuit s’enfuit et se replie sur elle-même en se retranchant discrètement au petit matin, levant à la volée son sombre voile, il se met à balayer de son regard tout son grand univers.
Enhardi par son égo démesuré, il se hasarde à jouer à l’impudent effronté, se donnant en spectacle devant ses semblables afin mieux les persuader du nouveau rôle qu’il désire s’attribuer et de l’importance qu’il accorde à son désormais très relevé statut. Et pour couronner le tout, il ouvre grandes ses ailes et se redresse ensuite dans un geste très solennel.
Il semblait faire remarquer au monde qui l’entoure que c’est grâce à son chant matinal que se lève le jour ! Que se dissipent les ténèbres de la nuit ! Que scintillent et brillent les rayons du soleil ! Que réapparait à nouveau, chaque jour, la lumière ! Il en est convaincu au point où il n’accorde aucun crédit ou même très peu d’intérêt au reste des volatiles et le commun de l’humanité.
Selon sa propre philosophie, l’éclat du soleil dépend de la musicalité de son chant matinal. En d’autres termes : sans ses longs et très mélodieux cocoricos point de lever du jour ! Comme si sans son existence c’est la nuit qui s’emparera définitivement du jour pour que le noir des ténèbres triomphe à jamais de la clarté et de la lumière du jour.
Voilà donc où peut mener tout résonnement farfelu d’un coq imbu de ses nombreux atouts, se vantant de son joli costume plumé et duveté, et surtout se croyant au-dessus de tout son monde ou même présumant que tout lui est acquis en toute propriété et sans le moindre concurrent ou opposant.
A mesure que le temps passe et que lui gravit des échelons pour occuper d’autres fonctions au sein du pouvoir du grand poulailler, il se sent déraisonnablement à tout moment pousser ces impressionnantes ailes que nul autre volatile ne peut détenir dans la ferme. Se flatter l’égo est son crédo. Paraitre le plus beau du monde est son seul but. Ravir la vedette à tout son monde est sa politique à long terme. Il en est d’ailleurs très conscient pour tout inspecter et tout surveiller à la ronde.
Plutôt chose vraiment rare, mais pour défendre son groupe et son territoire, il lui arrive cependant de faire la guerre à un inconnu au bataillon ou contre un prétendu conquérant ou très sérieux concurrent. Gagner tous ses combats devient dès lors une obligation. Et même s’il n’y parvient pas du premier coup, il reviendra dès demain de nouveau à la charge.
Cependant, dans l’intervalle s’étirant entre son dernier revers et son tout prochain combat, il s’attèlera à mieux affuter ses armes, à bien affiner sa technique et à surtout très régulièrement peaufiner ses mouvements d’ensemble. Il ira même faire, souvent en groupe très compact, cette grande tournée des Héros de la contrée du pays dans l’habit d’un potentiel vainqueur.
De passage dans ces bourgs embourbés dans leur misère endémique, dans ces bourgades embrigadées dans leur oubli durable, ou au sein de ces reculées contrées de l’Algérie profonde, il se promènera dans la peau d’un tout prochain zaïm, enfilant différents accoutrements, ceux propres à la région visitée, quêtant leur baraka et demandant le grand pardon auprès de ces Maisons de Dieu composées de ses tribus, de zaouïas et de mosquées.
A force de s’attarder à jouer au coq du village, en labourant tous ces gigantesques territoires du pays et institutions religieuses, ne finit-on pas par laisser un peu partout toutes ces belles et nombreuses plumes qui dénudent par leur absence le supposé Grand Seigneur dans sa tentative de monter tel un véritable Roi sur le très haut toit de la demeure convoitée ?
A vouloir autant que faire se peut s’engager dans la voie de ce ridicule qui consiste à « purifier » ou à « réhabiliter » un quelconque coq imbu de son aura par le biais d’une manœuvre de force ou d’un déni de justice dans son « enrobé politique » ne se dirige-t-on pas tout droit dans cette entreprise dangereuse qui polluera notre politique et discréditera à jamais nos lieux de culte, institutions religieuses et valeurs spirituelles sacro-saintes de l’Islam ?
Quel vent ramène-t-il de nouveau ces autres « coqs migrateurs» sur le sol Algérien pour longtemps errer si éperdument, aidé par une solide organisation de souteneurs activant à la périphérie des institutions de l’Etat ou des Maisons de Dieu, déambulant de zaouïas en mosquées, de basses-cours en prés de prêches, de jardins en vergers religieux, de hameaux de la piété en bourgades, de contrées en patelins pieux, de vallons saints en collines de prière, de ce territoire-ci à celui-là ?
Pourquoi donc tous ces grands shows médiatiques ? Et bien maintenant ? A quoi rime tout ce méticuleux et néanmoins savant scénario ? Mais que cherche-t-on à prouver au travers de toutes des grandes randonnées et interminables chevauchées ?
Sont-ils tous ces invités de marque au moins dotés par la Nature de ce chant très matinal à la musicalité chatouillant l’ouïe pour réveiller avec au petit matin le monde de nos campagnes pour aller travailler leurs champs de blés ? Savent-ils au moins pousser aussi haut et à gorge déployée tous ces beaux et très longs cocoricos qui égaillent la contrée et annoncent à coup de mélodies de trompètes répétées le lever du jour imminent ? Sinon font-ils dans cette très cupide « démarque inconnue » qui nous trouble l’esprit ?
Au vu de leur âge jugé comme assez avancé et de leur physionomie, plutôt sérieusement émoussée et altérée par l’effet du temps, l’usure et la fatigue, ces coqs-là, un peu coq de bruyère (le tétras), un tantinet gaulois, dans leur jeunesse vraiment Méditerranéens et à l’origine tous Algériens, ont désormais la base de leur crête trop aplatie, son lob postérieur pendant et le « crétillon » de son fierté presque totalement effacé. A telle enseigne que le support physique naturel, appelé à recevoir le fameux trône, semble plutôt être absent.
Aussi, leurs grandes rémiges sont pratiquement confondues avec leurs rémiges secondaires à cause d’un physique difforme et peu solide. Ne leur reste en bonne place plus que leur barbillon, gardé intact même s’il parait très poreux ou si perforé. Souvent pour se donner vraiment de l’importance ou de l’autorité, ils montent sur leurs ergots, donnent un coup dans la fourmilière à leurs faucilles en actionnant les tectrices de leurs ailes ; lesquelles aussitôt basculent dans le vent pour brasser de l’air tel un avion prêt à décoller.
De très près, on aurait dit –sans le probable risque de nous tromper- que ce produit de la volaille n’a rien à voir avec la famille des galliformes, celle connue sous l’appellation de gallinacée, appartenant au genre Gallus. Tellement tout lui en ne dicte ou annonce la moindre ressemblance avec ce monde ailé, resté cher au poulailler.
On aurait conclu en milieu fermé ou intime qu’il fut le produit d’un œuf à la coquille autrefois bariolée de différentes couleurs afin que la poule qui le couvait, puisse en ces moments-là en répercuter celles-ci sur son plumage sous l’effet de la lumière et de la chaleur de son duvet pour plus tard se revendiquer son appartenance à tous ces pays et contrées du monde qu’il a visités et où il a travaillés.
Et même si l’explication de la transmission de ces couleurs au travers de ces seuls effets et autres reflets de la lumière et de la chaleur de la poule dans son couvoir reste très aléatoire ou peu plausible, il ne peut justement nous avancer nul autre argumentaire relatif à sa grande mouvance et continus mouvements professionnels.
Seulement leurs galops se réalisent sur le sol Algérien en quête de prébendes politiques et de galons religieux manifestées lors de ses tournées au sein de ces « zaouïas lessiveuses de péchés » et de ces mosquées rédemptrices ou tribus régénératrices de leur matrice politique afin de le délester de tous fautes et autres vices commis au préjudice du peuple et de la Nation.
Alourdis de toutes ces nombreuses tares, ils sont incapables de pousser à pleins poumons les jolis cris mélodieux de ces jeunes pousses de la basse-cour. Quant à espérer avec nous convaincre de l’utilité de déclencher l’éclat du soleil du jour naissant, leur vaine tentative risque de les faire tourner en bourrique ! C’est plutôt croire en une vraie utopie ! Au crépuscule du jour finissant, les rayons du soleil peuvent-ils rester toujours aussi ardents ?
De quelque pouvoir et fortune aurions-nous longtemps rêvés et surtout profités, nous repartirons plus que certains le jour venu ou convenu, les mains vides ou bien nues ! De quelque bien avions-nous tout le temps usé ou vraiment abusé –croyant pour toujours le posséder- nous le quitterons sûrement un jour, en partant pour l’au-delà les mains vides ou sans le moindre sou, puisque c’est à Dieu que nous avions –à plus forte raison- nous-mêmes toujours appartenu.
De quelque société ou monde des humains avions-nous ou même aurions-nous voulu nous identifier, pour quelques heures seulement ou même des décennies durant, nous lui cèderons, en dernier lieu, tout ce que nous possédons comme fortune mais aussi tous nos nombreux enfants. Et le meilleur des trésors que nous aurions laissé sur place ou légué à l’humanité n’est autre que celui qui survivra à tout ce que nous avions nous-mêmes bien vécu.
Il sera ce seul survivant de tout ce que nous avions réellement vécu, juste une empreinte forgée dans le temps qui colle à notre peau lorsque notre corps se résumera à quelques menus et fragiles os sous terre cachés !
Chez le monde paysan, tout bourrin qui a quitté de lassitude son attelage –parce que atteint par l’âge de la vieillesse- n’a plus droit à un quelconque harnais. Il sera aussitôt libre de ses mouvements. Le même traitement est d’ailleurs valable pour ces pur-sang Arabes qui ont abandonné les champs de course. Fut-il juste pour une prise de photo de souvenir !
Pour services rendus à la fantasia, aux labours et à la moisson, ils seront préservés des pénibles travaux des champs. Leur place est désormais au sein de la grande écurie de la tribu dont ils auront servi les intérêts, les guerres, les hautes luttes, défendu les honneurs et tout ce qui gravite autour de leur vie ou même parfois survie et postérité.
En ami fidèle du paysan, tout cavalier qui se respecte connait le mérite à accorder à cette monture et surtout son importance dans son quotidien et devenir. Tel un véritable écuyer, il sait qu’il ne vaut absolument rien sans l’apport de ce pur-sang Arabe qui lui fait gagner des titres et vaincre ses plus redoutables adversaires.
Telles des médailles de grand mérite, ils ne seront exhibés, déterrés ou exhumés que comme une preuve de ce vaillant combat pour la vie. Que comme ce triomphe contre des troupes ennemies. Que comme ce souvenir qui nous fait revigorer et surtout avancer dans le temps.
Et tout autre usage nuirait autant à la Nation qu’à la qualité de son écurie ! Autrement, la réputation de la Maison en prendrait un sale coup !
La relève envisagée à l’intérieur de notre poulailler ne déforme nullement la beauté musicale du cocorico matinal du coq de la ferme. Et même si celui-ci précède toujours de quelques instants le lever du jour, il n’aura aucune influence sur l’éclat du soleil. Là où s’arrête justement l’effet du mensonge du coq vaniteux commence alors forcément ce combat pour la vie mené sur un tout autre front par celui bien hardi.
Car le temps est toujours en marche. Sans relâche ! Et l’histoire est implacable dans son jugement. Et surtout sans appel !
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La chèvre et le troupeau de moutons
- Par algermiliana
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Slemnia Bendaoud
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La chèvre est cet animal domestique qui lève un peu trop souvent la tête ! Ce qui n’est d’ailleurs pas sans réelle conséquence sur l’ensemble du troupeau. Mais cette attitude-là n’est guère du goût du pâtre de la contrée. Ce qui le pousse bien souvent à la réprimer et toujours la mépriser.
Chez les pâtres des hauts reliefs pastoraux, il arrive bien souvent sinon quotidiennement qu’une solitaire chèvre montre le chemin à suivre à tout un pourtant très fourni troupeau de moutons. C’est dans ses cordes et c’est la topographie même de la région qui le veut ou parfois l’exige.
Lorsque ce territoire qui sert de zone de pacage est traversé par une quelconque route bitumée ou un ruisseau en crue, c’est à la chèvre que revient de droit de jouer le rôle qui consiste à sauter la première cet écueil où roule et coule en abondance ce grand trafic routier ou cette eau de pluie hivernale et souvent printanière.
Du coup c’est tout le troupeau de moutons qui le suivra sans même se poser la moindre question dans son mouvement d’ensemble pour aller paitre plus loin que la bergerie. Tout caprin, comparé aux ovins, est de nature bien malin. Le mouton est plutôt très connu sous l’angle d’un animal bien tranquille et très glouton.
Le berger en est d’ailleurs très conscient mais aussi bien convaincu, lui qui aura à surveiller de près la chèvre bien mieux qu’il ne le fera pour l’ensemble de tout le troupeau.
Mais qu’y-a-t-il de si particulier pour qu’il concentre tous ses efforts sur ce seul caprin, au lieu de plutôt donner plus d’intérêt au cheptel et prêter davantage attention au groupe fort compact des ovins qu’il a sous la main et dans le même pré ?
Tout pasteur en est automatiquement vacciné à ce sujet. A telle enseigne que même les bébés du monde paysan en ont déjà appris par cœur la leçon ! Garder une chèvre unique est déjà en soi une bien périlleuse entreprise ! Quant à en garder ou encore surveiller de près tout un très fourni troupeau de caprins, cela relève, bien évidemment, d’une véritable corvée et périlleuse acrobatie !
La chèvre, ce guide improvisé du troupeau de moutons, leur apporte, en effet, une dynamique de mouvement. C’est elle qui leur imprime la marche à suivre ainsi que la démarche cadencée à entreprendre. Elle n’en mesure toutefois jamais le risque à prendre. Ni ne subit toute seule les conséquences qui en résultent.
Elle ose et propose ces pistes à explorer qui s’écartent de l’itinéraire tracé par le berger pour y foncer ensuite la première, et tête baissée ! A tel point que tout le pourtant très tranquille troupeau se retrouve être soudainement réveillé par la présence même du moindre caprin en son sein ou dans ses rangs.
Elle lui imprime cette dynamique de mouvement d’ensemble qui donnera des sueurs froides au pâtre à qui échoit cette désormais très compliquée charge de les garder. De lui assurer le lieu où il doit paitre ainsi que la sécurité dont il doit en profiter.
Elle passe pour cet animal bien maudit et fort méprisé qui fait courir dans tous les sens et souvent sans raison le troupeau de moutons. Elle dénude les arbres de leurs feuilles et détruit sans ménagement leurs fleurs à l’état bourgeonnant. Et y grimpe à une appréciable hauteur en vue d’atteindre ses branches les plus reculées de son épais tronc mais aussi celles les plus éloignées du sol.
Bien mieux qu’un très puissant bélier, il lui arrive très souvent de très courageusement tenir tête au pourtant redoutable chacal contre lequel elle mène ce combat des braves, pour la vie et celui de la survie de ses tout petits chevreaux, lequel combat mené avec hargne et courage finira toujours par la libérer de sa mauvaise posture ou piètre situation du moment.
Habituée dès son jeune âge à ces écueils de la vie, elle en prend parfois ce plaisir un peu trop risqué mais plutôt exceptionnel. Ou encore ce goût prononcé à se mettre en évidence et à se laisser aller à tester ses réelles capacités de défense.
Sur ce plan-là, il lui arrive de parfois sauver tout le troupeau de moutons d’un imminent danger, d’une très prévisible catastrophe, jusqu’à bien souvent réveiller en sursaut le pâtre de son sommeil diurne, grâce à ses bellement affolés et au bruit de ses coups de cornes répétés donnés à l’animal sauvage qui rode dans les parages à l’affut d’une quelconque proie.
Sur un arbuste, elle est aussi à l’aise qu’un chimpanzé oscillant ou valsant sur ses branchages préférés. A la seule différence que, elle, en mange souvent des petits bouts de branche pour ne laisser à l’arbre escaladé avec beaucoup d’agilité et une facilité déconcertante que le tronc et quelques vraiment robustes branchettes ou très vieux rameaux.
Entre le singe magot propre à l’Algérie et la chèvre du pays, la différence reste plutôt liée à « la conscience de civilité » accordée de droit à celui-ci dans la préservation de tout l’environnement forestier dont fait montre le premier-cité. La chèvre, aux yeux des gardes forestiers, demeure ce danger à extirper des lieux boisés. Cet animal à surveiller de très près. Et pour cause, ces dégâts qu’elle leur occasionne !
Elle saute allègrement par-delà les barricades hérissées d’épines et franchit sans peine les autres haies broussailleuses pour atteindre – parfois au péril de sa vie- toutes les plantes protégées et tous les espaces verts de près surveillés de la contrée.
La chèvre n’est jamais dépaysée lorsqu’elle gravit les hauteurs, prend du plaisir à monter en altitude ou encore grimpe sur les crêtes de ces hauts reliefs. Elle en fait son propre territoire et même son préféré jardin. A telle enseigne que les chemins de chèvres y sont habilement gravés, tous marqués de l’empreinte de son petit sabot et de l’impact de son va-et-vient incessant sur ces lieux rocheux.
Coteaux, collines, montagnes ou même forêts lui sont si familiers. Et c’est là où elle a l’habitude de se promener sans souci. Y faisant ces randonnées à la recherche de sa nourriture (de l’herbe à brouter) ou de l’eau pour se désaltérer.
Pourtant moins tranquille que la brebis, elle demeure aux yeux de la fermière plutôt sa « vache préférée ». Car plus généreuse en production de lait, même si son produit est moins condensé, plus dilué ! Et d’ailleurs la pauvre paysanne l’a toujours élevée au rang d’une véritable vache !
Connue sous cet aspect d’un animal destructeur et grand ravageur des jardins potagers et arbustes en progression, elle reste pourtant ce mal nécessaire au troupeau de mouton ! Cette espèce qui part sans rechigner « aux toutes premières lignes du front ».
A elle seule, elle arrive –par sa façon de mener le bal- à bien modifier les comportements habituels de tout le troupeau d’ovins, leur apprenant avec succès et grande témérité à se hasarder dans ces fugues improvisées ou à encore tenter sans peur d’escalader tous les écueils dressés par l’homme en vue de les empêcher de quitter sans son autorisation la bergerie ou le pré.
Elle les stimule pour se lancer dans cette gymnastique prohibée et les motive à oser toutes ces acrobaties dangereuses et interdites qui nuisent au troupeau et mais également aux intérêts du pâtre. Elle leur confère cette énergie qui les éloigne de leur inertie et docilité à accepter sans rechigner les ordres du maitre des céans.
Tel un vent qui engendre la tempête, elle jette le trouble parmi le troupeau pour le conduire là où elle veut ! Elle le prend en otage pour en faire son seul héritage, comme source de gage, dans ses grandes chevauchées qui perturbent sa quiétude et grande tranquillité.
Plutôt très habile dans ses folles escapades et surtout imprévisibles courses imprimées à tout le troupeau de moutons qui la suivent au pas de charge, le museau humant l’odeur de l’herbe grasse à distance, elle en constitue ce gendarme qui les tient au garde-à-vous, à l’étroit dans tous les endroits, ce guide qui peut mener tout son monde plus loin que l’horizon.
Etant le seul caprin à vivre parmi le monde des ovins, elle aura toujours à se comporter ainsi ou de la sorte. Sans jamais changer d’attitude envers son monde animalier ni même un tantinet déroger à cette ancestrale habitude ! C’est plutôt circonscrit dans le sang et inscrit dans ses veines ! Mieux encore, toutes tentatives de l’en déloger resteront vaines !
Mais dès lors qu’elle met bas à ses tout petits chevreaux, elle fait chambre à part au sein de la bergerie commune et abandonne volontairement le troupeau de moutons pour aller paitre dans le pré en petite famille de caprins ainsi constituée, en marge du nombreux cheptel.
A chaque fois que le troupeau va dans une direction donnée, la chèvre, déjà forte des petits qui l’accompagnent, choisit, elle, le sens qui lui est complètement opposé, donnant au berger vraiment de l’insomnie sinon du fil à retordre pour finalement le pousser à lui consacrer plus d’efforts mais aussi beaucoup de son temps et une surveillance des plus accrues.
Désormais elle n’est plus le chef du groupe, ni même le guide autrefois tout indiqué à ce pourtant très fourni troupeau de moutons qu’elle menait à la baguette et sans grande peine. Elle se désolidarise de cette famille très ovine et la déstabilise pour ne choisir de vivre qu’au sein de celle plutôt très restreinte et peu peuplée, mais caprine de souche.
Plus édifiant encore, depuis cette mémorable journée du 22 Février 2018, tous les moutons sont devenus de droit de vrais des mutants, se métamorphosant en ces bêtes ou sujets impossible à surveiller dans leurs mouvements, pour s’imposer en force à leur monde dans le flux continu de ce fleuve humain, lucide et intrépide, quoique gagné par une colère sourde, afin de jouer à fond leur destin.
Elle mène, dans ces conditions, la vie dure, à la fois, au reste du troupeau, mais surtout à son pauvre berger, lui, qui ne sait désormais plus où donner de la tête. Fort désemparé par cette surprenante scission qui lui donne autant de frissons, il se doit de trouver une solution à ce problème qui lui procurerait du répit : revenir à la case de départ ou encore se passer carrément de la race caprine au sein de son troupeau de moutons.
Que choisir ? Et comment faire ?
Le choix est-il évident devant tant d’impondérables qui donnent autant de soucis au pauvre berger ? Un tel exercice n’est pas donc pas de tout repos pour ce pâtre qui se voit pousser des cheveux blancs à tout instant, malgré son jeune âge, à l’occasion de chaque fugue de sa turbulente chèvre. Il en est tout le temps embarrassé, l’esprit à fleur de peau, à tout moment vraiment dérangé !
Et qu’en est-il donc de ce comportement de race « exclusivement caprine » dans son rapport très particulier avec celui « purement ovin chez le commun des humains » ? Comment donc s’y prendre pour ramener cette unique mais très méchante chèvre au très fourni et bien docile troupeau ?
Le souci de gouvernance des pays sous-développés en fait d’ailleurs tout un programme politique. Car parmi le peuple, ils n’en voient que des chèvres turbulentes ou rebelles, que de potentielles brebis galeuses, que de supposés boucs aux mauvaises odeurs, que de très peu tranquilles agnelles, que des béliers grands bagarreurs, mais rarement d’innocents agneaux en nombre suffisant ou important …
De vrais sujets mais jamais d’honorables citoyens ! De personnes contre lesquelles il s’agit de lever très haut le lourd gourdin mais jamais une population à laquelle s’identifie la nation dont dépend justement sa pérennité ! Un peuple à de très près surveiller le mouvement suspect de son action plutôt qu’un monde très instruit et bien éveillé ou très cultivé !
Leur chèvre, à eux, est donc traitée selon les moyens dont ils disposent et en fonction de la formule jugée la mieux appropriée pour le faire. Elle peut être mise en quarantaine ou encore cloitrée entre les murs de la ferme dont la loge ou le bouge où elle se trouve seront fermés à clef, souvent à double tour …
Sévèrement matraquée puisque violentée à tout moment mais aussi traquée à tous les tournants de la ville, grâce de très vils procédés en vue de la dompter et domestiquer par la force des armes et l’emploi des moyens coercitifs au plan de ses libertés d’action ou celles d’entreprendre.
Sinon bien choyée, flattée et très soudoyée par les sous-traitants de service du Grand Seigneur, selon son apport ou impact réel au bruit de la rue ! Car son comportement suspect ou mouvement de locomotion contaminant est jugé comme très dangereux pour la tranquillité du Grand Palais !
Génératrice de véritables troubles à l’ordre public, elle s’identifie ou est encore considérée comme une vraie menace à la paix sociale ; raison pour laquelle, en haut lieu de la gouvernance, se décident à son seul profit toutes ces « largesses » et « galons de salons » qui lui sont accordées au mépris de la loi, juste pour acheter son silence, simuler son consentement, maitriser l’impact de son mouvement, la corrompre aussi souvent que les conditions matérielles le permettent !
On en fait, bien souvent d’ailleurs, cette improvisée société civile qui vit « au crochet de l’Etat Providentiel », très solidement accrochée aux mamelles de la rente du brut et autres richesses naturelles, souvent bien parallèle à l’autre véritable société civile qui, elle, vit d’expédients ou fouille et retourne continuellement et si profondément les poubelles publiques et les décharges des nombreux déchets des potes du régime !
La « chèvre politique » a plutôt la même toison que tout le reste du « troupeau humain » du pays. D’où cette difficulté à pouvoir convenablement l’identifier au simple regard au regard du seul habit qu’elle porte où celui de l’apparat dans lequel elle est tout le temps pelotonnée et emmitouflée, bien semblable à celui de ses nombreux pairs !
Et pour y parvenir, on s’active, çà et là, à lui en procurer pour lui coller à ses basques ou à ses trousses tout une valetaille de pions et d’espions qui la suivent comme son ombre, qui la « tiennent en veille » ou à une bonne distance du troupeau, et qui surveillent et épient ses mouvements comme ses fréquentations ou lieux visités dans ses menues promenades et autres très régulières activités.
Parler de la chèvre dégage cette odeur qui « sent déjà le bouc » ! Lui identifier un quelconque être humain, même aussi vilain que le tout désigné caprin dans son esprit bien malin, c’est le jeter en pâture à ces vieux loups de l’espèce humaine ! Nul doute qu’il sera dévoré, assaisonné à toutes les sauces, sinon mangé tout cru, tout nu. Et séance tenante !
Du grand plaisir de l’acte de le dévorer, magistralement savouré par son bourreau, le pauvre peuple n’en retiendra finalement en mémoire que l’image surprenante de ses fourchues dents, encore ruisselantes de son jus, au moment où l’ogre humain ouvre sa gueule pour nous découvrir ses crocs en signe de vrai triomphe !
Faut-il encore rappeler que durant la colonisation française, le toubib tout comme d’ailleurs, l’homme de la Loi, de Droit, de la Religion et celui du Savoir, étaient tous traités bien différemment que le commun des mortels. C’est leur métier qui en décidait, outre cette obligation de réserve à laquelle ils étaient astreints.
Mais lorsque le très sage Toubib est pris pour « ce bouc puant » ou encore sa très tranquille et bien gentille consœur qui est, à son tour, assimilée à une « chèvre turbulente » et bien méchante, par une gouvernance qui les tabasse en tout venant et se soigne à l’étranger aux frais du contribuable, c’est la santé publique qui en prend un sale coup. Une sacrée raclée !
Et pas seulement ! Car le mal a atteint toutes les autres corporations, mais aussi le peuple dans son ensemble et diversité humaine. C’est aussi, ou du reste, l’hôpital qui se morfond dans ses profondes douleurs !
C’est la médecine qui regarde avec pitié du côté du cimetière de la cité, les bras levés en l’air en signe d’impuissance ! Contre ce mal sociétal incurable qui freine la science dans son élan et envoie en bloc tout son monde au purgatoire !
Pour rester bien tranquille dans sa bulle, le pouvoir consulte régulièrement sa boule de cristal. Il y voit, à présent, tout au fond, cette chèvre habillée de l’emblème national ! Depuis le 22 Février 2019, celle-ci habite la rue. Elle a décidé d’en faire sa bergerie de toujours. Pour y défiler chaque vendredi, emmitouflée dans les couleurs nationales auxquelles elle s’identifie.
Les tenants du régime ont depuis cette date-là perdu le Nord. Dans leur conscience, ils sont vraiment dérangés. De leur cheptel constitué à l’origine de bien sages moutons, ils n’en comptent désormais que des chèvres folles qui défilent sans discontinuité. Leur docilité s’est transformée en un tournemain en une si étrange insolente attitude qui défie les règles usuelles de leur pourtant légendaire tranquillité !
Ils en sont complètement désemparés. Manifestement très inquiets. Car chaque vendredi, ces pourtant inoffensifs moutons d’hier font monter les enchères, pancartes de prix à débourser en mains, telles des chèvres qui progressent à l’assaut de l’arbre du pouvoir à escalader sans tarder, croyant fermement le dépouiller de tous ses fruits et de son beau feuillage vert.
Telles des bêtes blessées, elles rugissent, et surgissent de nulle part, leurs slogans en avant mis en scène, clament leur colère enjolivée de fiel de très mauvaise odeur lancé à la face du maitre des céans pour désormais l’acculer dans ses tout derniers retranchements. Au motif de leur avoir depuis longtemps manqué de respect et surtout attenté toute honte bue à leur dignité.
Raison pour laquelle elles leur tiennent une rancune si tenace. Sans relâche ! Car dans leur quotidien, elles se sentent lésées, lessivées, vraiment blésées, humiliées, telles des poules mouillées !
Contre le système en place, elles ont cette dent qui se réveille chaque vendredi, furieuse et déterminée, les poussant à crier de toutes leurs forces leur malaise qui dure depuis d’un demi-siècle déjà. À présent, elles veulent en finir, sans jamais avoir à souiller leur dignité ou à se dénigrer.
Ne dit-on pas que le doux agneau d’aujourd’hui sera ce féroce bélier de Demain. Comme quoi : dans le monde des ovins, il existe déjà cette fibre animalière si sensible qui fait la nette différence entre la nature « pacifiste » du groupe du cheptel et l’instinct « guerrier » de toute une population de ruminants qui se sent attaquée, persécutée, terrorisée, humiliée…
Nul besoin donc de s’étonner après que le troupeau de moutons passe désormais à l’offensive et emprunte aux caprins sa qualité d’animal « rebelle » pour complètement abandonner ce cliché de « moutons de panurge » qui lui colle toujours à la peau.
Ni un doux agneau, ni une poule mouillée, ni même un troupeau humain à conduire au pré, le peuple qui manifeste dans la rue, montre aux tyrans du pays la porte de sortie à travers laquelle ils doivent très vite s’engouffrer. Lorsque sa vie est danger, il s’engage pour une lutte sans merci. Il s’agit d’un combat pour la survie.
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Novembre !!! Fait pleuvoir quelques-uns !!!
- Par algermiliana
- Le 04/07/2025
- Dans Le Coin de Ahmed ARBOUCHE
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Je ne sais pas pourquoi les matrices de nos mères lésinent à générer des : Ben M’Hidi, Amirouche, Didouche et même des Benyahia, Belaib Bekhti et ces illustres hommes pétris de bonne glaise pour habiter l’épique citadelle appelée : Mecque des révolutions … Qui émerveille le monde.
Par quoi se réjouir quand notre ami Belaib Bekhti, Allah irahmou ( ancien ministre du commerce) laisse une citation à faire trembler la terre par son sens et sa portée, disant : « l’Algérie ne souffre pas d’un déficit économique mais, d’un trop plein de bandits » !!!
Sentant la fin de nos jours arriver, pour tirer révérence, les gens de notre âge grattent leurs têtes aux cheveux blancs, hirsutes ; d’étonnement, de désolation et de forte déception pour avoir appartenu à un pays aux dédales abyssaux, là où les opportunités n’offrent - pourtant - que paradis et havre de paix ; à tout le monde.
Là où le dinosaure touche cent fois plus que le paria, condamné aux peines de l’enfer et au repas frugal !!!
Là où la politique de palissade affiche les galas de l’extrême, les jeux méditerranéens au coût rocambolesque, les ripailles et les feux d’artifices ; cachant le paupérisme frisant la précarité d’un sud qui ignore que l’Algérie a recouvré son indépendance un 5 juillet 1962 car, inhalant le césium 137 ; sans procès aucun pour punir le bourreau.
Par quoi se réjouir ? Voyant, hier seulement, les fils de novembre interdire la cigarette et la chique alors que nos nababs facturent au peuple, aujourd’hui ; leurs élixirs, leurs liqueurs et leurs ivresses.
Nous avons bien hâte de voir le paradis car, la vie d’ici-bas est si tumultueuse par ses inégalités de chance, sa corruption, son injustice, sa gabegie et ses paysages cauchemardesques ; voyant nos enfants broyés par les flots et les requins.
Aujourd’hui, j’ai très honte d’être algérien et, si je n’ai pas raison, dites- moi, par quoi être fier ?
J’ai très honte de me trouver dans le pays qui détient le record des plus grands détournements de fonds de toute l’histoire de l’humanité, depuis Adam !!!
« Me vanter » de nos voleurs, de nos harraga, de notre corruption ou de notre obscur horizon ; est la pire des lâchetés !!!
A défaut de rien, certains vont se pendre au cou de notre diaspora et à celui de ces élites qui parent et éclairent d’autres cieux : Belkacem Habba et ses nombreux compagnons.
D’autres, s’en donnent à cœur joie, pour nous parler du record d’invincibilité des matchs de foot-ball de notre équipe nationale.
Peut-être que je vais radoter en disant : « quand est-ce que nous serons en mesure de fabriquer une aiguille pour coudre le derrière de nos pantalons décousus » ? Pudeur oblige … Arrêtons de mentir à notre raison d’être !
Après 132 ans d’abomination coloniale et après de 60 ans d’anarchie, le peuple sait cacher ses douleurs, il est très stoïque et courageux !
Avez-vous vu un clown pleurer ? Certainement pas !
Ne vous fiez jamais au décor trompeur que porte un visage de clown, sa grande bouche béante et souriante cache souvent des émois et de profondes meurtrissures.
Son décor n’est qu’une peinture trompeuse, comme celle d’une femme moche qui se farde pour plaire.
Notre vie profonde s’affiche souvent à l’inverse de ce que nous paraissons !
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Quand la musique se fait pont
- Par algermiliana
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
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Rencontre entre Rythmes Africains et Musique Classique Occidentale
Pour vous M. Mourad et pour tous ceux qui croient que mieux connaitre l’autre, l’alter ego, c’est l’enrichir et s’enrichir de lui pour entreprendre ensemble.
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UN ILOT DE RÊVES
- Par algermiliana
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
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C’était un petit village niché haut, très haut dans les nuages. Aérien, inaccessible. Il fallait pour en trouver le chemin connaître l’un des villageois, même si parfois un voyageur égaré, fatigué de parcourir le monde échouait dans ce village par le plus heureux des hasards. Comme il était accueillant, chaleureux, hospitalier ce village ! La douceur de vivre qui y régnait gagnait aussi progressivement tous ceux qui ne s’y arrêtaient que pour une brève halte.
Il faut dire que ce village isolé était assez particulier ! Il y faisait beau à longueur d’année ! Le soleil brillait de son chaud éclat tous les jours, la brise y était fraîche, les sources pour se désaltérer très abondantes, l’eau était claire, cristalline, et étanchait la soif dès la première gorgée. On y trouvait des fleurs de toutes sortes partout, des arbres de toutes essences partout, des jardins luxuriants magnifiques partout ! Ce qui rehaussait son charme, son attractivité. Un havre de paix, un sanctuaire où l’on se retirait volontiers, et sans aucune résistance loin du monde tumultueux tout en bas sur terre. Les habitants ressentaient un agréable bien-être les envelopper au fur et à mesure qu’ils s’enfonçaient au cœur du village, soucis et tracas diminuaient en conséquence jusqu’à disparaitre complètement parfois. Il y régnait une douceur de vivre à nulle autre pareille. Les habitants permanents tout comme les visiteurs occasionnels goûtaient à ce bonheur nouveau avec beaucoup d’étonnement, et avaient toutes les peines du monde à imaginer leur vie ailleurs que dans ce village, et même s’ils étaient contraints par quelque obligation extérieure de le quitter, ils y revenaient dès qu’ils le pouvaient pour retrouver cet enchantement, cette impression d’échapper au temps. La renommée de ce village devenait de plus en plus grande, et la population du village augmentait au fur et à mesure en conséquence.
Les habitants, tout en étant très différents les uns des autres, et venant d’horizons très divers avaient réussi à trouver une sorte de consensus, d’entente harmonieuse qui les satisfaisaient tous. En apparence tout du moins. Respect, ouverture, tolérance, liberté d’être et d’agir dans la limite du consensus. Les villageois permanents ou de passage y trouvaient leur compte, et se complétaient assez bien dans la répartition des tâches et responsabilités. Le comité des sages qui veillait à préserver la quiétude du village intervenait non seulement pour alimenter, nourrir les membres de ce village chacun selon son appétit, mais également pour améliorer leur confort en aménageant de nouveaux et beaux espaces, en construisant de nouvelles maisons, en embellissant et fleurissant les moindres coins et recoins. Le village était tout le temps en mouvement, en vie. Le comité des sages organisait aussi rencontres et fêtes, informait de ce qu’il se passait dans le monde ce qui, et selon les nouvelles enflammait, enchantait ou attristait les cœurs et les esprits. Par moments, il pouvait bien sûr y avoir des petits accrocs, des malentendus très vite dissipés cependant grâce à la générosité des uns ou des autres, et le souci constant d’un bien-être collectif. La vie reprenait toujours son cours. Grouillante, créative, imaginative, bienheureuse. Un bonheur simple dont chacun avait fait son affaire. On l’alimentait et on s’y alimentait à son tour dans une saine et chaleureuse convivialité. C’était une sorte d’entreprise artisanale où chacun selon ce qu’il était et ce qu’il connaissait le mieux fabriquait des parcelles de bonheur, du sur mesure ou presque.
Le comité des sages laissait les villageois vivre comme ils l’entendaient à condition de se respecter les uns les autres et de respecter cette œuvre commune. Chaque jour, les villageois prenaient connaissance de la parole du jour du comité des sages. Il suggérait aux villageois d’une voix douce et tranquille des thèmes de réflexion qui participaient de la régulation de la vie dans ce village. Les villageois étaient sollicités pour une unique chose : donner un peu de soi, un peu de sa force et de son énergie pour entretenir la belle harmonie qui semblait exister dans ce village. Ce don de soi n’était pas borné par des critères ou des normes. Toute manifestation aussi modeste soit-elle, était accueillie avec joie, bienveillance, grand ouverture d’esprit. Mais alors, me direz-vous, c’était un véritable paradis, l’homme est finalement très vertueux, la preuve ! Oui ! On voudrait le croire ! On voulait le croire ! Hélas, l’être humain est aussi l’artisan de son propre malheur. L’harmonie qui régnait dans ce village pouvait voler en éclat et précipiter le village et ses habitants dans le chaos. Telle était la menace qui pesait sur ce village et ses habitants, le chaos et le néant. Tout le monde en était conscient, et tentait de faire de son mieux. Ce n’était pas facile tous les jours ! C’était un travail difficile, un effort de tous les instants, une vigilance douloureuse parfois ! Ainsi en est-il, et en a -t-il toujours été, à la grande infortune des villageois animés des meilleures intentions, du comité des sages si accueillant, si bienveillant si attentif au maintien de cette douceur de vivre.
Cette partie de l’histoire est hélas triste, bien triste, et il me coûte de l’évoquer. De plus en plus, les villageois, distraits qu’ils étaient par des considérations et des vues toutes étroites, toutes personnelles ne voyaient pas que cela pouvait faire voler en éclats l’harmonie du village. Chacun y allait de sa petite pierre qui pour certaines d’entre elles étaient de gros pavés qui occasionnaient fissures et lézardes dans les maisons individuelles, et dans tout le village, mais surtout, surtout dans le cœur du comité des sages abattu, désorienté, incrédule, hébété, profondément blessé par autant de légèreté, d’indifférence, d’égoïsme et d’ingratitude. Il est un fait que l’on ne peut en permanence prêter le flanc aux frondes, ni même fermer les yeux, serrer les dents, et continuer à sourire ! Et pourtant, et pourtant ! Le comité des sages a, en dépit de tout, décidé de passer outre, de s’effacer, de faire taire sa douleur pour tenter une fois de plus au profit du bien-être des villageois de préserver leur îlot. Le comité des sages aurait eu mille raisons de se détourner de ces villageois, de les abandonner à leur sort, il n’en a rien fait ! Et, l’on ne sait toujours pas, à ce jour, si les habitants permanents ou occasionnels du village ont réalisé que cette parcelle de poésie a failli s’évanouir, ont senti passer ce grand froid glaçant, le néant !
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L'homme qui plantait des arbres"
- Par algermiliana
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
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"Vacances! الزيّارة"
- Par algermiliana
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
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Trois mondes, Deux points de vue, Trois espaces en convergence vers Un Espace Commun
Un petit bijou que ce sketch, comme on n’en fait plus, et qui ne manquera pas, si regardé jusqu’au bout, de rappeler à quelques-uns ces moments doux vécus dans ces grandes maisons habitées par plusieurs familles, qui n’en formaient plus qu’une finalement, et qui partageaient El Mlih wa Douni.
Monde des hommes, monde des femmes, mondes des enfants. Irréductibles les uns aux autres, peu perméables, ce qui occasionne incompréhensions, malentendus et frustrations de part et d’autre, alors que chaque partie est de bonne foi. Les acteurs et actrices de chaque monde jouant au mieux les rôles qui leur sont attribués. Très complexes et parfois très compliqués.
Pourtant, tout peut être bousculé lorsque la rupture occasionnée par un réveil tardif, survient et sème le « désordre ». Elle finit à la fin, par amener ces acteurs et actrices à voir, à percevoir, à comprendre avec plus de clarté le monde dans lequel évolue l’autre homme, femme, enfant, débarrassés qu’ils sont de leurs costumes de scène.
La rupture comme perte momentanée de repères établis, comme déclencheur d’une communication naturelle, sincère, attentive, attentionnée, compréhensive débarrassée des représentations, des caricatures, et des méfiances. Un espace alternatif où hommes, femmes, et enfants se retrouvent enfin pour contribuer à cette entreprise commune qui séduit tout le monde, partir en vacances.
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Lluís Llach - Vida
- Par algermiliana
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
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Lluis Llach avec quatre « L », les ailes de la liberté, les ailes du rêve engagé ! Lluis Llach est un auteur compositeur interprète Catalan dont le chant d’espoir « l'Estaca (le pieu) » deviendra l'hymne catalan de résistance au fascisme de Franco. Pourchassé par l’oppression franquiste et contraint à l’exil, il n’arrêtera pas de chanter en Catalan, obstinément et toujours, la condition humaine, la vie, la liberté, l’amour, le soleil, la nuit, la mer, le vent. C’est un rêveur inspiré, sensible, généreux, parfois cinglant, jamais tragique qui aime à se définir comme le troubadour du peuple. Un rêveur des utopies, qui espère tout, qui exige tout, « nous voulons le possible pour atteindre l’impossible ». Ses influences musicales sont toutes méditerranéennes: musique grecque dans « Viatge a Itaca », musique catalane grecque et arabe dans « un pont de mar blava ». Ce « pont de mer bleue », c'est la fraternité du bassin méditerranéen, des deux côtés de la « maremar » « bressol de tots els blaus »
Ce sublime texte « VIDA » écrit et mis en musique par Lluis Llach pourrait être ressenti comme mélancolique, triste même, pourtant c’est un formidable hymne à la vie fort, beau, puissant, passionné et tranquille. Lluis Llach a cette voix ample, généreuse, chaude, qui se déploie tout en nuances, tout en souplesse sur des mélodies magistrales, des textes sensibles, puissants et bouleversants d’émotion. J’ai eu la grande chance de me trouver au bon endroit, au bon moment pour savourer un récital dans un beau théâtre aux dimensions humaines : une composition musique et textes unique, magnifique, intense ! Communion et ferveur unissaient Lluis Llach, ses musiciens et le public. Vibrant, beau, fraternel, universel en dépit de la non compréhension du Catalan. Lliuis Llach en dit : « Comme le public ne comprend pas le catalan, je passe l'examen du langage esthétique, à travers la mélodie, la voix, l'émotion ».