Ma toute première classe
- Par algermiliana
- Le 02/12/2020
- Dans Le Coin de BELFEDHAL Abderrahmane
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L’Enfant n'est pas un vase que l'on remplit mais une source que l'on laisse jaillir... «Citation»
BONSOIR À TOUTES ET À TOUS
BONSOIR MAÎTRE
Il y a longtemps, très longtemps, avant de rejoindre l'école indigène. Je revois encore ma petite classe si modeste avec ses lawhates, avec ses vieilles nattes et ses murs peints au bleu et au vert et une petite fenêtre qui selon les saisons laissait apparaitre le souffle des temps.
Ma classe était vieille dans le cours des âges, elle était même vieille par rapport à la naissance de l'école indigène qui disposait de tout un arsenal lié à l’état civil, au registre des inscriptions et aux manuels scolaires. Doté d’une cantine et d'un cinéma de fortune, elle représentait aux yeux des enfants indigènes les merveilles d'un autre temps. Depuis l'ère lointaine, à ce jour, elle garde jalousement son nom de LICOULE LAARAB, tandis que LICOULE FRANCISSE, juchée sur les hauteurs du Nador assurait exclusivement pour les enfants de souche française, les cours d'initiation et du primaire dans des conditions dignes de leurs semblables implantes dans l’hexagone.
Si les temps entre les deux écoles étaient répartis selon les mêmes horloges saisonnières, la différence était de taille allant du simple habit, aux programmes enseignés et jusqu'au virement vers la vie active.
Mais, avant cela, qu’en est-il de ma classe réglée aux échos des voix qui s'élèvent haut dans le ciel, perpétuant les versets coraniques sans pour autant saisir la portée réelle car l'heure étant réglée au parcoeurisme Nous y voilà au seuil de la classe et que pour renter on prendra le soin de nous libérer de nos chaussures.
Sbah el kheir sidi, Sbah el kheir sidi, sans attendre un instant, déjà le chotrog s'était mis à broyer l'atmosphère, alors que sidi, par sa voix ferme annonçait le commencement de la journée.
« tchrak » « tchrak », Haya kraw, Haya kraw, la journée s'était mise en marche de façon chaude et décidée animée de bout en bout par les petits taleb appelés gnadizes.
Le Chotrog est un bâton léger dont le bout est rattaché à une queue de bœuf bien séchée au soleil méditerranéen. Pour écrire, les plumes sont taillées dans le bambou et l’encre est obtenue suite à une fusion de l’eau et de la laine grillée, mixées autant de fois, elles produisent un extrait noirâtre. L’extrait soumis à de petites doses d’eau, remué à outrance, il devient ainsi une encre fluide pouvant reproduire lisiblement les écrits sur la surface polie de la lawha.
L’œil vigile de Sidi, les claquements du chotrog, une récitation tout azimut, rappellent sans doute aucun, que l’on est bel et bien dans une classe coranique.
Alhamdou lilahi rabi l 3alamin, Haya kraw, haya kraw, « tchrak » « tchrak », et l’atmosphère dans son amplitude baignait dans un rythme cadencé que la voix des petits TALEB entretenait en haut et en bas. Ravivée par le regard perçant de sidi qui pour chaque petit taleb n'est que le signal et surtout un sérieux rappel que la récitation individuelle qui se déroulera en fin de journée est décisive et capitale la récitation collective sorte de relaxe marquera la fin de la journée.
Le lendemain matin, la lawha prend sa toilette quotidienne, elle doit glisser heureuse dans l'eau claire et limpide baignant dans la saveur du salsal et toute la joie pour les pieds mignons d'avoir évité les caresses du compagnon d’armes de la fabuleuse falaka, elle est loin d'être une forme de torture tel que ramené par certaines plumes tendancieuse visant à ternir l'image de la religion la plus tolérante.
Cependant dans l’emploi des jours, il y avait aussi des moments de grande joie et de détente. Pour sidi et pour les gnadizes rien absolument rien, n’égalait la journée des sadakates. Le chotrog dans une attitude digne des grands fakirs est momentanément mis en veilleuse, mais si près de sidi. Les nattes brillant par mille feux recevaient gracieusement les exquises de la cuisine traditionnelle. L'honneur est au mbassas, au ftir et au kaabouche.
Sidi, d’habitude au regard franc et taciturne affichait des lors un large sourire et il avait toutes les raisons du monde d’être de la sorte car tout baignait dans la quiétude et la sérénité.
Dans peu de temps, chaque gendouz aura le privilège et l’honneur de glisser dans la main de sidi une jolie pièce de vingt francs. En somme, c’est une belle offrande fruitée d’argent.
Le jour des SADAKATE c’est aussi un jour de grande référence pour le petit TALEB qui, au prix d’efforts titanesques avait enfin soldé un HIZB entier que la mémoire ne manquera pas de retenir de façon claire, nette, et précise.
Une fois l’offrande ayant pris congé, laissant sur place les assiettes d'argile vidées de toute victuaille, sidi d’une main sobre et sereine, usant de crayons noirs et de couleurs, armé de patience, transpose sur la LAWHA un cycle de formes géométriques rappelant en leur état les talismans des époques lointaines.
Une fois l’œuvre achevée, le flambeau ainsi conçu est remis aux honneurs du petit TALEB qui, fort confiant et rassuré, est dès lors fin prêt pour la grande traversée. Le petit TALEB, poussé par l’ardeur de montrer ses capacités de parcoeuriste, s’engage dans un périple qui doit l’amener en compagnie de sa LAWHA et de son HIZB tour à tour vers les ruelles, les rues, et jusqu’aux SOUKIFAS du village. Les habitants à leur tour n’ont jamais perdu de vue cette fierté de récompenser le petit TALEB : « tiens mon fils, tu mérites plus que ça. C’est le CORAN.» le petit TALEB en guise de reconnaissance s’attaque sans faute aucune, et sans aucune hésitation à une récitation digne des grands orateurs.
Beaucoup, parmi les petits TALEB, armés de volonté ardue ont pu au fil des années, rejoindre la soixantième marche.la marche du podium de tous les podiums. « HAYA KRAW, HAYA KRAW », TCHRAK, TCHRAK, une récitation individuelle, une récitation collective et ainsi, chemin faisant, la classe coranique devait quitter son quartier pour une place de choix dans la mosquée. Sidi, fonctionnaire de l’état avait ainsi, perdu de vue les exquises d’antan, ainsi que le tintement des vingt francs. La classe coranique jadis libre et indépendante, est assujettie au règlement régissant les affaires religieuses. Le CHOTROG à son tour fut soigneusement rangé dans la mémoire « d’il était une fois ».
La LAWHA, le SALSAL, et la dwaya à leur tour se sont effacé au profit d’une ardoise magique qui, suite au frottement avec un KALEM invisible, fait apparaitre en sus d’un verset, d’un HADITH, la passion d’aller toujours vers de petites choses nouvelles. Les CHEIKHS dans leur mission d’enseigner la parole divine n’ont jamais dissocié leur devoir du CHOTROG. Cependant un seul a fait l’exception. En guise de traitement, il offrait à ses gnadizes de succulents bonbons à la menthe. Il a pour nom : SI HNINI. Peu de temps après ces moments immémoriaux l'heure était fixée au fameux livre la lecture liée au langage communément appelé ALI OMAR et c'était le commencement d'un autre temps, d'une autre époque, d'une autre façon de voir le monde. L’écho de la cloche, le bruit du chotrog et le glorieux appel de la liberté remontés sur les ailes du temps, nous rappelleront toujours que le passé est la clé de l’avenir.
Tant d'années se sont écoulées et au profond de nous-mêmes, au plus profond de nos souvenirs, sommeille le plus beau nectar de la plus belle fleur qui, trempée dans l'eau claire et limpide avait livré le meilleur d'elle-même. EL MIDAD Une lawha,un kalem, s'élevant au rythme des gestes cadencés nous rappelleront pour toujours que les sadakates bien avant les prodiges de la sociologie et de la psychologie avaient constitué l'un des élements les plus solides dans l'entraide et le rapprochement entre les humains.
Ma classe toute première c est aussi le souvenir poignant de ceux qui nous ont quitté dans l'humilité et la sagesse, c'est aussi cette âme pure qui erre dans le ciel bleu nous invitant sans cesse à nous soutenir et à nous mieux comprendre par la façon la plus naturelle et sans contrepartie. Dans ma classe première, avant d'entrer on se libère de nos chaussures tout en formulant le signe de la paix et je pense que c'est ici que se dessinent les plus belles arabesques d’une fulgurante épopée que la lawha avait transposé depuis les temps illustres.
Commentaires
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- 1. belfedhal abderrahmane Le 21/06/2025
Où est passée la beauté de l’effort ? La noblesse de la lenteur ? La chaleur du savoir transmis à la main, du regard du maitre, du mot écrit par soi-même ? Ces questions attendent des réponses de tous ceux qui ont franchi le seuil de la classe coranique et ceux qui ont trempé leurs plumes dans l’encrier d il était une fois.
Le sourire d’un souvenir retrouvé est peut-être le plus bel acte d’espérance face à l’oubli du monde.
Quand le monde avance trop vite, il est des hommes qui s’asseyent pour écouter le vent. Métaphore reliant le passé à l’avenir, la parole au silence, l’effort a la dignité, l’enseignement à l’humanité.
A toutes et à tous Essalem.
Avec la joie retrouvée, avec l’allégresse et l’euphorie de tout un peuple qui se retrouve suite à son indépendance du joug colonial, l’école indigène a été pliée dans l’engrenage des temps qui avancent.
La classe indigène, contrairement à la classe coranique qui à ce jour garde son souffle, devait quitter les bancs usés au profit de l’école républicaine. Que reste-t-il de cette école disparue ? Il reste le souffle du vent qui traverse les souvenirs d’antan…Un banc usé, une plume trempée dans l’encrier, il reste surtout la simplicité nourricière, cette pédagogie épurée ou l’essentiel primait sur l’accessoire, ou un seul livre suffisait pour éveiller l’intelligence et cultiver l’âme. Et aujourd hui ? Partant d’un exemple concret, les élèves de la première année primaire et ceux de la troisième année, supportent douloureusement le poids de 14 livres !!! Cet exemple ? Je l’ai pris avec désarroi et amertume de mes neveux… Bien qu’ayant été admis à des classes supérieures, le nombre de livres à son tour n’a pas cessé de grimper en hauteur vertigineuse… La scoliose est là pour vous obliger à utiliser des cartables à roulettes. Peut-être que dans l’esprit des amoureux des théories, il s’agit la d un enrichissement… Pour les élèves qui payent de leur santé et de la poche des parents, ce n’est ni plus ni moins qu’un alourdissement. En réponse a ce dilemme voici ce que cela interroge : trop de contenu ne fait pas plus de savoir, l’accumulation de manuels peut germer plus de confusion que de clarté et créer certainement un éloignement entre l’enfant et le plaisir de l’apprentissage. A titre comparatif, autrefois on enseignait de manière transversale (leçons de morale, récitations, calcul vivant), aujourd hui on fragmente l’apprentissage en matières trop spécialisées, déconnectées souvent de la réalité émotionnelle de l’enfant…Que signifie le mot technologie dans l’esprit de l’élève inscrit en première année du cycle primaire ? A l’époque où j’avais cet âge, je découvrais, émerveillé, le secret des lettres et des chiffres… Les pédagogues soutiennent sans réserve que tant qu’il y aura plus de ressources, il y aura certainement moins de repères… plus de programmes, mais parfois moins de mémoire. LA Fontaine depuis les temps anciens a laissé entendre : le lièvre perd sa raison tout en courant…Aujourd’hui, face à une école aux multiples reformes, lourde de manuels, éclatée en disciplines, il est légitime de s’interroger pour la énième fois sur la beauté de l’effort et la noblesse de la lenteur. Notre chère amie Noria n’a pas manqué de nous gratifier d’un excellent texte sur la lenteur qu’elle avait qualifié de douce révolution… Chère amie, le temps, ce meilleur juge, vous donne raison… Quand le monde va très vite, il est des hommes…
Appel solennel :
A vous, pédagogues,
A vous, maitres des temps modernes,
A vous, décideurs des programmes scolaires,
A vous, parents d’élèves,
Rendez à l’école ce qu’elle a perdu : Le souffle humain, le lien vivant, la responsabilité partagée. N abandonnez pas l’élève a la tentation des raccourcis faciles : ces polycopes standardisés récupérés par la grâce d’un clic dans les cybercafés, ne forment hélas, mille fois hélas, ni la pensée, ni le jugement, ni le caractère. Réfléchissons ensemble à des moyens de contrôle pédagogiques éthiques et humains : Des devoirs sur table plus fréquents, des entretiens oraux individualisés, une sensibilisation forte dès le primaire à l’importance de l’effort, une campagne nationale contre le plagiat scolaire déguisé. Pour conclure cet appel solennel, il est utile, O combien utile, de rappeler cet enseignement de pure sagesse, on ne grandit pas dans les raccourcis, on ne s’élève point dans les facilités, car sachant que l’école est un champ à cultiver, pas une marchandise à consommer. Nous nous rappellerons davantage que l’enfant n’est pas un VASE que l’on remplit, mais une SOURCE que l’on laisse jaillir. Que l élève sache à son tour qu’à l’école, ce n’est pas apprendre à réussir sa vie, c’est apprendre à la mériter… C’est aussi revivre les temps glorieux de l’école algérienne des années 1960 et 1970… De la classe des sadakates, en passant par celle du bon point, un léger sourire de fierté se dessine en moi quand il m’arrive de prendre entre mes mains le livret de cnep qui m’a été offert par le ministère de la culture, via le facteur du village…alimenté de la modeste somme de 50 da, il n’était pas qu’ une simple épargne, c’était une médaille invisible, le sceau d’une époque où le mérite scolaire faisait foi.
Amis du très noble site, ce que nous avançons n’est pas un simple partage sur un site, ce n’est pas une suite de mots bien agencés ou un devoir de mémoire isolé, au contraire c’est une résistance contre l’oubli, c’est une lanterne dans l’épaisseur du brouillard que le monde moderne semble parfois projeter sur les repères. C’est également une boussole intérieure dans un monde où beaucoup perdent le nord. Tant que le souvenir est vivant, tant que la réflexion avance, tant que la transmission continue, les portes de l’école ne se referment jamais vraiment. Passionné du site Alger Miliana, j’ajouterai sans réserve aucune, qu’à l’ombre du figuier enchanté, le site idem, ne meurt pas… il s’élargit. Ainsi le présent voyage prend fin.
A très bientôt. -
- 2. belfedhal abderrahmane Le 20/06/2025
La classe coranique et la classe indigène dans la peau de l’enfant que j’étais…troisième partie.
Lune enseigne le silence du cœur, l’autre le bruit du monde, mais toutes deux forgent l’homme.
L’esprit s’éclaire dans les livres, mais c’est dans le silence des traditions qu’il s’enracine… Citations.
A toutes et à tous Essalem.
Voici donc une page qui arrive à terme…celle de ma toute première classe mais aussi celle de ma classe indigène qui tour à tour, ont retracé le chemin menant vers deux mondes, vers deux visions. Quels sont alors les fondements et la portée de chacune ? Quelles ont été à cette époque les leçons apprises à la fois par l’écoute de la parole sacrée avec recueillement et respect, d’un savoir transmis de bouche à oreille, dans une ambiance ou chaque lettre tracée sur la lawha semblait couler de la mémoire des siècles ? Et l’école indigène, par les cris de la recréation, les règles de grammaire, les dictées redoutables, le calcul vivant et les projections de films à la cantine ? Il s’agissait de deux salles, deux éducations… Il ne s’agissait nullement d’une opposition, mais d’un enchainement, d’un passage doux entre deux modes éducatifs. La classe coranique fut pour beaucoup d’enfants de cette époque, la première porte d’entrée vers la connaissance. On y apprenait, dans un silence empreint de sacré, à tracer les lettres du saint coran et à écouter la récitation collective comme on écoute le souffle de l’aube. Cependant, l’enseignement bien que moins structuré, portait au-delà des lettres et des versets l’empreinte du respect, de la mémorisation et de la transmission orale. Puis vint, l’école indigène, avec son grand tableau noir, très impressionnant, sa craie blanche et ses pupitres rigides…l’élève devait ainsi quitter le rythme du verset au profit des belles illustrations de Ali et Omar
C’était aussi le temps de frère Jaques et à la claire fontaine…Dans cette double matrice, s’est forgée toute une génération riche de traditions, ouverte à la lumière du savoir. Ensemble, elles ont forgé des générations équilibrées entre foi et savoir, enracinées et tournées vers l’avenir. Dans la classe coranique nous enlevions nos chaussures avant d’entrer : geste humble et silencieux, presque sacré, un lieu habité par la parole divine. Le sol devenait alors un espace pur, sanctuaire d’apprentissage spirituel. La lawha, imprégnée de midad et de foi portait en elle les vibrations de chaque lettre tracée. Deux éducations. Lune portait les valeurs de l’éternité, l’autre celle du devenir…Un seul objectif, la dignité de l’apprentissage et l’amour de l’effort. Dans l’attente d’une quatrième partie qui se veut une réponse aux questions suivantes : qu’en est-il de l’école actuelle, ses programmes à couper le souffle, son armada de livres scolaires défiant le dos au point de perdre la raison, le libre recours aux cybers café qui delivrent sans le moindre effort de l’élève les fameuses copies collées et en guise de conclusion un appel solennel est adressé aux pédagogues, aux maitres et aux décideurs de programmes qui ont tendance à se changer comme on change de chemises… et ces regrettables comportements d’élèves qui sitôt la fin de l’année scolaire sonnante se ruent vers les poubelles pour se débarrasser de livres et de cahiers… Il est plus que nécessaire de se rappeler le pourquoi de l’existence de l’école et de sa portée réelle : Oui ! Pour que l’école demeure un sanctuaire du savoir. A bientôt. -
- 3. belfedhal abderrahmane Le 17/06/2025
L’école indigène…Deuxième partie.
La récompense du mérite n’est jamais petite aux yeux de celui qui a donné tout son cœur…Jean Baptiste de La Salle.
Le plaisir le plus doux est celui que l’on cueille soit même après l’effort……… André Gide.
L’honneur est à ceux qui n’ont jamais cessé de mériter, même quand personne ne les regarde….René Bazin.
A toutes et à tous Essalem .
Qui se souvient encore de ces petites cartes de format carré ou rectangulaire qui encourageaient le mérite, la persévérance et la discipline, délivrées aux élevés méritant pour récompense, suite à un devoir bien fait, un effort particulier, une bonne récitation ou tout simplement pour un comportement exemplaire…C’est le bon point. L’élève devait accumuler dix bons points pour obtenir une image coloriée ou une vignette. L’image contenait des thèmes se rapportant souvent à des fables de La Fontaine, animaux, paysages et autres. A l’instar du fameux bon point, l’image avait une valeur qui ne manquait pas de renforcer le lien entre effort et beauté. A la fin d’un trimestre, l’élève ayant accumulé le plus de bons points pouvait recevoir une gravure, une illustration de prestige. le plus souvent elle est encadrée. Cette récompense avait une portée symbolique très élevée, presque honorifique, elle couronnait l éleve que l’on appelait avec respect—le premier de la classe—loin d’être un simple carton, c’était un honneur à l’âme de l’élève… Une sorte de lueur d’éternité dans une enfance modeste. Le penseur Voltaire a dit : Il faut cultiver notre jardin. Pour les élèves assidus, chaque bon point était une fleur qui poussait dans le sillon de leur volonté. Dans ce sens, il utile de rappeler que l’école, comme la vie est un verger ou l’on sème tôt, ou l’on arrose de patience, ou l’on taille les mauvaises herbes par l’effort. Lorsque le fruit murit, fut-il un bon point, une image, une gravure ou plus tard un diplôme ou un simple mot d’encouragement, alors la saveur de ce fruit est inégalée car elle a le gout de la sueur, du mérite et l’amour de l’apprentissage. Dans l’attente d’une troisième et dernière partie de ce tourbillon nostalgique, à toutes et à tous Essalem. Chère amie Noria votre dernière contribution ne peut en aucun cas nous laisser indifférents tant la force et l’intensité des mots sont synonymes de calme stoïque… terriblement sonore. Chaque mot du texte—je refuse—est une offrande a la conscience. Une citation nous rappelle à juste titre que la mémoire est l’encrier de l’âme, et l’écriture sa plume la plus sincère. Il faut reconnaitre que le figuier enchanté est en passe de devenir un sacré tourbillon dans le sillon des leçons a apprendre dans le cours des temps immuables. Bon courage. -
- 4. belfedhal abderrahmane Le 13/06/2025
L’école devrait toujours avoir pour but de donner à ses élèves une personnalité harmonieuse, et non de les former en spécialistes………………………………Albert Einchtein.
L’instruction est à l’âme ce que la lumière est aux yeux…………..André Suarès.
L’enfance trouve son paradis dans l’instant. Elle ne demande pas du bonheur, elle est le bonheur…..Louis Pauwels.
A toutes et à tous Essalem.
Apres la classe coranique… Apres l’école indigène … après un long voyage dans le temps…
Me voilà de nouveau devant l’école indigène de mon enfance… le cœur battant, le regard ambué, et sans crier gare, tout m’y ramène : La classe avec son grand tableau noir, les tables porteuses d encriers en porcelaine blanche, témoins d’une époque où l’écriture avait le gout du silence appliqué. Le livre de classe communément appelé Ali- Omar, ami fidèle, accompagnait nos premières tentatives de compréhension du monde. Une fois par semaine, le jeudi après-midi, la cantine se métamorphosait en salle de projection. C’était la fête. On y retrouvait Zorro, charlot, Laurel et Hardy. Le noir et blanc faisait naitre en nous des âmes en couleurs. La cloche de l’école est toujours là, séparée du bout de chaine qui perpétuait joyeusement ses carillons à tous vents ne sonne plus, mais je l’entends encore…elle me parle d’un temps ou tout semblait plus grand, plus vrai. J’ouvre humblement la porte de ma classe au moment où la leçon civique et morale avait débuté ainsi : Respecte tes camarades, écoute ton maitre… Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te le fasse…En somme c’était un appel à devenir un être digne et responsable. Le calcul vivant, la dictée, la récitation, la recréation, étaient, autant de règles, nous aidant à compter, à peser, à mesurer et sentir surtout cette grande fierté quand venait la mention- très bien- soulignée d’un trait rouge sous une belle écriture à l’encre violette. La récitation, moment des poésies, s’exécutait en compagnie de cœur battant… Maitre corbeau sur un arbre perché…Et puis entre deux leçons, sur un terrain poussiéreux, on déversait alors une joie pure, un souffle de liberté pour de petits corps contraints par les bancs de bois. Je me rappelle encore les fameuses dictées qui faisaient trembler nos petites mains et perler une sueur froide sur nos fronts. Je me réjouis à me laisser bercer en regardant le drap blanc étendu sur le mur, accueillant en fanfare les héros de notre rêve…et si l’écran était fragile, nos rêves eux, étaient immenses. Au cœur de tout cela, il y avait l’enfant que j’étais. Une grande pensée à l’adresse de notre chère amie Noria qui j’espère qu’elle s’est remise d applong après l’ultime voyage de sa sœur de cœur, Lamie, l’amie de toutes et de tous. Que Dieu l’accueille dans son vaste paradis et nous pardonne nos péchés, les rendant par sa miséricorde en bienfaits, amine. A bientôt pour une seconde partie de ce tourbillon nostalgique. -
- 5. Miliani2Keur Le 13/12/2020
Bonjour AbderrAhmane
Je ne sais pas si nulle part a éxisté une évocation aussi journalistique qu'émotionelle de ce soldat Invisible qui tiens l'Algérie debout debuis المرابطون - les Mourabitounes: Le TALEB - الطالب (celui qui étudie le Coran), La ZAOUIA, avec ses déboires, ses miséres, ses compromissions, ses tendres mésquineries, fût une impitoyable école spirituelle qui a forgé des hommes de trempe, capable de la plus haute Affection autant que du plus haut sacrifice. La Zaouia aujourd'hui corrompue jusqu'a la détrempe par la bigoterie ambiante et le soudoiement politique.
Merci pour le détail, a profusion, toute cette symbolique mystique du Taleb, devant produire sa plume, son encre, versifiér sa Tablette - Louha, pour enfin livrer tout son effort à l'argile et a l'eau éssentiels et regénerateurs,, et se faire marteler, quotidiennement, la vanité de l'étre, le sublime de l'effort, école du Jihad : le vrai, l'intérieur, le grand, الأكبر . Combien cette modeste Lawha fût le bouclier qui à anéanti tant de menaces, tant de rivalités sociales, et Oh Combien comme toute notre existence de Nation en voie d'émancipation et de désalienation, nous devons complétement reprendre et réciter, renarer, jusqu'au tournis, jamais assez, jamais assez, ce patrimoine et le redistiller ...
Oui le Guendouz (Taleb ou étudiant) est encore viable, a nous de le réinventer, Néo-Mourabit il semble étre la seule menace au DollarDjihadiste, incubé par Lawrence d'Arabie dans les fioles du CIA avec le pognon des rejetons Omeiades!
Merci Si BelFedhal pour ce fragment de mémoire!
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