ELUCUBRATIONS D'UNE ENSEIGNANTE Acte II

 

Poursuivant ma réflexion entamée dans l'article précédent, voici quelques unes des questions que je me poserais:

- A quel moment puis-je parler d'insuffisance, d'excellence ou de faiblesse?
- Et puis, "Insuffisant"dans quoi?, "Bien" dans quel domaine?, "Excellent" en quoi?, "Passable" pour quoi?
- Que signifie la note 03/10 ou 12/20 ou 05/20 ou 09.75/20 ou même 20/20?
- Quand cette note apparait sur la copie d'un élève, qu'est ce qu'elle lui apporte comme information?
- Lui montre t-elle où il en est dans sa progression, dans ses apprentissages, dans ses acquis?
 
Il faut reconnaître honnêtement que la réponse à ces questions sera plutôt évasive ou vague, et pour certaines d'entre elles ça sera carrément NON!
Car, malgré leur précision et exactitude, les chiffres ne donnent qu'une image subjective et superficielle de la valeur du travail des enfants.
 
Pire encore, ces chiffres enferment les acteurs de l'école dans une spirale tourbillonnante qui les empêche tous (y compris les parents et les élèves)*de voir autre chose que ces mêmes chiffres! Un vertige les empoigne tous en leur occultant tous les autres éléments d'appréciation.
 
Et il en existe des éléments d'appréciation! Moins expéditifs et tellement plus explicites et significatifs!
 
Mais avant d'essayer d'en identifier certains( les éléments), il me vient à l'esprit une question un peu moins terre à terre que les précédentes.
 
Pourquoi n'évalue t-on chez l'élève que son travail?
 
Ceci me ramène à l'idée que l'élève est "Assigné à Rendement" scolaire quel que soit X!**
 
Et la spirale tourbillonnante mentionnée plus haut acquiert tout son sens à ce niveau!
A telle enseigne que le petit bout d'chou entré à l'école pour apprendre et s'épanouir devient subitement "machine à savoir" ou pire, "machine à bonnes notes".

En réalité, je vais tourner un peu en rond pour mieux cerner cette problématique.

Et, en tournant en rond, je me retrouve à m'interroger sur l'exactitude de la question "Pourquoi n'évalue t-on chez l'élève que son travail?"

- Est-ce vraiment le travail que j'évalue?
- Et que signifie le terme "travail" dans le contexte scolaire?

Sachant que le dictionnaire définit "travail" comme un "ouvrage que l'on fait ou qui est à faire et qui demande du temps et de l'effort", essayons de déterminer à quoi peut se rapporter ce mot dans le contexte scolaire.      

J’arrête pour l’instant… A la prochaine.

Par Safia BELHOCINE

Commentaires

  • Miliani2Keur
    • 1. Miliani2Keur Le 14/12/2015
    C'est l'ebauche d'un travail de soufle, Belhocine!

    Oui il faut débusquer la machine a comparer et mettre en compétition dans l'école :
    l'Ecole doit revenir a l'Ecoute! apprendre a écouter, l'eleve

    a apprendre a DOUTER
  • ferhaoui
    • 2. ferhaoui Le 14/12/2015
    bonjour tout le monde comme c'est intéressant !!ces propos afin de cerner les véritables problemes du secteur...de l'éducation nationale une louable initiative et bonne analyse de nos deux amies: p'tite soeur meskellil et safia belhocine
  • Meskellil
    • 3. Meskellil Le 14/12/2015
    Bonsoir Safia,

    Bonsoir à tous,

    Un questionnement à niveaux que je partage pleinement ! Pourtant, parents comme enseignants, et bien que souvent parfaitement conscients que la note ne reflète en rien tous les savoirs, savoir faire, et savoir être de l’élève, restent pris dans ce système de notation si décrié, tellement débattu mais finalement toujours dominant comme baromètre des connaissances et compétences acquises. « Evaluer pour mieux enseigner, être évalué pour mieux apprendre » implique une nécessaire articulation à des objectifs opérationnels (évoqué précédemment), concrets mesurables par l’enseignant qui aura de meilleurs indicateurs pour lui permettre de faire les ajustements nécessaires, et aussi par un élève est actif, partie prenante dans son apprentissage. Que les différents apprentissages et leurs articulations aient du sens pour l’enseignant et l’élève.

    Sortir des schémas classiques des savoirs inertes n’est pas chose facile. Transmettre seulement des connaissances évite de se remettre en question, de remettre en question ses pratiques, d’avoir une démarche réflexive sur son approche. Il y a beaucoup d’implicite dans les approches pédagogiques, et l’évaluation des compétences transversales y est continue, mais elle n’est malheureusement pas toujours formalisée, et ce qui est pris en compte finalement, c’est l’évaluation sommative, qui évacue en effet ces compétences transversales (savoir faire, savoir être, expérience…) pour ne se centrer que sur les savoirs détachés de tout contexte : j’ai appris, je restitue. L’élève est passif, de même que l’enseignant.

    Il me semble que l’inscription dans une pédagogie de la réussite s’appuyant sur des réalisations d’abord petites, puis de plus en plus complexes permettrait à l’élève de progresser et d’acquérir une valorisation et un encouragement soutenu. Cette pédagogie permet un changement positif progressif de l’image de soi de l’élève. Bien sûr, il est nécessaire d’accompagner, de suivre l’élève au plus près dans sa progression et dans ses difficultés (c’est là que le bât blesse en général en raison des moyens humains et matériels à mobiliser souvent limités). Il est question donc de changer la nature de la relation entre l’enseignant et l’élève, et de travailler sur des situations pratiques à partir d’objectifs opérationnels, savoir ce qu’on évalue, pourquoi on l’évalue et comment on l’évalue. Des objectifs opérationnels mesurables et observables dans des situations pratiques. M. Paul dit à propos de l’accompagnement et de la dynamique qu'il favorise :

    "Cependant, si la fonction est du côté de l’ordre et de la loi, la relation se trouve du côté du désordre (comme dés-apprentissage, dés-construction d’un ordre établi), introduction d’un non-ordre, c’est-à-dire du désir, de l’effervescence affective, du non-rationnel en vue d’une reconstruction. La parole en constitue l’articulation dialectique comme lieu où se combinent les règles et la créativité, […] ce principe de débordement qui amène à franchir, aller au delà, se détacher et avancer, se présente comme l’essence de ce mouvement qui anime un accompagnement".

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