Articles de Meskellil
-
Ya Hal 3alam, Ana Mine Haqi... /O monde, j’ai le droit…
- Par Meskellil
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
- 6 commentaires
Extraits de la Déclaration des Droits de l’Enfant
« L’enfant est reconnu, universellement, comme un être humain qui doit pouvoir se développer physiquement, intellectuellement, socialement, moralement, spirituellement, dans la liberté et la dignité. »
Principe premier
L’enfant doit jouir de tous les droits énoncés dans la présente Déclaration. Ces droits doivent être reconnus à tous les enfants sans exception aucune, et sans distinction ou discrimination fondées sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion, les opinions politiques ou autres, l’origine nationale ou sociale, la fortune, la naissance, ou sur toute autre situation, que celle-ci s’applique à l’enfant lui-même ou à sa famille.
Principe 2
L’enfant doit bénéficier d’une protection spéciale et se voir accorder des possibilités et des facilités par l’effet de la loi et par d’autres moyens, afin d’être en mesure de se développer d’une façon saine et normale sur le plan physique, intellectuel, moral, spirituel et social, dans des conditions de liberté et de dignité. Dans l’adoption de lois à cette fin, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être la considération déterminante.
Principe 3
L’enfant a droit, dès sa naissance, à un nom et à une nationalité. -
Hommage à l'Algérie, au Peuple Algérien
- Par Meskellil
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
- 9 commentaires
En ce mois de Novembre Historique, je souhaite rendre un hommage viscéral profond, total à ce valeureux Peuple Algérien dans toutes ses composantes, fier, digne, courageux, généreux, pacifique et fondamentalement humain, humaniste. Un ensemble riche de toutes ses diversités: nuances, variétés, couleurs, un magnifique arc-en-ciel qui fait que l’Algérie est l’Algérie, celle qu’on aime, avec le souhait ardent que cet ensemble demeure un tout harmonieux, fraternel, solidaire et portant haut et avec fierté ses différences, ses valeurs, ses richesses.... Allah yarham echouhada!
Je viens de ce pays… de K. Akouche
Le montagnard ne cède ni à la rudesse des nuits hivernales qu’il accueille sans couvertures chaudes, ni à la brutalité des longues journées de labeur, encore moins à l’imprécation du sort qui lui a tatoué le front.
Depuis la nuit des temps, sa vie est synonyme de résistance, d’endurance et de ténacité. Son repas se résume à quelques figues sèches trempées dans un bol d’huile d’olive.
Son vin: pas plus d’une coupe de lait caillé.
Ses habits: un simple tissu de laine.
Ses chaussures: des savates sans lacets.
Sa maison: un toit de tuiles posées sur des roseaux et du chaume, raccommodés avec de l’argile et du schiste, le tout soutenu par des poutres taillées dans d’antiques oliviers, où les humains et les bêtes vivent grégaires.
Ses valeurs: la famille, la dignité, l’honneur et la liberté.
Ses vertus: le pardon, le sens du partage et l’hospitalité.
Sa religion: l’amour sans fin, l’amour de son prochain, de ses bêtes, de ses arbres, de sa terre, de ses dieux, de ses saints et même…de ses ennemis…
Tel est cet être touchant à qui le monde a tourné le dos: une âme chaste et un cœur débordant de tendresse.
Un être jaloux qui ne badine ni avec ses principes, encore moins avec ses valeurs.
Je viens de ce peuple.
J’appartiens à ce peuple…
J’appartiens à ce peuple que le destin et les âges iniques ont relégué au rang de spectateur.
J’appartiens à ce peuple qui assiste, la bouche muselée, au cirque arbitraire de l’Histoire qui piétine sa civilisation.
J’appartiens à ce peuple de troubadours qui sait manier le verbe, comme tant d’autres savent si bien manœuvrer les armes.
J’appartiens à ce peuple qui, à cause de la brutalité de l’existence, ne se sent nulle part chez lui.
Comme mes aïeux qui ont traîné leur vie d’un bout à l’autre, c’est mon tour d’endosser l’attirail du soldat de l’exil.
Désarmé, dans le sillage de l’aventure, j’affronte les douleurs, les frayeurs et les fantômes des territoires étrangers.
Je suis l’empreinte de ce peuple.
Je porte en moi son interminable errance, ses pérégrinations incessantes au large de l’Histoire et au bord des Civilisations.
Je suis le produit des péripéties de mon peuple.
Je suis l’authentique descendant de ce peuple.
Dès le berceau, il m’a légué ses mots et ses douleurs. J’en ai fait ma morale, j’en ai fait mes valeurs. J’en ai construit et rafistolé les bribes de ma vie. Du giron de ma mère où j’ai tété le lait de mes racines, jusqu’à aujourd’hui ; de l’enfant effarouché que j’étais, habillé d’une robe usée jusqu’à la trame, lorsque je me vautrais et me roulais dans la poussière brûlante de la cour de notre maison en torchis, je n’ai cessé de porter mes chimères à bout de bras…
J’appartiens à ce peuple d’Hommes libres, riche malgré tout de sa misère : de ses loques en laine lavées à la sueur de l’infortune et au sang de la fatalité, de ses galettes d’orge cuites au feu rougeâtre de l’adversité, de ses oliviers mille fois millénaires élevés comme par défi si haut dans le ciel…
J’appartiens à ce peuple riche malgré tout de ses figues, de ses montagnes, de ses bijoux, de son artisanat, de son métier à tisser et de la beauté sauvage de ses filles…
J’appartiens à ce peuple d’hommes et de femmes libres, qui n’a jamais eu la conquête comme mode de vie, ni la violence comme gagne-pain…
Depuis des générations immémoriales qu’il résiste et qu’il se bat, qu’il souffre et qu’il se débat. Forgeron de métaphores, chantre de beautés, bâtisseur de paix ou charmeur de divinités; tout ce qui est bon sied à ses états d’âme et tout ce qui est mauvais n’atteint aucunement son esprit.
Ce peuple est mon peuple.
Sa terre est mon univers.
Son univers est ma foi.
Sa foi est ma croyance.
Ses doutes sont mes certitudes.
Ses quêtes sont mes rêves.
Ses rêves sont mes illusions.
Ses illusions sont mes douleurs et ses révoltes sont mes colères…
Quel brave peuple que ce peuple valeureux ! Il sait être digne dans sa misère, brave dans son martyre, dur dans ses révoltes, endurant dans ses corvées et tendre dans son art.
Ainsi survit mon peuple dans l’épreuve.
Ainsi rêve mon peuple dans l’ambition.
Aucun pesant d’or ne réussira à corrompre ses bijoux en argent et en corail et nul Crésus ne pourra se permettre de s’offrir son âme.
Ses valeurs ne se bradent pas, ses principes ne s’achètent pas.
Mon peuple c’est ce peuple pauvre parce qu’il ne mange pas souvent à sa faim. Mon peuple c’est ce peuple humble, discret, presque effacé; déshérité sans pour autant être miséreux, car mon peuple n’est pas l’indigent qui fait la manche…
Il est riche malgré tout de sa faim de pacifisme, de sa soif de non-violence et de son humanisme à perte de vue.
Il a su fabriquer d’une vulgaire peau de lièvre un tambour pour traquer les démons et tailler d’un roseau une flûte pour charmer ses malheurs.
Mon peuple c’est le chant des tripes incandescentes, le cri des cœurs sensibles, le roulement interminable des bendirs, les notes suaves de la mandoline. Mon peuple c’est la complainte, la berceuse, la danse, le poème, la verve et l’élocution…
-
UB 40 / Food For Thought
- Par Meskellil
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
- 2 commentaires
UB 40 Food For Thought
En écho à Fatou Diomé et au combat courageux et combien inégal qu’elle mène comme beaucoup d’autres…, UB 40 nom d’un groupe de Reggae britannique façonné par de nombreuses influences (écossaise, galloise, yéménite, africaine, jamaïcaine). UB 40 comme le formulaire britannique de demande des droits au chômage, Food For Thought ( matière à réflexion) renvoie à Martin Luther King et à son combat pour la paix et contre la pauvreté suite à son assassinat.
Merci Miliani2Keur pour la présentation Fatou Diomé et le rappel de son combat -
Rafeef Ziadah - ' We Teach Life, Sir !
- Par Meskellil
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
- 0 commentaire
UNE PAGE QUE JE DEDIE A TOUTES LES VICTIMES INNOCENTES DE LA BETISE HUMAINE.
« Comment pouvez-vous savoir si la terre n'est pas l'enfer d'une autre planète? » Aldous Huxley
… Je professe la religion de l’Amour
Et quelque direction que prenne ma monture
L’Amour est ma religion et ma foi … L’Emir Abdel Kader
L’Espoir est une veilleuse fragile
Sur cette terre vouée au désastre
Nous tenons, nous résistons
Nous nous arc-boutons
Contre vents et marées
Défiant le soleil des armes
Son éclat meurtrier
Car il faut persister, persister sans fin
Dans l’âpreté des jours
Comme si l’on ne devait jamais mourir
Dans ce poème, ce n’est pas moi qui vous parle
Dans ce poème, Ce n’est pas ma voix que vous entendez
Mais ce qui me traverse et me maintient :
L’ombre désespérée de la beauté
Cet espoir infini au cœur des hommes
Car dans nos mains qui tremblent
Cette petite lueur d’Espoir,
Est une veilleuse fragile
Au cœur de la nuit carnassière
Bernard Mazo -
TAGRAWLA/ YEMA TEDDA HAFI
- Par Meskellil
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
- 1 commentaire
A MA MERE...
Tagrawla "Yema Tedda Hafi" "Ô Mère Aux Pieds Nus" -
فاطمة المرنيسي
- Par Meskellil
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
- 0 commentaire
Entretien avec Fatema El Mernissi
Allah yarhmek Fatema, repose en paix!
…Entretien avec Fatema Mernissi et Kenza Sefrioui, journaliste à la revue culturelle arabe du Maghreb «Souffles» au Maroc, à propos de ce qu’il se passe dans le monde arabe aujourd’hui, et de ce que l’on appelle « le printemps arabe » le 02/07/2011.
-Vous avez beaucoup travaillé sur la situation des femmes et sur les moyens de leur libération. Quelle est selon vous l’évolution majeure de la condition féminine au Maroc et dans le monde arabe?
Depuis 1991, j’ai arrêté de travailler sur la femme et j’ai commencé à travailler sur l’islam numérique, pour une raison simple : on a vu la première guerre du Golfe sur CNN, et on se réveillait à trois heures du matin pour voir les bombes sur Bagdad. Six mois après, il y a eu la première télévision panarabe, MBC, puis, en 1996, Al Jazira. Depuis, il y a plus de cinq cents satellites panarabes. J’ai réalisé qu’il n’y avait plus de séparation entre le public et le privé. Dans l’islam, l’espace privé, c’est celui de la femme; l’espace public, l’argent, la politique et l’économie, etc., c’est celui de l’homme. Or cette séparation a été détruite par les médias satellitaires : il suffit d’avoir la parabole et, dans chaque maison, la femme regarde un feuilleton turc ou la vedette qui lui plaît devant son mari. J’ai pensé que ça allait être une révolution fondamentale dans les mentalités. Il y a eu aussi l’accès massif des femmes aux médias et aux moyens de communiquer. Elles ne transmettaient pas seulement les nouvelles, mais elles les fabriquaient, et étaient devenues des vedettes.
-Cette évolution technologique a-t-elle eu un impact sur le Printemps arabe?
Pour moi, la révolution des jeunes de 2011 montre enfin cette transformation radicale de la culture, des mentalités et des repères, qu’ils soient sexuels, politiques ou économiques. Pour réaliser ce qui s’est passé, il faut vous rappeler que tous les contes des Mille et Une Nuits se terminaient par cette phrase: «L’aube attrapa Shéhérazade et elle se tut, car c’était la fin de la parole permise».
Shéhérazade ne parlait pas la journée, parce que c’est l’homme qui parle la journée. Elle ne peut parler que la nuit. Maintenant, Shéhérazade parle sur Al Jazira non stop! Les productrices d’émissions sont d’une agressivité incroyable ! Elles vous coupent un chef d’Etat comme rien du tout ! On ne peut pas comprendre ce qui s’est passé dans les rues lors de la Révolution du Jasmin ou du Printemps arabe, si on ne se rappelle pas que la technologie a déjà détruit les rapports de force et les rapports de soumission horizontale. On a l’air de découvrir Facebook, mais les satellites avaient commencé bien avant : dans la majorité des télévisions, on pouvait appeler ou envoyer des SMS. L’interactivité était déjà là. Les jeunes sont nés dans un espace interactif.
Quels sont les autres apports de la technologie au niveau de la société?
La technologie est un moyen de démocratiser les rapports entre les gens. Par exemple, les statistiques disent que les Marocains sont illettrés. Mais les statistiques de l’Etat, c’est de la blague. Quand j’ai écrit Les Sindbads Marocains, je suis allée à Zagora, et j’ai voulu acheter un miroir. Le vendeur m’a demandé 200 dirhams, j’ai dit 100 dirhams. Il m’a dit: «Non. Tu peux aller voir le prix sur mon site web parce que je n’ai pas de temps pour des gens comme toi ». Je lui ai dit: «Ah bon? Tu as un site?» Il m’a répondu: «Toi, tu as une voiture, un ordinateur, un téléphone, tu communiques avec la planète. Moi, je n’ai rien du tout. Ma vie dépend du touriste qui vient m’acheter mon artisanat. Donc j’ai besoin d’avoir un site pour montrer mes produits». Je suis restée baba et lui ai demandé ce qu’il avait répondu au dernier recensement. Il m’a dit qu’il avait répondu illettré, parce que s’il avait répondu alphabétisé, on lui aurait demandé quel diplôme il avait. Or il n’avait pas de diplôme et avait tout appris grâce à internet. Il parlait l’anglais et l’allemand, qu’il avait appris en regardant la télévision et en lisant de petits manuels, tels que L’Anglais en 5 jours. Donc les technologies ont permis aux gens d’être alphabétisés en dehors de l’école, qui est une semi-prison de l’esprit, puisque les profs n’ont pas bougé et ne connaissent pas l’interactivité. Et puis elles ont permis la remise en question de tous ceux qui détiennent le pouvoir, toute sorte de pouvoir. Dans le domaine économique aussi. J’ai fait une enquête sur une jeune femme qui vit dans le quartier populaire de Hay Karima, très modeste. J’ai été la voir chez elle. Elle a terminé sa thèse et travaille à des enquêtes. Elle vit dans une chambre minuscule avec sa grand-mère. La grande transformation de sa vie, c’est qu’elle a pu acheter un ordinateur portable avec une clé Inwi qui pour 10 dirhams, lui donne accès à internet pour 24 heures. Avant, elle payait 5 dirhams l’heure au cyber. Elle n’a pas d’espace privé, ni beaucoup d’argent, mais elle a la possibilité de se connecter avec le monde. Elle publie ses articles sur internet. Quand j’avais 23 ans, je n’avais pas cette possibilité. Envoyer une lettre coûtait beaucoup d’argent. Téléphoner coûtait extrêmement cher.
Qu’est-ce qui fait, pour vous, la spécificité du mouvement du 20 février?
Dans le Livre des Fous (Kitâb al-Hamqâ’), Ibn Jawzi dit qu’on reconnaît que quelqu’un est fou parce qu’il répond rapidement! Mais on assiste à l’émergence d’une société basée sur un leadership fondé sur l’écoute, et non sur le cri ni la violence. D’ailleurs, en Islam, il n’y a pas de centre, de personne sacrée. Même Mohammed est «bacharoun
mithloukoum, un être humain comme vous». Comme il n’y a pas de hiérarchie pyramidale, on crée le leadership en se faisant aimer de ceux qui obéissent : «Pacifiez les rapports avec autrui (yassiru). Ne compliquez pas les choses (lâ tu’assiru)». C’est le hadith du Prophète rapporté par Bukhari dans son Sahîh. Pour moi, c’est l’effondrement de tous les pouvoirs de domination et la réémergence de la nécessité de négocier avec ceux qu’on dirige : ce sont des partenaires et non pas des esclaves. Donc un autre système est en train de se fabriquer. On me dit: «il n’y a pas de leadership». Peut-être qu’un nouveau leadership collectif est en train d’émerger. Pas une seule personne, mais peut-être un groupe. Je ne sais pas. Mais ce qui est sûr, c’est que le monsieur qui parle au nom de millions, c’est fini. C’est un fou. D’autre part, le mouvement est féminisé. Les hommes, les femmes sortent avec leurs enfants, toute la famille est dehors. On assiste à l’émergence d’une communauté basée sur le respect intégral de tous au sein du groupe. Ce que l’Occident ne connaît pas : l’Occident a l’individu, mais pas la communauté. Nous assistons à la naissance d’un individu adîb. Al-adâb, c’est être sensible au groupe: «l’art de l’autodiscipline et de l’introspection», selon le fameux dictionnaire Lissan al-‘Arab d’Ibn Manzour. L’adâb est cette sensibilité à autrui, au fait que tu n’es pas seul. Seuls les fous oublient les autres et s’évanouissent dans leur narcissisme. Quand on est normal, on est conscient qu’il y a le groupe, qu’il ne faut pas l’offenser mais le respecter. Ma théorie, c’est le adâb: la sensibilité, l’intelligence civique. Pour être heureux, il faut aussi servir les autres, et ne pas leur faire du mal.
-Qu’est-ce qui vous frappe, au niveau de l’enjeu social de ce mouvement?
Le plus évident, c’est le niveau politique et le niveau économique. Mais pour moi, c’est le niveau psychologique qui va demander le plus de temps. On assiste à une renégociation globale. Ce n’est pas uniquement entre le roi et le peuple, ni entre le roi et les partis politiques. Il y a un grand débat entre les différentes générations, entre les parents et les enfants. Tout le monde se remet en question. Pour la première fois, les parents se remettent en question. C’est pour ça que ça dérange tout le monde. On n’est pas habitué. C’est bien simple, ma génération, le mot clef, c’était « skout, tais-toi». Je n’ai jamais entendu quelqu’un dans ma famille me dire «parle, ma fille, dis-moi ce que tu penses». On dit qu’on insulte les vieux, ce n’est pas vrai. Mais c’est la première fois où la relation entre les générations est négativisée. Ma génération regardait les leaders, Allal El Fassi, Mohammed V, comme des dieux, en quelque sorte. De nos jours, tu regardes ton chef avec un œil critique. On attaque les politiques. Il y a plein d’insultes contre les intellectuels : c’est parce qu’ils ne sont pas dans la rue ! Les jeunes auraient voulu avoir ce contact avec eux. Plus que jamais, les jeunes veulent parler avec leurs professeurs, avec les intellectuels. Ce n’est pas une guerre entre les générations, c’est le désir de transformer cette relation. On ne veut pas un papa, on veut un nouveau père, ou une nouvelle mère, qui arrive à écouter l’enfant. La révolution du 20 février, c’est qu’on doit accepter que sa position de pouvoir soit déstabilisée, et c’est bon parce que ça apprend à être plus dans l’écoute. C’est pour ça que l’humour est important. Mais ça va prendre du temps. Ce que je trouve magnifique, c’est que les jeunes sont pacifiques. Ils ne veulent plus de violence. C’est le côté le plus important de ce mouvement. C’est pour ça, au lieu de leur tomber dessus en disant qu’ils sont avec les extrémistes – d’ailleurs, même les extrémistes sont transformés – on ferait mieux de réaliser qu’on ne peut plus être fort avec la violence. Les jeunes veulent un monde sans violence. Le fait de ne pas écouter, c’est de la violence. Le fait d’empêcher les gens de faire de l’humour, c’est de la violence, parce que l’humour, c’est voyager là où on ne t’attend pas, c’est traverser les ponts… On va dans un monde où les ponts seront toujours traversés et où Shéhérazade ne s’arrêtera pas à l’aube, elle continuera à parler toute la journée. Il faut que Shahrayar apprenne à ne pas être le seul à parler : Shéhérazade va changer le rythme parole, écoute…
-
Nusrat Fateh Ali Khan / Allah Hoo
- Par Meskellil
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
- 0 commentaire
En lien avec le message de paix profonde de Aziz que je salue.
Les Indonésiens en général et les Balinais en particulier sont un peuple pacifique, chaleureux, simple, humble et cela se sent, se vit, se communique aux visiteurs aussi. La vie spirituelle est très présente et très profonde, une philosophie de vie, une reconnaissance de la vie, à la vie, célébrée en continu malgré les conditions de vie souvent très difficiles. Les offrandes en fleurs, nourritures, encens jalonnent rues et habitations. Respect profond pour tout ce qui est vivant, visible comme invisible.
On s’incline pour saluer l’autre, et on s’incline aussi pour prendre congé. En Algérie, on met la main sur le cœur pour saluer et prendre congé, un geste au sens si profond, si beau ! Paix, sérénité, bien-être, communion, plénitude même sont présents pour peu qu’on y soit sensibles, attentifs, réceptifs. Extraordinaire conscience de soi, de l’autre dans un environnement foncièrement humain, ouvert, tolérant, fraternel, profondément spirituel. Une expérience précieuse, rare.
Merci Aziz d’avoir favorisé cette évocation et comme je vous comprends, le retour à un monde très matérialiste est quelque peu brutal.
J’ai choisi de vous présenter Nusrat Fateh Ali Khan maître de qawwali, dans un sublime chant soufi, Elévation et Paix. Le morceau est un peu long, mais justement, pour s’imprégner de la profonde spiritualité de ce message, la longueur devient un chemin méditatif à parcourir. Alors bonne écoute pour les volontaires. Merci Aziz, Chantal pour vos messages de tolérance et de paix. -
Biya dhaq el mour/Blaoui el houari
- Par Meskellil
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
- 11 commentaires
Biya dhaq el mour
Tout comme « Bakhta », « Bia Dak El Mour » est une œuvre poétique-phare du chant Bedoui oranais. Son géniteur n'est autre que le Cheikh El Hachemi Bensmir qui a légué à son digne successeur, Blaoui Houari, le soin de pérenniser, à travers une très belle mélodie, ce standard Wahrani.
Bensmir, en maître incontesté du genre Baladi, est né en 1877 à Oran , à M'dina Djdida exactement. Il est issu d'une vielle famille, oranaise originaire de Mascara. Après avoir appris le Coran à Sidi El Houari, auprès de Cheikh Mustapha Ben Chérif, le barde se lancera, dès son jeune âge, dans le Chiire El Melhoune. « Bia Dak El Mour », pur lyrisme conciliant foi divine et sentiment d'amertume à l'endroit de l'ordre colonial, vaudra au poète, durant les années vingt, un séjour en prison. Car en fait, les cinquante deux vers de cette sublime inspiration « subversive » renvoient à un dialogue qu'entreprend le poète dans un cimetière avec une femme éplorée à la suite du décès de son frère qui n'est autre que Houari Ould El H'biche. L'endeuillée, à l'image de la grande poétesse arabe El Khanssa, étale dans ses pleurs tous les mérites de son frère qui était un réconciliateur (Jah) célèbre sur la place d'Oran. La rengaine du poème et du poète, prédication et consolation, revient entre chaque strophe pour rappeler dans la résignation « qu'il est écrit que l'homme peut être vaincu et que ses malheurs augmentent ». Et dans une longue litanie, l'affligée entend dire « que peut représenter ton malheur face à celui de tous ces hommes qui, humiliés et fouettés, s'en vont, boulets aux pieds, dans les bateaux du non-retour ». Ici, l'allusion est faite au « bateau blanc » qui emmenait les rebelles avant l'heure vers le bagne de Cayenne. Bensmir a chanté « Wahrân Ki Kounti », une autre œuvre moins connue mai qui chante la splendeur de la ville d'Oran avant la colonisation Française. Il mourra subitement au mois de juin de l'année 1938.
Il laissera une lignée de Chanteurs à l'image de son fils Bensmir Missoum, encore vivant de nos jours. Ce qui est perceptible dans cette œuvre, c'est l'isotopie de la résignation et de l'abandon face à l'hégémonie du colonisateur, la même qui caractérisera toute la production littéraire algérienne et politique du début du siècle, jusqu'aux années quarante.
(Source El Watan 14 déc. 2005) -
...Le plus important bouleversement démographique...
- Par Meskellil
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
- 0 commentaire
La colonisation occidentale, le plus important bouleversement démographique de l’histoire de l’humanité
Par René Naba
Août, 2015
1- La Méditerranée un cimetière marin
30 000 personnes ont péri en dix ans entre 1995 et 2015 aux portes de l’Europe dont 3.500 en 2014 et 1.800 pour le premier semestre 2015. Un nombre record de 137 000 migrants ont traversé la Méditerranée dans des conditions périlleuses au cours du premier semestre 2015, soit une hausse de 83% par rapport au premier semestre 2014. La situation devrait empirer avec l’été : le nombre de migrants en Méditerranée était passé en 2014 de 75 000 au premier semestre à 219 000 à la fin de l’année, selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés.
L’Union Européenne a mis sur pied un plan d’urgence pour soulager la Grèce et l’Italie, premiers pays concernés par l’afflux de migrants. Selon ce plan, l’Union européenne doit se partager la prise en charge de 40.000 demandeurs d’asile originaires de Syrie et d’Érythrée arrivés en Italie et en Grèce depuis le 15 avril. La France serait censée en accueillir 4 051 venant d’Italie et 2 701 venant de Grèce. Paris devrait également accueillir 2 375 des 20 000 réfugiés reconnus par les Nations unies, qui demandent pour eux une protection internationale.
En comparaison, du fait des guerres de prédations économiques menées par le bloc atlantiste contre les pays arabes, Le Liban, la Turquie et la Jordanie accueillent à eux seuls plus de quatre millions de réfugiés syriens, alors que la France n’en a accueilli que 500 à titre humanitaire depuis 2011 ! « Dans une maison (…), il y a une canalisation qui explose, elle se déverse dans la cuisine. Le réparateur arrive et dit j’ai une solution : on va garder la moitié pour la cuisine, mettre un quart dans le salon, un quart dans la chambre des parents et si ça ne suffit pas il reste la chambre des enfants », a ironisé Nicolas Sarkozy, occultant, lui, ce fils d’immigrés, Français de « sang mêlé », comme il se définit, sa lourde responsabilité dans la destruction de la Libye et de la projection migratoire qui s’est ensuivi vers le Nord de la Méditerranée.
Retour sur ce naufrage civilisationnel
II- Un fardeau de l’Homme blanc ou une prédation de la planète ?
« C’était au début du printemps 1750 que naquit le fils d’Omoro et de Binta Kinté, dans le village de Djoufforé, à quatre jours de pirogue de la côte de Gambie ». (Roots : The saga of an american family (1976) Alex Haley, titre de l’ouvrage en français « Racines » (2).
Curieux cheminement. Curieux croisement : alors que l’Africain du Sine Salloum, région natale de l’auteur de l’ouvrage « Roots », en même temps que celle du signataire de ce papier, était extirpé de ses racines par les colonisateurs de la Sénégambie pour se projeter au-delà des océans en vue de contribuer à la prospérité du Nouveau Monde, les Français et Anglais, Espagnols et portugais, d’abord, au XVIII me -XIX me siècle, puis les Libanais et les Syriens, ensuite au XX me siècle, étaient conduit à l’exode sous l’effet des contraintes économiques.
Un mouvement parallèle… Le Noir allait peupler l’Amérique, quand le blanc se substituait à lui sur son continent, comme intermédiaire entre colonisateurs et colonisés.
Cinquante-deux millions de personnes, colons en quête d’un gagne-pain, aventuriers en quête de fortune, militaires en quête de pacification, administrateurs en quête de considération, missionnaires en quête de conversion, tous en quête de promotion, se sont expatriés du « Vieux Monde », en un peu plus d’un siècle (1820-1945), à la découverte des nouveaux mondes, lointains précurseurs des travailleurs immigrés de l’époque moderne.
Au rythme de 500 000 expatriés par an en moyenne pendant 40 ans, de 1881 à 1920, vingt huit millions (28) d’Européens auront ainsi déserté l’Europe pour peupler l’Amérique, dont vingt millions aux États-Unis, huit millions en Amérique latine, sans compter l’Océanie (Australie, Nouvelle Zélande), le Canada, le continent noir, le Maghreb et l’Afrique du sud ainsi que les confins de l’Asie, les comptoirs enclaves de Hong Kong, Pondichéry et Macao.
Cinquante deux millions d’expatriés, soit le double de la totalité de la population étrangère résidant dans l’Union Européenne à la fin du XX me siècle, un chiffre sensiblement équivalent à la population française. Principal pourvoyeur démographique de la planète pendant cent vingt ans, l’Europe réussira le tour de force de façonner à son image deux autres continents, l’Amérique dans ses deux versants ainsi que l’Océanie et d’imposer la marque de sa civilisation à l’Asie et l’Afrique.
« Maître du monde » jusqu’à la fin du XX me siècle, elle fera de la planète son polygone de tir permanent, sa propre soupape de sécurité, le tremplin de son rayonnement et de son expansion, le déversoir de tous ses maux, une décharge pour son surplus de population, un bagne idéal pour ses trublions, sans limitation que celle imposée par la rivalité intra européenne pour la conquête des matières premières. En cinq siècles (XVe-XXe), 40 % du monde habité aura ainsi peu ou prou ployé sous le joug colonial européen. Prenant le relais de l’Espagne et du Portugal, initiateurs du mouvement, la Grande-Bretagne et la France, les deux puissances maritimes majeures de l’époque, posséderont à elles seules jusqu’à 85 pour cent du domaine colonial mondial et 70 % des habitants de la planète au début du XX me siècle, pillant au passage, le Portugal et l’Espagne l’or d’Amérique du sud, l’Angleterre les richesses de l’Inde, la France le continent africain.
III- L’effet Boomerang : « L’invasion barbare »
Par un rebond de l’histoire, dont elle connaît seule le secret, l’effet boomerang interviendra au XXe siècle. L’Europe, particulièrement la France, pâtira de sa frénésie belliciste, avec l’enrôlement de près de 1.2, millions des soldats de l’outre-mer pour sa défense lors des deux guerres mondiales (1914-1918/1939-1945) et la reconstruction du pays sinistré. Au point que par transposition du schéma colonial à la métropole, les Français, par définition les véritables indigènes de France, désigneront de ce terme les nouveaux migrants, qui sont en fait des exogènes; indice indiscutable d’une grave confusion mentale accentué par les conséquences économiques que cette mutation impliquait.
L’indépendance des pays d’Afrique neutralisera le rôle du continent noir dans sa fonction de volant régulateur du chômage français. L’arabophobie se substitue alors à la judéophobie dans le débat public français avec la guerre d’Algérie (1954) et la Guerre de Suez (1956), avant de muter en Islamophobie avec la relégation économique de la France à l’échelle des grandes puissances. La xénophobie française se manifestera alors d’une manière inversement proportionnelle à la gratitude de la France à l’égard des Arabes et des Musulmans, dans le droit fil de son comportement post guerre mondiale à Sétif, en Algérie, en 1945, et à Thiaroye, en 1946, au Sénégal.
Cinq siècles de colonisation intensive à travers le monde n’auront ainsi pas banalisé la présence des « basanés » dans le regard européen, ni sur le sol européen, pas plus que dans l’imaginaire occidental, de même que treize siècles de présence continue matérialisée par cinq vagues d’émigration n’ont conféré à l’Islam le statut de religion autochtone en Europe, où le débat, depuis un demi-siècle, porte sur la compatibilité de l’Islam et de la République, comme pour conjurer l’idée d’une agrégation inéluctable aux peuples d’Europe de ce groupement ethnico-identitaire, le premier d’une telle importance sédimenté hors de la sphère européo-centriste et judéo-chrétienne.
Les interrogations sont réelles et fondées, mais par leur déclinaison répétitive (problème de la compatibilité de l’Islam et de la Modernité, compatibilité de l’Islam et de la Laïcité, identité et serment d’allégeance au drapeau), les variations sur ce thème paraissent surtout renvoyer au vieux débat colonial sur l’assimilation des indigènes, comme pour démontrer le caractère inassimilable de l’Islam dans l’imaginaire européen, comme pour masquer les antiques phobies chauvines, malgré les copulations ancillaires de l’outre-mer colonial, malgré le brassage survenu en Afrique du Nord et sur le continent noir, malgré le mixage démographique survenu notamment au sein des anciennes puissances coloniales (Royaume-Uni, France, Espagne, Portugal et Pays Bas) du fait des vagues successives des réfugiés du XX me siècle d’Afrique, d’Asie, d’Indochine, du Moyen-Orient et d’ailleurs ; malgré les vacances paradisiaques des dirigeants français à l’ombre des tropiques dictatoriaux; comme pour dénier la contribution des Arabes à la Libération de la France; le rôle de la Libye et de l’Irak de soupape de sûreté à l’expansion du complexe militaro industriel français avec leurs « contrats du siècle », en compensation du renchérissement du pétrole consécutif à la guerre d’octobre (1973).Le rôle supplétif des djihadistes islamistes sous tutelle occidentale en tant que fer de lance du combat dans l’implosion de l’Union soviétique, dans la décennie 1980, en Afghanistan, puis dans l’implosion de la Yougoslavie (Bosnie et Kosovo), dans la décennie 1990, enfin contre la Syrie, dans la décennie 2010.
Au-delà de l a polémique sur la question de savoir si « l’Islam est soluble dans la République ou à l’inverse si la République est soluble dans l’Islam », la réalité s’est elle-même chargée de répondre au principal défi interculturel de la société européenne au XXI me siècle. Soluble ou pas, hors de toute supputation, l’Islam est désormais bien présent en Europe d’une manière durable et substantielle, de même que sa démographie relève d’une composition interraciale, européenne certes, mais aussi dans une moindre proportion, arabo-berbère, négro-africaine, turque et indo-pakistanaise.
Premier pays européen par l’importance de sa communauté musulmane, la France est aussi, proportionnellement à sa superficie et à sa population, le plus important foyer musulman du monde occidental. Avec près de cinq millions de musulmans, dont deux millions de nationalité française, elle compte davantage de musulmans que pas moins de huit pays membres de la Ligue arabe (Liban, Koweït, Qatar, Bahreïn, Émirats Arabes Unis, Palestine, Îles Comores et Djibouti). Elle pourrait, à ce titre, justifier d’une adhésion à l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), le forum politique panislamique regroupant cinquante-deux États de divers continents ou à tout le moins disposer d’un siège d’observateur.
Socle principal de la population immigrée malgré son hétérogénéité linguistique et ethnique, avec près de 20 millions de personnes, dont cinq millions en France, la communauté arabo-musulmane d’Europe occidentale apparaît en raison de son bouillonnement -boutade qui masque néanmoins une réalité- comme le 29 me État de l’Union européenne. En s’y greffant, l’admission de la Turquie, de l’Albanie et du Kosovo au sein de l’Union européenne porterait le nombre des musulmans à près de 100 millions de personnes, représentant 5 % de la population de l’ensemble européen, une évolution qui fait redouter à la droite radicale européenne la perte de l’homogénéité démographique de l’Europe, la blancheur immaculée de sa population et aux « racines chrétiennes de l’Europe ». Au point que l’ex UMP, le parti sarkoziste en France, a institué une clause de sauvegarde, soumettant à référendum l’adhésion de tout nouveau pays dont la population excède cinq pour cent de l’ensemble démographique européen.
Pour un observateur non averti, le décompte est impressionnant : l’agglomération parisienne concentre à elle seule le tiers de la population immigrée de France, 37 % exactement, tous horizons confondus (Africains, Maghrébins, Asiatiques, et Antillais), alors que 2,6 % de la population d’Europe occidentale est d’origine musulmane, concentrée principalement dans les agglomérations urbaines. Son importance numérique et son implantation européenne au sein des principaux pays industriels lui confèrent une valeur stratégique faisant de la communauté arabo-musulmane d’Europe le champ privilégié de la lutte d’influence que se livrent les divers courants du monde islamique et partant le baromètre des convulsions politiques du monde musulman.
Fait désormais irréversible, l’ancrage durable des populations musulmanes en Europe, la généralisation de leur scolarisation, l’affirmation multiforme de leur prise de conscience ainsi que l’irruption sur la scène européenne des grandes querelles du monde islamique, le bouleversement du paysage social et culturel européen qu’elles auront impliquées au dernier quart du XX me siècle ont impulsé un début de réflexion en profondeur quant à la gestion à long terme de l’Islam domestique.
Toutefois, sous l’effet de la précarité économique et de la montée des conservatismes, l’Europe, sous couvert de lutte contre le terrorisme, en particulier la France, a pratiqué depuis un quart de siècle une politique de crispation sécuritaire illustrée par la succession de lois sur l’immigration (lois Debré-Pasqua-Chevènement-Sarkozy-Hortefeux), apparaissant comme l’un des pays européens les plus en pointe dans le combat anti-migratoire, alors même que sa population immigrée a baissé de 9 % en une décennie (1990-1999).
L’euphorie qui s’est emparée de la France à la suite de la victoire de son équipe multiraciale à la coupe du monde de Football, en Juillet 1998, n’a pas pour autant résolu les lancinants problèmes de la population immigrée, notamment l’ostracisme de fait dont elle est frappée dans sa vie quotidienne, sa sous-employabilité et la discrimination insidieuse dont elle fait l’objet dans les lieux publics. Avec les conséquences que comportent une telle marginalisation sociale, l’exclusion économique et, par la déviance qu’elle entraîne, la réclusion carcérale.
Les attentats anti-américains du 11 septembre 2001 ont relancé la xénophobie latente au point que se perçoit lors des grands pics de l’actualité, tel le carnage de Charlie Hebdo en janvier 2015, une véritable ambiance d’arabophobie et d’islamophobie.
Trente ans après la révolution opérée dans le domaine de la communication, quinze ans après la communion interraciale du Coupe du monde 1998, les Arabes et les Africains demeurent en France des « indigènes », sous-représentés dans la production de l’information, d’une manière générale dans l’industrie du divertissement et de la culture, et d’une manière plus particulière dans les cercles de décision politique pour l’évidente raison qu’ils sont difficilement perçus comme des producteurs de pensées et de programmes, alors que leur performance intellectuelle ne souffre pas la moindre contestation.
Au seuil du III me millénaire, la France souffre d’évidence d’un blocage culturel et psychologique marqué par l’absence de fluidité sociale. Reflet d’une grave crise d’identité, ce blocage est, paradoxalement, en contradiction avec la configuration pluriethnique de la population française, en contradiction avec l’apport culturel de l’immigration, en contradiction avec les besoins démographiques de la France, en contradiction enfin avec l’ambition de la France de faire de la Francophonie, l’élément fédérateur d’une constellation pluriculturelle ayant vocation à faire contrepoids à l’hégémonie planétaire anglo-saxonne, le gage de son influence future dans le monde.
Au seuil du XXI me siècle, la France offre ainsi le spectacle d’un état aux pouvoirs érodés tant par la construction européenne que par la mondialisation, une société marquée par la désagrégation des liens collectifs, de partis politiques coupés des couches populaires, d’une gauche socialiste à la remorque des thèmes de mode, d’une droite à la dérive reniant ses idéaux, les deux dévastés par les affaires de corruption avec un noyau dur de l’extrême droite représentant 1/5 du corps électoral, une nation minée par la montée des corporatismes et du communautarisme ainsi que par l’exacerbation, sur fond des guerres de prédation des économies de la rive sud de la Méditerranée (Libye, Syrie), se superposant au conflit israélo-palestinien et à l’antagonisme judéo arabe sur le territoire national. Une France plongée dans la pénombre, en pertes de repères, en quête de sens, victime des remugles de sa mémoire. Le contentieux non apuré en France à propos de Vichy et de l’Algérie continue de hanter la conscience française, de même que son passif post colonial.
Quatre ans après la chute de Kadhafi, la Libye apparaît comme une zone de non-droit, déversant vers l’Europe un flux migratoire constant, lointaine réplique d’une colonisation intensive de l’Occident de l’ensemble de la planète provoquant un bouleversement radicale de la démographie et de l’écologie politique et économique de quatre continents (Afrique, Amérique, Asie, Océanie), sans la moindre considération pour le mode de vie indigène, sans la moindre préoccupation pour un développement durable de l’univers. Sans le moindre motif que la cupidité.
Les cargaisons migratoires basanées projetées navalement par la Libye vers la rive occidentale de la Méditerranée, au-delà du risque qu’elles font planer selon les puristes européens sur la blancheur immaculée de la population européenne, résonne dans la mémoire des peuples suppliciés comme la marque des stigmates antérieures que l’Europe a infligées des siècles durant aux «damnés de la terre» et qu’elle renvoie désormais à sa propre image. Une image de damnation.
« La France n’aime pas qu’on lui présente la facture de son histoire. Elle préfère se présenter comme l’oie blanche innocente qu’elle n’a jamais été. Ce n’est pas ainsi que perdure une grande nation, mais en respectant ses valeurs. Le dire, c’est servir son pays. Le nier c’est l’offenser », Noël Mamère dixit.
L’histoire est impitoyable avec les perdants. Elle est tout aussi impitoyable avec ceux qui l’insultent.
Notes
1. René Naba est l’auteur de l’ouvrage «Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français», (Harmattan 2002) dont est extrait ce chapitre, cf à ce propos «Sur le flux migratoire mondial au XX me siècle –
2. Alex Haley : De son vrai nom Alexander Murray Palmer Haley, né le 11 août 1921 à Ithaca, mort le 10 février 1992 à Seattle. Écrivain noir américain, il est connu notamment grâce à sa collaboration à l’autobiographie de Malcolm X et surtout Roots, le livre qui changea la compréhension du problème noir aux États-Unis).
-
Bratsch / Sirba d'accordéon
- Par Meskellil
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
- 0 commentaire
Bratsch dans un Sirba d'accordéon
Et une belle journée pleine de punch : musique, joie, et bonne humeur avec le groupe Bratsch
A vos pas, prêts ?… C’est parti, Hop! Hop! Hop! Hop!........