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Articles de zethos

  • Mohamed ARKOUN: la pensée libératrice en acte

    3953619 5971672  Penseur majeur de notre temps, Mohamed Arkoun, trop souvent incompris dont l’ensemble de l’œuvre reste à découvrir, fut un passeur infatigable, entre peuples, cultures et religions.
    Tout son travail a été de penser l’islam en tant que système culturel et religieux. De mettre au jour " l impensé" et «l’impensable" .De combattre "les ignorances institutionnellement organisés», et de dénoncer l’instrumentalisation de la religion par ceux - États et fondamentalistes-qui ont font un outil de pouvoir et de domination des peuples. Pour lui, un fossé profond et, semble-t-il, irréversible est creusé entre ce que les musulmans appellent "PAROLE DE DIEU" et le discours actuel de l’islam. Partout, c’est le mot-valise "ISLAM" qui est convoqué. Mais les musulmans oublient souvent qu’en disant "ISLAM" ils désignent les constructions théologiques, juridiques, mystiques et autres élaborées par les hommes après l’installation de L’ISLAM comme instance de référence. Constatant que les religions ont joué un rôle prépondérant dans le développement et le contrôle épistémologique des cultures, Mohamed Arkoun estimait qu’elles devaient être soumises à une enquête " déconstructive", puisant dans toutes les sciences humaines aujourd’hui disponibles.
    Mohamed Arkoun qui fut un Éminent Penseur a ainsi mené une œuvre de "déconstruction "de tout ce qui a été sacralisé depuis des siècles. Ce faisant, il a pris à contre-pied l’esprit apologétique qui domine les discours des musulmans sur leur culture et sur leur religion. Il s’est également montré sévère à l’égard de l’islamologie classique, dont il contestait l’approche "descriptiviste".
    Un abord qui, selon lui, ne tient pas compte des systèmes de pensée sous-jacents à toutes les productions de la Tradition musulmane, et qui laisse un champ de ruines aux croyants. Selon Mohamed Arkoun, il faut étudier l’histoire comme une anthropologie du passé, et pas seulement comme un compte rendu narratif factuel .Mais l’entreprise de ce grand ISLAMOLOGUE et PHILOSOPHE ne s’est pas limitée au religieux. Elle n’a eu de cesse d’interroger tous les systèmes de production de sens, qu’ils soient religieux ou non, qu’ils relèvent ou pas de la  modernité. Car si la pensée laïque s autorise à convoquer les religions devant sa Cour suprême, il est philosophiquement juste et nécessaire de convoquer la laïcité devant l’instance du fait religieux .Celui ne peut se voir dénier le droit de demander à la raison laïque -souveraine intellectuellement ,politiquement, et  juridiquement - de s’expliquer sur sa politique à l’égard de l’instance religieuse  comme lieu de production de l’existence humaine.
    La geste arkounienne repose sur 3 opérations : transgresser, déplacer, dépasser. TRANSGRESSER les savoirs légués par toutes les orthodoxies, quelle que soit la souveraineté dont elles se réclament.DÉPLACER les questionnements anciens vers des espaces d’intelligibilité plus englobants et plus pertinents. DÉPASSER les cadres et les outils de pensée scolastiques, les connaissances fausses et les systèmes de pensée obsolètes. Pour ce qui est de l’islam, faire œuvre de transgression, c’est sortir celui-ci de son cadre étroitement religieux, l’ouvrir à la philosophie et aux sciences humaines et sociales, l’interpréter par le biais d’autres sciences que celles qui sont retenues par la tradition religieuse.
    Ainsi seulement devient-il possible de déplacer l’Islam de son socle et de ses assurances vers une anthropologie plus large, afin de mieux le comprendre, de mieux le connaitre, de mieux pouvoir expliquer ses évolutions.
    Pour Mohamed Arkoun, il importait de mettre au jour les présupposés structuraux  de " LA RAISON CORANIQUE" ce qui passait inévitablement par ce processus de subversion. Son ambition aura été de décrypter le " DISCOURS" CORANIQUE de lire les procédures d’écriture non visibles. Une dimension qui ne s’identifie pas au texte des sourates que nous avons sous les yeux et que nous récitons, encore moins au discours, qui se veut clair et transparent, de la Tradition.
    Une des transgressions que Mohamed Arkoun estimait nécessaire et urgente, résidait dans la reprise de la question de la prophétie léguée par ce qu’il considérait être "LES TROIS VERSIONS DU MONOTHÉISME". Dans les pensées juive et chrétienne, en effet, le Prophète MOHAMMED reste
    écarté du statut de la prophétie qui, pour elles, est réservé aux seuls prophètes de la BIBLE.

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  • L'eau en Algérie, cette ressource éternelle !

    Si notre pays est malade de son pétrole et a été incapable de transformer cette chance en atout en permettant à notre pays de garantir une croissance stable et un développement économique à long terme, nous ne voulons pas cette fois-ci que l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste soit aussi une malédiction pour nos populations alors que l’eau qui est une ressource indispensable et irremplaçable serait une alternative qui pourrait reverdir notre Sahara et le grand sud. Forte de ses richesses et ses eaux profondes notre pays qui est confronté à la dramatique insuffisance de la production alimentaire doit impérativement lance un programme de mise en valeur des terres désertiques. L’Arabie et Israël ont déjà une grande expérience dans ce domaine. La saoudi arabian agricultural Bank a été un des principaux instrument financier  pour développer l’agriculture et parvenir à l’autonomie  alimentaire .cet effort massif a porté sur un certain nombre de  productions comme le blé le riz et aussi les dattes poulets et œufs légumes et produits laitiers.et les résultats sont impressionnants et pourquoi pas notre pays ? Certes notre pays a tenté de se lancer dans l’agriculture par pivot en zone désertique mais les résultats depuis 1986 tardent  à se faire jour. Les terres de notre grand Sahara peuvent-elles être devenir un jour " la Californie de l’Algérie" ? Il est très peu probable que l’agriculture saharienne suive les  traces de l’agriculture saoudienne car la qualité de nos institutions la tradition démocratique la transparence et le respect des règles font toujours défaut dans notre pays.

  • Pour quand la francophonie en Algérie?

    La FRANCOPHONIE ? C'est vieux et dépassé. Le reste de l'empire colonial et de la grandeur de la France.Nostalgie d'une vision mondiale qui n'existe plus. En fait une forme de néocolonialisme qui, sous couvert de défendre la langue, souhaite conserver une influence dépassée. D'ailleurs, qu'en est-il au delà de l'Afrique et de quelques arpents de neige de la Nouvelle-France ? Une peau de chagrin. L'anglais a partout gagné. Avec la mondialisation se battre pour les langues est un combat d’arrière-garde. La francophonie est un peu passéiste à l'heure de l'Europe, de l'ouverture des échanges et du triomphe d'Internet.
    Pourquoi s'arc-bouter sur une langue ? Ce n'est pas au moment de gérer la mondialisation et d'apprendre à cohabiter qu'il faut se replier sur les langues .
    La francophonie appartient au 20 ème siècle pas au 21 ème. D'accord pour la littérature mais ce n'est pas un enjeu politique fondamental. Défendre la francophonie c'est regarder dans le rétroviseur et n'avoir rien compris aux formidables défis de demain. Parler anglais constitue finalement une preuve de modernité une forme d'intelligence, en tout cas d adaptation au monde contemporain. C'est à peu prés résumée l'opinion moyenne des élites politiques technocratiques économiques universitaires artistiques médiatiques quand on évoque l'enjeu de la francophonie. Pourtant si demain la langue française conserve une assise mondiale ce sera exclusivement grâce à la francophonie non grâce au français parlé par à peu prés 70 millions de personnes. En outre la francophonie s'accompagne pour certains d'une connotation colonialiste même si au Québec, en Europe centrale et orientale, en Amérique latine et dans beaucoup d'autres endroits, la langue française existe hors de l'histoire de la colonisation. Quand on voyage au Maghreb ( en ALGÉRIE particulièrement) et au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie, dans le pacifique on continue de rencontrer un réel enthousiasme pour la langue et la francophonie. Ce sont les francophones hors de l’hexagone qui défendent le fait d'échanger en français et en sont fiers.
    Avec la reconnaissance à l'UNESCO de la diversité culturelle en 2005 et 2006, on entre de plain-pied dans la troisième mondialisation. La 1ère, politique à l'ONU comme cadre et les droits de l'homme comme symbole. La 2 ème, économique à l'OMC comme dispositif et la régulation comme outil. La 3 ème, à l'UNESCO comme enceinte et la diversité culturelle comme référence.
    La diversité culturelle est l enjeu politique majeur de la mondialisation. Si chacun veut bien participer à un monde ouvert c'est à condition de conserver ses racines. Pas de mondialisation sans respect des identités. La francophonie avec 200 millions de francophones 63 pays et 750 millions d'habitants, constitue un acteur majeur de cette cohabitation pacifique à construire. Il s agit d'une fenêtre formidable ouverte sur le monde. Notre pays qui enregistre un échec de l'école Algérienne devra revoir sa stratégie en dispensant l'enseignement du français à une grande échelle et permettre à nos enfants de s’imprégner de la culture universelle. La francophonie apportera une richesse humaine exceptionnelle, elle est l'avenir et la possibilité de conjuguer autrement culture, économie, démocratie et société ......

  • L'harmonie parfaite d'Ibn El-Arabi

     Ibn arabi  D'origine andalouse IBN EL-ARABI " le plus grand maitre" comme il est très souvent nommé dans la tradition soufie, vécut entre 1165 et 1240. Très cultivé, il connut d'éminentes figures spirituelles de son époque, parmi lesquelles le théologien et philosophe AVERROES. IBN EL-ARABI demeure l'un des représentants les plus originaux et les plus complets du SOUFISME, que l'on a pu définir comme la moelle de l’islam, où l’islam vécu en un mode spirituel dans tous ses aspects. La profondeur de son enseignement tel qu il le développa dans ses célèbres AL- FUTUHAT AL-MAKKIYA (conquétes spirituelles) et ses FUSUS AL-HIKAM (chatons de sagesse), exerça une immense influence sur les penseurs musulmans postérieurs. Dans l'abondante œuvre D'IBN EL-ARABI "lINTERPRETE DES DESIRS" figurent beaucoup de poèmes qui occupent une place originale. D'une part,du fait même de sa composition sous forme poétique; d'autre part en raison de la circonstance qui l'a fait naitre: une expérience fulgurante d'un amour spirituel suscitée, lors d'un pèlerinage à la Mecque, par la rencontre avec une jeune Iranienne prénommée NIZHAM, harmonie.
    Cette héroïne d'une beauté sans pareille illustre sous la plus du Maitre, l'essence divine et ses manifestations sans fin. Les effets de l'Amour qu'elle engendre sont décrits par de nombreuses expressions dont la plus fréquente est TAJALLI, qui peut se traduire de différentes façons: théophanie, irradiation....
    Dans chacun de ses poèmes IBN EL-ARABI dépeint les signes de cette femme emblématique, expression parfaite de l'Amour présent dans toutes les formes qu'il revêt. L'attraction d'amour qui relie l'amant à l’être aimé, quoique indéfinissable, est au cœur de la spiritualité d'IBN EL-ARABI. DIEU se penche sur ses créatures pour qu'elles le reconnaissent. Et c'est, dans ce désir irrésistible que l'adorateur, le " SERVANT" de DIEU reprend conscience de sa réalité originelle, fondu dans l'unicité de son Seigneur et solidairement relié aux autres créatures par l'attachement d'amour. Le souvenir nostalgique du désert anime également la pensée d'IBN EL-ARABI.
    Les scènes de la vie bédouine, le départ des caravanes, les empreintes des chameaux, le frémissement de la nature accompagnent l'amant dans sa recherche de la bien-Aimée qui, souvent, inaccessible, disparait.



    Mon cœur est devenu capable
    d’accueillir toute forme.
    Il est pâturage pour gazelles
    et abbaye pour moines !!

    Il est un temple pour idoles
    et la Kaaba pour qui en fait le tour,
    il est les tables de la thora
    et aussi les feuillets du coran.

    je dis alors au vent du soir :
    va donc la rejoindre
    dans l’ombre du bosquet touffu
    car la est leur intime demeure.

    Transmets-leur un salut de paix
    de la part d’un frère attriste
    dont le cœur est tant chagrine
    de la séparation de ses proches.

    Quand pour l’adieu
    nous nous sommes rencontres
    tu aurais pensé que nous étions
    comme une lettre redoublée
    au moment de l’union et de l’étreinte.

    Même si nous sommes constitués
    d’une double nature
    les regards ne voient
    qu’un être unifie.

    Je crois en la religion
    de l’amour
    ou que se dirigent ses caravanes
    car l’amour est ma religion et ma foi.

    NB / nourri de culture arabe et aimant beaucoup la poésie bédouine arabe, j'ai essayé de redonner vie à cette expérience spirituelle unique dont parle IBN EL-ARABI dans ses poémes qui incarnent les évolutions harmonieuses de l'Amant et de l Aimée, expression parfaite de l'AMOUR, de la BEAUTÉ et de la DIVINITÉ .

  • Où VA LE MONDE ARABE ?

    Dans l'ensemble du monde musulman, qui compte 1,2 milliards de personnes, les Arabes ne représentent qu'une minorité d'environ 300 millions d'individus, soit quelque 25% du total. L’Indonésie, le plus peuplé des pays musulmans, avoisine à elle seule 20% du total. A partir de janvier 2011, avec la chute du pouvoir autocratique tunisien, s'est développé un mouvement contestataire de la plupart des régimes du Maghreb comme du Machrek. Ce mouvement qui a ensuite gagné l’Égypte puis d'autres pays, a été interprété comme l'expression d'une volonté démocratique, véhiculée par les nouveaux moyens de communication ( téléphones portables, réseaux sociaux ).
    A cet égard la différence est nette entre la rue (contestatrice) et les urnes (conservatrices). Avec l'évolution politique ces dernières années, on assiste à la formation d'une
    alliance entre les États-Unis (et ses alliés Européens), les monarchies du Golfe et la Turquie, destinée à mettre un terme au régime de Bachar el Assad en Syrie. Ceci avec un objectif majeur d'affaiblir l'Iran. D'une façon plus large, une contre-offensive sunnite se développe au Proche-Orient, qui vise à contrer le développement qu'a connu le chiisme à partir de 1979, avec l'arrivée au pouvoir de l'ayatollah Khomeiny. L'Arabie Saoudite aura d 'bord tenté de contrer cette montée chiite en appuyant vigoureusement le JIhad sunnite contre l'URSS et ses alliés Afghans, avec la collaboration des États-Unis et du Pakistan. Puis elle s'est inquiétée de l'accession au pouvoir de la majorité chiite en Irak. Mais aussi du lâchage par Washington de Hosni Moubarek de L’Égypte. La réponse aux défis de la modernité (à défaut d'un terme plus pertinent) ne viendra
    pas dans cette région du monde du conservatisme des Frères Musulmans, encouragés par l'Arabie Saoudite et le Qatar et moins encore des Salafistes. Mais dans les deux cas la place allouée au contrôle des femmes et du moralisme militant ne peut suffire à assurer l'indispensable croissance économique.
    A vrai dire, le monde Arabe a grand besoin d'une révolution intellectuelle, comme celle qu'a connu l'Europe au 18 ème siècle, s'il veut pouvoir répondre au défi relevé par l'Inde et la Chine, comme par bien d'autres sociétés qui furent jadis dominées (la Corée et le Vietnam par exemple). L'une comme l'autre se préoccupent moins de ressasser le passé colonial que de bâtir l'avenir. En l'absence de société civile suffisamment nombreuse et non limitée à des noyaux urbains plus ou moins marginalisés, il est difficile d"espérer à un changement. L'Arabie Saoudite et le Qatar n'en seront en tout cas pas les phares et moins encore les tenants d'une société civile qu'ils se sont employés et s'emploient toujours chez eux, à ne pas voir apparaitre. Certes, toutes les sociétés sont inégalitaires mais nulle part l'inégalité symbolisée par les monarchies du Golfe ne s'étale avec autant d'arrogance et de mépris. C'est pourtant le pétrole qui a crée les pétromonarchies et non l'inverse ......

    mourad Z.