Articles de Meskellil
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Ghardaïa et l'épuisement de l'Etat National Algérien
- Par Meskellil
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
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Une analyse d'un grand intérêt, un scénario pertinent pas si improbable que cela... En effet, on a vu sa réalité prendre forme ailleurs et procéder à un véritable démantèlement. Ces nations, que nous connaissons tous ont été disloquées, dissoutes. Est-ce que c'est ce qui nous pend au nez? Les prédateurs sont à nos portes, à l'affût et les ingrédients sont déjà là depuis longtemps...
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Petit Service
- Par Meskellil
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
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Un tout petit PPS pour sourire ou rire...
...Sympa la copine...!!
Quand on aime, on ne compte pas!! -
Beihdja Rahal / La joie des âmes...
- Par Meskellil
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
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« La joie des âmes dans la splendeur des paradis andalous »
Le cœur, l’âme et l’esprit baignant dans l’univers de la poésie et de la philosophie de la musique arabo-andalouse (les émotions et sensations vécues hier lors d’un concert de musique arabo-andalouse), je vous propose deux morceaux interprétés avec beaucoup de talent, de douceur et de sensibilité par Beihdja Rahel, sublime élévation ! Le premier « Sayidi ef3al ma yassourek » et le second plus connu « Selli houmoumek » si le cœur vous en dit. Bonne écoute.
«Au départ c'était un pur hasard. C'est devenu une passion au fil des années et maintenant je peux parler de devoir. Devoir de transmettre ce que j'ai eu la chance de recevoir de mes maîtres et de mes aînés»
«… Il y a le plaisir d'interpréter la belle musique andalouse, d'être emportée par la grandeur de la poésie, mais aussi l'engagement de transmettre tout cet art aux générations futures et au grand public.»
«Je suis interprète d'un patrimoine ancestral que je défends et qui me passionne et que je continue à transmettre, il n'y a pas de place à la création ou à la composition. C'est un travail prenant et difficile qui me plaît, pourquoi changer ?»
«Si un jour je dis que je suis arrivée, il vaut mieux que j'arrête. Ça veut dire que je n'ai plus rien à prouver, plus rien à donner. Si le plaisir d'apprendre, de découvrir n'existe plus, il vaut mieux se retirer»
* « La joie des âmes dans la splendeur des paradis andalous »*, ouvrage de Beihdja Rahal pour la partie musicale, et de Saâdane Benbabaâli pour la partie littéraire « Nous voulons que le public comprenne et pas seulement qu'il écoute. Après la musique, nous voulons qu'il découvre la poésie chantée, son origine, les auteurs qui l'ont conçue, qui n'étaient pas seulement poètes mais aussi philosophes, leur faire découvrir un autre univers de beauté.» Beihdja Rahel.
« Sayidi ef3al ma yassourek »
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Du théâtre et de la parole
- Par Meskellil
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
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En voulant ranger quelques bouquins que j’avais fini de consulter, j’ai eu la désagréable surprise de constater que, profitant de mon absence, les autres livres, et ils sont nombreux, se sont mis n’importe comment, débordant les étagères, encombrant le sol, s’étalant partout, s’empilant en tours précaires pour certains, debout, à cheval, ou allongés pour d’autres, mélangeant les genres et les formats, et jusqu’aux bibelots qui, passifs et disciplinés habituellement, s’y sont mis… Une vraie mutinerie pour un véritable capharnaüm ! J’étais là les bras ballants, les yeux ronds, la bouche ouverte me demandant comment j’allais arriver à bout de ce chaos indescriptible. J’ai poussé une petite « gueulante » les ai disputés un peu quand même histoire de leur rappeler nos statuts respectifs. Non, mais des fois ! Penauds, ils ont commencé à se reprendre et à regagner petit à petit leur place. Évidemment, il y en avait qui ne retrouvaient plus la leur, qui rouspétaient mécontents, d’autres qui ne s’en souvenaient plus, pas plus que moi d’ailleurs, pendant que d’autres se faisaient héler par les copains qui s’étaient serrés un peu plus pour les accueillir. Un vrai bazar ! Et c’est en remettant un peu d’ordre dans tout ça que je suis tombée sur de tout petits livres serrés, coincés, écrasés, étouffés parmi les gros bouquins dont des dictionnaires ! Poor thing ! Je les ai dégagés de là en poussant, difficilement je dois dire, les gros livres récalcitrants et marmonnant je ne sais quoi, et là, j’ai vu ce que c’était. Quelle belle surprise de les retrouver ! Ça faisait un bail, une éternité ! Je les avais complètement oubliés ! Ils étaient quatre au total : « Alphabétiser le silence » de Salah Guemriche, « Poèmes bleus » d’El Hadj Tahar postfacé par Djamal Amrani, «Pour ne plus rêver » de Rachid Boudjedra et enfin et surtout le cinquième « Déminer la mémoire » de Djamel Amrani. Je les ai feuilletés un à un toute contente, toute émue, toute à mon plaisir de redécouvrir des pépites au hasard des pages brodées de poésie. Des poèmes tantôt cris déchirants, luttes acharnées, complaintes mélancoliques, désillusion douloureuse, solitude poignante, tristesse profonde, salée, tantôt des mélodies douces et légères, des petits fragments de vie baignés de tendresse, d’amitié, de fraternité, de solidarité, d’amour, de rêve, de naissance et d’espoir. Une poésie d’enracinements profonds dans l’Algérie, mais aussi d’arrachements non moins profonds, des mots ancrés dans le passé, dans la guerre de libération, des stigmates encore brûlants marqués au fil des pages ou ces premières années d’indépendance faites de croyances pleines de projets et d’espoir et résolument tournées vers l’avenir…
Djamel Amrani m’ouvre grand une fenêtre sur le passé, sur mes années étudiantes. Je me souviens d’avoir acheté ces recueils, il y a de cela fort longtemps. Dans quelle librairie ? Celle qui était en vis-à-vis de la Grande Poste ou l’autre un peu plus loin dans la rue Ben Mhidi ? Je ne m’en souviens pas et ne sais même pas si ces librairies existent toujours ? Mais je me vois bien feuilleter ces recueils, lire quelques poèmes pour décider lesquels choisir. Je me revois marchant dans l’allée large de l’Université d’Alger, la Fac Centrale comme on l’appelait, menant aux différents départements d’études dès l’entrée franchie, et devenue depuis l’entrée des professeurs et du personnel. Je revois cet homme un peu fébrile, les gestes abruptes abordant les étudiants qui passaient, campé sur cette côte qui montait vers la BU. Je continue ma progression le regardant toujours. Arrivée à sa hauteur, il m’aborde aussi et me tend des papiers noircis d’écriture. Qu’est-ce que c’est ? Un tract informant d’une assemblée générale ? Des infos sur une quelconque soirée d’étudiants ? Autre chose ? Ce monsieur est trop âgé pour être étudiant, et ne se comporte pas comme un professeur. Il perçoit mon hésitation, ma méfiance même et me dit : « ce sont des poèmes, seulement des poèmes de ma composition, je te les offre ». Je revois très nettement son visage, ses traits, ses paquets de feuilles qu’il distribue quasiment à la criée. Je prends le recueil, jette un œil sur des poèmes signés Djamel Amrani. Je le remercie étonnée d’abord puis amusée, admirative, séduite par cette façon originale d’amener la parole jusqu’au lecteur, bravant refus, mépris, méfiance et rejet.
Un poète un peu foufou. J’aime bien cette idée, l’incursion originale de cet homme dans le monde étudiant. Ses poèmes ? Je ne m’en souviens pas, et pas plus ce qu’est devenu ce recueil. A cette époque-là, je ne connaissais pas Djamel Amrani. Sa façon d’accoster les gens pouvait facilement le faire prendre pour ce qu’il n’était absolument pas, un fou, un dérangé, un exalté, un « allumé » dirait-on familièrement. C’était simplement un poète à la sensibilité exacerbée, qui déboulait dans l’espace public l’investissant, l’impliquant dans ses mots, subversifs, dérangeants, doux, tendres, passionnés, jamais insignifiants ou indifférents. Voici un extrait, magnifique, de la quatrième de couverture de « Déminer la mémoire » :
Figure d’un silence disloqué,
Je me délie
D’une empreinte sans confins,
Un verger m’établit,
Qui innove l’escalade du ciel
A peine l’écorce d’une parole.
A l’affût de ma durée,
Toujours la houle de nos plaies,
Les mythes insoupçonnés
Rivés à notre espace.
La poésie est art et l’art est liberté et un artiste libre ne se justifie pas, et Djamel Amrani, artiste dans l’âme, avait en lui ce parfum de liberté, et tenter de justifier ses incursions à la Fac ou ailleurs pour semer aux quatre vents ses mots qui ont germé ici et là, est vain, inutile. Le poète ne meurt jamais, on le sait. Wajdi Moawad, cet artiste Libanais aux talents multiples choisit un seul mot pour parler de l’artiste: « Si un artiste devait être un mot, il serait le mot « pli ». Le mot pli se retrouve dans : Plier. Déplier. Replier. Impliquer. Compliquer. Expliquer. Simplifier. Dupliquer. Appliquer. Amplifier ». Il dit très justement que l’artiste n’est pas là pour inventer, mais pour élargir les blessures, qu’un artiste doit être à la fois le pont et le ravin et qu’une œuvre n’est pas là pour plaire mais pour enflammer. Djamel Amrani me semble tout à fait coller à ces quelques caractéristiques de l’artiste, le vrai, et de ses œuvres.
Quel point de jonction entre Djamel Amrani et Mohamed Charchal, Benaïssa ou d’autres? Difficile transition il est vrai et le lien ne saute pas aux yeux même aux miens, pas encore. Selon moi, le point de rencontre entre eux se situe dans la parole, la prise de parole. Peut-être Djamel Amrani souhaitait-il rompre le silence, bousculer, tordre, réinventer, habiter, réinvestir, différemment la parole, la réhabiliter, la sortir de son confinement ? Une parole étouffée, déroutée, dévoyée, détournée, vidée de sa substance, de sa portée sociale, politique déjà à cette époque ? Tahar Djaout dit de la poésie de Djamel Amrani et du personnage, en 1981 dans Algérie Actualité « La poésie de Djamal Amrani possède les indices qui repèrent la présence d’un grand poète, entre autres, cette rencontre souvent orageuse entre les ressources du langage et les contorsions du corps insoumis. Suivant les préoccupations du moment, le poète fera prendre le pas aux unes sur les autres ». Et j’y vois moi, un parallèle avec la prise de parole sur la scène du théâtre. Je dois préciser que ce texte, j’avais commencé à l’écrire lorsqu’il a été question de Mohamed Charchal dans sa pièce « Ma bqat hadra » dans une des rubriques il y a de cela un mois environ, cela devait être un petit commentaire sur la parole, qui s’est transformé en texte en raison de cette rencontre fortuite avec ces recueils de poésie. Il m’est apparu que la poésie n’était pas si éloignée du théâtre, surtout par rapport à Djamel Amrani qui se mettait en scène, mettait en scène sa parole auprès d’un public étudiant sur une scène improvisée dans l’allée de la Fac Centrale.
Alors le théâtre et son oralité…L’oralité, ou le théâtre en langue populaire, en derdja, c’est cette langue que l’on parle et qui nous parle à son tour, qui est en phase, en osmose avec nous ; elle est nous, et nous sommes elle. Toute parole est écriture et l’écriture est parole, et le théâtre nous ouvre à une parole plurielle, profonde, consistante, une parole qui se conjugue non pas en « je ou tu ou il ou elle » mais en « nous ». « Nous », comme scénariste, metteur en scène, comédien, costumier, scénographe, spectateur, public. C’est une partition qui se joue à plusieurs, un flux continu entre les différentes parties, l’une alimentant l’autre, l’une impliquant l’autre, l’une communiquant avec l’autre, l’une amplifiant l’autre, l’une transformant l’autre… et ce qu’a accompli Mohamed Charchal, c’est la mise en acte et en parole d’un travail d’écriture brillant, une parole active déjà dans son écriture scénaristique parce que parlant, touchant, remuant, impliquant, impliquée, faisant sens, un sens, des sens fruits des diverses subjectivités, sens qui n’est jamais figé puisqu’il se déconstruit, se reconstruit, se reformule, se relit, se réinterprète. Le sens nourrit sa dynamique et se nourrit d’elle, le sens est un terrain privilégié de la lutte politique et sociale, le sens devient facteur d’orientation des rapports sociaux, dans un monde tel que dépeint par Marco Baliani : « Contre une société qui brûle les expériences dans un vertige de banalité, qui uniformise le ressenti selon des canons publicitaires, qui aplatit la perception du monde selon des schémas opaques, qui contraint l’imagination à se mesurer avec la seule manifestation de la réalité, contre tout cela, je m’assois sur une chaise et je montre l’invisible. Ou j’essaie de le faire. (…) Durant le temps court du récit, je fais partie du monde, dans un autre espace et dans un autre temps, et cela me suffit. »
Si Marco Baliani nous décrit les sociétés uniformisantes faites de spectacles clé en main et de buzz, où l’imagination et les rêves sont sous influence où l’on confond allègrement l’art, la culture avec l’industrie du divertissement, alors l’artiste se retrouve face à un défi de taille, celui de rester libre, authentique, vrai, fidèle à ce qu’il est, à ce qu’il veut dire, à ce qu’il veut transmettre, et ce n’est pas toujours simple, ni toujours possible, le système dans lequel on vit étant si tentaculaire. Mais enfin, il existe quand même et en dépit de tout des artistes de cette envergure qui arrivent à la reconnaissance et Mohamed Charchal comme d’autres est de cette trempe d’artistes, ceux dont parle Wajdi Moawad: « un artiste est là pour déranger, inquiéter, remettre en question, déplacer, faire voir, faire entendre le monde dans lequel il vit, et ce, en utilisant tous les moyens à sa disposition. Or, pour que cela puisse advenir, il doit poser un geste qui va d'abord et avant tout le déranger lui-même, l'inquiéter lui-même, le remettre en question lui-même, le déplacer lui-même, le faire voir lui-même, le faire entendre lui-même. »
Le théâtre Algérien en derdja, c’est notre parole et son émotion, notre âme et sa vibration, notre mémoire et sa transmission. Kateb Yacine l’avait bien saisi quand il a décidé d’aller à la rencontre du public qui ne venait pas à lui. C’était à lui de lui porter sa parole, c’était à lui d’écrire son répertoire théâtral en arabe dialectal, en derdja pour l’atteindre et le faire résonner. Alors la rencontre avec le public s’est bien faite, un public venu massivement des deux rives de la Méditerranée l’applaudir. Le dramaturge Algérien Benaïssa ne dit pas moins sur cette richesse de la tradition orale et l’impossibilité d’exprimer la tragédie d’un peuple sans l’utilisation de sa langue dont le poids du verbe, la finesse des images sculptent la pensée. La parole est l’outil principal de cette forme de communication qu’est le théâtre, et c’est la raison pour laquelle elle doit être évoluée et investie par le talent des artistes pour qu’elle puisse aller plus loin que celle reçue. Et pour ce faire, Benaïssa insiste sur la nécessité de mobiliser toutes les connaissances, les expériences pour investir la culture populaire, pour fructifier tous les héritages reçus et les emmener plus loin, car dit-il, il n’y a pas de subversion sans la parole, et pour être subversif, qui est le propre de l’expression théâtrale, on ne peut pas parler une langue conventionnelle, mais inventer une langue qui va porter cette subversion. Et rien n’est moins vrai à mon sens, sortir du signifiant qui est la langue conventionnelle, conformiste pour aller vers le signifié qui est la parole indisciplinée et particulière par opposition à une parole ou une langue convenue, étouffant le débat qui se réduit à apporter des nuances aux logiques dominantes, ou sortir de la forme pour aller dans le fond, le sens, dans ce qui parle aux gens, ce qui résonne en eux et les fait résonner en retour. La parole doit être dans l’humain, une parole qui se reflète dans le regard de l’autre.
Mohamed Charchal a été récompensé et pleinement consacré à juste titre. La première reconnaissance étant celle du public qui s’est saisi de cette parole d’un monde possible, d’une manière de vivre, qu’il accueille, comprend, s’approprie, enrichit de ses lectures, de ses regards multiples propres, devenant à son tour créatif, acteur pour dire de nouveau, dire autrement, bouger, se déplacer, sortir de son moi confiné, évoluer, changer. Le théâtre est une extraordinaire source d’énergie et de désir, de volonté et d’agir pour mener encore plus loin la parole, force et subversion des maux qui deviennent mots, pour se retrouver soi et retrouver les autres, se reconnaître soi et reconnaître les autres, se reconnaître en eux. Le théâtre, c’est cette parole sortie de son carcan normé, pour éclater libre et s’épanouir à la lumière, se déployer loin de cette parole dénaturée, détournée, désorientée, dévoyée, emprisonnée, muette. Le théâtre, c’est repartir de la parole populaire, enrichir les formes qui peuvent la dire, l’exprimer dans toutes ses dimensions. Le théâtre, c’est créer et favoriser l’espace de son émergence, lui redonner sa place dans la cité, la reconnaître pleinement pour la sortir de son exclusion, de l’espace étriqué d’une parole réduite à une survie. Car la parole est nous et nous sommes elles, et la reconnaître, lui permettre d’atteindre sa pleine maturité, c’est nous reconnaître nous, puisque cette parole est partie intégrante de la construction de notre moi collectif, la reconnaître c’est la grandir et nous grandir, c’est aussi une reconquête de notre estime de soi, et une autre manière de réinvestir pleinement et activement sa place dans la société, et ce n’est pas rien.
Ce texte est un hommage à tous les artistes et à leur tête les artistes Algériens, ceux talentueux connus et reconnus pour leur travail, et ceux aussi talentueux, et il y en a, méconnus ou inconnus parce qu’ils ne sont pas dans les circuits dominants. Et pour vous artistes mais aussi pour tout un chacun cette expression de Guy Corneau pour finir «Rencontrer du meilleur de soi, c’est prendre contact avec la partie vivante de soi. C’est honorer la partie lumineuse, large, abondante. C’est la nourrir, la stimuler, la cultiver » -
Si chère à nos coeurs, si proche...
- Par Meskellil
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
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Bonjour à tous,
Un billet en deux volets autour de la Palestine: le premier concerne l'appel lancé par des comités et associations européennes pour la Palestine pour dénoncer la situation désastreuse que vivent les Gazaouis en ces temps de pandémie, mais pas seulement, un appel urgent pour que cesse le blocus criminel, inhumain qu'Israël leur fait subir dans l'indifférence presque générale.
Un second volet autour du cinéma palestinien où tout un chacun pourra regarder des films palestiniens si le coeur lui en dit. J'espère que les liens resteront actifs. Et comme je ne peux y résister, c'est Mahmoud Derwich bien sûr qui clôturera ce billet par une de ses sublimes poésies.
Bonne écoute à tous et soyez en paix
Appel urgent pour une aide d’urgence à Gaza – levée immédiate du siège !
Par Coordination Européenne des comités et associations pour la Palestine, 6 avril 2020
À l’attention de :
Mr Josep Borrell, Haut Commissaire Européen aux Affaires Étrangères
Ministres des Affaires Étrangères des pays européens,
Paris, le 6 avril 2020,
Cher Mr Borrell,
Chers Ministres des Affaires Étrangères des pays membres de l’UE
Face à la pandémie de coronavirus, les gouvernements du monde entier prennent des mesures d’urgence de façon à protéger la santé de leurs citoyens et de stabiliser leurs économies.
Pour près de 2 millions de personnes de la bande de Gaza occupée et assiégée, avec les 129 cas de COVID-19 confirmés au 1er avril et deux mille personnes en quarantaine pour soupçon de contamination, la situation est au bord de la catastrophe. Les instruments, les lits de soins intensifs et les moyens de prévention pour faire face à l’éventualité d’une propagation de la contagion, sont manquants ou tout à fait inadéquats. Dans cette situation, aucune réponse efficace face à la crise actuelle n’est possible à Gaza.
Plus d’une décennie de blocus illégal et de fréquentes attaques brutales de l’armée israélienne font que 2 millions de gens vivent dans une situation de surpeuplement désespérant, dans un environnement marqué par l’exiguïté et des conditions de logement désastreuses, avec notamment un manque de 60% d’équipements médicaux, une fourniture d’énergie électrique gravement limitée, une malnutrition massive et l’eau courante dans seulement 10% des logements.
La prévision de l’ONU selon laquelle Gaza serait inhabitable en 2020 est pleinement devenue réelle, comme l’a plusieurs fois rappelé le rapporteur spécial de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés, Michaël Lynk. Le panel d’experts de l’ONU sur la crise sanitaire a demandé qu’il n’y ait pas d’exception concernant le COVID-19, puisque “tout un chacun a droit à ce qu’on intervienne pour sa survie”.
En dépit de la préoccupation exprimée par le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres face au manque de ressources dans les camps de réfugiés, dans les villages déplacés et malgré l’appel à ne pas faire de la crise sanitaire une guerre, Israël ne fournit pas le soutien nécessaire et adapté aux structures de soins de Gaza auquel il est tenu en tant que puissance occupante, en contrevenant et en faisant constamment exception à ses obligations.
La communauté internationale ignore la situation critique des Palestiniens de Gaza depuis trop longtemps. Jusqu’à maintenant l’Europe s’est montrée incapable de se tenir à ses principes et déclarations et de mettre fin à sa complicité avec le système israélien d’occupation, d’apartheid et de colonialisme de peuplement.
Les Palestiniens doivent pouvoir accéder à des traitements médicaux et nous avons la responsabilité de les soutenir en mettant fin aux restrictions imposées par Israël. En vertu de la Quatrième Convention de Genève, Israël, en tant que puissance occupante, a le devoir d’assurer la sécurité et le bien-être des populations civiles dans les zones sous son contrôle. Le blocus maintenu par Israël sur la bande de Gaza est une mesure qui prive sa population de nourriture, de carburant et d’autres biens de premières nécessité ; il constitue une forme de punition collective, en violation de l’article 33 de la Quatrième Convention de Genève.
C’est dans cet esprit que nous en appelons à l’UE et aux gouvernements européens pour:
• Mettre en œuvre immédiatement toutes mesures économiques et politiques y compris des sanctions et des mesures de rétorsion sous l’égide du droit international, pour faire pression sur Israël pour qu’il mette fin au siège de Gaza.
• En contact direct avec les Ministres de la santé de Gaza et de Cisjordanie, assurer la livraison directe aux autorités publiques locales de cargaisons adéquates de fournitures médicales et sanitaires nécessaires à la détection du coronavirus et pour la prise en charge des personnes affectées ainsi que des éléments nécessaires à la prévention de la diffusion du virus dans la communauté et dans les hôpitaux locaux.
• Permettre à ceux qui ne peuvent être traités à Gaza d’accéder effectivement à d’autres hôpitaux.
Traduction : SF pour l’Agence Média Palestine
Source : ECCP Palestine
Si loin, si proche
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Bustan Abraham/Till The End of Time
- Par Meskellil
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
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Bonjour à tous,
Le capitalisme et le néolibéralisme outranciers à l’épreuve du Covid 19 et du constat une fois de plus sans appel de leurs limites !
En ces temps de confinement et de course contre la montre, une courte halte dans un chemin musical d’une grande beauté : un espace apaisant, ressourçant, serein, égrenant avec beaucoup de raffinement et de talent un temps qui prend le temps de s’écouler lentement, doucement, harmonieusement, et une poésie de la même veine, aussi profonde, aussi belle ; le tout agissant, je le souhaite, comme un baume au cœur, une source de bien-être, de détente, de lien avec notre humanité, l’humanité. Restez en paix.
Saisir
Recueillir le grain des heures
Etreindre l’étincelle
Ravir un paysage
Absorber l’hiver avec le rire
Dissoudre les nœuds du chagrin
S’imprégner d’un visage
Moissonner à voix basse
Flamber pour un mot tendre
Embrasser la ville et ses reflux
Ecouter l’océan en toutes choses
Entendre les sierras du silence
Transcrire la mémoire des miséricordieux
Relire un poème qui avive
Saisir chaque maillon d’amitié
André Chedid -
Une année qui s'en va...
- Par Meskellil
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
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Emportée sur les ailes des temps immuables, voilà une année qui s’en va emboitant le pas des faits et des événements cumulés tout au long des chroniques du jour et de la nuit.
Imprégnée de la marque et du sceau d’un instant solennel voilà une autre année qui s’en va, qui se faufile et se perd insouciante dans les méandres; loin devant nous.
Cependant, ni les longues promenades parmi les Boileaux et les cris des oiseaux, ni les instants passés à regarder le somptueux déclin vers le zénith ou cette aurore et son légendaire chant du coq n’ont pu freiner le formidable élan aux couleurs panachées avec les meilleurs vœux d’une existence qui se recherche depuis des lunes.
Big-ben encore une fois avait retenti et depuis les pagodilles de la vieille et lointaine Chine, des millions d’étoiles se sont alliées pour exprimer un seul vœu et une pensée unique, tissant ensemble une irréelle farandole de bonheur et de gaieté.
Une année, une nuit et une ultime seconde ont suffi pour faire trembler le jet immense d’une lumière qui, frisant le surnaturel, avait ramené la main dans la main, l’illusion et l’espoir.
La plume du navigateur à l’image d’un albatros aux ailes blessées usant d’une encre trempée dans le jeu des approches et des incertitudes retracera d’ici peu une page fulgurante dans les annales d’un monde qui s’entredéchire pour le pire et pour le meilleur.
L’illustre poète, emporté dans une tempête fouettant à la fois l’âme et le corps avait imploré le temps de suspendre son vol.
La terre tant chantée et tant clamée dans la fureur des rimes et des vers arrachés des bougies larmoyantes, ressemblait dès lors à un paradis artificiel.
Parmi les cris et les holà, l’existence entière s’était vouée à l’implacable raison du temps.
Dans le corridor de tous ces âges qui se suivent et se bousculent, la roue de l’histoire, dans une marche victorieuse n’a jamais cessé de hurler, jetant le désarroi et l’inquiétude dans un monde pourtant solide et dominant.
Il l’est pour ces âmes baignant dans l’angoisse et livrées à des lendemains incertains.
Il l’est pour ces créatures écœurées qui partent en silence. Il l’est aussi pour ces femmes que l’on étouffe à coups de doctrines alléchantes, tonitruantes, aux voies impénétrables.
Il l’est également pour toutes ces carcasses qui voyagent dans l’indifférence et dans l’anonymat.
Une nuit qui s’en va emportant avec elle un profond émoi en regardant ces enfants qui triment pour la gloire et l’honneur des aînés.
Dans une épreuve inégale, la sueur et la morsure humaine se partagent le gain amplement mérité, largement motivé et fort bien justifié.
Pourtant notre monde est épatant, et si les yeux du monde entier ébahis par l’éclat éblouissant des millions d’étoiles ont pu voir en direct le super élan des temps modernes, beaucoup d’autres larmes furent arrachées par les feux du métal et la senteur des poudres.
Aux États-Unis, terre de science et des libertés, la nation se confronte avec ses propres idéaux.
Dans les classes, les élèves sont ciblés à mort. Dans les taudis et dans les gratte-ciel on est persuadé que le tableau et la craie ne peuvent à eux seuls fermer une prison.
Loin de consoler, le building monétaire s’enlise davantage dans des comptes et des calculs amadoués à coups de statistiques et de surenchères.
Pourtant notre monde est une grande œuvre architecturale.
Véritable don du ciel, on y trouve énormément de belles choses.
Il y a également du bonheur, il y a des vœux et des souhaits.
Dans l’attente d’une nouvelle aurore.
Dans l’attente d’un jour meilleur.
Notre monde vivra son temps. Tout son temps.
Alors autant lire du même livre en nous touchant du front.
Ainsi disait le père de la légende des siècles.
Et c’est peut-être là, le plus beau souhait pour une année qui s’en va et une nuit qui nous ouvrira ses bras et son cœur pour exécuter la valse de tous ces temps qui s’enfuient loin devant nous.
Abderrahmane Belfedhal, janvier 2013 -
Istanbul
- Par Meskellil
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
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Sezen Aksou dans Istanbul l'ancien, celui de nos rêves qui rejoignent Istanbul actuel qui garde son cachet, toute son âme, toute sa magie malgré les changements et donc en écho avec vous Mohamed Midjou pour votre bel article.Merci !
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Cremilda Medina / Raio de Sol
- Par Meskellil
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
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La musique a toujours bercé les rêves de Cremilda Medina la chanteuse cap verdienne qui a été plusieurs fois récompensée pour ses performances. Elle n’a cependant commencé à vraiment percer qu’en 2016 avec son premier single que je vous propose d’écouter. Dans cette chanson, Cremilda rend hommage à sa grand-mère (dont certaines prises de vue ressemblent à s’y méprendre à Cesaria evora) avec beaucoup de grâce, de charme et une très belle voix profonde, modulée, douce aux tendres intonations. C’est une voix jeune mais au potentiel très prometteur. Imaginer Cremilda suivre les pas de la grande diva cap verdienne Cesaria Evora n’a rien d’improbable, même si la concurrence est rude. Du style, du talent et de la fraîcheur Cremilda en a, et elle pourrait bien y arriver un jour pas trop lointain, elle chante déjà pieds nus comme la diva, alors souhaitons lui bonne chance !!
Bonne écoute ! -
Le patio / Sahra mahdoufa
- Par Meskellil
- Le 04/07/2025
- Dans Le coin de Meskellil
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Bonjour à toutes et à tous avec une pensée spéciale à l’ami et grand frère Ferhaoui,
Aujourd’hui, j’ai décidé de vous emmener voir le patio d’une maison mauresque quelque part à Miliana. Nous y déjeunerons chez Lala Zoulikha et je ne vous dis que ça ! Nous irons ensuite aux « Variétés » à Miliana toujours, voir une comédie musicale tendre, drôle, spontanée, simple avec à l'affiche une brochette prestigieuse d'artistes bourrés de talent, de naturel, d'aisance et d'humour aussi. Si ça vous tente, alors allons-y! Ne faisons pas attendre cette adorable Lala Zoulikha!
Dans le patio…
Peu après le départ des hommes au travail, les femmes de la maison mauresque reprennent possession de leur territoire, wast eddar. Les murs blancs ornés de frises en zellige et de plinthes aux jolis motifs fleuris bleus, verts et jaunes sont baignés de la lumière matinale. Les portes s’ouvrent, les rideaux se lèvent, le linge de maison se secoue, les va-et-vient à la fontaine deviennent incessants, les seaux, bassines, et divers récipients se remplissent, se vident, se remplissent à nouveau… On lave à grande eau, on récure, on brique, on traque la moindre poussière, on prépare la pâte à pain, le repas…. C’est l’effervescence matinale habituelle faite des sons des ustensiles qui s’entrechoquent, des voix qui se saluent, demandent des nouvelles du mari, de la famille, des enfants qu’on envoie aussitôt faire des courses au marché arabe. Les femmes s’interpellent, rient, pleurent, chantent, échangent les derniers potins, se critiquent à voix basse, s’invectivent parfois, demandent à l’une ou l’autre un peu d’huile, de café, de sel… en attendant des jours meilleurs, les temps sont durs…
les marmites en terre cuite mijotent doucement sur des braseros ardents. Elles exhaleront bientôt leurs arômes irrésistibles qui viendront sournoisement titiller les odorats, faire saliver les papilles : fritures diverses de sardines, de poissons, de foie, chorba mqatfa délicieusement agrémentée de qosbor fraîchement cueilli, couscous parfumé à la cannelle, poivrons et tomates grillés, patates au flyou, berkoukess bel bergheniss, de toutes petites pâtes rondes préparées avec cette plante odorante cueillies dans les Monts du Zaccar ! Oh ! C’en est trop pour les plus gourmandes qui finissent par craquer ! « Je peux en goûter, juste goûter ? » ! Lla Zoulikha, la voisine qui habite un appartement de deux pièces à l’étage, est celle qui cuisine le mieux. Sucré comme salé. De la sfirya à la rechta, en passant par les délicieux salamoun spécialité de confiture de coings typiquement milianaise, ou des baqlawa fines et croustillantes. Wehd el benna ! Tout n’est que délicatesse et raffinement. Hlima, la jeune mariée, a bien de la chance, elle goûtera à tous les plats pour peu qu’elle en ait envie. Elle est enceinte et une femme qui attend un bébé ne doit jamais connaître de frustration, l’enfant en porterait les stigmates. Au milieu de cette effervescence, on entend soudain un toussotement dans la sqifa. Qui cela peut-il bien être ? C’est assez inhabituel à cette heure matinale, les hommes sont tous partis au travail. Le silence se fait, on tend l’oreille… un bruit de pas qui s’arrête, puis une voix masculine grave se fait entendre « Triiiig ». Yamna, Aïcha, Zohra, Khedidja, Houria, Tamani, Zoulikha se précipitent chez elles, ferment portes et fenêtres. Le patio est à nouveau silencieux, désert… Le voisin peut l’emprunter pour rentrer chez lui. C’est Amar, le mari de Khedidja qui est revenu pour repartir aussitôt sans oublier de toussoter à nouveau.