Articles de algermiliana
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Le monde se meurt …
- Par algermiliana
- Le 12/06/2020
- Dans Le Coin de Ahmed ARBOUCHE
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J’ai comme l’impression qu’un pouvoir occulte de diables et d’anges du mal régente ce monde, à contrecourant de la Raison ; pour conduire une famille humaine désemparée et aux abois, vers de ténébreux desseins.
J’ai comme l’impression que des esprits malfaisants nous prescrivent des breuvages pernicieux et morbides ; passant pour des remèdes ; à nos maux.
Les fumées de leurs encensoirs ne sont que leurres et hallucinogènes, nous conduisant à confondre les mirages avec l’eau qui sauve l’assoiffé du désert.J’ai comme l’impression que les présidents du monde veulent conduire- en troupeaux- les peuples ; de leurs « écuries » aux abattoirs ; pour produire davantage de viandes aux prédateurs…Leurs museaux sont avides de sang.
J’ai comme l’impression que la déshumanisation ressuscite Machiavel jusqu’à jouir et redire « la fin justifie les moyens ».
J’ai comme l’impression que les présidents du monde, en parfaite accointance, veulent justifier une surpopulation de la planète ; dont le trop-plein est à soustraire… Par épandage de gaz toxiques.
J’ai comme l’impression que les guerres ne leur suffisent pas ; ils imposent de préconiser des solutions adéquates et d’efficacité déconcertante ; cultivant la vulnérabilité par les seringues et les vaccins et, en véritables imposteurs, se fardant de charisme ; ils sèment leur Sida, leur Ebola et leur Corona.
J’ai comme l’impression que le lobby des présidents du monde décide de museler les peuples et les confiner dans leurs « écuries » pour avoir désobéi. Peu importe s’ils n’ont pas de vivres, s’ils ont faim, s’ils ont soif et s’ils n’ont pas d’argent. Cet arrêt sur image profite aux pouvoirs machiavéliques et aux prédateurs qui font des peuples comme font les esclavagistes de leurs galériens confinés aux soutes de leurs bateaux.
J’ai comme l’impression que nos frères Algériens, parlant des nécessiteux se comptant par millions, ont grandement besoin de notre soutien moral et matériel pour endiguer cette crise de grande atrocité à l’effet de pallier aux conséquences dévastatrices ; en perspectives. Il s’impose donc à tout un chacun – citoyen ou responsable- de se sentir concerné et interpelé par sa conscience pour se procurer cette grande satisfaction DU DEVOIR ACCOMPLI.
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Rendez-leur…
- Par algermiliana
- Le 16/05/2020
- Dans Le Coin de Ahmed ARBOUCHE
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Rendez-leur…
Leur enfance, leur innocence, leur douceur et leur tendresse.
Rendez-leur, leur sommeil, leurs rêves et leur espoir.
Rendez-leur, leur univers fait, seulement, d’étoiles et de lumière.
Rendez-leur , leurs jouets ; le simple bout de bois, œuvre de menuisier,Qui devient pistolet ; qui enhardit et aguerrit mais, sans nulles balles assassines.
Rendez-leur, la simple corde que roulent les fillettes sautant ; cheveux aux quatre vents ;
Semant toute la joie et le bonheur du monde…
Pas la corde de l’adulte, qui pend et qui guillotine l’innocent.Rendez leur, leur marelle pour sauter et atteindre le bout du monde, au détour d’un regard.
Rendez-leur, le simple roseau qu’on enjambe et qui passe pour cheval ;
Qui gagne toutes les batailles sans glaive et pas une goutte de sang.
Rendez-leur ; leurs cartables et leurs cahiers pour dessiner sur une feuille,Un monde infini, fait de fantasmes et de rêves.
Rendez-leur, leurs écoles et leurs sentiers bordés de haies sans faire frontières.
Rendez-leur, leurs plumes pour écrire le sublime qui abolit la bêtise humaine ;
La plume qui ne fait ni surcharges ni ratures et qui n’a besoin de gomme,Pour dessiner un grand cœur, à contenir tous les hommes …
Loin des guerres, de leur horreur et de leur haine.
A dessiner un immense printemps qui escalade jusqu’à atteindre décembre.
Rendez-leur, leur monde innocent et candide ;Où l’ogre est toujours vaincu et fixé à la potence.
Où les contes de grand-mères sont conduites à suivre et morale de toujours.
Au diable ; vos guerres, vos bombes, vos brasiers et votre haine ! -
Face à la pandémie
- Par algermiliana
- Le 29/04/2020
- Dans Le Coin de Mustapha CHERIF
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Face à la pandémie
La survie de l’humanité
Entretien avec Mustapha Cherif
Question : Professeur, en tant que philosophe que vous inspire la pandémie mondiale ?
Mustapha Cherif : L’avenir de l’humanité est en jeu. Il est trop tôt pour cerner toutes les significations. Ce sera systémique, même si personne n’en détient les secrets et les conséquences. C’est une nouvelle catastrophe, de par le village global incohérent dans lequel les peuples sont embarqués. Ce qui est certain est le vouloir vivre. Tout un chacun découvre que la vie est un miracle, un don inestimable, qu’il faut préserver. Cela veut dire qu’on ne peut pas se comporter de n’importe quelle manière. Par exemple, on ne peut pas consommer une nourriture impropre, ni pratiquer des actes contre nature, polluer et abandonner des populations dans l’insalubrité et la précarité, au point de susciter des virus et des maladies mortels. La vie a ses règles. Les valeureux médecins qui font preuve aujourd’hui d’un engagement remarquable, partout dans le monde, le savent. Sur le fond, l’oubli de la mort, de la fragilité humaine et du sens à leur donner se pose. Dans cette épreuve, les êtres humains sont confrontés à leur finitude. Les politiques des systèmes hégémoniques, néocoloniaux et spéculatifs, portent atteinte à la santé, à l’écologie et au vivre ensemble. Dans le contexte néo-libéral, des systèmes de santé publique ont subis des mesures d’austérité drastiques, dont les populations paient aujourd’hui un lourd tribut. Les pays soucieux de justice sociale ripostent mieux à la pandémie qui a surpris le monde entier. L’Algérie, nourrit de la culture de la résistance, prend des décisions adaptées, en sachant que c’est une responsabilité collective. A travers les cinq continents, les guides spirituels, les philosophes, les psychologues, et autres vocations bénéfiques rappellent qu’il faut honorer la vie et s’occuper de l’essentiel. Les croyants rappellent que le Maitre des mondes est miséricorde et qu’il faut garder l’espérance. Les militants appellent à la mobilisation contre les injustices et l’oppression. L’histoire est en marche, vers un monde incertain dont on ignore les contours. Reste à être vigilants et disciplinés, se méfier du populisme, de l’alarmisme et des fake-news.
QO : Dans le monde actuel qu’est ce qui fonctionne, ou pas, au point de subir une catastrophe ?
MC : Il n’y a pas de hasard. En effet, il faut discerner. Le monde dominant est à la fois attractif et répulsif. Parmi ses données positives, ce qui fonctionne est la créativité, la recherche scientifique et l’esprit d’entreprenariat. Il semble émancipateur, mais n’a pas su forger une civilisation fraternelle et protectrice. Sur le plan politique, il est antidémocratique. Sur le plan économique, il est inégalitaire. Sur le plan culturel, il est aliénant. Il remet en cause les bases de la civilisation humaine en place depuis des millénaires. Il produit du malaise. La désignification du monde déshumanise. En réaction aveugle, l’autoritarisme, le fanatisme, l’égoïsme et la xénophobie prolifèrent. Des détresses psychiques sont visibles, le suicide a atteint des taux inquiétants. Le chômage et la déliaison sociale sont ses plaies. Le techno-capitalisme est dans l’impasse. Violent, il ignore l’éthique, flatte les bas instincts et repose sur la marchandisation de la vie, l’idée nihiliste qu’il est interdit d’interdire et la logique de la loi du plus fort. La pandémie est la goutte qui fait déborder le vase. L’humanité, interpellée, a besoin d’un ordre juste et qui ait du sens. La question est celle de l’alternative raisonnable. Il est légitime de façonner la modernité selon nos propres buts et contexte historique.
QO : Concrètement comment se dessine l’avenir géopolitique ?
MC : Sur la base de nouveaux rapports de force, les pays du Sud auront raison de remettre en cause l’iniquité de l’ordre dominant. C’est le début de la fin de l’architecture imposée après la deuxième guerre mondiale. La crise profonde du néolibéralisme, qui exploite les peuples et la planète à bas coûts financiers et de désastres pour la santé physique et moral de l’humanité. Pour le XXIème siècle, ce système mise sur le numérique et l’intelligence artificielle, un monde virtuel déshumanisé. C’est autour de la table des négociations que les grandes puissances et le monde entier doivent s’atteler pour coopérer et solidairement combattre le virus et à terme instaurer un nouvel ordre mondial juste. Il s’agit de la survie de l’humanité.
QO : Quelle est l’alternative ? Est -il possible de changer le monde, de revenir à des normes anciennes ou de réinventer d’autres ?
MC : L’espoir est permis, les gens ne sont pas dupes. Ils veulent le progrès, mais refusent qu’on leur vole leur vie. Il ne s’agit pas d’utopie, ou de retour vers un passé précapitaliste, ou de nostalgie d’un âge d’or quel qu'il soit. Il est légitime de dénoncer la logique prédatrice et la falsification de l’histoire, de rechercher un nouvel humanisme, de préférer le bien commun et de conjuguer économie de marché et règles éthiques, fondées sur la justice sociale et l’équilibre entre les biens collectifs stratégiques, services publics à préserver, et les biens particuliers. Les peuples veulent un monde où la dignité n’est pas bafouée, où les besoins essentiels soient garantis, marqué par une juste répartition. Il y a des penseurs critiques et divers au sujet des failles. Sont un héritage éclairant pour assumer nos responsabilités, les œuvres de penseurs comme Rousseau, Spinoza, Marx, Grasmci, Freud, Lacan, René Guenon, Emmanuel Mounier, Derrida, Berque, Samir Amin, Omar Aktouf, Edgar Morin, J-L Nancy, et sur un autre versant Ibn Khaldoun, Abu Hamed Ghazali, Ibn Rochd, ibn Arabi et l’émir Abdelkader. Sans nier la pensée traditionnelle, produire une nouvelle culture politique, un nouveau droit international et une gouvernance mondiale est urgent. La question est de concilier justice et liberté, éthique et efficacité, mondialité et spécificité. L’avenir de l’humanité est ouvert.
QO : Vous pointez une fin de civilisation, comment l’avenir se présente-il ?
MC : Nous vivons un bouleversement. L’humanité sera capable de surmonter cette épreuve, d’inventer une nouvelle civilisation universelle à condition qu’elle soit solidaire et favorise l’alliance du mondial et du local. Les sociétés techniquement développées ne renonceront pas facilement à leur mode de vie consumériste et inéquitable et la lutte entre les grandes puissances risque de redoubler de férocité, mais les peuples refusent la guerre et l’hégémonie d’une conception du monde périlleuse. Pour forger une société de la connaissance, patriote, compétente et vertueuse, il y a lieu de repenser le système éducatif. L’UNESCO, en particulier, doit être fortement soutenue. Pour bâtir un ordre mondial juste, aboutir à une véritable solidarité et affronter ensemble les grandes crises, il y a lieu de repenser l’interdépendance et l’organisation mondiale de production, notamment des médicaments. Dans le contexte de l’éveil des consciences et d’un monde connecté, tout sera possible si l’on est solidaire, en veillant à notre souveraineté individuelle et collective. La crise n’est pas seulement sanitaire et économique, mais existentielle. Sans l’éclairage du sens de la vie, les autres dimensions resteront insuffisantes. Le confinement auquel des milliards d’humains sont soumis est une épreuve qu’il faut respecter. Ce n’est rien par rapport à la perte de sens, de l’éthique et de justice sociale que l’humanité subit depuis trois siècles. Il faut débattre, respecter le droit à la différence et mettre fin à la politique des deux poids et deux mesures. L’éthique musulmane de la médianité est vivace. Elle enseigne que l’avenir est imprévisible, rien n’est donné d’avance et qu’il est de notre devoir de faire l’effort, de lutter, afin que le vrai, le beau et le juste adviennent. Confiance en la volonté divine, sens de la responsabilité dans le partage et priorité à la science, sont l’alchimie pour relever le défi.
*Mustapha CHERIF est philosophe, lauréat du prix UNESCO du dialogue interculturel.
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Qu’appelle -t-on être musulman ?
- Par algermiliana
- Le 18/04/2020
- Dans Le Coin de Mustapha CHERIF
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A la veille du mois béni de Ramadhan et en plein confinement, méditons sur ce que nous sommes, du moins ce que nous devons être. Dans un monde déspiritualisé, désenchanté et désorienté, se demander «Qu’appelle-t-on être musulman ? » est une question qui interpelle.
Surtout à l’heure où l’écart entre ce qui est écrit et ce qui est fait est important. Il est temps de redonner la priorité au savoir et faire reculer l’ignorance pour vivre en paix.
Le Coran est clair : le musulman est celui qui croit sincèrement au Créateur Unique des mondes et des âmes, Celui à qui rien ne ressemble, l’Infini, qui a avertit pour la dernière fois l’humanité à travers son Livre descendu sur le Sceau des envoyés, le Prophète (sws). C’est aussi la croyance au jugement dernier, à l’au-delà, aux anges, aux paradis et à l’enfer. Cette attitude de la foi doit se traduire à travers des rites et des bonnes actions.
Cinq normes religieuses, dénommées les « piliers de l’islam » par la Sunna prophétique, permettent de saisir la figure de l’être musulman, qui doit s’imposer une saine discipline de vie spirituelle par le bel-agir, en donnant l’exemple et sans chercher à imposer son point de vue aux autres : «Seriez-vous hommes à ordonner de faire le bien, tout en oubliant de le faire vous-mêmes, alors que vous récitez le Livre ? N’êtes-vous donc pas raisonnables ? » (2 : 44)
La foi
Le Coran vise à éduquer au comportement spirituel, humain, à la vie plénière, afin de faciliter le vivre paisible entre les humains et préparer à l’au-delà du monde. Ce n’est pas une foi qui se contente de consoler, ou qui tourne le dos au monde terrestre. Sur la base de la foi réfléchie, il s’agit de former un être humain responsable, pacifique, instruit, créatif et vertueux, pour une Cité vertueuse. Le Coran vise à la fois l’autonomie de l’individu et l’être commun.
Le Prophète (sws) a dit : « Je suis venu parfaire l’éducation des Humains » (1). La foi est définie par le Coran comme une réponse à l’Appel du Créateur des mondes : «Ô vous qui croyez ! Répondez à Dieu et au messager lorsqu’Il vous appelle à ce qui vous donne la vraie vie, et sachez que Dieu s’interpose entre l’homme et son coeur et ce que vers Lui que vous serez rassembler ». (8 : 24). Devenir musulman c’est répondre à l’Appel coranique pour vivre raisonnablement.
Il s’agit dans le même mouvement de découvrir notre origine, notre humanité, de pratiquer la sagesse, les bonnes actions, et de s’abstenir d’actes immoraux : « Ceux qui ont cru et n’ont point troublé la pureté de leur foi par quelque iniquité ceux-là ont la sécurité et ce sont eux les bien-guidés » (6 : 82).
Chacun est libre. Être incroyant, athée, est défini comme une forme d’aveuglement, c’est nier l’origine de la vie et sa finalité : « Et quiconque se détourne de Mon Rappel mènera une vie pleine de gêne et le jour de la Résurrection Nous l’amènerons aveugle au rassemblement. “Ô mon Seigneur, dira-t-il, pourquoi m’as-Tu amené aveugle alors qu’auparavant je voyais ?” Dieu lui dira : “De même que nos Signes t’étaient venus et que tu les as oubliés ainsi aujourd’hui tu es oublié » (20: 124-126).
La Révélation présente l’humain doté de la capacité de croire et du défaut de mécroire, de se détourner : « Et par l’âme et Celui qui l’a harmonieusement façonnée et lui a inspiré son immoralité de même que sa piété. A réussi qui la purifie. Est perdu celui qui la corrompt » (91: 7-10) Le mot îmân, signifiant « foi » en arabe, est de la même racine que le mot amân, qui signifie la tranquillité du coeur, la sérénité, la paix, et que le mot al-amâna qui signifie le dépôt, la responsabilité.
Al-îmân est la foi confiante et réfléchie, ce n’est pas une croyance surnaturelle, incertaine, hésitante, irrationnelle ou superstitieuse. Elle est liée au savoir, au bon sens, et se veut le contraire de la dénégation de l’évidence. Mais chacun est libre. La foi n’est pas une simple croyance, c’est faire preuve librement de confiance en paix, signification du mot islâm : s’en remettre en confiance au Créateur.
Avoir la foi, c’est en premier lieu accepter volontairement de s’en remettre en confiance au Créateur, Dieu Unique, l’Invisible, l’Absolu, et à la Loi comme guidance et guérison, houda et chiffa, qu’a reçue le Prophète, l’approuver sincèrement du fond de son coeur, d’où l’importance de l’intention. Celui qui témoigne de cette vérité, celui qui a cette qualité, est un croyant musulman, éclairé, non méfiant, ni contraint.
Il est celui qui considère que l’exécution des préceptes est vitale, tout en pratiquant l’ijtihâd, l’effort d’interprétation. Les théologiens classiques de l’Islam, comme al-Ach‘arî et al- Ghazâlî disaient que l’origine de la foi signifie avoir foi aux ordres de Dieu, qui a confié la demeure de la Terre à l’homme, et pratiquer Ses commandements. Le concept de îmân signifie la foi réfléchie, car elle se veut ferme conviction, appuyée sur des preuves logiques, en la réalité, qui responsabilise l’homme.
Les savants musulmans s’accordent à définir la foi comme l’acceptation réfléchie et sincère de la mission octroyée par Dieu en vue de L’adorer sous des formes multiples et concrètes. Un travail bien accompli, un sourire à autrui, une aide accordée à la plus faible des créatures, une pensée pieuse, une hygiène propre de vie, l’amour de la patrie, le respect de la nature, un savoir approfondi, le tout pour la Face de Dieu et le bien commun, font parties de la foi ; pas seulement les cinq piliers de la pratique religieuse.
Islam, iman et ihsan
Le sens de la foi, iman, ses qualités et ses principes, occupe le deuxième rang dans le degré des qualités du musulman. Une place située entre l’islâm et l’ihsân, c’est-à dire entre la remise en confiance, premier degré, et le bel-agir, troisième et plus haut degré, selon les propos célèbres de l’Archange Gabriel, Jibrîl, adressés au Prophète, dans un hadith rapporté par Muslim d’après ‘Umar Ibn al-Khattâb.
Celui-ci relate : « Un jour que nous étions assis chez le messager de Dieu apparut à nous un homme aux habits d’une vive blancheur et aux cheveux d’une noirceur intense, sans trace visible de voyage. Personne parmi nous ne le connaissait. Il vint s’asseoir en face du Prophète et plaça ses genoux contre les siens, posant les pommes de ses mains sur les cuisses du Prophète. Puis il lui dit : “Ô Muhammad, informe moi au sujet d’al-islâm”.
Le Prophète répondit : “L’islam, c’est témoigner paisiblement qu’il n’y a pas d’autre dieu que Dieu et que Muhammad est son messager, accomplir la prière, verser l’aumône purificatrice, jeûner le mois de Ramadhan, et effectuer le pèlerinage pour qui en a la possibilité.” L’homme lui dit : “Tu as dit vrai”. Nous fûmes étonnés de sa question et son assentiment.
Il demanda au Prophète de lui parler d’al-îmân. “C’est, répondit le Prophète, croire en Dieu, à Ses Anges, Ses Livres, Ses messagers, au Jour Dernier et au destin qu’il soit favorable ou défavorable – Tu as dit vrai, répliqua l’homme. Parle-moi d’al-ihsân. – C’est adorer Dieu comme si tu Le voyais, et si tu ne Le vois pas, Lui Il te voit. – Parle-moi de l’Heure dernière. – Celui qui a été questionné n’en sait pas plus que celui qui l’a interrogé, répondit le Prophète.”
L’homme parti, après un temps le Prophète se retourna vers moi, me disant : “Sais-tu Umar qui posait ces questions ?” Je lui répondis : “Dieu et Son prophète savent mieux !” Il dit alors : “C’était Gabriel qui est venu pour vous enseigner votre religion” » (2).
La différence entre, d’un côté, l’acte de témoigner par la chahâda, l’attestation de foi, en s’en remettant à Dieu, niveau dit d’al-islâm, qui implique la pratique des piliers, et, de l’autre côté, la foi en tant que telle, al-îmân, est évidente. Dans ce hadith sont distingués les degrés essentiels de la Religion : la remise à Dieu par les actes cultuels ; la foi ; le bel-agir, conformément au verset coranique : « Les Bédouins on dit : “Nous avons foi”. Dis : “Vous n’avez pas encore la foi. Dites plutôt : ‘Nous nous sommes simplement soumis’, car la foi n’a pas encore pénétré dans vos coeurs. Et si vous obéissez à Dieu et à son messager, Il ne vous fera rien perdre vos oeuvres. Dieu est Pardonneur et Miséricordieux” » (49 : 14).
Islam, iman et ihsan
Islâm et îmân, la confiance en Dieu et la foi sont liées : «Nous en fîmes sortir alors ce qu’il y avait comme croyants. Mais Nous n’y trouvâmes qu’une seule maison de gens soumis » (51 : 35-36). Selon des hadiths du Prophète : « La foi comprend plus de soixante-dix branches » ; « La pudeur fait partie de la foi » ; « La propreté fait partie de la foi » ; « L’amour de la patrie fait partie de la foi ». Cela signifie que la foi comporte plusieurs niveaux de mérite, et que le degré varie chez les croyants. L’islam est un, mais les musulmans pluriels.
Le Prophète peut vouloir désigner par le mot islâm les actions apparentes, et par le mot îmân la croyance intérieure. Cela ne signifie pas que les actions n’appartiennent pas à la foi ou que la croyance par le cœur n’appartient pas à l’islâm. Il s’agit d’une explication détaillée d’une réalité une et plurielle, de la religion en général. Pour preuve, les Paroles de Dieu : « La religion acceptée par Dieu, c’est al-islâm » (3 : 19); « J’agrée al-islâm comme religion pour vous » (5 : 3).
Le Coran informe qu’al-islâm est la religion agréée et acceptée, si la foi est alliée à la sincérité, à la réflexion et aux actes justes. Le Prophète interprète al-islâm comme étant la conviction du coeur et la remise en confiance. Cela consiste à croire en Dieu, à Ses Anges, à Ses Livres révélés, à Ses Messagers. De même qu’il interpréta aussi al-îmân comme étant la pratique sincère, fondée sur les cinq piliers, estimant qu’elle représente un degré élevé. C’est la raison pour laquelle le Prophète disait : «Al-islâm se manifeste par la parole, et al-îmân est dans le coeur » (3).
Le Prophète disait : « Le musulman (al-muslim) est celui qui ne porte pas atteinte à autrui avec sa langue et sa main ; et le croyant (al-mu’min) est celui auquel les gens font confiance à l’égard de leur sang et leurs biens » (4). Il a défini par là une dimension intérieure et extérieure : la sûreté du coeur qui garantit la sécurité du sang et des biens d’autrui ; et la qualité de l’îmân est supérieure par rapport à celle de l’attestation de la foi, déclaration verbale qui dote de la qualité de musulman.
Les gens devraient être à l’abri avec celui qui croit, pratique paisiblement et raisonnablement, et en qui on a confiance : le musulman qui a la foi réfléchie, humble et ouverte. Les citoyens de confession musulmane partout dans le monde doivent donner l’exemple et contribuer au bien commun de la patrie et de l’humanité, afin d’accéder au degré supérieure de l’ihsan, l’excellence.
Mustapha Cherif
(1)- Ibn Hajar al-Asqalanî commentaire du Sahîh de Bukhârî, Fath al-Bârî, cite l’affirmation de Qurtubî selon lequel ce hadith mérite d’être nommé « la mère de la Sunna », au même titre que la sourate liminaire Al-Fâtiha est appelée « la mère du Livre ».
– (2) Hadiths Rapportés par Muslim dans son Sahîh, Kitâb al-îmân, « Des branches de la foi », 1/63, n° 35. – Ibid.
– (3) Rapporté par l’imam Ahmad dans son Musnad 3/134, n° 1208.
– (4)Rapporté par l’imam Ahmad dans son Musnad, 2/379, n° 8918, et par Tirmidhî dans ses Sunan, Kitâb al-îmân, 5/17, n° 2627. -
Encore un 8 Mars
- Par algermiliana
- Le 08/03/2020
- Dans Divers
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J'ai croisé sur mon chemin une lettre écrite par un père meurtri par le double assassinat de sa fille. Qui se rappelle de Katia Bengana ? Cette brave de Meftah qui a refusé le diktat des zombies, cette fille, eh oui !
Une femme, oui encore une femme et toujours une femme, une qui m'a appris personnellement comment porter le pantalon. Je comprends très bien la frustration de ce père qui pense que sa fille appartient au passé et je veux juste lui dire que non !
Ce sont elle et celles qui ont été sauvagement assassinées par les hypocrites du GIA qui vont nous tracer l'avenir. Oui c'est ces braves femmes qui ont défié la mort pour s'affirmer, qui sont notre référence en rojla. C'est vrai aussi que ça démoralise quand on voit ceux qui se sont barricadés durant les années 1990 venir nous donner des leçons de patriotisme et nous chanter leurs salades à toutes les sauces. Mais croyez-moi, Monsieur Bengana, un bien mal acquis ne profite jamais. Vous avez juste à observer ce qui se passe dans la vraie vie, les hypocrites qui préparent un préfixe permanent qui s'appelle maâk et ils changent de nom à chaque élection. Donc maâk ya Chadli, maâk ya Boudiaf, maâk ya Zeroual, maâk ya Bouteflika, maâk ya Madani. Votre fille a été digne du nom de martyr en maintenant maâk ya l'Algérie, ils vont tous partir un jour sauf l'Algérie. Donc pas mal de ces chefs vont quitter nos mémoires sauf Katia qui fait encore parler d'elle et de sa bravoure comme toutes ses compatriotes qui sont souvent anonymes. Il est quasiment impossible de réconcilier la vie et la mort ! Bonne fête Katia, tu es notre héroïne et notre modèle, on ne t'oubliera jamais ! C'est promis : tu as su mettre en pratique notre fameux dicton «Aïcha khir men Ayache».
Bonne fête à toutes les femmes algériennes, inspirez- vous de Katia et de Meriem Mehdi qui vient de gagner son combat contre British Gas. Ne vous inspirez surtout pas des bagara. Bonne fête maman, bonne fête à toutes les mamans, les sœurs, les filles et les femmes, vous nous avez tout donné et on vous doit tout .
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L'IMPOSSIBLE EST UN BON DEBUT
- Par algermiliana
- Le 07/03/2020
- Dans Le Coin de Chantal VINCENT
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L'IMPOSSIBLE EST UN BON DEBUT
Salim Ejnaïni
(Editions Fayard)
Salim est né à Bordeaux le 1er janvier 1992. Ses parents, marocains, envisageaient de retourner au Maroc dès que leur situation le leur permettrait. Malheureusement, ils apprendront en septembre 1992 - Salim est alors âgé de huit mois - que leur fils est atteint d'un cancer de la rétine et, quatre jours après son admission à l'hôpital, qu'il faut absolument lui retirer l'œil gauche afin d'éviter toute propagation de cette tumeur. C'est ainsi que débute la jeune vie de Salim.
Si, pour reprendre le titre de ce livre : "L'impossible est un bon début", Salim a néanmoins de merveilleux parents. Une maman toujours présente et capable d'une abnégation sans faille pour apporter à son fils tout son amour mais aussi des petites "vignettes" de bonheur dans cet hôpital où certaines choses peuvent effrayer l'enfant. Par exemple, lorsqu'il se trouve dans la cabine de radiothérapie, sa maman lui explique qu'elle le regarde comme une vraie star à la télé. Et même s'il ne sait pas du tout ce que cela veut dire, Salim est heureux.
C'est ainsi qu'au fil des années, Salim devra être suivi par une équipe spécialisée. Il dit avoir "grandi dans les chambres d'hôpital" ! Certains traitements sont extrêmement douloureux et parfois, il n'en peut plus. Mais sa maman, son papa sont là pour l'aider à se "construire" et à apprendre à apprivoiser sa "différence".
Si Salim n'est pas familiarisé avec le monde des chevaux, il se trouve que sa maman travaillant à "Disneyland Paris" lui permettra un accès à ce parc d'attraction et lorsque celle-ci lui demande s'il veut voir les chevaux, il a un hochement de tête silencieux. La main de sa maman le guide alors dans un domaine qui lui est totalement inconnu. Parfois, il sursaute lorsque le nez d'un cheval vient le renifler. Ces premiers instants de contact avec les chevaux resteront à tout jamais un merveilleux souvenir dans sa tête et dans son cœur.
Dans ce livre, Salim nous fait partager ses débuts joyeux sur son premier poney mais aussi ses difficultés, ses désespoirs, notamment, lorsqu'un jeune garçon profite de la confiance que Salim lui avait accordée pour l'agresser parce qu'il n'était pas un "enfant-comme-les-autres"; ses moments de doutes qui le font s'isoler dans sa chambre afin de pleurer son désespoir et sa souffrance mais aussi son absolue détermination. Il fallut au moins autant d'opiniâtreté à sa maman pour arriver à l'inscrire dans un club d'équitation compte tenu du nombre de fois où elle avait dû se heurter à des refus pour accueillir Salim en raison de son handicap.
Cependant, au fil des années, Salim poursuivra sa passion en participant à de multiples concours et championnats, jusqu'au moment où il perdra totalement la vue. Cette épreuve sera douloureuse à accepter mais il se dit que, finalement, la vue n'avait pas tenu une place dominante dans sa vie et que son ouïe qui l'avait toujours secondé lui permettra de poursuivre son goût pour la compétition et le dépassement de soi. Lorsqu'un "journaliste" écrit dans la presse qu'il est "une espèce d'illuminé qui a perdu toute notion du réel en courant après un rêve bien trop grand pour lui" … Salim trouve ces propos immensément douloureux. Cependant, lorsqu'il évoquera cet article de presse avec Guillaume Canet, ce célèbre acteur, réalisateur, scénariste et producteur français que tout le monde connaît, celui-ci lui répondra avec beaucoup d'humour : "Alors, mon pote, je t'arrête tout de suite. Si tu dois te faire une idée de qui tu es avec les propos des journalistes, tu vas découvrir plein de choses. Par exemple, moi, il paraît que ma femme est enceinte de Brad Pitt !". Salim éclatera de rire et prit la décision non seulement de ne pas se laisser impressionner par les propos de ce journaliste mais, également, en poursuivant plus que jamais ses ambitions !
Aujourd'hui Salim cultive toujours la même passion des chevaux chevillée au corps. Il poursuit les challenges qu'il se fixe avec la même détermination et continue d'accumuler les victoires. Après tous les obstacles qu'il a appris à surmonter depuis sa toute petite enfance, sa joie de vivre force l'admiration !
A la fin de son livre, Salim se souvient de tous "ses vieux rêves de gosse" qui se sont réalisés pour arriver là où il en est, aujourd'hui, et il termine par cette phrase merveilleuse :
"… la folie d'en rêver et la force d'y croire
m'ont définitivement enseigné que prendre le risque d'échouer,
c'est se donner une chance de réussir".
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Les oiseaux se cachent pour « survivre »
- Par algermiliana
- Le 11/02/2020
- Dans Le Coin de Ahmed ARBOUCHE
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Les oiseaux se cachent pour « survivre » et, savoir discuter avec la solitude procure un confortable siège entre le sage et le poète. De là, on peut donner libre cours à l’imagination pour voguer aussi loin et faire des pérégrinations qui vous conduisent jusqu’au tréfonds de l’âme. Mon ami Mohamed Kidad, notre lecteur solitaire est de ceux-là.
Tellement humble, cultivé et instruit que ses qualités et son caractère sublime l’élèvent au rang des nobles. Il n’a d’amis proches que ses livres de poche et nous, il est d’une profonde spiritualité à rendre le simple si beau ; ce n’est pas magique mais c’est une faculté des grands hommes ; tellement ses mots sont si bien sculptés et polis, à ne laisser entendre aucune bavure.
Je peux, sans exagérer, vous dire, que voyant son ombre et suite à un quelconque effet d’optique ou à une ubiquité ; il est capable de lancer spontanément un salut ; la confondant à un passant …Tellement respectueux.
Mon admiration ne cesse de fixer cet homme très instruit qui impose le respect là où il se trouve, sauf à ces parvenus et ces va-nu-pieds qui peuplent nos administrations lesquels, profitant de leurs postes l’emploient dans des taches qui ne font dégrader qu’eux-mêmes.
Au cours de nos discussions, on dénonce leur comportement mafieux ; il me parle d’un élu municipal fortuné à lustrer de son oseille le pavé de la ville qui l’a employé à des fins personnelles ; lui repeignant son domicile à l’œil et aux frais de la mairie…pour donner une image qui formule l’autopsie du complot qui a disloqué la nation.
Son niveau intellectuel, son séjour en Italie et sa vaste culture le placent au zénith parmi les grands hommes et comme la vie et les hommes distribuent des rôles - à tort - il se retrouve casanier comme moi qui n’ai jamais quitté son pays de peur de respirer l’oxygène d’un autre ciel... Croyant suffoquer ???
Le peintre et le calligraphe se retrouvent souvent tête à tête quand la municipalité et sa horde préparaient pompeusement les visites officielles, les élections toutes confondues ou les festivités ; le tout considéré comme moyen de gaspiller et faire couler l’argent à flots …au détriment du citoyen.
Un jour, il m’a lancé une expression qui s’incruste dans ma mémoire pour y rester à vie comme une citation gravée sur une plaque de marbre, me disant : « dans leur aveuglement, toi l’insoumis, vit sans leur merci ; ils te font appel malgré eux ».Ces étalons « à labelliser » dans la société est un impératif des plus urgents pour recouvrer ces valeurs qui conduisent au summum, à la gloire et à la postérité. Ces modèles de sociétés pavoisent nos rues, nos places publiques et leurs places si bien lustrées, dans nos esprits. Ils sont si indispensables pour régler l’horloge et le temps précieux de la ville. La conjoncture et le maudit hasard tournent au mal pour ternir malencontreusement l’image des nobles alors qu’ils sont là à donner plus de vivacité et de volupté au prisme des couleurs.Je rêve de voir un nouvel horizon se lever sur de tels hommes intègres, honnêtes, jalousant leurs prérogatives, au paroxysme; à faire naître des opportunités et à réhabiliter Mohamed et tous les oiseaux rares qui se sont trop cachés pour survivre.
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Téniet el-Hâad, mon village natal
- Par algermiliana
- Le 25/01/2020
- Dans Le coin de Aziz OUDJIDA
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Téniet El Hâad, c’est mon village natal aussi ! Comme a écrit Boualem Sansal : ‘’ Il s’est toujours appelé ainsi. Il était trop petit, pauvre et isolé pour que les conquérants venus d’Orient ou d’Occident se fatiguent à le prendre et à le baptiser selon leurs coutumes. Si haut placé dans la montagne, niché dans son immense forêt de vénérables et majestueux cèdres, Téniet est resté lui-même et jamais la solitude ne lui a pesé. Il n’y avait pas de raison, il était au paradis des cèdres’’.
Je suis né et j’ai fait mes premiers pas dans ce piedmont Sud de l’Ouarsenis, couvert par cette majestueuse forêt des cèdres, bénie de Dieu. J’ai personnellement beau cherché quelque chose de comparable à travers le monde, je n’en ai point trouvé. Alors je continue, plus que jamais, ‘’day in, day out’’ de penser à ma forêt et à mon patelin, toujours restés dans mon cœur, quel que soit l’endroit dans le monde où je me suis trouvé.
Avec mon ami d’enfance Thameur, juste au-dessus de la colonie de vacances, Forêt des Cèdres, en 2019, savourant un délicieux et spirituel moment au milieu de nos cèdres et de leur senteur.
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Bonne année 2020
- Par algermiliana
- Le 08/01/2020
- Dans Le Coin de Le ziton
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A toutes et à tous
Que cette année vous apporte le bonheur et la réussite,
Que vous rencontrerez le succès dans vos projets et l’accomplissement de vos rêves
Coeurdialement
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MUSTAPHA FERROUKHI A PEKIN, il s'en est allé
- Par algermiliana
- Le 04/01/2020
- Dans Le Coin de Chantal VINCENT
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MUSTAPHA FERROUKHI
A PEKIN, il s'en est allé
Mohamed LANDJERIT
(Editions ECO media)
Ce livre est un merveilleux hommage à cet homme illustre qu'a été Mustapha Ferroukhi né à Miliana (Algérie) le 15 décembre 1922, mort le 17 août 1960.
Comme le dit très justement l'auteur de ce livre dans son "avant-propos" : "cet ouvrage n'est en fait qu'un grand reportage, où le côté anecdotique tient une place privilégiée".
Mais ces "anecdotes" nous font découvrir ou, tout simplement, nous remettent en mémoire le parcours exceptionnel d'un homme qui a été un symbole d'abnégation et de sacrifice pour une Algérie libre et indépendante.
A trois ans et demi Mustapha Ferroukhi a fréquenté l'école coranique puis, l'école maternelle, puis l'école primaire supérieure où il intégra le groupe d'une quarantaine de scouts musulmans. C'est en 1942 qu'il adhéra au P.P.A. (Parti du Peuple Algérien) et animera la section de Miliana. Lorsqu'il prenait la parole dans les réunions publiques, il galvanisait littéralement les foules. Puis, il partit à Alger poursuivre ses études à la medersa Al Thaalibiya et devint l'un des responsables P.P.A. pour rejoindre ensuite le M.T.L.D. (mouvement pour les libertés démocratiques). A l'occasion d'un meeting, Mustapha Ferroukhi prit la parole quelques minutes seulement mais ses propos furent tellement "percutants" qu'il fut acclamé par tous. C'est le 17 octobre 1947 qu'il fut élu pour faire partie du Conseil Municipal de Miliana en tant que conseiller musulman MTLD du second collège. Cette assemblée algérienne élue en avril 1948 fut dissoute le 12 avril 1956. Les interventions de Mustapha Ferroukhi furent néanmoins particulièrement appréciées, notamment, celles qui concernaient la libération des détenus politiques algériens. Il ne "lâcha" rien et réunit régulièrement les sympathisants de son parti à Miliana. C'est ainsi qu'il se rendit à Tizi Ouzou, à Médéa, etc. Il fut condamné à plusieurs reprises à de la prison avec sursis ainsi qu'à des amendes pour "organisation sans autorisation d'une réunion sur la voie publique". Lorsqu'il se maria avec Zineb, le 2 septembre 1951, il fit même l'objet d'une enquête de l'inspecteur des renseignements généraux.
Au fil des pages de ce livre, l'auteur nous fait découvrir le fervent militant pour l'indépendance de son pays qu'a été Mustapha Ferroukhi, ses emprisonnements, ses évasions, etc. Devenu fugitif, il entra dans la clandestinité. Sa tête fut mise à prix. Il se rendit en France qu'il quitta avec l'appui du FLN pour rejoindre la Tunisie en passant par l'Italie dans une tenue totalement insolite … celle d'un curé ! Dès son arrivée en Tunisie, il fut affecté au Ministère de l'Intérieur en tant que secrétaire général Adjoint administratif du G.P.R.A. En 1959, il se rendit en Yougoslavie afin de participer au congrès de l'alliance socialiste. C'est également en 1959 qu'iI devint Chef de délégation de l'équipe de football du FLN. Puis, il se rendit en Chine et au Vietnam. C'est le gouvernement chinois qui insista auprès des responsables du G.P.R.A. pour qu'il soit nommé ambassadeur en Chine.
Nous suivons ainsi les multiples voyages de Mustapha Ferroukhi, ses missions et ses engagements politiques jusqu'au moment de son voyage à Pékin où il partit pour occuper le poste d'Ambassadeur du Gouvernement Provisoire Algérien. Malheureusement, il n'y parviendra jamais puisque c'est lors de ce voyage reliant Le Caire à Pékin le mercredi 17 août 1960 que l'IIiouchine II-18 de la compagnie soviétique "AEROFLOT" explosa en plein vol. Mohamed Landjerit nous décrit avec précision les conditions de cette explosion ainsi que les doutes et suspicions soulevés.
Au cours de ce dernier voyage, Mustapha Ferroukhi, alors âgé de 38 ans, avait emmené avec lui sa femme, Zineb (33 ans) et ses enfants : Naçiba (7 ans) Souad (3 ans) et Ahmed-Chawki (5 ans). Zoulikha, alors âgée de 8 ans, qui ne faisait pas partie du voyage (elle était restée chez ses grands-parents à Miliana) sera la seule survivante de la famille Ferroukhi.
Zoulikha Fodil (née Zoulikha Ferroukhi) nous bouleverse dans son témoignage (pages 95 à 98) où elle évoque sa relation avec ses parents mais aussi son "vécu" de petite fille à la suite de ce tragique voyage.
Mohamed Landjerit débute chacun de ses chapitres par une citation. Toutes aussi bien choisies les unes que les autres. Pour terminer ce compte rendu de lecture, j'ai retenu la suivante qui me semble résumer à elle seule la vie de combattant qu'a été celle de Mustapha Ferroukhi :
"Quand sonne l'heure du dernier rendez-vous, la seule richesse que l'on emporte avec soi, c'est tout ce que l'on a donné"
(Tahar Ben Jelloun).